Dédicaces de nos auteures au Marché de la Poésie, samedi 20 juin dès 16 h, Place Saint-Sulpice

Pomme Jouffroy signera son nouveau livre et premier polar, « De la rhubarbe sous les pylones » au Marché de la Poésie, samedi 20 juin à partir de 16 h. (puis vous pourrez la revoir jeudi 25 juin 2009 à partir de 17 h à la librairie Le Divan, 203 rue de la Convention, 75015 Paris)

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couv_rhubarbe.jpgCatherine Weinzaepflen, Laurence Zordan, Michèle Ramond, Françoise Collin (à confirmer) seront également heureuses de rencontrer leurs lecteurs à cette occasion. Dès 16 heures également le samedi 20 juin. « Tableau d’honneur » de Guillemette Andreu, actuellement candidat à la sélection au Prix Marguerite Audoux et au Prix Marguerite Duras, sera disponible à la vente (et sous réserve de confirmation, représenté par les filles de l’auteure).

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SAMEDI, les auteurs de la maison lisent en musique ! Dès 17 h !!

Samedi 11 octobre : concert & lectures à l’Espace des Femmes !!

Dès 17 h, venez écouter Laurence Zordan lire « Blottie« , Catherine Weinzaepflen lire « Le temps du tableau« , Michèle Ramond lire « Lise et lui« , Victoria Thérame lire son mythique « Hosto-Blues » et Françoise Collin lire « On dirait une ville« …

Les musiciennes seront : Sophia Vaillant, pianiste classique et tango Sophia.jpg http://sophiavaillant.com/topic/index.html

Et

Yuko et Mayumi Sugiyama, flûtes traversières, soeurs jumelles italiennes de père japonais et de mère italienne Sugiyama.jpg http://www.duosugiyama.com/at-concerti-fr.html

La Quinzaine littéraire consacre toute une page à Michèle Ramond ! (Jacques Fressard, 16 juillet 2008)

… à propos d’un livre qu’elle traduit chez Gallimard…

…Et en profite pour citer « Lise et lui »………

La surprise permanente, un article de Jacques Fressard

Saul Yurkievich, Bonheurs du leurre, trad. de l’espagnol (Argentine) par Michèle Ramond, Gallimard éd., 142p., 17,50€

Toute représentation, par la plume ou le pinceau, suppose un leurre. Nous y reconnaissons une figure qui est absente. C’est un piège bienheureux pour l’oeil, un caprice fertile pour l’esprit. Le titre original du livre – posthume en sa version traduite – de Saul Yurkievich l’exprime fort bien en un mot valise, Trampantojos, qui contracte tous ces termes en une seule diction. Et Michèle Ramond l’a fort bien adapté vers le français, en prenant du champ mais en restituant l’effet d’allitération et le jeu des vocables. (…)

Marc Alpozzo interviewe Michèle Ramond (Les Carnets de la Philosophie, été 2008)

II-1.jpgLES CARNETS DE LA PHILOSOPHIE, trimestriel n°4 juillet-août-septembre 2008

Entretien avec Michèle Ramond
Propos recueillis par Marc Alpozzo

Marc Alpozzo : Vous êtes enseignante et écrivaine. Lise et Lui (des femmes, 2008) est votre dernier roman. Qui est le personnage de Lise ?

Michèle Ramond : C’est une femme avec qui je m’identifierais volontiers, Lise étant un nom qui implique la lecture et l’écriture. C’est une adresse au lecteur de la part de quelqu’un qui a un peu peur de ne pas être lu. Lisez-lui. Lise est un peu folle. Elle se bat pour un monde meilleur, et elle a une relation très ambiguë avec un double masculin qu’elle apostrophe, qu’elle semble à la fois solliciter, redouter, aimer. Elle est d’une grande ambivalence. Ce double masculin, qui est aussi un peu elle-même, est à la fois son amant, son père, son frère, son fils. Peu importe son étiquette généalogique. C’est l’homme avec ce qu’il représente de bon et de mauvais. Nous vivons dans un monde cruel, gouverné par l’argent, la recherche du profit, le goût du pouvoir, sans considération pour les plus faibles. Cette domination est globalement masculine, représentée par la classe des hommes, elle fait le plus grand tort aux femmes, mais elle en fait aussi aux hommes. Les hommes sont, je crois, souvent des tendres, mais ce monde les pousse à la cruauté. Dans le premier chapitre « Lise écrit », Lise s’adresse à ce double qui est le tyran Cyrus, mais j’aurais pu dire Bush ou Sarkozy ou Poutine. J’ai dit Cyrus car c’est un personnage mythologique qui fait rêver, et je n’ai pas envie de contextualiser davantage. Ce nom quand on l’écoute peut faire penser à un nuage, également, à un cirrus cyclonique, et il est exotique, il situe la relation homme/femme dans un temps et un espace légendaires, comme s’il s’agissait d’une fable avec sa morale.

Vous jouez sur la consonance. Lise est un prénom et Lui est impersonnel. En même temps, c’est un jeu de mot avec Louis.

Lui est d’abord Cyrus, le double cruel qui a marginalisé la femme, que ce soit sa sœur, sa mère ou son épouse, le sanguinaire qui aime la guerre, qui aime être avec ses troupes, qui répand la mort et la haine. En même temps, cette figure est complètement réversible. Elle devient subitement, dans le deuxième chapitre, Louis. Et à ce moment-là, lui c’est Louis Langlois, l’ouvrier méritant, le prolétaire qui se bat à son tour, comme Lise, pour un monde meilleur, l’utopiste, le résistant : Louis ce héros. On peut alors entendre « lui » comme l’homme total à qui Lise adresse une épître d’amour et de mise en garde. Lui devenu Louis c’est l’homme dans sa dimension lyrique, tragique, attendrissante, il y parfois un peu d’humour tellement les discours de Louis sont enflammés. Il y a aussi de l’humour dans les emballements de Lise, l’excessive !

Lise est mise en lumière sans que Lui soit mis dans l’ombre, mais vous faites resurgir les ténèbres que les hommes amènent par cet esprit de domination auquel ils ont accédé. Vous dénoncez alors l’injustice, non pas celle des hommes, mais celle qui a été créée par ceux qui ont créé ce monde, un monde patriarcal. Et peut-être aurait-il été autrement s’il avait été créé par les femmes.

En effet, s’il avait été créé par les femmes, il aurait été différent. Je ne sais pas s’il aurait été meilleur. Ce livre a été écrit dans une idée de réconciliation possible entre Lise et Lui. La conjonction de coordination appelle, non pas la fusion, mais une reconnaissance de l’un par l’autre. Il y a également une mise en équilibre. Lise a une vie de jour, par exemple elle écrit ses lettres à Cyrus pour tenter de le faire fléchir. Elle court comme une folle autour des remparts de la ville et voit le fleuve où flottent les cadavres des femmes et des enfants tués par la guerre, alors que Louis a d’autres activités, il est un tribun acclamé par les ouvriers qui luttent avec lui, il se bat contre les « rexistes », les fascistes de tous bords. Et de nuit, Lise devient une déesse caïman, sous cette forme magique elle invoque la mémoire de parents, elle se recueille sur une île du fleuve, elle sert un culte aux ancêtres, un peu comme une Antigone. Elle a été un peu Électre, au début du livre, quand elle pense à un stratagème pour piéger la mère patriarcale à qui elle reproche de donner sa préférence au fils tyran. Mais la nuit, quand le spectre des parents lui apparaît, la mère est une autre mère, elle est une revenante fragile, à qui le père revenant lui aussi accorde beaucoup de soins. Et ce père n’est pas le père patriarcal, mais le père tendre et lunaire, comme fut le mien. Ils sont morts tous les deux et ils réapparaissent au-dessus de l’horizon, tandis que Lise les contemple nuit après nuit, rendant hommage à sa généalogie ; révérencieuse à ceux qui l’ont fait naître.
Tout cela, c’est la nuit de Lise, tandis que Louis, la nuit, a d’autres activités. Il se réunit avec ses camarades de lutte, il fait des plans de résistance, il y a d’ailleurs des femmes qui se joignent à eux, il se bat à mains nues contre des traîtres à la liberté. Ces traîtres un peu fantasmatiques pourraient être n’importe laquelle de ces forces impies qui mènent la société actuelle à sa ruine, cette société libérale, capitaliste, militarisée et mercantile, sans considération pour les valeurs démocratiques, qui sacrifie la matière humaine à ses intérêts immédiats. Je n’incrimine pas l’homme, l’autre sexe, le compagnon, mais cette classe à dominante masculine, il faudrait plutôt dire « mâle », que la passion de l’argent et le goût immodéré du pouvoir, de ses bénéfices et de son exercice ont rendu monstrueuse.

Transformer le monde. C’est tout à fait marxiste. Mais chacun le transforme à sa manière.

En effet, parfois Louis est un utopiste. Il est évident qu’il a lu Marx et Engels, il est inspiré par leur style, de façon un peu naïve, avec du romantisme. Il a un idéal humaniste, parfois très inspiré, c’est un mystique matérialiste. Lui et Lise ont une dimension tragi-comique car on les sent assez dépourvus face à un destin mondial presque irréversible, ils donnent l’impression d’accomplir une mission impossible avec le sérieux des enfants qui ne perdent pas la foi, malgré les obstacles. Pour Lise cette part d’enfance est encore plus évidente, elle est très seule, elle ne se rapproche pas suffisamment des autres femmes, elle a l’esprit très occupé par sa révolte et par le frère qu’elle harangue et qu’elle tente de récupérer, d’attirer à sa cause.

N’est-ce pas le symbole même de la condition humaine ? Des héros certes, mais toujours déchus. Vous faites un renvoi à la mythologie grecque, mais à partir de cette mythologie n’êtes-vous pas en train de tenter un décryptage de la vanité des hommes qui pensent pouvoir transformer le monde à leur mesure ? Parce qu’enfin, chez les Grecs, on trouve aussi le fatum. Or, le destin de notre monde à présent, n’est-ce pas la technique et la rationalité qui imaginent pouvoir maîtriser la nature et les hommes alors qu’elles ne font que les ruiner ?

C’est exactement cela. Ils se battent l’un et l’autre, chacun dans son camp, elle par le rêve, le mythe, la fiction, le délire verbal parfois, lui dans l’action, la militance, la griserie philosophique, chacun selon son style essaye d’échapper à ce fatum qu
i est l’enchaînement irréversible dans lequel la matière humaine, la masculine ET la féminine, les deux sexes confondus, se rencontrent. Ils sont isolés dans leurs combats parallèles et pourtant confondus dans ce cataclysme qui est en train de les broyer. Le texte évoque sans cesse ce cataclysme par des images et des situations que nous pourrions dire poétiques, elles ne sont pas réalistes, elles sont prémonitoires malgré tout. On sent bien qu’à continuer ainsi la matière humaine, dont la littérature ne peut ni ne veut se passer, sera liquidée. Il faut donc que la femme et l’homme (Lise et Louis) se retrouvent, au-delà de leurs ressentiments et de leurs différences ou désaccords pour redessiner une cartographie mondiale plus humaine.

Mais pensez-vous que ce soit encore possible ? Par exemple, pensez-vous que la littérature n’est pas à présent impuissante à changer le monde ?

J’espère qu’elle ne l’est pas. Par exemple, un livre peut agir sur les individus. Un livre peut nous consoler dans la peine, ou calmer notre soif de pouvoir ou de vengeance. Je pense qu’il y a une dimension éthique dans un beau livre. Je pense que la séduction que le livre opère par la beauté du style, par le caractère incongru ou imprévisible des images est alliée à une force morale. La beauté en littérature est une figure éthique, elle agit comme un contre-pouvoir, la littérature peut, je le crois vraiment, combattre les effets néfastes du pouvoir tyrannique de Cyrus, il est important de lui reconnaître cette vertu qui est aussi la force du désespoir. L’ennui c’est que les lecteurs se détournent de ce genre de livres, qu’ils recherchent des livres plus légers, de la distraction, des histoires d’amour et de luxe, ou alors des livres d’Histoire qui nous ramènent au passé, ou des biographies qui font rêver à des vies exceptionnelles. La littérature est discréditée aujourd’hui, peu promotionnée et peu vendue. Mais j’ai espoir que le monde peut s’arranger. Je crois qu’il y aura, à un certain moment, un soubresaut populaire qui rejoindra les rêves de Lise et l’action militante de Louis, un soubresaut qui saura faire la soudure entre féminin et masculin et qui parviendra à vaincre le monstre, comme dans les contes. Mais il y aura beaucoup de dommages avant que nous y parvenions. Alors il convient d’encourager la littérature pour précipiter la prise de conscience des hommes et des femmes, la littérature est une arme chargée d’avenir qui ne tue pas et qui peut provoquer des révolutions salutaires.

Vous ne croyez pas par exemple à une disparition de l’homme et de la femme ?

Ce serait terrible. Terrible que la femme vive éloignée de l’homme et l’homme de la femme. J’aurais peur de ces sociétés unisexuées, chacune soudée par des revendications spécifiques, des haines, des rancunes et des rivalités. Il me semble que les deux sexes devraient pouvoir se retrouver et se comprendre tout en conservant chacun ses spécificités. Ils se retrouvent déjà dans l’érotisme. Mais je crois qu’ils sont moralement de plus en plus séparés malgré les progrès législatifs pour combattre les inégalités sociales, civiques et politiques.

Lise ET lui ou lise EST lui ? Pensez-vous à une complémentarité ? Ou pensez-vous que la femme doive se trouver par elle-même sans se référer à ce que l’homme est ?

Lise est un objet de dérision bien souvent, un objet de sarcasme. Elle mange des racines, elle écrit inlassablement, elle vit dans une masure, elle court autour de la ville, elle se cache sous ses voiles, la nuit, elle se transforme comme Mélusine. Il y a une sorte de dimension comique dans cet apartheid de la femme. Mais Lise est également dans une sorte de quête. Elle accomplit sur elle une sorte de travail chimique de transsubstantiation. Elle travaille sur sa matière humaine pour se rendre meilleure. Et la nuit, on assiste à sa métamorphose. Elle devient cette déesse caïman. Elle a une forme de militance. Elle n’est pas du tout narcissique. Elle est même un peu christique. Comme le pélican qui fouille dans ses entrailles pour donner à manger à ses enfants. Elle s’auto-sacrifie. Elle macère son corps. Elle s’élève spirituellement. Tout cela se fait dans le secret, n’est vu de personne, sauf bien sûr du narrateur et du lecteur ! C’est un travail accompli sur soi, presque monacal, avec le ciel pour seul témoin. Sorte de mise en scène de l’effort de la femme dans l’écriture, pour que le monde aille mieux. Quant à l’homme, Louis Langlois, il fait un travail dans la foule, il est davantage incarné, il se bat avec les armes du résistant pacifiste et avec le discours politique. Mais les deux combats sont faits pour se rencontrer. La femme se donne un peu en holocauste. Et là, je m’identifie à Lise. L’écriture, je la prends dans ma substance vivante. Je sacrifie peut-être des années ou des mois de vie pour faire de cette écriture une offrande. Et si les deux, homme et femme, Lise et Louis, elle et lui arrivent à se rencontrer et à s’apprécier, il y aura alors une vraie union des sexes. Il faut savoir que les femmes sont aussi de grandes misogynes. Il faudrait que la femme se réconcilie avec la mère que la jeune fille considère, à son adolescence, comme une rivale, et c’est d’ailleurs réciproque. C’est une des grandes épreuves dans la vie d’une femme. Les choses vont mieux pour la femme lorsque cette épreuve peut être dépassé. Les femmes cessent alors d’être victimes de leurs ressentiments à l’égard de la mère et de la femme en général. Lise passe par cette épreuve, pourtant durant sa vie nocturne elle la vainc. Est-ce toujours possible ? L’ordre mondial tire profit de cette difficulté pour la femme, qui la rend souvent complice du tyran ou du moins qui l’empêche d’être solidaire des femmes, qui nuit à la sororité alors que les hommes fraternisent en hordes très soudées.

Chez la femme, on trouve un principe de réalité bien plus fort que chez l’homme, qui, lui, est peut-être plus ouvert à la métaphysique, à la philosophie ?

L’homme est plus rationnel, c’est vrai. Mes héros masculins se grisent parfois avec des idées, des concepts. Il y a une solidarité idéologique entre eux qui frise la drôlerie et qui est attendrissante. Dans ces moments-là, Louis est un peu exalté et en même temps un peu touchant. Ses compagnons de route le sont aussi, Folletière est un métaphysicien et un astrologue, Marodan un républicain espagnol plein de fougue socialiste et de nostalgie. Alors que Lise est plus dans la matière, dans le corps, mais elle l’utilise un peu comme la matière première des anciens alchimistes. C’est un corps que l’on cuit et qui se dépose, qui se modifie et se perfectionne, et petit à petit la lie est évacuée. Cette matière humaine peut alors donner sa sève. C’est un corps qui se spiritualise. Ce travail de Lise sur son corps est celui de l’écriture sur la langue maternelle, cuite et recuite jusqu’à pouvoir au mieux exprimer l’émotion, le tréfonds.

Vous évoquez également dans votre roman, la difficulté d’écrire. Comment vivez-vous l’écriture et le moment de la rédaction d’un roman ?

Je vis ce temps comme un travail sur moi-même. Quand j’écris, j’essaye d’aller vers autrui. C’est une écriture dans laquelle j’essaye d’être meilleure que je ne suis. Avec le travail sur la langue, les règles, les contraintes, on dit des choses plus importantes, on dit des choses plus inconscientes, pas forcément prévues, on dit l’impensé. Quand la matière devient lourde, ardue, on ne maîtrise plus ce que l’on dit, et le message est plus fort, plus durable. Il va susciter des exégèses. Et, à partir de là, tout lecteur va entrer en travail sur soi. Dans l’éc
riture, se formule une pensée que l’on ne maîtrise pas. Et c’est à ce moment-là que l’on risque de dire des choses qui pourront être profitables à l’humanité.

De quelles références littéraires vous nourrissez-vous ?

Le dix-huitième Siècle français, Montaigne, Platon, Proust, Marivaux, Duras, Colette, Woolf, Valéry, la littérature de langue espagnole, mes contemporaines en Espagne, en Amérique espagnole et en France. Je suis hispaniste, donc je me nourris beaucoup de littérature espagnole ou hispano-américaine. Je lis parfois les écrivains très distraitement, avec une attention flottante, surtout quand moi-même j’entreprends d’écrire, et souvent il y a quelque chose qui me met en chantier. Je crois beaucoup à l’intertextualité. On n’écrit rien de vraiment nouveau. On écrit autrement des choses déjà écrites par d’autres. Je crois qu’il y a une grande fraternité de fait entre les écrivains, je pense que l’écriture universelle résonne dans la moindre phrase qu’écrit un nouvel auteur. Il y a là une vraie humanité palpitante, très humaine, très érotique, très sensuelle, très spirituelle aussi, qui se niche dans la littérature. La littérature est un réservoir d’humanité. C’est un autre monde. Le monde imaginaire est en fait beaucoup plus utile que les écrits politiques. La philosophie, je la mets également du côté de la littérature. Les Méditations métaphysiques de Descartes c’est de la littérature. C’est très beau. On n’est pas forcé de comprendre rationnellement, il existe une autre compréhension qui est celle que sollicite ou permet la littérature.

Alors écrivez-vous pour dénoncer le monde ou pour l’embellir ?

Dénoncer, mais pas forcément pour détruire. En essayant de suggérer les voies d’un monde meilleur. Par exemple, au début du roman, Lise s’en prend à la mère de Cyrus, Parysatis, dont elle dit qu’elle est aussi la sienne, tout cela est très fantasmé. Ensuite, elle se réconcilie avec la mère qui devient une fragile apparition et qui soulève en Lise un émoi profond. Lise suit un chemin de perfection. S’améliorant elle-même, elle va davantage séduire ce frère bifront, tantôt Cyrus tantôt Louis, elle se met en situation de l’attendre, l’écriture semble travailler à ce que tous deux puissent se rencontrer, s’aimer et se comprendre. Je ne sais pas si l’homme et la femme vont se réconcilier à temps, mais je crois qu’une vraie compréhension l’un pour l’autre pourrait vraiment arranger les choses. Et ce qu’il y a d’atroce dans la domination masculine qui caractérise ce monde global capitaliste pourrait s’adoucir. Ce n’est pas une guerre des pouvoirs. Lise n’a pas envie de devenir puissante. Elle est pacificatrice et sa puissance est tout intérieure.

Alors que l’homme a besoin de cette puissance extérieure ?

Peut-être. Mais il est fragile, aussi. Et quand Lise le sent fragile, elle l’aime. Le pouvoir trouve toujours un pouvoir plus fort. Il est voué à broyer mais à être broyé également. Et Lise essaie de trouver un chemin de survie qui ne passe pas forcément par la prise de pouvoir.

Plus par la faiblesse. Cette faiblesse taoïste par exemple, qui donne tant de force à la force qu’elle finit par s’effondrer d’elle-même.

Oui. C’est joli ce que vous dîtes. Mais la force va rendre également hommage à la faiblesse. Et la faiblesse va du coup relever la force, lui dire : j’ai besoin de toi, mais elle va également lui demander de reconnaître la force de sa faiblesse. Et à partir de là, il va y avoir un nouveau lien nuptial.

Du coup, il y a une vraie complémentarité. Pas d’égalité, ou plutôt d’égalitarisme, cet égalitarisme dont la démocratie aussi se targue. Mais pas non plus d’interpénétration qui ressemblerait à une sorte d’invasion. La femme ne doit pas envahir la sphère masculine en prétendant être un homme.

Non ! Et en même temps, Lise EST lui. Ils finissent par s’équivaloir, sans pour autant qu’il y ait à passer par le stade de l’égalité et de la non-différenciation.

Ils vont s’équivaloir dans la différence ?

Oui ! Ce serait une belle conclusion philosophique. Mais il faut une égalité sociale, une justice, pour que cette équivalence dont rêve Lise et lui advienne. Et l’on se rendra compte, alors, que Lise et Lui sont faits pour se réconcilier et s’épauler contre un ennemi commun. Cet ennemi insoupçonné est un troisième sexe auquel, pour son malheur, le masculin s’est identifié, un sexe virtuel et exterminateur qui a beaucoup de ressemblance avec le capital, un monstre que le patriarcat a nourri, que les fratries ennemies fortifient, que les intégrismes voient grandir et prospérer et qui nous anéantira tous, hommes et femmes, mettant fin à la guerre des sexes qu’il a excitée, mais aussi à toute vie humaine sur terre. Louis Langlois a parfaitement perçu l’existence de ce monstre, c’est contre lui qu’il livre le combat du chapitre « Une nuit de Louis ». Lise confond presque toujours ce monstre avec son double masculin parce que ce dernier, surtout lorsqu’il s’identifie à Cyrus, lui ressemble beaucoup. Vous voyez, c’est dans l’écriture que nous avons découvert ce troisième sexe, pas dans la pensée éveillée ! C’est la découverte de Lise et Lui. Pas la mienne.

Michèle Ramond à la radio !

« Traverse! »
Une émission de Françoise Objois

Ma petite invitation sur le bord de la rivière…
Le samedi de 13h à 14h sur le 106.6 de Radio Campus Lille
ou sur http://www.campuslille.com> (archivage des émissions sur 8 semaines)
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samedi 21 juin 2008
sur le 106.6 de Radio Campus à 13h.

Au menu cette semaine : Littérature et artisanat d’art

Michèle Ramond – est écrivain et professeur émérite de l’Université Paris 8. Elle a écrit de nombreux ouvrages et articles sur Federico García Lorca et sur les littératures de langue espagnole ainsi que des œuvres de fiction. Elle vient de publier aux éditions “Des femmes” Lise et lui, une tragédie lyrique et mystérieuse qui téléscope dans une écriture luxuriante, temps et histoire.
http://www.desfemmes.fr/ecrits/fictions/ramond_lise.htm

Juan Rieusech – crée des bijoux qui, comme des œuvres d’art, sont uniques. Il expose aussi bien à Tokyo qu’à Barcelone, mais on peut aussi le découvrir chez Original, à Lille.
http://www.juanriusech.com/

Evelyne Vallois – présidente de l’association “Esquelbecq – Village du Livre” à propos de la seconde édition de la Nuit du Livre, parrainée par Jacques Duquesne et Annie Degroote, qui aura lieu à Esquelbecq le samedi 5 juillet.
http://esquelbook.wordpress.com/

A samedi !

Article de fond sur « Lise et lui » (par Jocelyne Sauvard, sur Sitartmag)

35.jpgLise et lui, Lise et l’eau

J’ai lu Lise et lui au matin avec l’odeur d’herbe qui montait du jardin et bientôt les premiers chuchotements des oiseaux, l’air qui flotte avec une vague rumeur venue de la ville, vite rompue par le trille du merle.
Les mots de Michèle Ramond planent le long des voiles blanc des rideaux, descendent vers les livres, les cahiers, les ordinateurs et la tasse de café. L’eau restée dans un verre et dans une carafe à demi pleine qui fait entrer un peu de transparence fluide dans la pièce.
L’eau c’est bien ce qu’il fallait à cette lecture, Lise et lui ruisselle tout du long, l’eau sourd, elle paresse avec le fleuve qui passe sous la fenêtre. « Lise écrit. Dans une encoignure de la cuisine, assise près du fourneau sur une chaise dépaillée, creuse avec ses doigts ses rides, sur une chaise haussée par des parpaings. Elle reste là trois jours sans bouger sous la fenêtre d’où elle aperçoit quand elle lève un peu la tête, de l’autre côté du fleuve, une ville riche et grande… ». C’est l’incipit du livre de Michèle Ramond, roman, récit, évocations poétiques sous-tendues par la force de la femme aux voiles noires qui amenée par Lise « qui écrit » écrit aussi, des lettres au satrape. Force de la proscrite, Antigone laissée pour compte, même si ce n’est à Thèbes que l’histoire se déroule, Antigone est partout. Celle-ci qui n’est pas aimée par sa mère et l’appelle en vain, se rappelle ses frères, et sa rage. Sa force et sa colère condensées dans ses voiles noirs, dans l’encre noire, dans la cartouche d’encre qui cependant écrit ce livre, Lise et lui. Et bientôt, à la séquence suivante, les hommes font irruption, marins, pêcheurs avec des moustaches, des épaules larges, des propos d’hommes, tout simplement, et des phrases sur le commerce. Plus loin d’autres encore qui nous ramènent ici dans notre siècle mais non pas maintenant. On a oublié l’Antiquité, ou on a essayé de l’oublier, mais dans le texte de Michèle Ramond, elle persiste, elle a la peau dure, l’Antiquité, elle est là encore quand les hommes parlent de provisions et de débarquement, de ravitaillement, de victuailles et de sexe, pudiquement puisque la femme est enceinte, qui cuisine le calamar à l’encre «comme personne ». On a oublié l’Antiquité ? Mais non, elle est là et pendant ce temps l’eau saline. Ce sel qu’elle donne un instant dessine la Grèce, du côté de ses îles des Cyclades, quand elles sont vidées des touristes braillards, mais aussi tout près des petites îles du Péloponèse. Je suis en Grèce et pourtant je suis avec le livre dans la passe de Crowes, sur le bâtiment léger, et les hommes disent « Honneur à la navy » et « ils sont au poil les Anglais » en croisant des navires qui avaient sillonné les sept mers.

La mer, l’Espagne, la Perse
Dans le même temps, c’est l’Espagne qui se découvre dans l’écriture et le Midi car les voix, le phrasé, les termes militaires me sont familiers mais les victuailles, la calamar, l’omelette espagnole, qu’ils portent au-dessus de leur tête pour ne pas les mouiller me transportent à Rosas. La plage, l’eau qui s’éloigne découvrant le sable et la ville antique, et ce calamar (et l’encre du livre) me fait descendre à Tarragone et sa muraille cyclopéenne, rongée par la mer, et je me rappelle que Michèle Ramond se consacre à l’œuvre du grand poète Federico d’Andalousie, Garcia Lorca du Guadalquivir et de Grenade, le poète assassiné par les franquistes, fusillé par la garde civile, et qu’elle suit de livre en livre le Théâtre impossible de Garcia Lorca et lui dédie bien d’autres essais, et tant d’autres années de réflexion et d’enseignement, puisqu’elle Professeur des Universités, à la Sorbonne, et qu’elle dirige des séminaires Traverses, Gradiva, Féminin masculin dans les lettres et les arts à l’Institut des Etudes ibériques et y accueille les textes et les auteurs venus d’Espagne, alors cette mer c’était peut-être du côté de Cadix ?

Et cette cuisine où Lise écrit toujours en nous faisant voyager avec son héroïne bafouée, réprouvée, sauvage, mais résistante comme une lame quoiqu’elle en dise, pourrait faire face à celle de la Maison de Bernarda où l’amour se conjugue avec le sang.

Lise écrit toujours et la lecture saline aussi comme l’eau, les embruns viennent sur la page. Et ce n’est que vérité puisque l’eau encore est là dans le ventre de celle qui porte « le fils bien aimé, pour ouvrir les lèvres dociles et bénéfiques, introduire dans le mucilage un nouveau prince (…) qui dans neuf mois s’agiterait, tarauderait, demanderait l’heure… » Et Lise écrit encore. « N’oublie pas que tu n’es pas la mère seulement de mes frères, écrit son héroïne aux voiles noirs, que moi aussi j’ai été enterrée, sans luxe et sans épiphanie , neuf mois dans ton ventre… » Mais dans ce ventre il y avait l’eau où se baignait alors la petite recluse, et la mère Parysatis, l’épouse de Darius, qui protégeait son fils favori Cyrus, et pas sa fille, nous fait naviguer en fait à travers ces pages qui évoquaient aussi le bassin méditerranéen, en Perse. Et naviguer aussi dans la détresse de la fille laissée pour compte (ou conte ?).

Flux et reflux sur les pages d’Asie
Mais Lise écrit toujours et réclame cette fois l’arrêt des guerres et tempête, par la bouche de Louis Langlois l’homme qu’on a laissé quelques séquences plus haut dans la barque avec le festin, contre « L’Etat libéral bourgeois qui nous asservit et nous gouverne. »
Lise pense maintenant et nous emmène du côté de l’Alexandrie et de Lawrence Durell et des Egyptiennes, libres alors dès 1923. Cela n’est pas dit, il faut lire entre les blancs. Je reconstitue donc mon histoire, ma mémoire littéraire, les correspondances : ce qui est la meilleure façon de lire.
Puis Lise ébauche sur la page Pondichéry. « Jamais ils n’avaient oublié Pondy et cela se voyait dans leurs manières… » Les mots dessinent les rues étroites, les bâtiments blancs, la poste, la boulangerie et la plage plus loin avec les paillotes et encore l’eau : « Mais voilà qu’une averse dense, comme de mousson aggravait encore la vision de la route au milieu des rizières et des cocotiers. » Et cette eau là qui coule me fait voyager par la femme du Gange et S. Thala, et la pierre Blanche, et India song, l’univers de Marguerite Duras même si ce n’est pas nommé, et me restitue Vinh Long et Saïgon, Vung Tau et mon Mékong, mes images, tandis que le crocodile plus loin m’entraîne dans les fabuleuses Histoires comme ça de Rudyard Kipling. Lise lit maintenant et sa lecture fait surgir l’île de Dong, et la femme. « Verte dans les jours gris, cachée jusqu’aux hanches dans les bambous de 15 pieds pour que les soldats ne la voient pas ; le fleuve était bordée d’une espèce inconnu d’aloès… » J’ai le droit de vagabonder, j’en profite. Place à l’imaginaire, comme au cinéma, sinon on s’ennuie. C’est pour cette raison aussi que les livres qui vous intiment de suivre la flèche, comme les illustrations qui ne vous laissent aucun interstice où rêver, si simplifiés qu’ils en deviennent de pauvres guides hâtivement faits et vite oubliés, vous empêchent de lire, et même de devenir lectrice ou lecteur.
Michelle Ramond ne balise pas la lecture et son livre reste longtemps à faire naître images, saveurs et pensées, vous marchez, vous êtes ailleurs et soudain, une feuille, un ciel, la Seine, le vent, un nuage, une fontaine vous rapportent ses pages de belle écriture…

Jocel
yne Sauvard
(juin 2008)
6-7juin 2008

Journées de la Sorbonne, coordonnées par Michèle Ramon.
Taverse-Gradiva, Féminin masculin dans les lettres et l’art : Institut des Etudes ibériques
31 rue Gay-Lussac 75005 Paris

Traverses / Gradiva (Colloque organisé par Michèle Ramond) avec Chantal Chawaf, Catherine Weinzaepflen, Jocelyne Sauvard…

TRAVERSES / GRADIVA (Université Paris 8)
Journées des 6-7 juin 2008

Institut d’Études Ibériques et Ibéro-américaines
31 rue Gay-Lussac
75005 Paris
Salle Delpy
Féminin / Masculin dans la pensée, la littérature et les arts

AVANT-PROGRAMME

Vendredi 6 juin

Matin

9h – 9h30 : Accueil
9h30 : Annick Allaigre, Traduire « Heraclés » : du sens d’un détour par
l’hypermasculinité
10h : Javier Termenón, El cuento infantil : análisis y propuestas
10h30 : Présentation par Javier Termenón de « L’amour de toutes les
couleurs »
10h45 : Catherine Flepp, Perlimplín, où es-tu, qui es-tu ?

11h15 : Débat et pause

11h45 : Aurélia Jarry, Du poète à la poésie : Leonardo à la rencontre
de Sila dans «La Reina de las Nieves » de Carmen Martín Gaite
12h15 : Catherine Pélage, Féminin/Masculin dans « El cuarto mundo » de
Diamela Eltit 12h45 : Débat

13h : Buffet offert sur place
Après-midi

14h30 : Chantal Chawaf, L’Évangile selon Saint Jean : une clef pour le
tout-masculin
15h : Angela Biancofiore et Irina Possamai, Présentation de « Corpi
Radianti/Corps rayonnants »
15h30 : Delphine Sangu, Catalina de Erauso et les rapports
féminin/masculin dans l’Espagne du Siècle d’Or

16h: Débat et pause

16h30 : Julien Roger lit Gabriel Conti
16h45 :María José Bruña, « Colas de cometas » : la parte femenina de
la Generación del 27
17h15 : Enrique Fernández, Le genre à l’épreuve de la représentation
dramatique, avec la participation de Marie Sierra et Alix Touzet du
Vigier
18h : Lydie Royer, La conception du personnage féminin : Mariana, la
femme-juge de « No acosen al asesino » de J.M. Guelbenzú

18h30 : Débat général et clôture de la première journée

19h : Départ pour La grenouille bleue, 48 rue Balard, repas offert

Samedi 7 juin

Matin

9h : Michael Restier, Une autre vision de la politique : le vote au
féminin
9h30 : Nadia Mékouar, Le voyage de Pénélope
10h : Béatrice Rodriguez, Père et mère en deuil chez Carmen Conde

10h30 : Débat et pause

11h : Teresa Keane Greimas, « Simparidades » : Ana Rossetti, José
Duarte et le pas de deux
11h30 : Jocelyne Sauvard, Et si c’était le bonheur ?
12h : Marc Salvan-Guillotin, La folie et ses représentations du Moyen
Âge à la fin du XVIe siècle

12h30 : Débat

13h : Buffet offert sur place

Après-midi

14h30 : Récital de Naaman Sluchin, violon, présenté par Michael Restier

15h15 : Lectures poétiques

Lola Martínez Ojeda (Granada)
Jeanne Hyvrard (Paris)
Luisa Ballesteros (Paris)
Catherine Weinzaepflen (Paris)
Laurine Rousselet (Paris-Toulouse)
Clémentine Lucien (Paris)
Fátima Rodríguez (Toulouse)
Noel Blanco (Santiago de Compostela)

16h30 : Michèle Ramond, Le troisième sexe
17h : Francis Martinez, Là où je glisse
17h30 : Débat

18h : Fin de fête, Tango (féminin/masculin), une performance d’Aurélia
Jarry et de Thomas Poucet

« Un Livre, Un Café » : Michèle Ramond dédicace à la Rhumerie (25.05.08)

DIMANCHE 25 MAI de 16 H 30 à 18 H 30

Evénement initié par Edith Lecoq
edith.lecoq@paris.fr ou 06 86 81 49 70

L’événement « Un Livre, Un Café »

I- Le concept : 22 Cafés accueillent 26 auteurs

Depuis 2006, la Mairie du 6e arrondissement organise, en mai, l’événement « Un Livre, Un Café » permettant à des auteurs de dédicacer leurs ouvrages dans de nombreux Cafés du Boulevard Saint-Germain.
Le Dimanche 25 mai de 16 h 30 à 18 h 30, grâce à l’association Le Faubourg Saint-Germain, le 7e arrondissement rejoint le 6e arrondissement pour la troisième édition de cette fête du livre en partenariat avec le Comité Saint-Germain-des-Prés et la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris.

Depuis toujours, Saint-Germain-des-Prés et le Faubourg Saint-Germain sont le berceau de la littérature. Les multiples Maisons d’édition, les nombreuses librairies et les prix littéraires contribuent à maintenir cette tradition et à développer un dynamisme culturel apprécié par tous.

Ce dimanche là, tout au long du boulevard Saint-Germain et aux alentours, un auteur vous attend à la terrasse d’un Café.

Dédicaces d’un nouveau genre ! Rencontre détendue et conviviale de fin d’après-midi, instant de partage entre l’écrivain et ses lecteurs.
24 livres pour satisfaire ses envies de lire…

II- Le Comité de Parrainage :

Pierre Arditi,Régine Deforges,
René Guitton, Michael Sadler et Georges Wolinski

Tous font vivre Saint-Germain-des-Prés !

*****

III – Du métro Solférino au métro Sèvres-Babylone :

9 Cafés du 7e
au service de la littérature 11 Auteurs, 11 livres
8 Maisons d’Edition

Le Café, Brasserie Le Florès
80 rue de Grenelle
Jean-Pierre Pont, Patrick Kovarik, Arnaud Roiné
« Voyage à l’Elysée »
Télémaque

Le restaurant L’Auberge de Saint Germain
204 boulevard Saint-Germain
Antoine Bueno
« Le Triptyque de l’asphyxie »
Table Ronde

Pharmacie Pierre Taïeb
9 boulevard Raspail
Christine Richard
« Carla Bruni, qui est-elle vraiment ? »
Privé

Le Café de l’Abbaye
35 rue de Grenelle
Marie Binet
« Cuisine solo »
JC Lattès

Restaurant La Petite Chaise
36 rue de Grenelle
Pierre Vauconsant
« Le Café de mon père »
L’Harmattan

Café, Brasserie Le Saint-Germain
62 rue du Bac
Patrice Franceschi
« De l’esprit d’Aventure »
Arthaud

Mucha Café
227 boulevard Saint-Germain
Pierre Grosz
« Le chat raconté aux oiseaux »
Nathan

Hôtel Montalembert
3 rue Montalembert
Florence Belkacem
« Vous pouvez répéter la question ?»
L’Archipel

Académie Hôtel St-Germain
32 rue des Saints-Pères
Agnès Pierron
« Fin au Fauteuil »
L’Harmattan

La librairie Gallimard 15 boulevard Raspail 7e – 01 45 48 24 84

VI – Du métro Saint-Germain-des-Près au métro Odéon :

13 Cafés du 6e au service
de la littérature 15 Auteurs, 15 livres
9 Maisons d’Edition
Le Café de Flore
172 boulevard Saint-Germain Catherine Siguret
«Enfin nue. Confessions d’un nègre littéraire »
Intervista
La Brasserie Lipp
151 boulevard Saint-Germain Régine Deforges
« Deborah, la femme adultère »
Fayard
Claude Delay
«Giacometti, Alberto et Diego, l’histoire cachée »
Fayard
Le Café des Deux Magots
6 place Saint-Germain-des-Près
Dominique Barbéris
« Quelque chose à cacher »
Gallimard
Hôtel Bel Ami
7-11 rue Saint-Benoît Elisabeth Reynaud
« Meurtres au Couvent »
Ramsay
Le Bonaparte
42 rue Bonaparte Alessandra Bianchi
« Calcio, mon amour »
Florent Massot
Le Québec
45 rue Bonaparte Frédérick Tristan
« Le chaudron chinois »
Fayard
Le Bar La Peña Saint-Germain
3 passage de la Petite Boucherie Victoire Theismann
«A jeudi»
Le Manuscrit
La Rhumerie
166 boulevard Saint-Germain
Michèle Ramond
« Lise et lui »
Des femmes- Antoinette Fouque
Le Mabillon
164 boulevard Saint-Germain François d’Epenoux
« Les papas du dimanche»
Anne Carrière
La Brasserie Vagenende
142 boulevard Saint-Germain Dominique Chryssoulis
«La vie de Mathilde Sincy »
Le Manuscrit –www.manuscrit.com –
Le Relais Odéon
132 boulevard Saint-Germain Yvonne Baby
« Quinze hommes splendides »
Gallimard
Le Procope
13 rue de l’Ancienne Comédie André Arnold-Peltier
«Paris, d’une rive à l’autre »
Eve Grosset
« Chicorette et Radidou et la carotte arc-en-ciel »
Pippa
Le Café les Editeurs
4 carrefour de l’Odéon Nicoletta
« La maison d’en face »
Florent Massot

La librairie « La Hune » 170 boulevard Saint-Germain 6e – 01 45 48 35 85

*****

La communication

La communication est mise en place par les 22 Cafés, la Mairie du 6ème arrondissement, les 17 Maisons d’Edition et les librairies « La Hune » et « Gallimard » en partenariat avec le Comité Saint-Germain-des-Près, l’association Le Faubourg Saint-Germain, Monoprix et la Délégation de Paris de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris

Les rollers : Durant l’événement, des étudiants en rollers et vêtus de tee-shirt à l’effigie de « Un Livre, un Café » iront à la rencontre des promeneurs sur le Boulevard Saint-Germain pour les informer des lieux et des auteurs présents.
Les affiches et les dépliants: Dans les 22 Cafés, des affiches annonceront la venue des auteurs à l’avance. Des dépliants seront à la disposition du Public dans les hôtels, chez les commerçants et les libraires du quartier.

*****

Autour des 26 auteurs, Dimanche 25 mai en présence de Rachida Dati, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, Maire du 7e et de Jean-Pierre Lecoq, Maire du 6e :

Inauguration
L’inauguration de la troisième édition de la fête littéraire intitulée « Un Livre, Un Café » débutera à 15 h 45, Place du Québec dans le 6e dans la « Maison des Livres.
Clôture
La clôture se tiendra à 19 h 00 à la pharmacie Taïeb, 9 boulevard Raspail dans le 7e

Lise et lui, de Michèle Ramond (haute littérature)

Présentation par l’auteur de Lise et lui (des femmes-Antoinette Fouque, 2008)
de Michèle Ramond

04295a88a25b6ea0bf3d35107e8c2e03.jpg Dans ce livre qui est un peu un roman, un peu aussi une fable, avec sa morale, une morale incertaine, comme nos lectures de l’enfance, je m’adresse au lecteur de façon très pressante. Ce n’est peut-être pas évident, du moins au début, dans le premier chapitre, « Lise écrit »,
parce que mes personnages ont des noms mythologiques, Cyrus, Parysatis, et que j’utilise des souvenirs d’anciennes lectures que mon projet ravivait, Hérodote, Euripide… Mais il ne faut pas que ces noms incantatoires détournent le lecteur de mon livre, ils nous emmènent dans un ailleurs où les malheurs d’aujourd’hui sont rendus, par déplacement, bien discernables car ils remontent à la nuit des temps.

Toujours les femmes et les enfants sont les laissés pour compte d’une société guerrière et misogyne, celle-la même que dénonce Antoinette Fouque dans ses écrits et dans ses interventions et contre laquelle nous sommes nombreux à nous révolter. Ces noms exotiques où tous les temps historiques se mélangent contribuent aussi à créer un effet de flou et de diatribe et parfois aussi d’extase, tout cela se combine avec la « folie » d’écrire de Lise, mon héroïne avec qui je suis sûre de m’identifier, même si rien n’est prémédité. Les chapitres plus
contemporains et plus réalistes (« Louis ce héros » ou « Une nuit de Louis ») sont l’autre face du livre, sa face masculine mais également bonne et généreuse. Ainsi il y a l’écriture sous influence de Louis et l’écriture sous influence de Lise, c’est une écriture androgyne toute concentrée sur des valeurs humaines et qui tente un combat désespéré contre les forces obscures d’un monde masculin au sens meurtrier de ce terme, un masculin qui a expulsé le féminin de lui. Cependant Lise et lui n’est pas un texte idéologique, il s’agit bien d’une fiction
poétique et aussi un peu romanesque, même si cette fiction a aussi une éthique. On ne sait pas trop (moi non plus) quelle est la relation de Lise et de Louis, parfois le texte laisserait supposer qu’ils ont un lien de parenté, mais ce peut être une parenté toute symbolique, la parenté de l’homme et de la femme, tous deux issus de la même argile. Je suis Lise, et Louis Langlois est l’homme selon mes vœux, il est donc moi aussi d’une certaine façon. D’où, sans doute, l’humour mitigé de tendresse que je ressens de plus en plus au fil de mes multiples
relectures de ce lien à la fois fraternel et érotique qui reste, pour moi aussi, très mystérieux. Si Louis est l’homme bon dont l’action de résistance et la pensée révolutionnaire, vaguement marxiste, devraient épauler la révolte de Lise, la comprendre et la compléter, il y a dans
le livre une autre figure masculine, celle du tyran ancien et moderne, toujours le même finalement à travers les époques, qui conduit le monde, de façon de plus en plus visible et irréparable, à sa perte.

C’est lui qui porte le nom de Cyrus dans le premier chapitre, à qui s’adressent les lettres d’invectives et de supplication de Lise. Il y aurait donc, face à Lise qui représente la femme, son idéal de justice et de paix mais aussi son impuissance, ses blocages et sa folie, deux figures masculines, la bonne (Louis Langlois, le résistant, le prolétaire combattant et utopiste) et la mauvaise emblématisée par le tyran Cyrus. Et Lise navigue entre ces deux figures sans jamais les faire coïncider mais sans jamais parvenir vraiment à les disjoindre, d’où la grande ambivalence de tout le texte qui supporte le grand malaise des femmes dans la société actuelle, même dans les pays dits développés et démocratiques. La visibilité de Louis est brouillée par la trop grande puissance du tyran auquel nous pourrions donner beaucoup de noms. Cyrus c’est la domination masculine, le capital, le goût du pouvoir, l’appât immodéré du gain, l’absence de scrupules, le patriarcat, le monde global, l’immoralisme étendu à toutes les pratiques même à l’intervention humanitaire et au droit d’ingérence qui renoue avec les vieilles pratiques coloniales, la misogynie même chez les femmes, tellement le modèle masculin du pouvoir est prégnant pour tous. Finalement nous pouvons dire que Lise et Louis se battent contre le même monstre, peut-être sans le savoir, et sans que le texte non plus le sache. Chacun se bat avec ses armes propres, lui avec les idéaux de la vieille lutte ouvrière, avec ses discours enflammés et ses actions de résistance, elle avec ses écritures lyriques et ses diatribes, avec ses rêves et ses métamorphoses nocturnes, avec son culte des ancêtres. Cependant ils ne se rencontrent jamais, c’est une des énigmes de ce texte mystérieux. Pourquoi puisqu’ils semblent s’aimer ? Le fait est qu’ils alternent dans le livre bâti selon ce rythme à deux temps, Lise ET lui. La rencontre est tragiquement éludée, empêchée, probablement à cause de l’effet nocif, sur eux deux, du tyran. Le tyran est toujours cet ordre mondial meurtrier, incarné et promu par des hommes qui ne sont pas les alliés fraternels et amoureux de la femme mais des fratries guerrières et nocives qui viendront bientôt à bout de toutes les ressources de la terre et de ses habitants, de toute la matière humaine et vivante que nous voudrions tant honorer et protéger. Et pourtant. Il y aurait bien pourtant, si nous lisons le texte de près, une rencontre, son désir ou son ébauche, dans le dernier chapitre du livre « Lise la prose » où Lise devenue la métaphore de la prose absorbe en elle son héros, fait sien l’écrivain combattant où l’on reconnaîtra certainement Louis Langlois. Ce dernier chapitre, de tonalité mixte, est le seul à faire fonctionner ensemble, dans une même coulée textuelle, Lise et son double masculin héroïque.

Certes cet épilogue est tout en suggestions, rien n’y est formulé de façon directe, tout est voilé et secret, mais on devine malgré tout qu’un changement a eu lieu dans le propos initial du livre et qu’une rencontre est projetée, pour plus tard, si le monde le permet. Le permettra-t-il ? On ose l’espérer.

Michèle Ramond, sa féconde rencontre avec Antoinette Fouque

Texte recopié du catalogue des trente ans des Editions Des femmes :
mr1.jpgMichèle Ramond
La rencontre avec Antoinette Fouque et les Editions Des femmes fut un grand moment de ma vie. Si j’en prends rétrospectivement la mesure je dirai que ce fut un événement et je ne saurais le définir sans avoir recours à des termes qui fassent intervenir la notion d’Histoire. Il s’est agi pour moi en effet d’un choc historique qui s’est propagé en ondes successives, me sortant peu à peu d’un état d’absence au monde dont je n’avais même pas conscience. Faire entrer l’Histoire dans sa vie n’est pas forcément un mouvement naturel et spontané si les circonstances ne l’exigent pas de la façon la plus pressante. Mais si l’on est appelé à regarder autour de soi, les circonstances l’exigent toujours. (…)Par ses entretiens vivifiants et l’exemple d’une activité sans relâche dans les domaines de la pensée analytique et de l’action politique et sociale, Antoinette Fouque, entourée du collectif Des femmes, a sorti le regard de son inertie oculaire. J’entrevis, parce qu’elles devenaient subitement accessibles, les sphères où s’élaborait la pensée de mon époque, où les idéologies mûrissaient et se confrontaient, où les actions utiles au progrès social se décidaient, puis se préparaient avant de se manifester en plein jour et d’inspirer des lois qui se voteraient au Parlement, qui entraîneraient des changements de société, des mutations dfans la pensée, dans l’imaginaire et dans la langue. Sans doute suis-je devenue à partir de là plus consciente du monde qui m’entoure, et que pour une très mince part je constitue, de ce monde beaucoup plus fragile et périlleux qu’on ne pourrait le croire en restant à l’abri de sa « maison » et de ses fantasmes. (…) Aujourd’hui où tant de guerres de poursuivent et se rallument nous sommes aussi menacés par la guerre des générations et la guerre des sexes. Tout projet de transmission risque alors d’être anéanti. Puissent les Editions Des femmes continuer encore longtemps à transmettre le désir de perpétuer l’héritage, fait d’attentes, de projets et d’espérances, des femmes et des hommes de cette terre. Et puissé-je disposer encore d’un peu de temps pour faire oeuvre, même modeste, de leur don.
M.R.