Agoravox distingue l’écrivain Adriana Langer

Amaury Grandgil sur Agoravox (https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/portraits-sensibles-200796#commentaires) et sur son blog (http://mesterressaintes.hautetfort.com) 19 janvier 2018

Si en France de trop nombreux auteurs parlent surtout d’eux-mêmes et rien d’autres, exécutant leurs psychanalyse sauvage devant tous les passants à travers leurs livres, appelant ça abusivement des livres d’ailleurs, il existe aussi des écrivains qui savent encore évoquer toute l’humanité des personnes qu’ils côtoient quotidiennement que ce soit dans la vie réelle ou dans la vie rêvée. C’est d’ailleurs un des aspects les plus puissants et les plus intéressants de la littérature, ouvrir à l’autre, ouvrir d’autres univers mentaux que le sien… Radiologue de profession, déjà auteure de quelques livres, Adriana Langer est de ceux-là. Son livre est d’ailleurs un peu comme une radiologie des cœurs et des âmes de ses personnages.

Elle est aussi de celles et ceux défendant un genre méprisé et dédaigné dans notre pays en 2018 qui est celui de la nouvelle. Pourtant il eut ses grands maîtres. Celle-ci est souvent plus exigeante que le roman, elle demande plus de réflexion sur l’écriture car elle doit en quelques pages esquisser des personnages, leur psyché, leurs pensées, leurs sentiments, leurs joies, leurs peines, autant de portraits sensibles. Elle est dans la tradition de Guy de Maupassant, Ivan Tourgeniev et d’autres tel Marcel Aymé qui lui ont donné ses lettres de noblesse. On retrouve également dans cet ouvrage un peu de l’esprit de Dino Buzzati, un ton un peu doux amer.

Dans la rue, dans des soirées mondaines, au travail, on peut souvent avoir envie d’en savoir plus sur les personnes que l’on rencontre. Pourquoi a-t-il cette tête ce type à la fenêtre ? Qu’est-ce que ressent cette femme toute seule à la table d’un café ? Pourquoi ce vieux monsieur a-t-il l’ai si guilleret ? On voudrait leur parler, les aborder, voire même les consoler. On voudrait faire savoir à tout le monde ce qu’ils peuvent bien ressentir mais la pudeur nous retient ainsi que la crainte d’importuner. Adriana Langer fait preuve de beaucoup d’humanité et de bienveillance envers ses personnages. Elle sait les faire vivre avec sensibilité et douceur sans pathos ni causticité trop appuyée ainsi qu’il est d’usage chez des littérateurs confondant verve et hargne. Cela devient tellement rare cet art du portrait sensible que ce livre est d’autant plus précieux à lire…

(ET un commentaire de Panda, que je ne connais pas :

« Merci beaucoup pour ce compte rendu concernant ce merveilleux ouvrage. Je l’ai lu il est super extra.

L’article que tu lui consacre vaut largement le fait de le lire j’en parle et pour cause je l’ai approuvé et pour circonstances qui en vaut plus d’une.

Mais comme l’écrit moderatus, il est dommage de constater que les français lisent de moins en moins. L’article est le reflet presque intégral et je n’aurai pas pu faire mieux indiscutablement.»)

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