Venez rencontrer Sylvie Bourgeois-Harel, à l’Espace des Femmes-Antoinette Fouque, lundi 30 novembre, à 18h30 !!!

Antoinette Fouque fête Sylvie Bourgeois-Harel !!!

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Invitation à sa dédicace de

Brèves enfances

agrémentée de lectures par Cyrielle Clair, Florence Darel, Gabrielle Lazure et Stéphanie Bataille.

à l’Espace Des femmes, 35 rue Jacob, 75006 Paris, 18h30

Brèves enfances  

34 enfants se racontent

34 regards drôles et cruels sur les adultes que nous sommes

 

Tous les personnages de ces 34 nouvelles sont des enfants entre 7 et 11 ans qui racontent leurs préoccupations, qu’ils soient enfant de curé ou de couple homo, enfant témoin des trahisons ordinaires du couple, enfant de famille décomposée ou recomposée ou enfant des démissions ordinaires, on ne peut rien leur cacher, même du plus sordide, et pourtant ils gardent en eux leur simplicité et leur sagacité, et aussi leur immense capacité d’indulgence et d’amour.

 

Sylvie Bourgeois-Harel tisse avec une douceur et
une habileté remarquable le portrait en creux de ces enfances écourtées par une maturité acquise trop vite au spectacle intime du monde des adultes, de ses pieux mensonges et de ses arrangements secrets ordinaires. En écrivant toutes ses nouvelles au “je” Sylvie Bourgeois-Harel a su retranscrire la musicalité de la tonalité de l’enfance.

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Sylvie Bourgeois-Harel a publié son premier roman Lettres à un Monsieur en 2003 aux éditions Blanche. L’année suivante paraît chez Fayard son deuxième ouvrage, L’amour libre. Elle est également l’auteur de plusieurs nouvelles (La Gloire de l’amour. J’aime mon mari… ). Elle a co-écrit, plusieurs scénarios avec son mari Philippe Harel, ou Edouard Waintrop et Eric Assous dont le plus connu est Les Randonneurs à Saint-Tropez.

« Mon papa est curé. Tout le monde le sait, mais personne ne le dit. Je suis dans une école privée que le diocèse a payé. Je le sais. C’est comme ça que sont élevés les enfants des curés. Il paraît qu’on est nombreux à attendre que notre père change de métier. Moi je voudrais qu’il soit pompier. C’est peut-être dangereux comme métier, mais au moins j’aurais un papa. Quand mes copains me demandent comment s’appelle mon père, je dois répondre que je n’en ai pas. C’est dur de dire que je n’ai pas de papa alors que quand même tous les soirs, j’embrasse le curé de la paroisse. »

 

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ss.jpgLIVRES

Lettres à un monsieur Editions Blanche. 2003

L’Amour libre Fayard. 2004

Brèves enfances Au diable vauvert. 8 octobre 2009

 

NOUVELLES

Paru le 8 octobre 2009 au Diable Vauvert – Nouvelles –  224 pages – 17 €

ISBN 978-2-84626-209-5 – VAU 1968 – Diffusion CDE-SODIS

La gloire de l’amour Recueil collectif. Aime-moi encore.

Editions Nicolas Philippe. 2004

 

J’aime mon mari Recueil collectif. Extases de Femmes.

Editions Blanche. 2006

Bernard Recueil collectif. Doudou.

Editions Anabet. 2006

Basquiat Recueil collectif. Bordel. Basquiat.

Editions Stéphane Million. 2008

Un imposteur Recueil collectif. Bordel. Imposteur.

Editions Stéphane Million. 2009

Amour, Culture et Politique Recueil collectif. Bordel. Rat Pack.

Editions Stéphane Million. 8 octobre 2009

 

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SCENARIOS

Les randonneurs à Saint-Tropez co-scénariste

réalisé par Philippe Harel

sortie en salles en avril 2008

Une vie française co-scénariste (d’après le roman éponyme de Jean-Paul Dubois)

 

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Un homme inconsolable co-scénariste

(d’après le roman Une année sous silence de Jean-Paul Dubois)

Mémoires de mai co-scénariste

documentaire réalisé par Philippe Harel

diffusion sur Canal+ en mai 2008

La Faute co-scénariste. Productions Les films de la Baleine/SND  

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GALA 

Avec BREVES ENFANCES, Sylvie Bourgeois nous prend par la main pour nous faire basculer dans le monde de l’enfance. Trente quatre nouvelles, et autant de portraits tendres et de regards plus tout à fait innocents sur un monde adulte composé, recomposé.

 

LE FIGARO

Que pensent les enfants des familles décomposées, des couples homosexuels, des adultes qui les entourent? Dans BREVES ENFANCES, Sylvie Bourgeois se glisse dans leur peau pour raconter ce qui se passe dans la tête de ceux qui ont ainsi grandi trop vite.

                                                

 LE DAUPHINE LIBERE

Ce bouquet de BREVES ENFANCES s
’exhale en purs moments de bonheur de lecture. On s’émeut, on compatit, mais surtout on rit aux éclats.

 

 

LESBIA MAGAZINE

Il y a beaucoup d’étonnantes trouvailles dans ces nouvelles et Sylvie Bourgeois a un sens réel de la chute. Un livre très sensible, très bien écrit, à la fois plein de fraicheur et de gravité, bref un libre enchanteur.

 

OBIWI

Sylvie Bourgeois nous convie bien davantage à une plongée en apnée dans les gouffres de l’abandon, du manque d’amour, de l’alcoolisme et des désillusions en chaîne Il y a du Régis Jauffret, celui des Microfictions, dans Brèves enfances. Avec, à la clef, la même nausée face à la lâcheté et à l’égoïsme des adultes. Un livre qui nous renvoie aussi à nos propres manquements.

 

PARIS-NORMANDIE/LE PROGRES DE FECAMP/HAVRE-LIBRE

En une trentaine de petits textes, Sylvie Bourgeois donne la parole aux gamins, aux enfants « star » comme aux fils de curé( !). C’est drôle, impertinent, parfois triste mais il flotte dans ce recueil de textes une infinie tendresse. A découvrir.

 

Sylvie-Bourgeois-Harel, Romancière. Scénariste 

(pour la découvrir, lisez Basquiat en cliquant sur le lien titre.)

Livres Hebdo n’a pas oublié de noter la sortie du livre de Eve Ensler ! (27.11.09)

Ensler_couv.JPGLIVRES-HEBDO / Le 27 novembre 2009 Br. 18 euros / ISBN : 978-2-7210-0585-4

00908 Des mots pour agir contre les violences faites aux femmes : Souvenirs, monologues, pamphlets et prières / Eve Ensler et Mollie Doyle, préfaces de Rama Yade et Nicole Ameline, postfaces de Jane Fonda et Antoinette Fouque – Paris, éd. Des femmes-Antoinette Fouque, 2009 – 280 p., 21 x 14  cm *** Des textes aux genres et aux styles d’écriture divers sur la violence faite aux femmes sous toutes ses formes : sadomasochisme, violence conjugale, travail etc Ils ont été écrits à l’origine pour être mis en scène lors du festival Until the violence stops organisé en 2006 à New-York. La version française contient aussi des textes de T. Nasreen et C. Berling ainsi que des données européennes. Tout public.

Laureline Amanieux, superbe spectatrice des lectures du livre de Eve Ensler – Publié sur Agoravox.fr (26.11.09)

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eve.jpgRencontrer Eve Ensler, l’auteur américaine de Les Monologues du Vagin, et les femmes qui s’engagent avec elle, c’est marquer un tournant décisif dans sa propre vie. Parler, écrire, quelle que soit d’ailleurs la forme d’expression que nous pratiquons, cela ne peut plus, tout à coup, se concevoir en dehors de l’engagement concret, d’une transmission du réel afin d’engendrer une répercussion sur ce réel pour le meilleur, ou plutôt comme le déclarait sur www.ted.com la romancière militante Isabelle Allende, pour que « le monde ne soit pas meilleur, mais pour qu’il soit bon ».


Un monde bon, ce serait un monde où la violence cesse. Lundi 23 novembre, au théâtre Michel, à Paris, une lecture publique, bénévole, s’est déroulée contre les violences faites aux femmes et aux petites filles partout dans le monde. Cette manifestation mettait en scène des textes extraits du livre « Des mots pour agir », paru aux éditions des Femmes-Antoinette Fouque, le 13 novembre 2009, et dirigé par Eve Ensler.


ensler.jpg« Des mots pour agir », c’est un recueil de textes écrits par une cinquantaine d’auteurs américains, auxquels s’ajoutent des inédits français. En introduction, Eve Ensler déclare que nous pouvons aujourd’hui « nous fier aux écrivains », car « plutôt que de chercher à nous dominer, ils nous libèrent ».


Pour avoir assisté à ce spectacle, je lui donne raison. Les lectures ont été incarnées par les comédiennes actuelles, investies, de Les Monologues du Vagin : Stéphanie Bataille (également à la mise en scène), Marie-Christine Barrault, et la dramaturge et comédienne Maïmouna Gueye, également par Aurore Auteuil, Bérangère Bonvoisin, Sylvie Bourgeois-Harel, Fanny Cottençon, Andréa Férréol, Sèverine Ferrer, Marianne James, Christine Orban, Jacques Frantz et Daniel Mesguich. 


Ce soir-là au théâtre Michel, ce que la parole libère en nous, c’est d’abord la conscience, politique, idéologique, celle qu’on a enfermée dans un cadre clos, ronronnant, délimité par les seuls problèmes de notre quotidien. Ce que la parole libère en nous, c’est une quête de justice, même si elle est d’abord un cri de colère avant de se convertir en soin pour autrui.

Pu
is elle libère le désir d’agir, de mettre son énergie au service de ce qui est non seulement beau mais nécessaire. Si la beauté peut sauver le monde, ce ne sera pas sans intervenir chacun à notre échelle individuelle pour transformer la conscience et les réalités collectives. La beauté, c’est celle de ces mots et de ces voix, ce soir-là, portant de tout leur être les récits des victimes, jouant souvent jusqu’aux larmes, parce qu’il ne s’agit pas tant de jouer que d’accueillir la déchirure vécue par d’autres. Et l’agir, c’est la trace brisée jusqu’en nous de ces voix, parce que ces mots-là agissent jusque dans nos propres chairs et nous rendent capables de combat.


taslima.jpgLes textes « Des mots pour agir » témoignent, mordent, bousculent, mais ils enchantent aussi, ils nous rappellent que l’écrivain n’est plus cet « enchanteur pourrissant » chanté par Apollinaire, mais un enchanteur renaissant, celui qui peut changer l’horreur en un terreau d’espoir, celui qui proclame le destin que des femmes ont repris en main, leurs libérations volontaires, leur transformation d’une tragédie personnelle en un don pour les autres, pour que plus jamais d’autres ne subissent ce qu’elles ont subi, celui d’hommes aussi qui cherchent à veiller sur elles. L’écrivain est l’enchanteur qui consacre la voix des démunis et la porte jusque dans l’obscurité la plus moite de nos consciences, pointe le moment où l’on aurait pu agir, où on ne l’a pas fait. Mais au lieu de nous engourdir dans la culpabilité, il nous électrifie pour agir, aujourd’hui. Il nous re-connecte au monde tel qu’il est et tel que nous pouvons le changer.  

mandre.jpgEve Ensler est de ces écrivains-là, et tous ceux qui participent au recueil « Des mots pour agir » et tous ceux qui portaient ces mots ce soir-là sur scène. Elle a conclu cette manifestation par un discours -en français- pour rappeler les violences continues en France : une femme meurt tous les deux jours sous les coups de son conjoint et ce Lundi-là, une femme est brûlée vive à l’essence par son mari ivre à Meaux. Le mouvement V-day, qu’Eve Ensler a fondé, soutient partout dans le monde des actions contre les violences faites aux femmes. Chacun d’entre nous peut organiser une vente de bienfaisance, ou jouer par exemple localement une représentation de Les Monologues du Vagin et reverser les recettes à une association qui lutte pour les femmes. Ou tout simplement acheter le livre « Des mots pour agir » dont les bénéfices reviennent au V-day.


Sur scène sont également intervenues les politiques françaises Michèle André et Nicole Ameline, l’écrivain engagée Taslima Nasreen, et Christine Schuler Deschryver, la représentante de V-day au Congo et directrice d’un centre qui accueille les femmes et filles victimes de violence (http://www.vday.org/meet-vday/activist-spotlights/christine-schuler-deschryver). Son témoignage, que les larmes interrompaient, est un de ces moments qui vous écarquillent l’âme de façon définitive. Au sujet de la guerre civile au Congo, dont l’arme principale est le viol des femmes et des toutes petites filles jusqu’à la mutilation et la mort, je vous invite à lire les deux témoignages de Eve Ensler, traduits en français sur ces adresses : http://sisyphe.org/spip.php?article3329

et

http://www.alterinfo.net/Congo-l-homme-qui-sauvait-des-femmes-laissees-pour-mortes_a22280.html


NicoleAmeline.jpgSe sont inscrits pour toujours dans ma mémoire les phrases les plus vives de cette soirée, la bienveillance d’Eve Ensler avec qui j’ai échangé avant la représentation, l’intensité renversante du regard de Maïmouna Gueye me tendant son texte en cours de représentation, la force qui nous a reliés, tous, et qui nous a permis de toucher du doigt ce que pourrait être « un nouveau contrat humain » comme l’écrit Antoinette Fouque, la fondatrice des éditions des Femmes et co-fondatrice du M.L.F (Mouvement pour la Libération des Femmes), un contrat dont les impératifs ne sont ni économiques, ni raciaux, ni de l’ordre de l’arraisonnement d’autrui, mais un contrat qui fait triompher en nous, autour de nous, l’universelle capacité de compassion. Et d’agir.


Laureline Amanieux.

Dans le site de L’Express, Julie Saulnier a pensé à recueillir la pensée d’Antoinette Fouque (formulée notamment dans son nouveau livre chez Bourin Editeur) – le 26 novembre 2009

meres-celibataires-enfants_113.jpgA l’occasion de la journée internationale contre la violence faite aux femmes, regards croisés sur la condition des femmes en 2009 : Julie Saulnier a notamment interviewé Antoinette Fouque pour le site de L’Express
Combiner vie professionnelle et vie personnelle n’est plus mission impossible en 2009
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aflivre.jpgAntoinette Fouque est la présidente de l’Alliance des Femmes pour la Démocratie et l’une des fondatrices du Mouvement de libération des femmes créé en 1968. Elle est l’auteur Des Mots pour agirs contre les violences faites aux femmes.
sazzedine.jpgSaphia Azzeddine est l’auteur de Mon Père est femme de ménage et Confidences à Allah.
Favier-e84ad.jpgCarine Favier est la présidente du Planning familial.
« Etre une femme est à peu près la même chose qu’être un homme en 2009, à quelques détails près: les salaires, les baffes et dans certains pays les droits. »

Qu’elle est la condition des femmes en 2009 ? Qu’est-ce qu’être une femme en 2009 ?

Carine Favier, présidente du Planning Familial: « C’est difficile à dire car il y a un grand fossé entre les mères de familles mono-parentales qui vivent souvent dans des situations précaires et les femmes diplômées conscientes de leur droit et qui luttent pour les faire progresser. Mais malgré toutes ces différences, je pense que ce qui rassemble les femmes d’aujourd’hui est la volonté de mener de front leur vie professionnelle, leur vie affective et familiale. Rares sont celles qui sont prêtes à renoncer à un emploi pour avoir des enfants ou vice-versa. »

Antoinette Fouque, présidente de l’Alliance des femmes pour la démocratie: « Depuis plus de quarante ans, nous nous sommes battues pour que les femmes deviennent citoyennes à part entière et qu’elles aient le droit de réaliser l’intégralité de leurs compétences. Et nous avons gagné en droits et en libertés plus que jamais dans l’histoire. Les Françaises ont le plus fort taux de fécondité de l’Union européenne et une activité professionnelle tout en élevant leurs enfants. Elles s’affirment pleinement créatrices dans tous les domaines. »

Saphia Azzeddine, écrivaine: « D’une part, je ne m’envisage pas uniquement en tant que femme. Et puis je ne milite pas, j’écris des bouquins ou les femmes disent ce qu’elles pensent. Je pense qu’être une femme est à peu près la même chose qu’être un homme en 2009, à quelques détails près: les salaires, les baffes et dans certains pays les droits. Plus sérieusement, une femme en 2009 c’est s’accommoder de nos illusions de femmes libres et toujours relativiser nos désillusions. Sans ça, la femme 2009 serait un kamikaze. »

Quelles sont les principales difficultés auxquelles sont confrontées les femmes ?

A.F : « Mais la crise économique et le backlash, ce qu’il faut bien appeler une contre-libération menaçante, mettent en péril celles qui sont en situation fragile, c’est-à-dire une majorité des femmes qui sont 75% des plus pauvres en France comme dans le monde, et la pauvreté ne cesse de se féminiser.
L’Observatoire National de la Délinquance vient d’annoncer pour 2008 une forte augmentation du nombre des
violences contre les femmes.  Une femme meurt tous les deux jours et demi du seul fait des violences conjugales. Au niveau mondial, ce sont 160 millions de femmes qui manquent à l’appel de la population mondiale du fait des violences et des discriminations qu’elles subissent. Oui, la situation des femmes se dégrade comme se dégrade celle de la planète, mais la conscience, elle, se développe. L’écologie fait désormais partie à part entière des programmes politiques. Il faut que l’ensemble des partis et des gouvernants mettent en oeuvre une écologie humaine au coeur de laquelle se trouvent les femmes. Il faut une politique globale pour les femmes, une prise de conscience et une volonté politique. »

C.F : « L’égalité est encore loin d’être acquise: le taux de chômage chez les femmes est plus important que chez les hommes, les salaires moins élevés, la précarité est souvent plus importante… Même en ce qui concerne les études, il existe une différence flagrante. D’après un sondage réalisé en 2009, 61% des parents sont prêts à prendre en charge l’intégralité des frais de scolarité de leur fils. Ce chiffre tombe à 48% pour les filles [ndlr: enquête Ipsos/Crédit Agricole]. Les femmes souffrent également de discriminations notamment au moment de leur recherche d’emploi. »

S.A : « Les gouttes de pipi sur la cuvette des wc, les blagues de cul pas drôles et ces hommes qui entendent oui alors qu’elles disent non. En effet, se rendre compte que des fondamentaux que l’on croyait acquis soient remis en cause. »

Quelles évolutions avez-vous constaté sur cette question depuis le début de votre engagement ?

C.F : « Aujourd’hui, les notions de parité et d’égalité paraissent évidentes. Les femmes savent qu’elles doivent lutter pour leurs droits. La possibilité de travailler a permis d’élargir l’autonomie des femmes même s’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Nous avons constaté au Planning familial que la situation des femmes a plus changé dans les mentalités que dans la réalité: elles veulent qu’on les traite d’égal à égal avec les hommes; elles ont parfois même l’impression que c’est déjà le cas, mais lorsqu’on regarde les études faites sur le sujet, on se rend compte qu’on est encore loin du compte. »

S.A : « Qu’il y ait une journée de la femme au mois de mars et qu’on nous offre des fleurs. Non je plaisante, c’est même une régression. Le numéro vert par contre, ça c’est bien! Sauf quand la mâchoire est cassée et donc là ça ne sert à rien. »

Comment lutter contre la violence faites aux femmes ?

C.F : « Il est très important de travailler sur la prévention. Avec le Planning Familial, nous organisons régulièrement des ateliers ou des forums pour améliorer les relations entre les filles et les garçons. Il est indispensable de faire comprendre aux gens, même aux plus jeunes, que les différences biologiques ne doivent pas être un prétexte aux différences sociales. Nous organisons également des groupes de parole, notamment avec les auteurs de violences, pour leur faire prendre conscience de la gravité de leurs actes. »

A.F : « J’ai proposé en 2008 un Grenelle des femmes, non seulement sur les violences mais sur l’apport vital des femmes à la société. Il faut un Grenelle des femmes pour connaître et reconnaître ce que l’humanité leur doit, ce qu’elle peut en recevoir. Pour, face à la guerre économique, préparer la venue de l’économie de mise au monde, de création, de créativité, dont elles sont porteuses.

S.A : « D’un point de vue physique, rendre les coups autant que cela est possible et partir après le premier coup, pas le deuxième. »

Que pensez-vous de la loi proposée par Michèle Alliot-Marie ?

C.F : « Le Planning Familial n’est pas à l’origine de cette loi mais nous en sommes globalement plutôt satisfait. Nous regrettons simplement qu’elle n’aborde pas du tout l’aspect préventif qui est essentiel à nos yeux. De plus, nous sommes contre la création de tribunaux spéciaux pour juger les auteurs de violences faites aux femmes. Il est important que les coupables soient punis mais nous ne voulons d’une judiciarisation à l’extrême de ces questions. »

Et pour vous, c’est quoi être une femme aujourd’hui ?
Comment a évolué le statut des femmes dans notre société ?

Madeleine Chapsal, téléspectatrice de « Ce soir ou jamais »… a bien lu Antoinette Fouque (le Populaire du 27.11.09)

Dans le Populaire du Centre du 27 novembre 2009, Madeleine Chapsal, qui a regardé l’émission de Frédéric Taddeï mardi 24 novembre, nous en livre ses impressions…

 

Madeleine-Chapsal.jpg QU’EST-CE QU’UNE FEMME ?

 

En ce  mois de novembre, deux dates  ont concerné la condition des femmes. Le 25, la Sainte-Catherine,  fête traditionnelle de la  couture, silencieux métier,   sous-payé,  où l’on trouve normal de cantonner  les femmes.  Le  26 : journée   pour dénoncer le  fait qu’il   meurt une femme  tous les deux jours  sous les coups de son compagnon, d’autres étant estropiées. 

  Ce qui dépasse l’entendement  c’est qu’on n’en soit pas autrement scandalisé et  qu’il y en ait encore pour dire et penser, comme  chez Taddei à la télévision : « L’homme a besoin d’affirmer sa virilité !  »

C’est pour étudier les racines d’une misogynie toujours  active  qu’il faut lire le petite livre consacré à  Antoinette Fouque, la fondatrice du MLF – Mouvement pour la Libération des femmes.

Née en 1936 , à  Marseille, cette femme remarquable, à la fois psychanalyste, philosophe, écrivain, élue au Parlement européen, fondatrice d’une maison d’édition, Les Editions des Femmes et de   librairies en France, n’a cessé d’agir et de réfléchir à la question qu’avait posé Sigmund Freud sans pour autant y répondre : qu’est-ce qu’une femme ?

Antoinette Fouque nous fait faire quelques pas en avant. Déjà en rappelant  qu’il y a deux sexes, ce que cherche à  nier un  féminisme  dont Antoinette se sépare pour parler  de « féminologie » ;   nouvelle science sociale qui se donne pour objet  une « peuplade », les femmes,  dont l’histoire  n’existe qu’en ombre portée de celle des hommes.  

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aflivre.jpgDans « Qui êtes-vous Antoinette Fouque ? » elle dénonce quantité d’abus criminels, l’excision, la lapidation, dont un primordial :    des millions de femmes dans le monde se voient refuser le droit  à l’instruction. Pourtant,  ajoute-t-elle  : « Je  connais des régions de l’âme et du cœur,chez  des êtres ne sachant ni lire ni écrire qui sont d’une richesse bien supérieure à ce qu’on trouve chez de plus instruits. » Cet antiféminisme, chez  nous insidieux,  Fouque en voit le germe dans  le déni masculin d’une réalité  qu’ils prennent pour une infériorité   :  ce sont les femmes qui portent les enfants !  D’où  jalousie :  ils auraient une envie secrète de l’uterus comme nous, d’après Freud, l’envie du pénis…

Bien d’autres idées neuves et bouleversantes se trouvent dans ce petit livre  où parle une femme qui s’est installée d’emblée dans l’altérité . Une façon de vivre et de penser   loin d’être acquise dans nos sociétés,   même par les femmes qui parviennent au pouvoir (casées  par les hommes que cela arrange…).   Or pas de progrès humain possible si l’on n’accepte pas l’idée qu’il existe deux sexes à la fois  différents et égaux :  aucun ne devant être soumis à l’autre !  La misogynie, ultime racisme et colonialisme, dont témoigne violemment la burka…

 

 Qui êtes-vous Antoinette Fouque ?

Entretien avec Christophe Bourseiller

Editions Bourin, 19 euros, 154 pages.

Dans Le Figaro, Agnès Leclair interroge Antoinette Fouque sur les violences psychologiques dans le couple (26.11.09)

calb12849violence_couple_jpg.jpgLE FIGARO DU 26 NOVEMBRE 2009 – JUSTICE

Par Laurence de Charette et Agnès Leclair

« C’est une avancée considérable, a expliqué hier François Fillon en annonçant la création d’un délit de « violences psychologiques » au sein du couple. La création de ce délit va permettre de prendre en compte les situations les plus sournoises, ces situations qui ne laissent pas de traces à l’oeil nu mais qui mutilent l’être intérieur des victimes. »

L’annonce du premier ministre s’appuie sur une proposition de loi déposée par Dominique Raimbourg (UMP) et Serge Blisko (PS) issue des travaux menés par la mission parlementaire de lutte contre les violences faites aux femmes, un texte qui a reçu l’approbation de Nadine Morano, ministre délégué à la Famille, et le soutien de la garde des Sceaux.

Michèle Alliot-Marie souhaite en effet s’appuyer sur ce texte, qui devrait être examiné à l’Assemblée au début de l’année prochaine, pour introduire dans le Code pénal la répression des violences psychologiques au sein du couple. Même si la définition exacte de ce nouveau délit est en discussion entre les parlementaires, qui veulent instituer un délit spécifique, et la Chancellerie, qui envisage simplement d’inclure les violences psychologiques au sein de l’ensemble des violences.

L’idée de sanctionner pénalement des violences morales dans la vie intime étend en tout cas considérablement le champ d’intervention de la justice, et suscite le débat. L’USM, principal syndicat de magistrats, se montre sceptique. « La preuve ne sera pas facile à apporter », prévient son secrétaire général, Laurent Bédoué. Dans leurs travaux, les parlementaires se sont inspirés du « harcèlement moral » au travail pour définir la violence psychologique dont pourrait être l’objet un conjoint. Ils visent « des agissements ou des paroles répétés ayant pour effet une dégradation des conditions de vie de la victime susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité ou d’entraîner une altération de sa santé physique ou mentale » et suggèrent une sanction maximale de trois ans de prison et de 75000 euros d’amende. « Les dossiers de harcèlement au travail ne donnent pas toujours lieu à des poursuites, faute d’éléments constitutifs suffisants », prévient un procureur. Mais les parlementaires, comme la Chancellerie, estiment que les témoignages de proches ainsi que des expertises psychologiques pourront servir de preuve.

« Grenelle des femmes »

Dans la pratique, les magistrats sont déjà confrontés à la violence morale au sein du couple, dans des dossiers de divorce. « Ils se basent sur ces violences morales pour régler par exemple en urgence la séparation physique des époux », explique l’avocate Hélène Poivey-Leclerq. Ils s’appuient sur la loi de 2004, qui a ajouté le « respect» aux obligations entre époux.

Si les associations de lutte contre ces violences ont salué cette avancée, la féministe Antoinette Fouque a, pour sa part, jugé qu’il ne s’agissait que d’ « un morceau du puzzle » et appelle à l’organisation d’un « Grenelle des femmes » .

Auteur d’une enquête sur les maltraitances invisibles, Jean-Baptiste Drouet dénonce enfin une « dérive judiciaire » . « Bien sûr, la manipulation et les pervers existent. Mais créer une loi spécifique revient à ouvrir la boîte de Pandore de la victimisation, souligne-t-il. Dans le couple, lieu des règlements de comptes affectifs et des rancoeurs, tout le monde peut se déclarer victime. »

Macha Séry, du journal Le Monde, a assisté à la grande soirée de lancement du nouveau livre de Eve Ensler, lundi 23 novembre 2009 au Théâtre Michel (compte-rendu dans Le Monde du 26.11.09)

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« Des mots pour agir, contre les violences faites aux femmes : condition féminine, la régression »

Ce florilège de textes a été commandé à des romanciers, des scénaristes et des dramaturges – femmes et hommes au rang desquels Edward Albee et Moises Kaufman – et mis en scène dans le cadre du festival Jusqu’à ce que cesse la violence, qui s’est tenu à New York en 2006. Variant de deux à quatorze pages, ces récits relèvent de souvenirs personnels, de monologues théâtraux ou de la mise en forme de témoignages recueillis en Ouganda, au Soudan ou au Cambodge. Pour cette occasion, des femmes connues ont accepté de dévoiler des traumatismes tus jusque-là. Tel est le cas par exemple de Jody Williams, Prix Nobel de la paix pour son combat contre les mines antipersonnel, qui narre pour la première fois le viol qu’elle a subi au Salvador, il y a vingt ans. Au lieu d’une froide litanie de chiffres et de statistiques, ces mots-là, les phrases d’écrivains, sondent le coeur sensible des choses, l’intimité féminine, bafouée, violée, et les états de souffrance. Davantage que n’importe quel discours, chacune des histoires ici contées rend plus effroyable l’asservissement du corps des femmes.

ensler.jpgLe recueil a été codirigé par Eve Ensler, auteure des Monologues du vagin, pièce militante jouée depuis 1996 dans 130 pays. Pour la fondatrice de l’association V-Day, « l’histoire des femmes, c’est l’histoire de la vie. En parlant de ces violences, nous ne pouvons omettre de parler de racisme et de la domination, de la pauvreté et du patriarcat, des bâtisseurs d’empires et de la guerre, de la sexualité, du désir et de l’imagination. Les mécanismes de la violence détruisent les femmes, ils les contrôlent, les rabaissent et les gardent à leur soi-disant place. » Cet ouvrage ne s’adresse pas seulement aux femmes. Loin s’en faut.


 DES MOTS POUR AGIR, CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES. Sous la direction d’Eve Ensler et Mollie Doyle. Traduit de l’anglais par Samia Touhami. Editions des femmes-Antoinette Fouque, 326 p., 18 €.

Macha Séry

La délicieuse Maïa Brami a fait sur BscNews, le magazine littéraire et culturel gratuit depuis 2007, des interviews des intervenants à la soirée « Artiste Féminin Singulier » (conférence-débat le 27 octobre 2009 à l’Espace des Femmes-Antoinette Fouque)

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Du désir à la création

Thierry Delcourt

 

(propos recueillis par Maïa Brami (BSCNEWS.FR)

Qu’évoque pour vous le mot « désir » ?

 

Thierry Delcourt : Je le rattache à la dimension du plaisir.

 

De tout temps, la femme a incarné le désir. Pourquoi, selon vous ? Les guérillas Girls ont répondu à cette question : dans les musées, les femmes sont sur les murs, représentées par les oeuvres d’art, mais rares sont les artistes exposées, bien que les choses évoluent. Pour moi, « désir » ne s’associe pas à « femme », mais à la construction de l’amour. Mais une déformation est toujours possible : j’ai passé sept ans en immersion à travailler mes deux livres – « Au risque de l’art » et « Artiste féminin Singulier » (éditions L’Âge d’homme, 2007 et 2009) – et ma déformation est complète : mon désir passe par la rencontre, la compréhension, le regard, l’écoute des artistes… au grand damne de mes proches d’ailleurs ! (rires)

 

D’où vous est venu le désir d’explorer la création féminine ?

 

C’est d’abord une histoire de praticien et de chercheur. En tant que praticien, je me suis demandé comment rester créatif avec chaque patient et comment redonner une possibilité d’ouverture – notamment au désir – aux patients pour qui le monde s’est fermé. Ces interrogations m’ont amené à m’intéresser à l’Art Brut, puis à la création des artistes et ce qu’on en disait. Les réponses apportées par les psychanalystes ou les critiques d’art ne m’ont pas convenu. J’ai donc décidé d’aller à la source, de faire émerger le processus de création à partir d’entretiens approfondis. Ca a été une aventure phénoménale : j’ai découvert des choses, notamment sur le désir, mais aussi sur la construction des représentations, la façon dont elles se réagencent en nous. Dans « Artiste Féminin Singulier », j’ai volontairement laissé de longs entretiens, ils sont d’une telle richesse que, rien qu’avec eux, j’aurais pu faire un livre ! Le premier, avec Lydie Aricks, a duré huit heures, pendant lesquelles elle a fait une sculpture tout en me parlant. Notre échange l’a autant transformée que moi !

 

Vous êtes allé vers le processus créatif, certes, mais féminin…

 

au départ, j’ai envoyé un certain nombre de dossiers à des artistes tout sexes confondus, mais les hommes ont été plus prompts à me répondre et à accepter. Je me suis alors retrouvé avec dix hommes pour deux femmes ! s’est donc posée la question de la création en termes de genres, masculin et féminin. Mais d’emblée, en écrivant le premier livre centré sur des artistes hommes, j’ai conçu le deuxième afin d’essayer de voir s’il y avait une distinction possible, qu
i serait liée à l’Histoire, à la façon dont les femmes sont progressivement reconnues dans l’espace public.

 

Alors, selon vous, la création a t-elle un sexe ?

 

Au moins, à présent on peut poser la question, qui ne se posait pas il y a un siècle, puisque la création avait un sexe, celui de l’universel, de l’homme. L’art de la femme était considéré comme mineur ou « non art ». Bien sûr, il y a eu des exceptions, mais on voit bien comment les pionnières, notamment celles qui ont travaillé le corps – Marina Abramovic ou Annie Sprinkle – ont imposé un sexe à la création. Elles n’en sont pas restées là, mais ce fut une étape indispensable pour dépasser le stéréotype de la muse et d’accéder au rang d’Artiste.

 

Vous avez rencontré quatorze femmes artistes, parmi lesquelles Orlan, la danseuse chorégraphe Carolyn Carlson ou la poète Valérie Rouzeau, laquelle associez-vous au mot « désir » ?

 

Lydie Aricks a signé la couverture. Le tableau s’appelle « Elle, Sémaphore », il s’agit d’un corps paysage, un corps pris dans la mer, avec ce jeu entre les mots « mer » et « mère ». Et pour l’avoir longuement regardée travailler, c’est vraiment le désir à l’état pur qui traverse son corps et qui fait qu’elle en est traversé. Au bout d’un moment, les frontières disparaissent entre elle et la toile. Tout intervient, à la fois son corps gestuel mais aussi son corps physiologique, son corps de désir – elle dit bien que ça part du ventre et elle rattache même le processus à la défécation, ce qui n’est pas évident à dire. Elle racle tous les éléments qui composent notre désir et qui font qu’à un certain moment, on va être poussé, vers la sexualité par exemple, sauf que dans son cas, tout est concentré sur l’acte de création.

 

Comment ce livre vous a t-il changé ?

 

Même si on se dit un peu féministe, on est toujours pris dans des préfigurations, des automatismes. En tant qu’homme, j’ai découvert la complexité du problème qui touche au regard porté sur les femmes dans la société. Il faudra sans doute plusieurs générations et de la détermination, notamment chez les hommes, pour faire évoluer les comportements. En tant que psychiatre psychanalyste, je travaille désormais avec mes patients à partir de leur désir et non de leur souffrance. Il ne s’agit pas de les amener à créer, mais à trouver des leviers, des outils pour produire quelque chose qui va leur donner un plus.

 

Propos recueillis par Maïa Brami

colette.jpgColette Deblé : Je suis du pays de l’Artois et je suis une artésienne parce que la peinture coule de source. Elle jaillit comme ça. Peindre c’est une activité aberrante, alors j’ai écrit un livre, Quelque chose de très doux (éditions POL) où j’exprime mon besoin de m’exprimer, de faire de la peinture, comme la sève qui monte dans les arbres et ça n’arrête pas d’éjaculer partout ! On pourrait croire que c’est un roman porno, mais en fait pas du tout, c’est une réflexion sur la peinture et maintenant, j’ai eu besoin de faire une réflexion sur ce qui reste des femmes et je fais un essai plastique sur la représentation des femmes dans l’histoire de l’art. J’essaie de saisir comment on a les a perçues dans tous les pays, à toutes les époques. C’est un travail qui circule dans le monde entier, qui est sous la forme de petits dessins de 30X40 cm et je peux partir au bout du monde avec toute l’histoire du regard des hommes sur les femmes ! C’est un travail commencé en 1990. … J’essaie de voir comme on a vu et ça passe par le bout de mes doigts et vraiment on sent que les
hommes aiment les femmes, c’est voluptueux – c’est le mot vraiment ! » Propos recueillis par Maïa Brami

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Jean-Pierre Sag (collaborateur de l’ouvrage Penser avec Antoinette Fouque, éditions des femmes, 2008) : Je suis un compagnon de route du MLF, un ami d’Antoinette Fouque, j’ai fait une psychanalyse avec elle, c’est comme ça que je suis devenu psychanalyste par la suite. Je suis un témoin très proche.  J’a participé donc naturellement à ce livre sur la pensée d’Antoinette Fouque avec un certain nombre d’auteurs.

 

Antoinette Fouque et le désir :

S’il n’y a qu’une formule qu’on peut retenir d’Antoinette Fouque, c’est le titre de son premier livre : Il y a deux sexes. (Gallimard, 1995). C’est à la fois une évidence, une banalité et une révolution, puisque Freud, Lacan et l’énorme majorité des psychanalystes en restent à la conception phallique de la sexualité, avec un sexe de référence dont les hommes sont possesseurs et que les femmes désirent puisqu’elles ne l’ont pas. Les femmes sont donc dans l’envie du pénis et les hommes en sont fiers et les hommes en tirent leur fierté, d’où une toute puissance du phallus. En deux mots, voilà la mécanique du désir dans cette perspective psychanalytique traditionnelle, qui permet de mieux mesurer l’avancée incroyable de la pensée d’Antoinette Fouque. 

Propos recueillis par Maïa Brami                        

Ouest-France et la « féminitude » – Le 25 novembre 2009

afouque.jpgOUEST-FRANCE – 25 novembre 2009
 
REGARDS : Il faudrait peut-être parler de « féminitude » comme Aimé Césaire a parlé de « négritude ». L’égalité hommes-femmes est encore loin d’être acquise, selon Antoinette Fouque dans son dernier livre d’entretiens avec Christophe Bourseiller (« Qui êtes-vous Antoinette Fouque ? », Bourin-Editeur)

Soirée MARGUERITE DURAS. Avec Dominique Noguez et Laure Adler. Mardi 24 novembre à 18 h 30. 35 rue Jacob, 75006. Entrée libre.

Mardi 24 novembre, à 18 h 30, l’Espace Des femmes-Antoinette Fouque, qui vient juste de coéditer avec les éditions Montparnasse un magnifique coffret DVD + CD Marguerite Duras, vous invite à assister à une soirée unique consacrée à Marguerite Duras. C’est l’un des événements les plus importants de l’année : n’oubliez pas d’emmener tous les gens à qui vous souhaitez du bonheur !

Avec Dominique Noguez et Laure Adler.

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 Dominique Noguez

Né en 1942, normalien, agrégé de philosophie et docteur d’État, Dominique Noguez enseigne à l’Université de Montréal, puis à l’Université de Paris-I. Passionné de cinéma expérimental, spécialiste du cinéma underground, il passe son temps dans les cinémathèques. Se consacrant surtout à la littérature, l’auteur, écrivain et essayiste, publie une vingtaine d’ouvrages dont certains à la fois délurés et saugrenus tels Les Trois Rimbaud, publié en 1986 où il fait vivre Arthur Rimbaud jusqu’en 1937 ! Ou encore Lénine Dada, publié en 1989 où il imagine Lénine en quasi-fondateur du mouvement dada. Il obtient le prix Femina en 1997 pour son roman Amour noir. Proche de Jean-Pierre Chevènement bien qu’ayant voté oui au traité de Maastricht, il a été candidat aux élections européennes de 1994 sur la liste du MDC. Il s’attache à défendre et faire connaître les autres écrivains, notamment lorsqu’ils sont perçus comme mal-pensants par l’époque, comme Michel Houellebecq. Il défend aussi le rayonnement de la langue française ; La Colonisation douce porte la dédicace : « À Gaston Miron et à nos frères du Québec ; aux francophones de l’an 3000 ». En 2009, les frères Larrieu portent à l’écran deux de ses romans, Amour noir et Les Derniers jours du monde, avec Mathieu Amalric dans le rôle principal. Proche de Marguerite Duras, il a eu avec elle des entretiens filmés en 1983 ( La Couleur des mots, Benoît Jacob, 2001) et a organisé en 2006 des manifestations sur elle à Madrid et à Caen.

Laure Adler

De son nom de jeune fille Laure Clozet, Laure Adler passe son enfance en Afrique où son père est ingénieur agronome. Elle ne connaîtra pas la France avant l’âge de 17 ans. En 1968, elle rencontre Fred Adler, ethnologue, son premier mari. Après une thèse d’histoire sur les féministes au XIXe siècle, la jeune femme entre à France Culture en 1974 comme secrétaire, ne se doutant certainement pas qu’elle en deviendrait la directrice, vingt-cinq ans plus tard. A son grand étonnement, elle est nommée conseillère culturelle auprès de François Mitterrand, en 1989. En 1993, la journaliste se lance dans une carrière télévisuelle avec Le Cercle de minuit, sur France 2, dont elle assure la production et l’animation durant quatre ans. Responsable des essais et documents chez Grasset à partir de 1997, elle se voit proposé le poste très convoité de directrice de France Culture en janvier 1999, poste qu’elle quitte le 31 août 2005. Sa gestion de la programmation de la station, qui bouleverse les habitudes des auditeurs, est d’abord très contestée. Fidèle à son image de ‘grande dame de la culture française’, Laure Adler écrit de nombreux ouvrages, dont une biographie de Marguerite Duras, très commentée, sortie en 1998. Dans A ce soir, publié en 2001, elle évoque, dans un registre beaucoup plus intime, la mort de son fils Rémi, survenue dix-sept ans plus tôt. En dépit de ce brillant parcours, Laure Adler aime à résumer sa vie professionnelle en un mot : ‘chance‘.

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Duras, toujours  de Dominique Noguez (Actes Sud 2009)     

            

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Essai littéraire

En ami de Marguerite Duras autant qu’en spécialiste de son oeuvre, Dominique Noguez a visité les archives Duras déposées à L’IMEC. C’est pourquoi il est ici autant question du roman Caprice, encore inédit, que de la genèse des textes les plus fameux. Il en résulte un essai en forme de portrait, très documenté, sans la moindre complaisance et qui poursuit plusieurs objectifs :

– Essayer de rendre compte de ce miracle : Duras a échappé au purgatoire. Treize ans après sa mort, elle ne cesse d’intéresser, en France et à l’étranger où elle est l’écrivain français contemporain la plus traduite et la plus diffusée.

– Depuis trois ans, des textes posthumes – les Cahiers de la guerre et le petit récit intitulé Caprice paru en 1944 (dont on trouve ici les preuves qu’il est bien d’elle) – changent l’image qu’on avait d’elle. Caprice, histoire d’adultère rompant avec la vision vaudevillesque et bourgeoise de l’adultère, éclaire à l’avance Hiroshima mon amour.

– Tout cela nous rappelle combien Duras est l’écrivain de l’amour (et qui a, paradoxalement, suscité tant de haine).

– Avec le recul, une nouvelle vision de son oeuvre se dessine. Au théâtre, le Shaga, monté en 1968 et qui doit être bientôt remonté, nous présente une Duras inattendue, d’un comique loufoque proche de Ionesco et de Pinget. Dans l’oeuvre romanesque et au

cinéma, la dimension voyeuriste (et visionnaire) ou l’obsession du nom nous apparaissent avec plus d’évidence.

– Les archives laissées à l’IMEC nous permettent d’aller plus loin. On le verra ici dans l’étude minutieuse (sur manuscrits) de la genèse de ce qui est peut-être son plus beau roman : Le Ravissement de Lol V. Stein.

Tout cela sans langue de bois : Duras, toujours se termine sur une lettre posthume sans concession, où l’admiration se nuance de réserves et même de reproches, mais, à la fin, somme toute, se trouve renouvelée.

Né en 1942, Dominique Noguez, écrivain, prix Femina 1997 pour Amour noir (Gallimard), a été proche de Marguerite Duras. Il a eu avec elle des entretiens filmés en 1983 ( La Couleur des mots, Benoît Jacob, 2001) et a organisé en 2006 des manifestations sur elle à Madrid et à Caen. Son roman Les Derniers Jours du monde (Robert Laffont, 1991) vient d’être adapté au cinéma par les frères Larrieu. FORMAT : 11,5 X 21,7 / 130 PAGES ENVIRON

Marguerite Duras de Laure Adler (Gallimard, 1998) (Folio poche 950 pages, 2000)

Qui était Marguerite Duras ? Experte en autobiographie, professionnelle de la confession, elle a pris tant de masques et s’est tellement plu à brouiller les pistes que c’est presque une gageure de vouloir distinguer la vérité de la fiction. Ce
qu’il y a dans les livres, disait-elle d’ailleurs, est plus véritable que ce que l’auteur a vécu. Fruit des relations amicales que Laure Adler eut avec elle pendant une douzaine d’années, et de patientes recherches, cette biographie, sans avoir la prétention de dire la vérité du personnage, tente cependant de démêler les différentes versions que Marguerite Duras a données de sa vie. Elle essaie d’éclairer les zones d’ombre que l’écrivain a mises en scène avec tant de talent : la relation avec l’Amant à la fin de l’enfance, son attitude pendant la guerre et la Libération, ses passions amoureuses, littéraires et politiques. Car la vie de Marguerite Duras fut aussi celle d’une enfant du siècle, d’une femme profondément engagée dans les combats de son temps.

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Amour noir de Dominique Noguez (Gallimard, Prix Fémina 1997 et Folio, 1999)

Morceau choisi de Amour noir :
Jamais je n’avais regardé ses yeux de si près. Ils étaient d’un brun foncé, presque aussi sombres que leur pupille. Je ne pourrais pas écrire que je la regardais au fond des yeux car ces yeux-là n’avaient pas de fond. Ils n’étaient qu’une surface noire, désespérément opaque, des yeux inhumains, de rapace ou de lynx, d’une dureté de marbre ou de météorite, des yeux qui me regardaient mais ne me voyaient pas, qui ne m’aimaient pas, qui [… ]

derniersjours.jpgLes derniers jours du monde de Dominique Noguez (Robert Laffont 24/08/2009)

 6 juillet 2010, 23 heures. Dans un discours télévisé, le président de la République annonce aux Français que de terribles événements se préparent et qu’il n’y a plus d’espoir. Depuis quelque temps déjà, les choses allaient assez mal pour décider le narrateur, vague scénariste de cinéma, à quitter Biarritz où il se remet d’une fin d’amour difficile. C’est le début d’une odyssée qui le mène, dans une France en proie à tous les périls, de Lourdes frappé par un tremblement de terre, à Limoges hanté par des bandes de tueurs, d’Orléans désert, à Paris irradié. Il connaît quelques accalmies à Pau, à Bordeaux où, comme en 1914 ou en 1940, beaucoup de Parisiens se sont repliés, voire encore à Brive-la-Gaillarde, dans la villa d’un milliardaire qui donne une ultime orgie. Ses errances sont l’occasion de retrouver de vieux amis ou de rencontrer des jeunes femmes qui l’aident à passer avec moins d’angoisse ces derniers jours du monde. Avec elles, avec eux, il parle de ce qui est en train d’arriver, de l’Histoire, du mal, de Dieu, de la littérature, de l’amour, du plaisir, de la mort, et surtout de la seule femme qu’il ait vraiment aimée, une jeune métisse belle et cruelle dont l’image le hantera jusqu’au bout. 

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Au cinéma :

Synopsis : Alors que s’annonce la fin du monde, Robinson Laborde se remet peu à peu de l’échec d’une aventure sentimentale pour laquelle il s’était décidé à quitter sa femme. Malgré l’imminence du désastre, et peut-être pour mieux y faire face, il s’élance dans une véritable odyssée amoureuse qui l’entraîne sur les routes de France et d’Espagne. http://www.lesderniersjoursdumonde.com/

Date de sortie cinéma : 19 août 2009

Réalisé par Jean-Marie Larrieu, Arnaud Larrieu
Avec
Mathieu Amalric, Catherine Frot, Karin Viard, plus

Long-métrage français. Genre : Comédie dramatique
Durée : 2h10 min Année de production : 2008
 

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718003-gf.jpg  Les femmes qui lisent sont dangereuses de Laure Adler & Stefan Bollmann (Flammarion, 2006)  

 Les femmes et la lecture dans l’art occidental « Les livres ne sont pas des objets comme les autres pour les femmes ; depuis l’aube du christianisme jusqu’à aujourd’hui, entre nous et eux, circule un courant chaud, une affinité secrète, une relation étrange et singulière tissée d’interdits, d’appropriations, de réincorporations. » Laure Adler

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Les femmes qui aiment sont dangereuses de Laure Adler & Elisa Lecosse (Flammarion, 2009)

De la Vénus de Willendorf, image d’un idéal féminin tout-puissant, à la Mariée de Niki de Saint-Phalle, offrant le regard de la femme artiste sur sa propre destinée, la quête de l’éternel féminin jalonne l’histoire de l’art depuis les temps les plus anciens. Consacré au thème de l’amante fatale, cet ouvrage propose un choix de peintures, dessins et photographies du Moyen Age à l’époque contemporaine. Avec également une réflexion sur une thématique longtemps laissée aux seuls mains et regards des hommes.