Jacqueline Petroz met Guiullermo de La Roca à l’honneur dans le 7/9 du week-end sur France Inter (19 janvier 2014)

couvguillermo.jpgEMISSION RADIO FRANCE INTER

Dimanche 19 Janvier 2014

         7/9 du week-end de Patricia Martin et Fabrice Drouelle

rubrique : LIVRES EN POCHE par Jacqueline Petroz 8h. 20

présentation du recueil de nouvelles «Connaître et apprécier» de Guillermo de La Roca  aux Editions du Ça et Là, c’est une toute jeune maison d’édition née en octobre 2012 et ça,  ça se salue, qui publie ces nouvelles qui oscillent entre contes philosophiques et histoires un  petit peu surréalistes. Un lapin qui fait une escapade et se perd en forêt mais le danger ne sera pas là, un drôle de voyage organisé qui laisse quand même très très sceptique sur l‘agence organisatrice, un sorcier guérisseur inquiétant, un satan pas du tout antipathique qui se pose beaucoup de questions, un espion qui devient guerillero, des histoires d’anges, d’incrédules, d’informaticien qui dialogue avec le diable, de chat qui parle. Enfin la plupart des nouvelles tiennent en quelques pages. Guillermo de La Roca est un peu le Paasalina sud-américain, il  y a du surnaturel et de la drôlerie dans ces nouvelles, où le surnaturel bouscule les certitudes. L’auteur est un musicien qui est reconnu puisque il a joué avec Los Machucambos. Quelque soit le lieu où se déroulent ces histoires on entend  comme une petite musique lancinante et aigrelette. Chez ce Monsieur de 84 ans on sent une vraie jubilation à faire se confronter les genres et les pensées et c’est vraiment un grand plaisir pour les lecteurs.

-Eh bien on retient, on note. (Fabrice Drouelle)

-Vous avez vu qu’il prend des notes pendant que vous parlez. ( Patricia Martin)

-On dirait une interro écrite pour  la semaine prochaine…..

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Ursula Del Aguila rencontre Claude Delay pour le Huffington Post (14 janvier 2014)

Capture d’écran 2014-01-14 à 16.28.35.pngLa  psychanalyste et écrivaine Claude Delay revisite les lieux biographiques où Marilyn a risqué sa peau, les zones d’asphyxie de son être. Avec son livre Marilyn Monroe, la cicatrice(Fayard), elle la prend par la main, l’allonge sur son divan, et devient enfin la bonne mère qui lui a tant manqué. Claude Delay restitue de façon bouleversante les failles de vie et les vérités de Marilyn, et lui redonne un nouveau sépulcre.

Miroir, mon beau miroir, dis-moi si je suis…

Depuis l’enfance dominée par les abandons successifs où les foyers provisoires comme les attachements aux différentes familles se succèdent, toujours instables, Marilyn est engluée dans des problématiques archaïques de rejet maternel et de folie atavique dont elle ne sortira pas, et qui rendront l’ancrage dans l’existence toujours fragile. Quand le Self, comme celui de Marilyn, est constitué intérieurement de sable, qu’il ne possède aucune racine, à coup sûr, il s’écroule à chaque création. Claude Delay montre subtilement la déchéance de l’incarnation pour Marilyn.

Quand ses règles arrivent, c’est l’entrée dans la souffrance qui arrive aussi (elle va souffrir le martyre toute sa vie), mais aussi « l’entrée dans le monde miraculeux de la compassion qu’on achète chez le pharmacien ». L’avenir des barbituriques et des médicaments qui angoissent s’ouvre, radieux et morbide.

Claude Delay montre aussi que cette entrée dans la féminité douloureuse marque l’entrée dans l’histoire du miroir. Le miroir est devenu son parent, elle n’en avait pas, elle a cherché son reflet, son identité, et cette identité, elle n’est jamais parvenue à la trouver. Quand elle va devenir une actrice, le miroir est toujours là comme « parent » mais il va aussi lui renvoyer tous ses faux selfs, c’est-à-dire les rôles qu’elle joue, et elle se cherche en vain derrière ces faux selfs. Les gens qui l’ont rencontrée, étaient constamment troublés, car ils avaient l’impression qu’elle n’était pas là. Elle n’arrivait pas à s’incarner à l’intérieur, à faire un avec elle-même. « Et ça, ça vient du ventre, de la mère », comme l’explique Claude Delay.

Alors que Joyce Carol Oates rentrait dans les tourments et la folie de Marilyn Monroe, dans son roman obsédant Blonde avec son univers d’écrivaine et ses obsessions, Claude Delay donne une paix à l’âme de Marilyn, et des mots apaisants, et surtout un chemin cohérent, tragique, certes, mais avec une logique, vers lequel chaque destin chemine. La folie maternelle (et féminine), l’hérédité gâtée, viciée, l’abandon structurel, la sexualité compulsive qui cherche la tendresse, le courage qui lui fait prendre le risque de l’intelligence, et les bribes poétiques de son existence esquissée.

Le besoin de la mauvaise mère, fil rouge du livre

Il y a cela mais il y a également le besoin de la mauvaise mère qu’on lira tout au long deMarilyn Monroe, la cicatrice, comme un leitmotiv obsédant qui la rongera doucement, encore, l’absence ontologique du Père, le non-désir de sa naissance, l’impossible paix relationnelle; et surtout le lyrisme à fleur de peau, la joie enfantine débordante, l’éclat cristallin du rire, la « chaleur » de Marilyn qui fascinait tant Sartre. Claude Delay restitue tout cela avec une minutie, un réalisme et un incroyable travail d’archives, de mémoire exhumée, on entend si clairement les voix des gens de sa vie qui retrouvent une épaisseur et un mystère.

Ce besoin incomblable de la mère, qui lui fait multiplier les figures de mauvaises mères et les psychanalystes assoiffées d’expériences autour d’elle constitue le véritable fil rouge de cette biographie. Prenons Natasha Lytess par exemple: « quand Marilyn est arrivée chez elle, boudinée, nulle, n’articulant pas, c’est Natasha qui l’a faite », éclaire Claude Delay. C’est un mentor, c’est surtout le « besoin formidable qu’elle avait d’elle qui a tout déclenché ». Natasha donne en effet son approbation à chaque tournage, ce qui a mis dans un état de rage certains réalisateurs qui ne la supportaient pas sur le plateau. « C’était son institutrice, son guide, et c’est assez fascinant comme Marilyn a remplacé tout de suite Tanta Ana Lower (la seule bonne mère de sa vie) par Natasha Lytess, et tout de suite, quand Tante Grace va se suicider, par la femme de Lee Strasberg, son tyran et son formateur ». Mais comme le montre Claude, Marilyn a été tellement mal conduite dans ses différentes analyses, entourée toujours par une myriades de vampires qui expérimentent des analyses où l’éthique psychanalytique est constamment transgressée, la palme venant au dernier Greenson.


Marilyn Wanted for all

Au fond, on pourrait dire que ce personnage fictionnel, cinématographique qu’est Marilyn Monroe, et qui lui donne une raison d’exister, colmate la brèche originaire, est mieux que rien, un masque plutôt que rien, devenir Marilyn Wanted for all, plutôt que Norma non désirée à l’origine, Norma Néantisée.

Avant d’avoir lu le livre de Claude Delay, j’étais si mortifiée par la reprise capitalistique incessante de son image, démultipliée, diffusée, décuplée, mondialement, sur tous les supports, comme une figure mythologique, une icône populaire de la mondialisation qu’elle est, mais, n’aurait-elle pas apprécié cela, en fin de compte, puisque cela l’a sauvée du néant, du rien, de la folie héréditaire, de l’abandon?

Claude Delay m’a redonné un espoir, celui de croire que chérir le rêve en soi est toujours mieux que de pleurer le rien. Car elle était heureuse dans la foule, elle se sentait aimée par les éboueurs, les ouvriers, comme Claude Delay le donne à voir.

C’était une déesse populaire, chérie par les autres pauvres comme elle, qui viennent de la boue, de la misère, des larmes. Car elle est d’abord une petite fille qui a été abandonnée dès le départ, qui n’a rien.

« Elle a été tellement exploitée par les hommes de l’industrie cinématographique, elle a été maltraitée par sa mère, ses maris, ses amants, ses mauvaises mères, etc. Mais, il y en a un qui l’aura vraiment aimée, c’est Arthur Miller », résume Claude. « C’est une rescapé qui marche sur du verre pilé » (Miller)

Avec cette biographie, la vie de Marilyn prend un relief, une limpidité qu’elle n’avait jamais eue, et surtout une continuité « névrotique » qui permet de comprendre la logique d’éternel retour de la névrose (voire ici du comportement borderline de Marilyn) jusqu’à la tragédie finale.

L’hérédité pathologique

Comme le rappelle l’attachante et passionnée Claude Delay, Marilyn a hérité de quelque chose de très schizoïde. Elle était borderline. Mais il y a un trou, et la terreur de cette hérédité pathologique: la grand-mère folle et qui a tenté de la noyer, le grand-père qui est mort dans le même hôpital où la grand-mère va mourir mais il va mourir de syphilis. Seulement, personne ne le lui a jamais précisé, et elle a été prise dans ce fantasme incroyable de sang contaminé, de sang vicié.

Marilyn Monroe cicatrisée par les femmes?

Marilyn Monroe aurait alors peut-être eu un autre destin si elle avait aimé les femmes, son besoin de la mère aurait « cicatrisé » en elle, comme le spécifie Claude Delay. Or, la quête de père a tout détruit sur son passage et l’a amenée à devenir une poupée sexuelle avec tous les hommes qu’elle rencontrait.

En écho aux sombres lieux symboliques de cette vie de morte-vivante, Claude Delay apprécierait la phrase de Joyce Carol Oates dans son dernier roman « Mudwoman »: « Il y avait une beauté dans ces lieux désolés que Mudgirl chérirait toute sa vie. Car nous chérissons plus que tout ces lieux où nous avons été conduits pour mourir mais où nous ne sommes pas morts ».

Laissons le mot de la fin à Pasolini dont le poème pour sa pauvre « sœur » Marilyn qui nous entend, éternelle et flottante, rejoint le tendre et émouvant hommage que Claude Delay lui rend.

Le grand avocat Paul Lombard interviewe Claude Delay pour La Marseillaise (20 décembre 2013)

La Marseillaise 20 décembre 2013 – Culture

Entretien. L’avocat Paul Lombard dialogue avec l’écrivain Claude Delay qui a publié à l’automne une originale biographie de Marilyn Monroe.

La Vénus blessée

699060aa-f486-11dd-9bf2-6ef6c660be38.jpgParmi les nombreux ouvrages consacrés à Marilyn Monroe, le livre de Claude Delay Marilyn Monroe, la cicatrice (éditions Fayard) propose un regard original. Cette biographie résolument littéraire permet d’appréhender différemment le destin exceptionnel de l’actrice américaine. L’avocat Paul Lombard a dialogué avec Claude Delay sur le sens de son ouvrage.

Vous faites de Marilyn Monroe une inconnue. C’est paradoxal non ?

Non. Elle est inconnue. Au nom de quoi, me direz-vous ? Eh bien ses poèmes, aussi maladroits fussent-ils, viennent d’apparaître. Et ils m’ont révélé, dans cette bête de sexe, une fille poétique et sentimentale dont personne ou presque ne se doute.

Qu’est-ce à dire ?

Le grand avocat que vous êtes, mieux que personne, sait que l’enfance est irremplaçable. On peut changer de vie, pas d’enfance. Et celle de Norma Jean car elle s’appelait Norma Jean reste unique.

Pourquoi ?

Parce que née à l’hospice des pauvres, à Los Angeles, d’une mère qui ne la désirait pas, Gladys Pearl Baker, et de père inconnu. Gladys s’était retrouvée enceinte à quatorze ans, à la fureur de sa mère une forte femme, Della, et contrainte d’épouser le vagabond du Kentucky rencontré sur la plage. Mariage feu de paille et divorce, lui laissant deux enfants dont elle n’a pas la garde.

Qui est le père de Norma Jean ?

C’est un père-photo, dont elle voit le visage dans la chambre de sa mère, son supérieur à la RKO où elle travaille comme monteuse. Beau, portant moustache, brutal, mâchoires voraces, Stan Giffort ressemble à Clarck Gable. Il ne la reconnaîtra jamais. Elle le cherchera toujours.

Où est-elle élevée ?

Gladys la met tout de suite en garde, chez de braves gens, très religieux, les Bolender. La grand-mère Della prend l’enfant un après-midi et essaie de l’étrangler. Norma Jean revint toute rouge chez sa logeuse. Della va être internée et mourir à l’asile, où s’est éteint son mari. La terreur d’une hérédité pourrie se met en place. A l’Eglise de la Science Chrétienne, et dès son plus jeune âge, transportée par les offices, la petite se rêve nue. Nue, elle serait la plus belle et aurait un père comme les autres, sans plus porter ces horribles vêtements qu’elle déteste. La nudité de Marilyn Monroe a commencé là.

Et la mère ?

Gladys drague, avec sa copine Grace. Toutes deux ont rêvé de devenir des vedettes, et elles emmènent l’enfant le dimanche soir voir les villas des stars. Grace, sans enfants, s’amourache de la petite et lui répète qu’elle est belle. La mère, prise de culpabilité en apprenant la mort de son fils qu’elle n’a jamais revu, se met en tête de reprendre Norma Jean et s’endette pour une petite maison blanche à Arbol Drive. Gladys prend des pensionnaires anglais pour subvenir aux charges. La mère, acculée par le cumul des factures insolvables, hurle et doit être internée. Grace devient tutrice, mais refait sa vie et va conduire l’enfant à l’orphelinat de Los Angeles. Quand Norma Jean le voit en grandes lettres sur la porte du bâtiment rouge où elles sonnent, elle se met à hurler : « Je ne suis pas orpheline, j’ai une mère ». Grace va la voir tous les samedis, lui prête ses bigoudis et l’amène à l’institut de beauté. Elle porte souvent des affaires trop petites et ce trait hérité de l’orphelinat lui restera toujours : serrée, boudinée. Les foyers vont s’ensuivre, avec le bain du samedi toujours la dernière et après les autres. Le fantasme du bain sera tout puissant pour celle qui deviendra Marilyn : dans son bain, enfin obtenu, elle se lâche.

On dirait que vous accumulez les indices, les robes trop serrées, le bain, comme si tout était joué ?

Une pause d’amour va rayonner sur son adolescence : tante Ana, une tante de Grace, s’attache à Norma Jean. C’est chez elle que les règles de Norma Jean se déclenchent, entraînant une transformation faramineuse de son corps, et le miroir la reflète : il va devenir le compagnon de sa vie. Tante Ana, malade du coeur, ne peut la garder. Elle et Grace vont tout faire pour éviter son retour à l’orphelinat, et la marier à Jim, jeune américain d’origine irlandaise, leur voisin. Le mariage enfantin d’une Norma Jean de seize ans ne résistera pas à cette maison de poupée que Jim quitte pour rejoindre la marine d’une Amérique en guerre, en confiant Norma Jean à sa mère.

Vous faites d’Hollywood un portrait terrible à travers ses magnats et ses créatures.

Son début misérable chez les frères Groucho Marx va prendre tournure en attrapant le regard du plus grand agent d’Hollywood, Johnny Hyde. Il s’éprend follement de la débutante et veut l’épouser. Cardiaque, il n’a plus que quelques mois à vivre, et propose sciemment à Marilyn de l’épouser, pour faire d’elle une femme riche et libre. Elle refuse. Il la présente à ses premiers grands metteurs en scène, John Huston dans The Aphalt jungle, et Mankiewicz pour All about Eve. Mais le deuil de Hyde est trop lourd pour elle. L’étoile de vison qu’il lui a achetée pour Noël arrive après sa mort, et elle tente de s’empoisonner. Natasha Lytess, sa première coach, va la sauver. Elle reproduira à l’envie les lavages d’estomac.

Entre les requins du cinéma, vous faites des portraits à la cravache des hommes de sa vie. Pourquoi ?

Parce que Marilyn est leur proie. Ils la dévorent. Elle leur échappe en même temps, rusée et enfantine, avec son sourire de paradis terrestre. La Fox la traite mal, elle fait un coup de jaguar en épousant le champion adulé de base-ball de l’Amérique, Joe Dimaggio. Lui l’adore et ne songe qu’à lui faire quitter le cinéma. Il fait prodigieusement l’amour, mais hélas il est muet. Elle va épouser l’homme des mots, l’écrivain Arthur Miller. Leur histoire d’amour échoue. Devenir une artiste seul compte à ses yeux. Billy Wilder aura le mot de la fin : « Son mariage avec Joe DiMaggio a échoué parce qu’elle était Marilyn Monroe, avec Arthur Miller parce qu’elle n’était pas Marilyn Monroe. » L’orpheline de père deviendra l’orpheline de ses trois maris, tous appelés « papa », comme les hommes de sa vie.

Vous semblez très sévère à l’égard des psychanalystes de Marilyn Monroe, pourquoi ?

Il faut bien comprendre que le noyau des psychanalystes européens se tient, se soutient, contre vents et marées. Aucun simulacre hollywoodien ne peut éclipser leur alliance inaliénable. La première analyse, allemande émigrée, Margaret Hohenberg lui parlera bourse, à la fin. Le docteur Marianne Kris, émigrée elle aussi et amie d’enfance d’Anna Freud succède et commettra l’irréparable faute de l’hospitaliser au milieu des grandes folles. Enfin le dernier, Ralph Greenson, renonçant à toute précaution éthique, vivre son roman personnel de metteur en scène raté et de personnage en quête d’auteur à travers le drame de Marilyn. Marilyn était très attachée à son masseur et confident, Ralph Roberts, son doux géant connaissant toutes ses habitudes et seul capable de venir à bout de ses insomnies. Il avait aussi bégayé enfant et tenté de devenir acteur. Il parvenait à la détendre et à l’endormir, détachant le soutien-gorge qu’elle portait la nuit pour protéger ses seins – jamais le jour – et le lui renouant endormie. Ralph Greenson lui avait demandé de le renvoyer : « Il y a assez d’un Ralph ! » Marilyn en pleurs avait répondu qu’elle l’appelait Rafe.

Aurait-elle pu être sauvée ?

Oui, bien sûr. Mais le destin s’en est mêlé. Les Kennedy. Amoureuse du Président, le seul homme qu’elle n’ait pas appelé Papa mais Prez, elle va aller chanter pour lui, contre l’avis de la Fox, pour son anniversaire. Dans sa robe perlée qui épouse si étroitement son corps, elle éclipse toutes ses rivales : Maria Callas, Ella Fitzgerald. En retard, comme toujours – elle est en retard sur sa vie – et trois fois pour rien annoncée par Peter Lawford, il articule à la quatrième : « The late Marilyn Monroe ». En retard, certes, mais late est aussi utilisé pour défunte. Elle le sera dans quelques jours.

Alors, assassinée ?

Un accident de parcours, sans doute, mais tenu au grand secret. Pourquoi la voiture allant à toute allure vers l’aéroport, la nuit de sa mort, et arrêtée par hasard par un policier de la route, révéla t-elle réunis Robert Kennedy le ministre de la justice, hagard et la chemise déchirée, Peter Lawford le conducteur et le Dr. Greenson le psychanalyste ? Quel genre de lavement fut-il administré à Marilyn par l’âme damnée de Greenson placée là comme gouvernante ? Que penser des preuves disparues, tous les échantillons médicaux et les fiches téléphoniques ratissés à l’aube par le FBI ? On tremble.

Qu’est-ce qui pour vous est le plus important en Marilyn ?

Sa nudité. Elle en rêve depuis qu’elle est toute petite, quand grisée par les encens et les hymnes à l’église de la Christian Science, elle s’imaginait survolant les paroissiens complètement nue. Sa nudité l’exalte. Seule actrice à ne pas porter de dessous, ses robes moulées épousent son corps et son âme, c’est-à-dire sa passion de la séduction.Être aimée, encore et toujours plus, elle ne se lassera jamais de ce fantasme pour lequel elle se bat et veut devenir elle-même. Sa vie aura été un parcours du combattant. Vénus blessée, elle ne renonce pas.

Pourquoi diable vous être intéressée à cette star américaine, après Chanel et les frères Giacometti ?

Par attirance et par rébellion. Je l’ai vue déboucher sur ma télévision, avec son sourire plongeant et sa grâce, pour condamner la nostalgie. « Live your life now ! » Et ce « now », « maintenant », était déchirant dans la bouche de cette jeune morte. N’oubliez pas qu’elle est morte à 36 ans. C’était pour une publicité de voiture je crois. Rébellion, car je considère qu’elle a été parasitée par les fausses mères dont elle a été entourée et ses pseudo complices psychanalystes. La féminité, la maternité et la mort font le noeud de l’histoire.

Interview réalisée par Paul Lombard

Rencontre sur « Marilyn Monroe, la cicatrice » avec l’auteur Claude Delay à l’Espace des femmes mardi 14 janvier 2014 à 19h

janv14_4b - copie.jpgAntoinette Fouque et

Des femmes

vous invitent à rencontrer

Claude Delay, psychanalyste, écrivaine.

Marilyn Monroe, la cicatrice (Fayard, 2013)

« Toucher au sujet Marilyn, c’est s’aventurer sur une embarcation de fortune, par mer d’huile ou gros temps, entre les falaises dressées de l’inconscient : du Poupoupidou et de son sourire baroque, nous vaviguons vers la tragédie grecque que représente toute destinée. La folie, l’hérédité, l’abandon, la peur aimantent le parcours de sa glorieuse féminité, dont nous chercherons les ‘moments biographiques’, autant de fils rouges capables de nous donner la direction, pour comprendre sa trajectoire. » CD

Mardi 14 janvier 2014 à 19 heures

Espace Des femmes

35, rue Jacob 75006 Paris

Tél : 01 42 22 60 74 / contact@desfemmes.fr / http://www.desfemmes.fr 

Marie-Dominique Lelièvre présente Claude Delay, « Marilyn Monroe, la cicatrice » (Fayard) sur Filigranes TV – Revoir la vidéo du

Marie-Dominique Lelièvre présente Claude Delay, « Marilyn Monroe, la cicatrice », Fayard sur Filigranes.TV

Capture d’écran 2014-05-02 à 02.08.55.pngOn croyait tout savoir du destin tragique de la petite Norma Jeane, née illégitime le 1er juin 1926 dans la «Cité des Anges», fille non désirée d’une Gladys déchue dont on la sépare dès la naissance. Et pourtant… Norma à l’orphelinat et Gladys à l’asile : voilà le programme d’une vie. Voilà le coeur de ce livre. Cette béance inaugurale, cette blessure fondatrice, Marilyn Monroe s’épuisera en vain à les combler. Scène primitive d’une enfance jamais exorcisée qu’elle ne cessera de rejouer au long de sa trop courte existence. Elle appellera ses trois maris «Papa», comme du reste tous les hommes de sa vie – à l’exception de son dernier amant, son «Prez», John Fitzgerald Kennedy. Ses maîtres à penser ? Rilke et Lee Strasberg. Ses maîtres à jouer ? John Huston, Billy Wilder, Mankiewicz, Cukor, Logan, Nunnally Johnson. Ses maîtres à mourir ? La petite fille de trente-six ans emporte avec elle son énigme. Claude Delay s’attache ici à élucider, pas à pas, la généalogie des chocs affectifs de Marilyn, tel un sismographe qui enregistre les lignes de faille d’un terrain que n’auront cessé de menacer, dès le premier jour, les «tremblement de père et tremblement de mère» dévastateurs.