« Feu la cendre » en papier ET en audio aux éditions Des femmes

Feu la cendre.jpgcarole_bouquet_002.jpgJacques Derrida
Feu la cendre

lu par l’auteur et par
Carole Bouquet
Texte intégral
1 CD -18 €
“ Il y a plus de quinze ans, une phrase m’est venue, comme malgré moi, revenue, plutôt, singulière, singulièrement brève, presque muette : Il y a là cendre.
Là s’écrivait avec un accent grave : là, il y a cendre. Il y a, là, cendre. Mais l’accent, s’il se lit à l’œil, ne s’entend pas : il y a là cendre. A l’écoute, l’article défini, la, risque d’effacer le lieu, la mention ou la mémoire du lieu, l’adverbe là… Mais à la lecture muette, c’est l’inverse, là efface la, la s’efface : lui-même, elle-même, deux fois plutôt qu’une.
Cette tension risquée entre l’écriture et la parole, cette vibration entre la grammaire et la voix, c’est aussi l’un des thèmes du polylogue. Celui-ci était fait pour l’œil ou pour une voix intérieure, une voix absolument basse. Mais par là même il donnait à lire, peut-être à analyser ce qu’une mise en voix pouvait appeler et à la fois menacer de perdre, une profération impossible et des tonalités introuvables. ”
J.D.

Le texte Feu la cendre est publié simultanément

Circonfession de Jacques Derrida – Exceptionnel !

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Jacques Derrida
Circonfession
lu par l’auteur

Texte intégral
Coffret 4 Cassettes – 45,50 €

Coffret 5 CD à paraître fin novembre 37€

 » Peut-on nommer son propre sang ? et décrire la première blessure, ce moment où, paraissant au jour, le sang se refuse encore à la vie ? A supposer qu’on se rappelle sa circoncision, pourquoi cet acte de mémoire serait-il une confession ? L’aveu de quoi, au juste ? Et de qui ? A qui ?
Rôdant autour de ces questions, essayant, comme au clavier, une voix juste au-dedans de moi, je tente de dire de longues, très longues, interminables phrases, et de les murmurer au plus près de l’autre qui pourtant les aspire, soupire, expire, les dicte même. Cette diction est aussi une dictée. Plusieurs voix résonnent en une, dès lors, elles se croisent, elles se disputent même une parole finalement torsadée.
Telle respiration ne scande pas n’importe quel temps : ce fut celui d’une lente agonie où, comme on dit, d’un dernier souffle. Durant de longs mois, pendant que ma mère expirait, j’ai tourné autour d’un événement introuvable qui fut le sien autant que le mien, je l’ai entouré, sans doute aussi contourné. Pour ce qui reste sans témoin, j’ai dû prendre à témoin : saint Augustin, par exemple, l’image aussi d’un double confiée à de vieux carnets, la lucidité impeccable enfin d’un grand ami, Geoffrey Bennington. »
J.D.