L’hystérie masculine mise à l’honneur par Michel Cazenave sur France Culture (« Les Vivants et les Dieux »)

Les vivants et les dieux

par Michel Cazenave
le samedi de 23h à minuit

Vivants et les dieux (les)

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émission du samedi 9 mai 2009
Platon, la folie et la poésie


Traditionnellement, on nous présente Platon comme le père du rationalisme occidental. Ce qu’il est certainement, à condition d’apporter de sérieuses retouches à ce portrait. Dans le dialogue du Phèdre, Platon fait en effet l’apologie de la folie comme l’un des bienfaits de l’humanité et, dans le dialogue du Ion, il explique que, par-delà le rhapsode, le vrai poète inspiré est celui qui est possédé par les muses, autrement dit, plongé dans la folie poétique. C’est tout ce Platon, inconnu jusqu’aux études de E.R. Dodds et de Georgio Colli, et avant une relecture de style heideggerien, que nous allons tenter de redécouvrir ici.

Avec Jean Lauxerois, professeur de philosophie en classe préparatoire aux Grandes Écoles.

Les livres de la semaine

Jean-Marc VIVENZA, Nâgârjuna et la doctrine de la vacuité, Paris, Albin Michel, « Spiritualités vivantes poche », 2009.

Érik SABLÉ, Un grain de sagesse dans la nuit de la modernité, suivi de L’éveil est l’humilité parfaite, La Bégude de Mazenc, Arma Artis, 2009.

Sophie PERENNE, La vision paradoxale ou L’art de concilier les opposés, Paris, Accarias-L’Originel, 2009.

Juliet MITCHELL, Frères et sœurs : sur la piste de l’hystérie masculine, trad. Françoise Barret-Ducrocq, Paris, Des femmes-Antoinette Fouque, « La Psychanalyste », 2008.

Joël VERNET, Celle qui n’a pas les mots, frontispice Jean-Gilles Badaire, Castellare-di-Casinca, Lettres vives, « Entre 4 yeux », 2009.

Charles SZLAKMANN, Moïse, Paris, Gallimard, « Folio biographies », 2009.

les livres


Platon
Ion et autres textes : poésie et philosophie, traduction, préface et postface Jean Lauxerois
Paris, Pocket, « Agora » – 2008


Le choix des textes commentés du Ion de Platon, de l’essentiel du livre X de la République et du passage central du Phèdre, publiés ici dans une traduction inédite, vise à clarifier les présupposés et les enjeux de ce que Socrate appelle, dans la République, l’immémorial différend de la poésie et de la philosophie.
Ces textes capitaux éclairent la manière dont le philosophe a remis en cause le sens du divin et la prééminence de la poésie dans la cité.
Via le néoplatonisme de la Renaissance, et le commentaire que Marsile Ficin a donné de Ion, ce modèle a cependant ouvert à l’esthétique occidentale des voies décisives.
La relecture ici proposée vise à montrer la complexité du texte platonicien pour repenser le rapport que la philosophie entretient avec la poésie et avec l’œuvre d’art.
– 4e de couverture.

Mardi 10 juin, dès 18h30, Soirée Juliet Mitchell & Françoise Barret-Ducrocq

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Nouveauté aux éditions Des femmes-Antoinette Fouque :

Frères et sœurs. Sur la piste de l’hystérie masculine Juliet Mitchell

Collection « La psychanalyste »

Traduit de l’anglais par Françoise Barret-Ducrocq.
ISBN : 978-2-7210-0521-2
Format 15 x 22 cm – 528 pages – 25€
Office 02/05/2008

Le livre traite avec une très grande érudition puisée dans l’anthropologie, la psychanalyse et les grands mythes de la littérature occidentale, de l’histoire universelle de l’hystérie. Cette analyse amène l’auteure a reconsidérer de façon radicale la construction du psychisme telle qu’elle a été présentée jusqu’ici, à proposer une lecture différente du complexe d’Œdipe et à affirmer la nécessité de prendre en compte les relations horizontales entre celles et ceux qui se trouvent en situation de frères et sœurs – qu’il existe ou non un lien biologique entre eux.

Juliet Mitchell ne propose à aucun moment de substituer cet axe horizontal à l’axe vertical, mais souhaite prendre conjointement en compte ces deux axes, dont la mise en relation ouvre de nouvelles perspectives…. En démontrant le caractère universellement possible de l’hystérie, elle réhabilite un diagnostic qui permet de mieux comprendre, non seulement certains dysfonctionnements du psychisme humain, mais aussi la relation entre pairs.

Juliet Mitchell, née en 1940 en Nouvelle-Zélande, a participé à la fondation du Women’s Liberation Movement et a été coéditrice de la New Left Revue anglaise. Psychanalyste et universitaire, elle est professeure à Cambridge (Grande-Bretagne), où elle enseigne sur le thème « Genre et société ». Elle a publié de nombreux ouvrages, traduits dans plusieurs langues, dont L’Âge de la femme et le best-seller Psychanalyse et Féminisme, parue en langue française, aux Editions Des femmes -Antoinette Fouque.

Françoise Barret-Ducrocq est agrégée d’anglais, docteure d’Etat, professeure à l’Université de Paris 7-Denis Diderot. Elle est secrétaire générale depuis 1992 de l’Académie universelle des cultures. Elle est l’auteure de nombreux ouvrages en France, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Elle a traduit aux éditions Des femmes-Antoinette Fouque, Psychanalyse et féminisme de Juliet Mitchell ainsi que Conscience de femmes, monde de l’homme de Sheila Rowbotham.

Françoise Barret-Ducrocq, enseignante, traductrice, MLF et amie

Texte de Françoise Barret-Ducrocq recopié du catalogue des trente ans des Editions Des femmes :

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Octobre 1975 : elle a de longs cheveux noirs, un visage enthousiaste, je revois cette étudiante, ravie d’être allée, sur mes conseils, rue des Saints-Pères dans cette librairie où, « pour une fois », disait-elle, les livres de femmes étaient à l’honneur.
Chaque début d’année, chaque génération d’étudiantes allait faire la même découverte, puis très vite s’habituer, et finalement trouver naturel d’évoluer au milieu de ce concert de voix féminines comme il n’en existait, alors, nulle part en France.
Pas une aujourd’hui n’a oublié, j’en suis sûre, la joie qu’elle avait eue à longer les rayonnages, à s’arrêter, à saisir entre ses mains les livres de Sibilla Aleramo, Juliet Mitchell, Lidia Falcon, Eva Forest, Erin Pizzey, Julia Kristeva, François d’Eaubonne, Simone Benmussa, Angela Davis ou encore ceux de Xavière Gauthier, Sylvia Plath, Chantal Chawaf, Hélène Cixous, Anaïs Nin, Virginia Woolf… Tant de textes, tant de voix aussi. Ah ! les beaux moments passés à écouter Fanny Ardant ou Catherine Deneuve faire vivre Balzac ou Sagan !
En créant la librairie et la maison d’Edition Des femmes, Antoinette Fouque, la première, a eu l’imagination et la force, de penser une nouvelle manière de prolonger la geste des femmes qui depuis le XIXème siècle luttent contre la discrimination dont elles sont victimes. En même temps qu’il s’agissait pour elle de publier celles qui dans le monde entier combattent leurs droits, elle a réuni en un lieu la preuve tangible de la capacité créatrice des femmes non seulement en littérature mais aussi en peinture, en sculpture, en architecture.
Courage de la fondatrice et de celles qui travaillaient à cette entreprise et s’appliquaient à « faire surgir tout ce qui a été interdit, refoulé, occulté » de l’univers féminin.
A l’université, le best-seller, c’était Du côté des petites filles d’Elena Gianini Belotti, magistrale analyse du conditionnement social qui, dès leur naissance, forge chez les filles les prétendus caractères de la « féminité ». Malgré les innombrables pages publiées depuis sur le sujet, l’ouvrage n’a rien perdu de sa vigueur et de sa pertinence. Pour évoquer la douce servitude dans laquelle les filles sont tenues, les éditrices avaient choisi, comme couverture de l’ouvrage, un chromo sur lequel trois petites filles vêtues de longues robes de mousseline rose, coiffées d’encombrants chapeaux, jouent sur une vaste pelouse. Le petit groupe forme contraste avec l’espace de liberté derrière lui dont ces enfants ne profitent guère. Tout l’esprit des Editions Des femmes se trouve là, dans cette description fine d’une réalité navrante d’injustice.
Après le point de vue de l’enseignante, celui de la traductrice. Je ne reviendrai pas sur l’importance théorique de Psychanalyse et féminisme de Juliet Mitchell, ni sur celle du livre de Sheila Rowbotham Conscience des femmes, monde de l’homme que j’ai eu le plaisir de traduire de l’anglais pour les éditions Des femmes. Je me contenterai d’évoquer la chaleur et l’intelligence des échanges qui, pendant ce travail, ont prolongé ceux que nous avions amorcés à Oxford, lors de notre premier voyage avec Antoinette, en février 1970 quand, au nom du MLF français, nous étions intervenues à la première assemblée nationale du Women’s Lib.
 
F.B.-D.