L’écrivain Christian de Moliner sur « Le temps s’écoule à Barde-Lons »

couv piletta.jpgLe temps s’écoule à Barde-Lons de Stéphane Piletta-Zanin aux éditions Xénia 23 €

Celui qui ouvre ce gros roman de 360 pages de Stéphane Piletta-Zanin ne trouvera pas une histoire à la narration classique et linéaire. Il existe certes un ersatz de fil directeur à ce livre, les amours contrariées d’Émilienne et d’Ulrich, mais il est éclaté en de multiples scènes et son personnage principal est le village de Barde-Lons, où paraît-il le temps ne s’écoule pas de la même façon que dans le reste du monde, ce qui explique les détours du récit. Cette petite ville est divisée en un haut protestant et un bas catholique sans compter quelques immigrants orthodoxes et des femmes adeptes de la sensualité et d’un culte qui serait la resucée de celui de la déesse mère et que les deux religions officielles essayent d’éradiquer. Le substrat lâche de cet ouvrage n’est que le prétexte à une centaine de digressions, des courts récits qui se rattachent paresseusement au reste de l’intrigue.

En parcourant ce roman, on songe irrésistiblement au magnifique roman de Jean d’Ormesson « la gloire de l’empire » par le goût des anecdotes et l’emploi de phrases longues aux multiples subordonnées. Bien sûr, M. Piletta-Zanin n’égale pas – et de loin ! – l’auteur de « Mes derniers rêves seront pour vous », mais il se tire honorablement d’un style fort difficile à manier et son texte n’est jamais lourd et indigeste à lire. Il faut donc saluer sa prouesse, car il domine les mots.

Néanmoins soit on accroche à ce roman et on lui trouve un charme poétique. Dans ce cas, il faut prendre son temps et savourer chaque phrase avec lenteur comme on le fait quand on goûte un bon vin. Soit au contraire, on trouve ce type de livre assommant et on l’abandonne dès la dixième page. Pour moi, il n’y a pas de juste milieu avec « Le temps s’écoule à Barde-Lons. »

Sylvie Johnny, love story : le SEUL roman VRAI sur leur couple !

pub sylvie.pngJournalistes et critiques littéraires, voilà un livre d’une criante actualité : le SEUL roman écrit sur la love store de Sylvie et Johnny, et pas par n’importe qui ! Par Marie Desjardins, un ÉCRIVAIN !
https://www.youtube.com/watch?v=bUoVTj7etvY

pour le recevoir ou interviewer Marie Desjardins, merci de me contacter 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com
Une fabuleuse histoire du couple qui a fait vibrer la France
Paris, juillet 2010 – Printemps 1961, Sylvie a 16 ans. Celle qui vient d’enregistrer Panne d’essence sera la première chanteuse pop de sa génération. Un beau jour, alors qu’elle assiste au concert de « l’idole des jeunes », elle tombe immédiatement sous le charme. Rebelle, beau, adoré, Johnny la courtise pendant six mois. Leur histoire d’amour passionnée a déjà commencé. Une romance authentique, déchirante aussi, pour chacun d’eux.
Dans Sylvie et Johnny Love Story, Marie Desjardins invite le lecteur à partager l’intimité du couple le plus médiatique de l’histoire de la musique française. Marie réinvente avec délicatesse et bienveillance cette passion qui a fait vibrer la France des sixties et seventies.
Du mariage sous les projecteurs aux errances de Johnny, de leur amour magnifique à cet accident de voiture qui propulsera « la collégienne du twist » dans l’âge adulte, de la naissance de David au départ de Sylvie pour les États-Unis, Marie Desjardins revisite et imagine ce qu’a été cette relation unique, quasi princière. Un roman tendre et sincère.

EXTRAIT
« Dans les studios, Sylvie dansait derrière son micro, modulant des soupirs et des cris jusqu’à tout oublier. Tout à coup Johnny arrivait. Elle s’enfuyait avec lui. Les copains suivaient. Johnny et Sylvie profitaient de chaque instant, chuchotant et ne regardant personne. Sylvie laissait les mains de Johnny glisser sur son corps. Et si un photographe passait par là, Johnny fixait l’objectif avec l’impassibilité d’un sultan qui n’a pas bougé de son canapé depuis trois jours. Puis ils marchaient côte à côte sur une avenue fréquentée. Sylvie était bronzée, elle portait des lunettes miroir. Juchée sur ses sandales à semelles compensées comme sur la scène de sa vie, elle faisait nonchalamment danser ses hanches sur L’air qui balance. Johnny avançait droit devant lui. On se bousculait pour les apercevoir. Sylvie ne souriait pas beaucoup. Cependant, il lui arrivait d’éclater de rire : Johnny était avec elle, elle l’aimait, ne se lassait pas de l’adorer, de caresser ses bras, de glisser ses doigts sous la manche de son tee-shirt, jusqu’à son épaule — la peau douce de son épaule. »

 

marie desjardins1.jpegÀ PROPOS DE L’AUTEUR Marie Desjardins
Auteur d’essais, de biographies et de romans, Marie Desjardins a notamment publié Les yeux de la comtesse de Ségur, et, en collaboration, le récit autobiographique de la photographe Irina Ionesco. Elle a également signé de nombreuses chroniques, critiques littéraires, ainsi que des portraits de personnalités dans plusieurs magazines.

INVITATION RSVP Déjeuner presse vendredi 16 mars 2018 avec Randa KASSIS

CHERS amis,
A l’occasion de la parution de
La Syrie et le retour de la Russie (éditions des Syrtes, mars 2018)
Randa KASSIS a le plaisir de vous convier à un 
Déjeuner de presse
Vendredi 16 mars à 12h45 au restaurant Chez Françoise 2 Rue Robert EsnaultPelterie, 75007 Paris
Réponse souhaitée auprès de Guilaine Depis
06 84 36 31 85 / guilaine_depis@yahoo.com

randakassis_300dpi-369x600.jpgLe présent essai est le fruit de mon expérience de terrain en tant que femme politique syrienne impliquée au premier plan dans la transition politique dans mon pays. Son objectif est de fournir au lecteur occidental un panorama de la situation géopolitique des grands pays de cette région stratégique, six ans après le début des révoltes dites du Printemps arabe. Celles-ci ont d’ailleurs vite tourné à « l’hiver islamiste », avec la percée de l’islamisme radical sunnite, tant dans sa version soft incarnée par les Frères musulmans victorieux de plusieurs élections démocratiques, que dans celle du terrorisme apocalyptique du califat incarné entre autres par Daesh qui n’est que la face émergée du totalitarisme vert.

Les nouveaux rapports de force instaurés en Syrie depuis l’intervention militaire russe en septembre 2015 et la victoire face aux djihadistes ont créé les conditions pour enclencher la phase politique du règlement du conflit syrien. Cela prendra forme notamment dans le cadre du sommet de Sotchi de janvier-février 2018, organisé par la Russie avec ses partenaires turcs et iraniens et dont le but sera de réunir autour d’une table tous les protagonistes du conflit.

Pendant toute l’année 2017, la « plateforme d’Astana » que je préside a travaillé à l’élaboration du projet d’une Constitution destinée à organiser les nouveaux rapports de forces intercommunautaires et la forme du futur régime sur des bases de garanties mutuelles.

Randa Kassis

PHOcbe6b432-cbf0-11e4-8f16-be1e660e3888-805x453.jpgRanda Kassis (arabe رندا قسيس), née le 8 octobre 1970 à Damas (Syrie), est une femme politique franco-syrienne, fondatrice et présidente du Mouvement de la société pluraliste et ancienne membre du Conseil national syrien.

« L’agonie de Gutenberg » de François Coupry : ses « Vilaines pensées » plébiscitées sur le net réunies dans un livre jubilatoire (Parution le 22 mars 2018)

couvcoupry.jpgL’agonie de Gutenberg de François COUPRY

Parution le 22 mars 2018

aux éditions Pierre-Guilaume de Roux

Pour recevoir le livre et/ou interviewer l’auteur, merci de contacter l’attachée de presse guilaine_depis@yahoo.com / 06 84 36 31 85

« François Coupry, avant tout, est léger, drôle, aérien.(…) C’est une libellule, un papillon, un phasme.  Il a un style vivace, primesautier, taquin, qui emporte l’adhésion. (…)  L’air de Coupry est frais : impudemment, il aide à respirer. »Bertrand du Chambon, Le Salon littéraire

« L’Agonie de Gutenberg – titre terrible, terriblement contemporain, mais exempt de toute nostalgie – est à lire comme une fiction globale, dans notre monde (village) global. Les intitulés des pages 80-81 sont, à cet égard, assez significatifs : « L’Imaginaire précède l’existence » et « Quand la réalité embête la fiction ». Incorrigible François Coupry qui, sous couvert d’observation du monde, en revient à ses (merveilleux) démons – oui, nous nous répétons : Fiction, que diable ! » Christine Bini

Gutenberg agonise : ces courtes chroniques, ces réflexions paradoxales, ces regards ironiques sur l’actualité, ces fables cocasses, ces contes iconoclastes, ces saynètes farfelues et ces confidences ont d’abord paru sous forme numérique et sous le titre de Vilaines Pensées, sur des blogs relayés sur Facebook, de 2013 à 2017, avant d’être imprimés sous une couverture, soulignant ainsi une évolution des habitudes de l’édition. 

Gutenberg agonise : une ancienne civilisation s’étiole, un nouveau monde  balbutie. Les valeurs se renversent, les cultures se bousculent, s’opposent. Entre les identités perdues et le vertige de devenir mondial, l’Histoire se raconte dans un autre sens, où la fiction l’emporte. Ce bouleversement se lit avec humour en ce journal écrit dans le chaos du moment et l’écho immédiat de ces années : les attentats, le souci de transparence, de république et de laïcité, la précarité, les drames climatiques, l’exploration de l’univers, les élections présidentielles françaises de 2017 décrites comme des contes de Perrault ou à la manière des Lettres persanes. 

Gutenberg agonise : sous cette vision mélodramatique se construit peu à peu un roman satirique et drôle, avec des personnages récurrents, tel cet excentrique monsieur Piano, des points de vue variés, comme ceux d’une souris ou d’une balle de révolver, à l’image du somptueux ridicule, du dérisoire de cet univers brisé du début du vingt-et-unième siècle.

Par l’auteur du Rire du Pharaon, du Fils du Concierge de l’Opéra, des Souterrains de l’Histoire, de La Femme du Futur et autres contes paradoxaux, du Fou Rire de Jésus — où, dans le registre du Merveilleux, les lois ordinaires ont été recréées, où l’imaginaire bâtit la réalité de l’univers : L’Agonie de Gutenberg est comme la synthèse de cette oeuvre. 

coupry.jpgFrançois Coupry a publié une quarantaine de récits dans le registre du Merveilleux, où le monde est raconté d’un point de vue anormal, inhumain, et où les lois ordinaires et les principes physiques ont été recréés. 

« L’oeuvre romanesque de François Coupry se répartit en deux grands ensembles : l’un, baptisé Contes paradoxaux, est composé de romans assez courts, souvent centrés autour d’un héros en devenir, dont le destin est lié à un élément insolite qui lui donne tout son sens ; l’autre, un cycle romanesque intitulé Les Souterrains de l’Histoire, est une délirante cosmogonie historique. Nombre de ses héros sont des enfants qui, croyant en une fiction, finissent par changer celle-ci en réalité. » (Francis Berthelot, Bibliothèque de l’Entre-Mondes, les Transfictions, Gallimard, 2005) 

Dans Notre Société de Fiction (Editions du Rocher, 1996), François Coupry définit le cadre de son approche de la littérature : « Ce n’est pas le Réel qui engendre la fiction, afin de se donner un sens ; c’est la Fiction qui crée le réel, afin de se donner une Vérité. »

Parution le 13 mars 2018 de « L’islam selon les sites musulmans français »

pub moliner.pngSORTIE LE 13 MARS 2018 DU PREMIER LIVRE EXPLIQUANT A PARTIR D’UNE ETUDE DES SITES INTERNET MUSULMANS FRANCAIS CE QU’EST L’ISLAM –

Pour recevoir le livre de Christian de Moliner et/ou interviewer l’auteur, merci de contacter son attachée de presse 06 84 36 31 85 balustrade2017@yahoo.com

Depuis le début de ce siècle, l’islam a fait une irruption fracassante dans l’actualité, tant en France qu’à travers le monde. De multiples massacres sont commis en son nom (n’oublions ni Nice ni le Bataclan) parmi des citoyens paisi- bles.
Pour vaincre ce terrorisme, il faut connaître la pensée dont les terroristes se réclament, celle qu’on trouve dans le Coran, les hadiths, les sourates.
Grâce à internet, Christian de Moliner a consulté les sites musulmans en France pour nous donner un tableau complet et honnête de l’islam, de ses principes fondamentaux et de ceux de la vie quotidienne.
Voici donc la présentation du pèlerinage à La Mecque au ramadan. Mais aussi son application dans la vie courante : les aliments interdits, le sexe, le voile, les rapports avec les in- dèles, la drogue, la danse, l’avortement, l’excision, les greffes, l’argent, la famille ou l’homosexualité…
Avec ce document, vous saurez ce qui est prescrit et ce qui est proscrit par l’islam.

Né en 1956 à Dijon d’un père maçon et d’une mère femme de ménage, Christian de Moliner enseigne en classes préparatoires à Valenciennes depuis 1987. Il est auteur de romans.

« Un superbe roman agréable et cultivé » : Pierre Ménat chez Argoul

Pierre Ménat, Attendre encore

 

Un premier roman agréable et cultivé, bien écrit et édité superbement dans une typographie lisible. La couverture, au grain mat, est sensuelle au toucher, ce qui ajoute au plaisir de lecture.

L’histoire se passe dans le milieu diplomatique que connait bien l’auteur. Elle mêle une intrigue politico-mafieuse aux souvenirs de stages de l’ENA pour parvenir à la Carrière, et divague parfois dans la philosophie à la manière de Voltaire. Le style s’en ressent, ces quelques pages grimpant au jargon sans que cela fasse avancer l’intrigue. Ce sont les défauts d’un premier roman. J’ai noté une contrevérité p.283 à propos de la volonté de puissance de Nietzsche : l’auteur écrit « cette volonté crée des pulsions pouvant modifier le cours d’une vie ». Que non pas ! Cette « volonté » n’a rien de volontaire, elle est l’expression irrésistible de l’instinct vital… dont les pulsions sont la résultante au niveau instinctif, mais également les passions au niveau affectif et les idées ou même « la science » (la volonté de savoir) au niveau intellectuel. Ces digressions savantes, mal intégrée dans le récit, sont heureusement rares.

L’auteur coupe l’amour en quatre dans une typologie peu convaincante mais imagine une conscience après la mort fort réjouissante et originale. Sauf qu’il oublie la conquête du feu dans les étapes de l’humain, qu’il voit les peuples paléolithiques en « villages » (alors qu’ils nomadisaient sous tente ou sous grottes) et ignore la démographie comme fléau de notre monde contemporain : ce n’est pas mince, en une génération la population mondiale a doublé !

Pour le romanesque, un ambassadeur du Luxembourg en Roumanie se fait piéger par une journaliste d’investigation locale sur les ordres du chef des services secrets attachés au président, afin de compromettre l’ancien chef de la sécurité intérieure au temps du communisme reconverti dans les affaires lucratives (et un brin mafieuses). Tout le monde manipule tout le monde, ce qui est fort gai.

Le complot est bien monté, faisant appel aux dernières trouvailles de la finance – mais fondé sur cette indémodable technique de la pyramide de Ponzi dont Bernard Madoff usa avec profit. L’ambassadeur est doté d’une épouse intelligente et morale, ce qui fait que le piège échoue dans la déconfiture – non sans galipettes sexuelles de l’ordre de la pulsion que le lecteur a du mal à placer dans les cases des quatre types de l’amour.

Le temps se passe en attente, d’où le titre du livre, doté d’un « avant-propos » peu engageant qu’il aurait mieux valu mettre à la fin. Il ne fait que quelques pages que le lecteur peut sauter sans peine pour entrer dans le vif du sujet. Durant les attentes, comme chez le coiffeur, la conversation avec un autre ambassadeur devenu ami (mais qui ne dit rien de lui…) égrène les anecdotes et souvenirs d’une existence de haut-fonctionnaire diplomatique, énarque à titre étranger. La Guinée de Sékou Touré est un morceau d’anthologie, tout comme les démêlés avec « le ministre » du stagiaire de préfecture en l’absence de son patron. Les polissonneries avec le beau sexe ne manquent pas non plus avant mariage (et plusieurs fois après).

Une façon romanesque de dire que le monde diplomatique est tissé d’attente (durée) et d’attentes (espérances), plus que le reste peut-être, manière aussi de distiller des conseils aux impétrants à propos des usages, visites et tutoiement. Et surtout à cette attente particulière qu’est l’euphémisme, le relativisme et la prudence : ainsi, pourquoi appeler Carville le très reconnaissable Deauville, à propos duquel l’auteur n’écrit rien de compromettant ? Comme me disait jadis Monsieur Le Blanc, ambassadeur de France en Haute-Volta, la diplomatie est une seconde peau qui vous recouvre à vie.

Pierre Ménat, Attendre encore, 2017, Les éditions du Panthéon, 293 pages, €20.90, e-book format Kindle, €12.99

Attachée de presse Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 balustradecommunication@yahoo.com

Entretien entre Pierre Ménat et Sylvie Ferrando

Rencontre avec Pierre Ménat, Paris, le 5 janvier 2018, par Sylvie Ferrando

Ecrit par Sylvie Ferrando le 12.01.18 dans La Une CED, Les Chroniques, Entretiens

http://www.lacauselitteraire.fr/rencontre-avec-pierre-menat-paris-le-5-janvier-2018-par-sylvie-ferrando

Rencontre avec Pierre Ménat, Paris, le 5 janvier 2018, par Sylvie Ferrando

 

 

1/ Vous avez effectué plusieurs missions diplomatiques, et en particulier vous avez été nommé aux postes d’ambassadeur de France en Roumanie, en Pologne, en Tunisie et aux Pays-Bas. Pouvez-vous revenir sur votre carrière ? Quels ont été les points forts de ces missions ? Laquelle de ces missions ou lequel de ces pays avez-vous préférés ? Quels souvenirs marquants pouvez-vous nous confier ?

J’ai en effet exercé la fonction d’ambassadeur de France en Roumanie de 1997 à 2002, en Pologne de 2004 à 2007, puis en Tunisie de 2009 à 2011 et enfin aux Pays-Bas de 2011 à 2014. Auparavant, j’avais été affecté à New York à la mission française auprès de l’ONU entre 1988 et 1992 et j’avais servi de nombreuses années à Paris, en particulier en tant que conseiller à l’Elysée pour les affaires européennes sous la présidence de Jacques Chirac. J’ai une affection particulière pour mon premier poste d’ambassadeur en Roumanie, qui a duré cinq ans. C’était une période charnière, celle de l’après-Ceausescu, il y avait un enjeu important de restauration des relations diplomatiques. Au cours de cette mission, j’ai appris le roumain, qui est une langue latine pas si éloignée du français. Le peuple roumain est fier de sa langue et exigeant sur son expression, ce qui m’a encouragé à bien savoir la parler.

Une autre expérience très intéressante et intense a été celle de la Tunisie. Ma mission a coïncidé avec la révolution tunisienne, le printemps arabe, et lorsque je me suis trouvé en difficulté au bout de deux ans, j’ai dû regagner la France. J’ai fait état de cette expérience dans mon précédent livre, Un ambassadeur dans la révolution tunisienne, qui est une analyse politique documentée, et j’ai été invité à faire des conférences dans les pays d’Europe à l’occasion de sa parution. J’ai une grande proximité avec la Tunisie et le peuple tunisien, qui entretient majoritairement un islam modéré. Mon regard sur l’islam s’en trouve aujourd’hui ouvert.

Mais j’ai également beaucoup apprécié ma mission en Pologne, nation qui retrouvait sa fierté après deux siècles de malheurs. Et aux Pays-Bas, pays très proche de la France et dont le modèle est pourtant si différent.

2/ Dans votre roman, vous énoncez une théorie de l’amour : selon vous, l’amour qui fonctionne, l’amour viable est celui qui répond favorablement à quatre facteurs. Pouvez-vous nous en dire davantage ?

Je ne sais pas si j’ai énoncé une théorie de l’amour. En tout cas, il m’apparaît qu’effectivement quatre composantes entrent en jeu dans l’amour, chacune de ces composantes pouvant être associée à l’une, à l’autre ou à plusieurs des autres. Il y a tout d’abord le sentiment ou le ressenti, qui est l’attirance, l’intérêt, l’émotion que l’on éprouve pour quelqu’un. Il y a ensuite ou en même temps l’expression de ce sentiment, qui est le discours que l’on tient sur cet amour ou cette personne et/ou l’acte sexuel. Voilà pour le versant passionnel. Ensuite, il y a le versant rationnel ou intellectuel et social, qui consiste en premier lieu en l’idée de l’amour, c’est-à-dire en la conception personnelle que l’on s’est forgée de l’amour, les stéréotypes, les a priori que l’on a sur l’amour et qui relèvent de notre histoire personnelle (épouser un homme ou une femme riche, rencontrer le prince charmant…), et enfin il y a la raison (ou la déraison), qui est l’insertion de cet amour dans la vie, l’aspect sociétal, sociologique, de cet amour, sa confrontation à des amours existantes, sa rationalisation et son transfert possible et durable dans le monde familial, social, réel et non plus fantasmé.

La réussite et la durabilité de l’amour sont évidemment mieux assurées quand les quatre composantes sont réunies autour du même objet. Mais toute relation amoureuse repose sur un certain dosage entre ces quatre éléments. Et celui-ci évolue dans le temps, affectant ainsi souvent le devenir de l’amour. 

3/ Ce livre est votre premier ouvrage de fiction. Sur le plan des relations biographie/fiction ou faits réels/faits fictionnels, quelle transposition fictionnelle avez-vous mise en place dans ce roman ? Comment concevez-vous la relation auteur-personnage ?

Le personnage qui est le plus proche de moi est Henri Roubissat, l’ambassadeur de France, ami qui suscite et recueille les confidences de Luigi di Scossa, dans un dialogue philosophico-libertin. De même, le récit des aventures de jeunesse de Luigi est peu transposé (ce sont mes stages de l’ENA, en Guinée et en Champagne-Ardennes). Les expériences de Luigi en Roumanie et au Luxembourg s’inspirent de l’histoire d’un autre ambassadeur francophone, librement transposée.

Dans la dernière partie du livre, j’ai placé des personnages réels, historiques, comme De Gaulle, qui délivre un message politique très actuel : l’Europe se fera sans la Grande Bretagne, tant mieux si les Anglais en sortent ! J’ai également voulu donner la parole à des philosophes comme Socrate ou Nietzsche, qui développent leur leçon de vie. Pendant cette partie du roman on ne sait pas si Scossa est bien décédé et s’il habite une forme d’au-delà ou bien s’il rêve pendant une période d’inconscience. Au lecteur de le dire, en fonction de ses croyances et de son interprétation et au-delà de l’option finalement proposée par l’auteur.

Sylvie Ferrando

 

 

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A propos du rédacteur

Sylvie Ferrando

Sylvie Ferrando

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Rédactrice

Domaines de prédilection : littérature française, littérature anglo-saxonne, littérature étrangère

Genres : romans, romans noirs, nouvelles, essais

Maisons d’édition les plus fréquentes : Gallimard, Grasset, Actes Sud, Rivages, Minuit, Albin Michel, Seuil

Après avoir travaillé une dizaine d’années dans l’édition de livres, Sylvie Ferrando a enseigné de la maternelle à l’université et a été responsable de formation pour les concours enseignants de lettres au CNED. Elle est aujourd’hui professeur de lettres au collège.

Passionnée de fiction, elle écrit des nouvelles et des romans, qu’elle publie depuis 2011.

Depuis 2015, elle est rédactrice à La Cause littéraire et, depuis 2016, membre du comité de lecture de la revue.

https://www.edilivre.com/?s=Ferrando

 

Pierre Ménat, encensé par LA CAUSE LITTERAIRE

couv menat.jpgAttendre encore, Pierre Ménat

Ecrit par Sylvie Ferrando 12.01.18 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

http://www.lacauselitteraire.fr/attendre-encore-pierre-menat

Attendre encore, Editions du Panthéon, novembre 2017, 296 pages, 20,90 €

Ecrivain(s): Pierre Ménat

 

Pierre Ménat nous propose ici une variation philosophique et fictionnelle sur l’attente, concept illustré ou développé par des auteurs aussi différents que Proust, Beckett, Gracq, Ionesco, Buzzatti ou Winnicott.

L’attente, dans les domaines tant personnels ou amoureux que professionnels, est ce qui caractérise l’espèce humaine, et les personnalités du monde diplomatique, quelles que soient la vitesse et l’intensité auxquelles se déroule leur existence, n’y échappent pas. Savoir attendre (jusqu’à la mort ?) tout en comblant cette attente est une compétence appréciable que possède Luigi di Scossa, nommé ambassadeur du Luxembourg en Roumanie après avoir pantouflé dans le secteur bancaire pendant une dizaine d’années.

« Car l’attente est d’abord le propre de ceux qui cherchent, sans toujours savoir qui ou quoi. »

« […] cette mécanique, observée aux jeux de l’amour, était propre à son être et envahirait tous les versants de sa vie. »

A l’instar des romans du XVIIIe siècle de Marivaux ou de Diderot, on trouve dans ce roman contemporain plusieurs intrigues entrelacées : la première et non la moindre consiste en une combine orchestrée par l’Etat roumain autour de la création, dans le Bucarest d’après Ceausescu, à la fin des années 1990, d’un premier fonds d’investissement roumain garanti par une fédération bancaire luxembourgeoise, dans le but de faire tomber un chef de la pègre local. On retrouve ici quelques échos des thématiques du roman Cendrillon d’Eric Reinhardt, avec la mécanique spiralaire implacable des fonds d’investissement ou hedge funds.

Une deuxième intrigue est la relation à la fois passionnelle et perverse qui se joue entre Magda, jeune journaliste roumaine, et Luigi, liaison qui les conduit des premiers émois et ébats à une collaboration contrainte et dangereuse.

Enfin, une intrigue secondaire réside en le récit que fait Scossa à un collègue ambassadeur de France de ses premières années d’études et de vie professionnelle : stage en Afrique, en Guinée, puis en préfecture de Champagne-Ardennes, aventures et déboires sexuels et professionnels, le tout accompagné de réflexions sur l’amour qui, pour rencontrer le plein épanouissement, doit être, selon Scossa, à la confluence du sentiment, de son expression, de l’idée et de la raison. Combinaison à la fois rare et peu durable, comme le montre sans ambages la suite du roman. C’est ici à Milan Kundera et à son Insoutenable légèreté de l’être que le lecteur ne peut s’empêcher de penser.

Après une série d’échecs tant financiers que diplomatiques et amoureux, Luigi, ambassadeur retraité, s’endort une nuit au volant de sa voiture et semble passer de vie à trépas. Une partie métaphysique s’ouvre alors dans l’ouvrage, qui n’est pas la moins intéressante, car l’attente après la mort est bien plus lente et source de réflexion que l’attente pendant la vie humaine, et c’est alors la quête de savoir et de pouvoir qui prend le pas sur la quête de l’argent ou de la jouissance immédiate. Une fin philosophiquement ironique et délicieuse d’humour, qui fraye avec les codes du roman d’anticipation ou de l’utopie, et qui réconcilie peu ou prou le lecteur avec les turpitudes du monde terrestre.

 

Sylvie Ferrando

 

« Sanglots la nuit » est un « GRAND ROMAN » pour Wukaki

couv GERARD.jpgSanglots la nuit d’Olivier Gérard, quelque chose de Dabit ou Mc Orlan

 Une force d’écriture, un style incisif et rude, un regard lumineux et sans concession

An impressive style, an implacable story, a harsh look on our society

 Un grand roman d’Olivier Gérard, un style qui vous prend aux tripes. Une histoire d’hommes, une histoire dure, de notre temps.

Perpignan, plus exactement le vieux Perpignan, ce centre-ville en déshérence, ses commerces disparus, son cadre dégradé, ses toxicomanes, ses gens perdus vivant en marge de la société. Heureusement il existe des endroits, des hommes dévoués pour leur tendre la main, pour essayer de leur apporter un peu de chaleur humaine, un peu d’empathie, Abram est l’un d’entre eux. Artiste peintre, il est sous le coup d’une dénonciation calomnieuse. Grâce à un commissaire de Police, il a trouvé cet emploi et un toit pour sa famille, Manassa sa fille et Marthe sa compagne, une couturière douée qui va voir réaliser son rêve : devenir styliste.

Abram, un soir rencontre une ombre qui finit par devenir un individu, Asso, un franco israélien qui est revenu sur les lieux de son passé après avoir été accusé d’être l’auteur d’un attentat meurtrier en Palestine. Les deux hommes sont attirés l’un vers l’autre, un vrai coup de foudre réciproque qui ne durera que peu de temps. Chacun des deux hommes repartira vers son destin, mais marqué à jamais par cette rencontre.
Abram, repart vers son univers : son local, ses toxicomanes, mais refuse de suivre Marthe quand elle part pour progresser professionnellement. Ayant perdu sa famille, il part à la recherche d’Asso.

Ce dernier, par étapes, en se cachant, arrive en Israël pour retrouver sa femme et son fils. Mais ce qu’il trouve sur place est loin d’être à la hauteur de ses espèrances. Il ne lui reste plus qu’à fuir.

Sanglots la nuit est un roman d’une grande violence, un cri poussé contre l’injustice, contre les injustices, contre les « abus », le pouvoir des « puissants » sur les plus faibles, contre les manipulations dont sont victimes ces derniers. C’est aussi un vrai pamphlet contre les agissements des extrémistes religieux juifs contre les Palestiniens et la passivité des forces de l’ordre face à ces exactions. De fait Olivier Gérard nous montre un univers glauque, dur, violent où seuls l’amour, l’empathie peuvent, peut-être, sauver certains individus, alors que certains sont irrémédiablement « perdus ».

Ce roman d’ Olivier Gérard n’est pas sans faire penser à des œuvres écrites par Dabit ou par MacOrlan, même univers, même écriture, même lueur d’optimisme dans un univers noir, voire glauque. S’il n’y a aucune naïveté, il n’y a aucun pathos. Mais des faits, des faits bruts, ils sont et c’est tout, ils se suffisent par eux-mêmes, ils sont le résultat d’enchaînements venant d’un passé plus ou moins proche sur lequel les protagonistes n’ont aucun pouvoir. Ils sont broyés par eux sans vraiment avoir la possibilité tout au plus de fuir. Seule une rencontre peut leur permettre de construire leur destin. Une vision pessimiste du réel pour certains, réalistes pour d’autres.

Emile Cougut


Sanglots la nuit
Olivier Gérard

éditions Auteurs d’Aujourd’hui.21€

Barde-Lons dans la sélection du très exigeant Thomas Morales (Causeur de décembre 2017)

couv piletta.jpgLittérature : Poindron & co, le sommet des non-alignés

Goûtez Piletta-Zanin, Poindron, Hanrez, Debur et les autres

https://www.causeur.fr/eric-poindron-marc-hanrez-debur-148572

 

 
 

La littérature file sur des rails bien rectilignes. Elle déboule à pleine vitesse dans les librairies comme une bête inhumaine traînant derrière elle, sa cohorte de wagons bien rangés où aucune dissidence n’est acceptée. La mondialisation n’aime pas les têtes qui dépassent du cadre. Elle hypnotise, elle lisse, elle ratiboise, elle nivelle pour mieux nous endormir, nous ensevelir. Elle se veut bienveillante, elle en devient toujours plus oppressante. C’est le corps de nounours avec le cerveau d’un commissaire politique.

La machine déteste les ratés

Les écrivains qui ne respectent rien et qui osent s’aventurer dans des zones étranges sont bannis du jeu. On accepte la singularité du créateur quand il ne dérange pas le système établi. La machine déteste les ratés, les à-coups, sa puissance d’intimidation se déploie sans discontinuité. Alors, celui qui a la prétention, le goût, la folie, l’imprudence de faire un modeste pas de côté est rappelé immédiatement à l’ordre. Ses livres connaissent le sort le plus atroce, la plus terrible des injustices : le silence médiatique. Cet hiver, après des Prix essentiellement tournés vers la Seconde Guerre mondiale, intarissable source d’inspiration, certains auteurs semblent s’être donnés le mot pour casser le train-train quotidien. Leurs ouvrages sont bizarres, tordus, jamais formatés par les règles du marketing éditorial, ils expriment une sensibilité esthétique forte.

 

Une dinguerie qui redonne confiance dans le genre humain. Ils méritent donc notre attention car le critique croule souvent sous des tombereaux de bien-pensance. La littérature lacrymale et victimaire lui sort par les yeux. A Causeur, la défense des causes perdues, des Don Quichotte de la plume, des vagabonds célestes, de tous ces flibustiers du désespoir est un honneur et un devoir. Pirotte et Blondin ne quittent pas ma table de chevet depuis mon adolescence, mais j’aime aussi les vivants comme le chantait François Valéry, toujours plus pénétrant dans ses textes que son homonyme, Paul.

 

Cette année, nous avons eu la chance de lire un très grand Philippe Lacoche et un splendide Yves Charnet. Ces écrivains des bordures n’ont pas leur rond de serviette dans les émissions de télé, ils pratiquent leur art dans la pénombre, loin de la capitale, dans cette province qui résiste tant bien que mal au bétonnage de l’esprit. Avant Noël, faites donc aussi l’expérience du poète surnaturel Eric Poindron et lisez son étrange questionnaire paru au Castor Astral. Le dandy aux belles bacchantes est un enlumineur de l’existence. Un chasseur de fantômes. Tout simplement un esthète. Dans un registre à la lisière du fantastique, partez à la conquête du roman de Stéphane Piletta-Zanin, Le temps s’écoule à Barde-Lons  publié chez Xénia dans la Collection Iréniques. Vous n’en sortirez pas tout à fait indemne, c’est tourbillonnant d’érudition. « Mais là encore, il y aura(it) du travail tant le Je et le Moi (et on n’aborde même pas le Surmoi !) peuvent être choses complexes » écrit-il, dans un texte flamboyant. Pourquoi les « petites » maisons d’édition semblent-elles se moquer des modes et des oukases ? La liberté guide leur choix. Elles défrichent le champ littéraire souvent dans l’indifférence générale sans renoncer à notre plaisir. La poésie, parent pauvre de l’édition, en fait souvent les frais. Les éditions du Bretteur sortent « America Felix », un recueil de Marc Hanrez, une échappée solitaire et solaire dans une Amérique éternelle. Un road-movie aux accents jazz où le chrome des voitures et le souffle des paysages décoiffent l’amertume. Dans son poème « Deer Hunting », Hanrez fait le pont entre les deux continents :

aurais-je imaginé jamais

retrouver l’Ardenne au cœur

du Wisconsin et revivre

là-bas mon service militaire

en chassant le chevreuil        

Encore plus insensée et improbable, les éditions Atlantica reviennent sur l’aventure Sigma, l’histoire d’un festival d’avant-garde entre 1965 et 1996 dans un livre illustré et formidablement documenté de Emmanuelle Debur. C’était un temps où Bordeaux, la somnolente, la nonchalante bourgeoise était réveillée en sursaut par le théâtre expérimental. Magic Circus, Pink Floyd, Bartabas ou les travestis Mirabelle secouaient les pavés bien ordonnés de la capitale girondine. Vous n’en aurez pas fini avec l’incongru car, en début d’année prochaine, le 10 janvier exactement, un nouveau roman de Laurent Graff aux Dilettante qui s’intitule « La Méthode Sisik » risque de perturber le sommeil de nombreux lecteurs.

L’étrange questionnaire, Éric Poindron, Le Castor Astral, 2017.

L’étrange questionnaire d’Eric Poindron

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Le temps s’écoule à Barde-Lons, Stéphane Piletta-Zanin, Éditions Xénia, 2017.

Le temps s’écoule à Barde-Lons : Retraits amoureux, ou les avatars d’Emilienne

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America Felix, Marc Hanrez, Poèmes , Éditions Le Bretteur, 2017.

Sigma 1965/1996, histoire d’un festival d’avant-garde, Emmanuelle Debur, Éditions Atlantica, 2017.

SIGMA 1965/1996 – Histoire d’un festival d’avant-garde

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