Anne de Bascher dans Ouest-France du 28.07.08 (par Anne-Lise Fleury)

9de8c8a4c85e9fe04151c9b4aa0b86c9.jpg Romancière et femme de passions

C’est un personnage ! Anne de Bascher signe, au château de la Berrière à Barbechat, un nouveau roman, Alba, une fresque qui parle des femmes.

Ouest France lundi 28 juillet 2008 par Anne-Lise Fleury

Alba : « Un roman féministe peut être plus efficace pour la réflexion et l’adhésion qu’un discours politique ».

Au château de la Berrière, à Barbechat, au calme des douves et protégée par les murs de vieilles pierres, Anne de Bascher a écrit Alba, roman sorti début juillet. « J’avais envie de rassembler les sujets qui me tiennent à coeur : la résistance dans la région, la musique classique, les chevaux, la vigne, l’architecture… » Ainsi que des images de femmes, fotes, déterminées, libres, indépendantes… Dans Alba, Correspondance à une voix, elle balaie sur fond de saga familiale et aristocratique, tout un pan de l’histoire, de cla seconde guerre mondiale aux années soixante.

« Je suis très féministe, j’ai fait partie du MLF (Mouvement de libération des femmes) », lâche Anne de Bascher, le regard bleu, déterminé et chaleureux. (1) « Je suis fière de m’être battue pour l’abolition des discriminations, notamment sexuelles. J’ai aussi écrit ce livre car un roman féministe peut être plus efficace pour la réflexion et l’adhésion qu’un discours politique. »

Autre raison qui l’a poussée à écrire et qu’elle donne, dans un sourire lumineux : « J’ai écrit aussi ce que j’aurais voulu lire. J’ai écrit ce que je n’ai jamais lu sur des histoires d’amour entre femmes. » Anne de Bascher n’a jamais fait mystère de son attirance « pour mes semblables. Ce que j’assume parfaitement ! »

Dans le château familial de la Berrière, à Barbechat, où elle vit depuis les années 1980, elle se consacre actuellement à la promotion de son livre sorti aux éditions Des femmes-Antoinette Fouque. « Je me suis beaucoup amusée avec ces personnages. Ecrire Alba a été un bonheur total. J’avais hâte, chaque jour, de retrouver mes héroïnes. » Même si, pour cela, elle s’est astreinte à une « ascèse de bénédictin : de 6 h à 14 h tous les jours. »

La romancière refuse toute idée d’autobiographie : « Rien à voir. Je ne suis pas Roxane… » Elle n’est aucun des personnages, mais elle les habite tous. « Alba était dans ma tête depuis longtemps. » Soudain, elle s’arrête au milieu d’une phrase, la cigarette en suspens. « Je n’écrirai jamais un roman aussi fort que celui-là, c’est certain. »

Revenir à la Berrière pour écrire

Entourée de ses 17 chats, au milieu des rosiers de son jardin qu’elle entretient avec passion, Anne de Bascher trouve à Barbechat la paix nécessaire pour écrire. « Depuis toujours, je sais que je veux revenir à la Berrière pour écrire. » Une enfance dans le Limousin et au Vietnam pour cause de père diplomate, des études d’archéologie à Paris (elle sort major de l’Ecole du Louvre) forgent une personnalité libre, qui évolue dans un monde aristocrate, sans toujours en respecter les conventions. Ce qui n’est pas pour lui déplaire. Même si on sent, à certains silences, que la vie ne l’a pas épargnée.

Après avoir été rédactrice-conceptrice dans la pub, elle revient à Barbechat où elle entretient la propriété familiale et épaule sa mère sur l’exploitation viticole pendant quelques années. Anne de Bascher se taille alors un beau succès œnologique et médiatique avec sa Cuvée des Rebelles : « vendangée uniquement par des femmes… »

Anne de Bascher écrit depuis toujours. « J’ai écrit des pièces de théâtre, des contes pour enfants, beaucoup de nouvelles, des synopsis de films… Je n’ai rien édité de tout cela. Je vais m’y mettre… »

En 1992, elle signe son premier roman Dilemma. Qu’elle édite et distribue elle-même, à 3000 exemplaires. Tous épuisés. Alba est un peu la suite de ce premier roman. « J’espère que des lectrices en le refermant se diront : je suis fière d’être une femme ! »

Alba, Correspondance à une voix, Editions Des femmes-Antoinette Fouque 20 euros

Elle est également signataire du « Manifeste des 343 salopes », dont Simone de Beauvoir, Jeanne Moreau, Catherine Deneuve ou Gisèle Halimi, qui réclamait, en 1972, un avortement libre.

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