PROGRAMME POESIE / THEATRE

Hello ! En cette fin de semaine qui s’annonce clémente et que je vous espère sereine, je profite de ce beau soleil pour vous en évoquer d’autres, féminins, aussi lugubres que troublants – d’essence magnétique.

D’abord, celui que porte en elle Patrizia Cavalli, poétesse italienne, romaine d’adoption depuis 1968, très en vogue, récompensée en 2006 par le Prix international de poésie Pier Paolo Pasolini. « Dans la langue poétique de Patrizia Cavalli, hymne et élégie s’identifient et se confondent sans restes (ou, peut-être, le seul reste est le moi du poète). La célébration se liquéfie en lamentation et la lamentation devient immédiatement hymnaire. C’est-à-dire que le Dieu de ce poète est tellement et exhaustivement présent qu’il ne peut être que regret ; la laude, ouvertement franciscaine, des créatures est parcourue en contre-fugue par un intime, sombre grommellement, elle est ce grommellement : miserere et osanna. » Giorgio Agamben [Rome, décembre 2006] in Patrizia Cavalli, Mes poèmes ne changeront pas le monde, id., préface, p. 12. édition bilingue, des femmes-Antoinette Fouque, 2007, pp. 122, 123. Traduit de l’italien par Danièle Faugeras et Pascale Janot. Une exceptionnelle soirée de lecture avec Patrizia Cavalli herself aura lieu le 27 juin dès 20 heures, grâce à la générosité et à la fidèle amitié dont nous honore l’Institut Culturel Italien, 50 rue de Varenne – Paris 7°. Un cadre splendide. Me contacter pour des précisions si vous souhaitez y assister (nombre de places limité)

Et si votre engouement pour le théâtre est supérieur à celui que vous expérimentez pour la poésie, vous risquez d’être tentés par la découverte d’une merveille méconnue, « La cape magique » de Lou Andréas-Salomé. Miracle de fantaisie, cette courte pièce-bijou est traduite et préfacée par Stéphane Michaud, le plus grand spécialiste de Salomé. Assoiffée d’absolu rendue célèbre pour avoir été la proche amie de Nietzsche, Rilke et Freud, toute la vie de cette figure essentielle à la bonne intelligence de la destinée et de l’oeuvre de ces trois penseurs majeurs est un élan ardent vers les cimes de l’esprit et de l’âme – une forme de liberté – la sublimation de la libido par la création. C’est tout le thème de « La cape magique ».

N’hésitez pas à vous manifester pour recevoir ce recueil de poésie ou cette pièce de théâtre Des femmes.

Sincèrement vôtre

« Mes poèmes ne changeront pas le monde » de Patrizia Cavalli

Poésie
Patrizia Cavalli
Édition bilingue. Traduit de l’italien par Danièle Faugeras et Pascale Janot.

Office 05/04/2007

Poésie rassemble trois recueils, Mes poèmes ne changeront pas le monde (Le mie posie non cambieranno il mondo, 1974, dédié à Elsa Morante), Le Ciel (Il Cielo, 1981) et Le moi singulier qui est le mien (L’io singolare proprio moi, 2006). Ils sont tous les trois composés de très courts poèmes : des saynètes où la simplicité de l’écriture, où la futilité des thèmes ne sont qu’apparentes. Où l’expression subtile de sentiments, de sensations opposent une réalité toujours trop étroite à l’aspiration au grandiose. Dans cette écriture intime, autobiographique, le lyrisme côtoie l’humour et la dérision. Les petites scènes de la vie quotidiennes, où l’écriture parvient à saisir ce qui échappe, se mêlent aux fragments introspectifs, de la femme ou de l’écrivain. Dans une condensation qui rappelle l’art de l’aphorisme, les poèmes de Patrizia Cavalli « font mouche » : quelques mots, quelques lignes suffisent à faire surgir une vision du monde très singulière.

« Ce poète désenchanté et presque préhistorique, maître hors pair du vers et de la rime intérieure (…) est parvenu à retrouver l’unité de parole et de forme de vie que les Anciens appelaient « muse » et a écrit la poésie la plus intensément « éthique » de la littérature italienne du vingtième siècle. »
Giorgio Agamben

« Quelquefois un silence peut être
l’apparence que prennent de plus vastes pensées
lesquelles ne peuvent s’ouvrir
à la cadence d’une voix quotidienne.
Mais ce n’est pas ton cas
ma chère : dans ton cas c’est seulement
un total manque de joie. »

« Je me souviens très peu de moi
moi qui à moi toujours ai pensé.
Je me disparais comme l’objet
trop longuement regardé.
Je reviendrai dire
ma lumineuse disparition. »

Patrizia Cavalli, née en Ombrie en 1947, vit à Rome depuis 1968. Traductrice de théâtre (Shakespeare et Molière, notamment), elle a une œuvre poétique importante, qui éveille en Italie un intérêt grandissant. Sempre apero teatro (1999), Toujours ouvert Théâtre, a été traduit en français par René de Cecatty et publié aux éditions Rivages en 2002.