Sophie Marinopoulos revient ! le jeudi 17 décembre à 18h30, 35 rue Jacob 75006

MARINOPOULO_OpalJF_25021_04.jpgA 18 h 30, jeudi 17 décembre 2009, Sophie Marinopoulos revient à l’Espace des Femmes-Antoinette Fouque 35 rue Jacob 75006 Paris, vous présenter son nouveau livre sur l’enfance. Venez nombreux !

Dites-moi à quoi il joue

Je vous dirai comment il va  

VOTRE ENFANT DE LA NAISSANCE À SEPT ANS

Consulter les articles et très nombreuses interviews sur cet essai dans LIBERATION, ELLE, DOSSIER FAMILIAL, PSYCHO ENFANTS) (liens inclus sur les titres)

L’auteur a créé pour vous le ludomètre, qui permet de comprendre et de prendre soin de l’équilibre et de l’évolution psychologiques et émotionnels de votre enfant. Comment ? En le regardant jouer.

Jouer avec sa bouche à 4 mois pour devenir curieux ; jouer à cacher-coucou à 12 mois pour apprendre à se séparer ; jouer à transgresser à 2 ans pour comprendre les limites ; jouer à cache-cache à 3 ans pour dépasser la peur de perdre l’autre ; jouer à se déguiser à 4 ans pour affirmer sa personnalité ; jouer à « faire semblant » à 5 ans pour stimuler son imaginaire ; jouer à créer des histoires à 6 ans pour développer son langage indispensable à l’équilibre relationnel et jouer à des jeux de société à 7 ans pour se confronter à soi et aux autres…

ditesmoi.jpgC’est en jouant que le bébé, l’enfant, se construit et jette les bases de sa sécurité intérieure, équilibre sa vie affective, affirme sa personnalité. Il en gardera le plaisir de découvrir qui lui sera si utile dans sa vie d’écolier puis d’adulte.

Sophie Marinopoulos est psychologue, psychanalyste. Elle est engagée pour la reconnaissance de la santé psychique. Dirige le service de Prévention et de Promotion de la Santé psychique (PPSP) à Nantes et de son lieu d’accueil parents-enfants « Les Pâtes au beurre ». Elle a écrit de nombreux ouvrages dont Dans l’intime des mères, Fayard, 2006, Le corps bavard, Fayard, 2007, 9 mois et caetera avec I. Nisand, Fayard, 2008.

ISBN 978-2-918597-00-1

DÉP. LÉG. : SEPT. 2009
17,90 e TTC France

Dorothée Blancheton dans Psycho Enfants (novembre-décembre) écrit « Je joue donc je suis » – Entretien avec Sophie Marinopoulos

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Au-delà des plaisirs qu’ils procurent, les jeux en disent beaucoup sur l’équilibre psychique et psycho-affectif de nos enfants. Dans son nouveau livre

Dites-moi à quoi il joue. Je vous dirai comment ll va, Sophie Marinopoulos, psychologue, léve le voile sur le pouvoir qu’ils possèdent.

Entretien. Par Dorothée Blancheton 

PsychoEnfants : Pourquoi avoir écrit un livre sur le jeu ?

Sophie Marinopoulos : Parce que les jeux en disent long sur la santé psychique de nos enfants. Quand un enfant a de la fièvre, nous savons que quelque chose d’anormal se passe et nous allons consulter. La santé psychique, elle, n’a pas de visualisation. Cependant, en analysant la manière dont un enfant joue, il est possible d’établir des repères pour savoir ce qui se passe dans sa tête s’il se sent bien avec lui-même, s il a une estime de lm suffisante, si le rythme du quotidien lui convient.

PE. : De manière générale, qu’apportent les jeux à nos enfants ?

S. M. : Ils les aident à gagner en autonomie.

PE. : Est-ce aussi vrai pour le bebé ?

S. M. : Tout à fait. Dès la naissance, le bebe joue avec sa bouche pour decouvrir le monde et s’autonomiser. Le jeu lui donne la possibilité de sans faire sa curiosité. Le bebe fait ainsi ses premières expériences par lui-même. Cette découverte est possible par l’espace que ses parents lui laissent. 

PE. : Dans votre ouvrage, vous créez un ludomètre, De quoi s’agit-il ?

S. M. : II s agit d’un outil qui permet aux parents d’être plus attentifs à l’évolution psychique de leur enfant. A travers le ludometre, j’explique ainsi que pour grandir, un enfant doit passer par des stades de croissance mesurables par le jeu. Ces stades sont un peu nouveaux par rapport a ceux de la psychanalyse qui sont le stade oral de O a I an, le stade anal de I à 3 ans, le stade phallique de 3 a 5 ans Ici, les phases se succèdent et se superposent. 

PE. : Qu’est-ce que les enfants découvrent à travers ces stades ?

S. M. : De O a 8 mois l’enfant s’éveille essentiellement par la stimulation sensorielle les sons, les odeurs, le toucher, les paroles le nourrissent. Les tapis d’éveil, hochets, boîtes à musique sont donc à privilégier. II est aussi possible de fabriquer soi-même des jouets en faisant contraster les matières, les couleurs. De 8 a 20 mois, c’est la motricité qui prime L’enfant s’éloigne peu a peu du corps de ses parents pour explorer le monde qui l’entoure. Les cartes a tirer, les livres d’images ont du succès a cet âge. II faut opter pour des jeux avec une qualite de compréhension. L’enfant sera fier de pouvoir tenir son jouet tout seul.

PE. : Et au-delà de 20 mois ?

S. M. : De 20 mois a 3 ans, les enjeux affectifs sont plus compliqués. L’enfant se sent plus fort. II casse, crie, court et devient bruyant. Preuve évidente qu’il grandit. Les parents ont alors un rôle une fonction interdictrice à tenir. Ce qui, bien entendu, est épuisant puisque l’enfant désobéit. Celui-ci est encore trop petit pour intérioriser chaque règle, chaque non, chaque interdit. A cet âge, il a besoin de jouets solides, de pâte a modeler, de jeux d’eau. Les sorties au parc sont également importantes, elles canalisent son energie. Vers 4 5 ans, l’enfant devient plus calme. Il se construit des reperes et intègre davantage les interdits. Il aime ses jouets et veut les garder pour lui. Durant cette période, il découvre qu’il est un enfant sexué et comprend qu’il existe des jouets pour les garçons et des jouets pour les filles. C’est le début du triangle oedipien. Les petits garçons ont besoin de jouer avec leurs petites voitures et leurs circuits et les petites filles avec leurs poupées.  

PE. : Et pour les 5-6 ans ?

S. M. : Place au relationnel, aux invitations d’anniversaire, aux amitiés On joue à faire comme si, à faire semblant. On opte pour la dînette, les déguisements, la marchande. Au delà de 6 ans, les sports sont conseillés, ainsi que les soirées pyjama l’enfant peut commencer à dormir à l’extérieur de la maison. Cette période est aussi celle du savoir et des activités qui vont avec maquette, jeux de societe, labo de chimiste. Attention toutefois à ne pas cristalliser d’attente narcissique sur l’enfant, à ne pas trop exiger de lui. Il doit aussi grandir seul, à travers l’ennui et l’échec.

 PE. : Vous parlez du jeu du « cache-coucou » à partir de 12 mois. En quoi ce passe-temps est-il important ?

S. M. : Le « cache-coucou » a une fonction symbolique : Papa et maman se cachent derrière leurs mains pour reapparaître ensuite. Ce jeu permet à l’enfant de maîtriser son angoisse de la separation. Il lui donne l’impression de maitriser l’éloignement de ses parents et de mieux supporter leur distance. 

PE. : Les enfants jouent-ils toujours autant qu’autrefois ?Sophie Marinopoulos – LLL 1790 € 

S. M. : Ils joueraient autant si on leur laissait plus d’espaces et moins d’éc
rans. Les écrans annulent
la créativite et la curiosité. Face aux écrans, on n’est plus dans la rencontre avec un autre.

À lire…

Quand s’inquiéter ? Quand votre bébé ne repond pas aux stimulations sensorielles. Quand votre enfant manifeste une peur

excessive face au monde qui l’entoure. Quand votre enfant n’évolue pas dans ses activites ludiques. Quand votre enfant manifeste de fortes désorganisations d’ordre corporel.

S. M. : Ils joueraient autant si on leur laissait plus d’espaces et moins d’écrans. Les écrans annulent la créativite et la curiosité. Face aux écrans, on n’est plus dans la rencontre avec un autre.

À lire…

Le Dossier familial de novembre 2009 se penche sur Sophie Marinopoulos…

ditesmoi.jpgA lire « Dites-moi à quoi il joue, je vous dirai comment il va ».

Pour la premiere fois, un psychanalyste apprend aux parents à mesurer l’équilibre psychologique de leur enfant en le regardant jouer. A cette fin, l’auteur a conçu un « ludomètre », courbe de croissance ludique qui donne des repères par tranche d’âge.

Sophie Marinopoulos, éditions Les Liens qui libèrent, 17,90 €

 

 

 

« Jouer, c’est grandir ! » – Patricia Gandin interviewe Sophie Marinopoulos dans Elle (25.09.09)

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Qu’est-ce qu’il y a de plus sérieux pour un petit enfant ? Les jeux auxquels il s’adonne. Avec eux, il calme ses angoisses et surtout se construit… C’est ce qu’expliqué la psychologue Sophie Marinopoulos dans un guide à l’usage des parents. Interview.

Vous pensez qu’un nouveau-né ne fait rien d’autre que manger et dormir ? Pas du tout, déjà, il joue. En donnant sa propre cadence aux pressions sur le sein ou la tétine, il tente des expériences au cours d’une activite dont il ne sait pas qu’elle est vitale mais qui le remplit de bien-être. Il les reproduira à d’autres moments, simulant la succion pour retrouver cette bonne sensation. Répéter une expérience, c’est en espérer du plaisir donc c’est jouer. « Et c’est ainsi qu’on bâtit sa vie psychique, à 3 jours, à 6 mois, à 6 ans. Par les jeux auxquels il se livre ou non, à un âge donné, l’enfant fournit donc des indications sur son équilibre psychologique, sur sa croissance », assure Sophie Marinopoulos. La psychologue a ainsi pu creer un ludomètre, guide à l’usage des parents qui constitue la trame de son ouvrage, concret, très argumenté (et agréablement coloré). « Dites-moi à quoi il joue, je vous dirai comment il va »

* Ou comment surveiller le bon developpement de l’enfant, de la naissance à 6 ans, et y participer en proposant des activites ludiques appropriées. Un accompagnement passionnant, puisqu’en jouant « l’enfant joue sa vie ».

ELLE. N’est-ce pas introduire une angoisse de plus dans la tête des parents que de les inciter à prendre très au sérieux les jeux de leurs enfants et à s’inquiéter s’ils ne jouent

pas au bon jeu au bon moment, et cela dès la naissance ?

SOPHIE MARINOPOULOS. Les âges indiqués pour tel ou tel jeu sont des repères. II ne s’agit pas de pousser l’enfant à brûler des étapes, mais de lui donner accès aux jeux qui l’aident à grandir. En faisant comprendre le lien entre l’activité ludique et la croissance psychologique, le ludomètre permet aux parents d’initier ces jeux, car ils sont des partenaires idéaux. Il fournit également une sorte de thermomètre de la santé psychique de l’enfant dont il est aussi naturel de se préoccuper que de la santé physique. Le bébé qui fait des bruits de bouche ou qui caresse une peluche élabore son identité corporelle par des perceptions sensorielles et se découvre ainsi différent de sa mère, une phase essentielle entre la naissance et 8 mois. A 3/4 ans, il a peur de jouer à cache-cache

 

 

? C’est qu’il ne sait pas se représenter ce qui a disparu. Plus tard, il aura du mal avec le calcul mental, qui demande à l’imagination des capacités d’abstraction. Il aime se déguiser à 4 ans ? Preuve qu’il n’a pas peur de changer de peau et qu’il a confiance en lui. A 6/7 ans, s’il refuse de jouer à des jeux de société, il est dans la fuite de la confrontation à l’autre et à lui-même. Le jeu correspond toujours à la nécessité de transformer des angoisses pour les vaincre.

 

ELLE Quelles angoisses ?

 

 

S.M Différentes selon l’âge et qui surgissent immanquablement quand on grandit, quand on découvre la vie. En jouant, on remplit son bagage affectif et émotionnel. Ce qui conduit à se sentir bien dans sa peau, à acquérir la certitude de pouvoir être aimé pour soi-même, à exprimer et à partager ses émotions, ses sentiments, à nouer des liens. Si un enfant ne joue pas, là il faut s’inquiéter c’est qu’il ne s’engage pas dans la vie.

ELLE. Comment le jeu transforme-t-il les angoisses ?

S.M Un exemple. A 12 mois et plus, le bébé adore lancer un jouet du haut de sa chaise et exige, par des cris et des mimiques, que le parent le ramasse. Et il recommence encore et encore. « C’est énervant, pourtant, avec la répétition du « jeter-ramasser », il maîtrise peu à peu quelque chose de troublant, de déplaisant pour lui la perte d’un objet qui lui est cher II choisit, délibérément, de s’en séparer et se rend compte qu’il peut le faire revenir, avec l’intervention d’un adulte. Plus tard, il testera ce jeu en allant chercher seul l’objet après avoir feint de l’avoir perdu. Ainsi met-il en scène l’expérience de la frustration. Il s’en souviendra quand, sa mère s’éloignant, il craindra de ne plus la revoir. Il se rassurera à la crèche ou à l’école maternelle, sachant distinguer la perte du manque. Le gain est énorme car au bout de ce jeu se trouve la liberté : l’enfant est libre puisqu’il porte sa propre sécurité intérieure.

ELLE Que se passe-t-il si l’on n’a pas eu acces à ce type d’activité ludique ?

S.M Bien des parents viennent nous consulter pour des problèmes d’endormissement de leur enfant de 4 ou 5 ans. Depuis la naissance, il pleure à l’heure du coucher, ses nuits sont agitées, les reveils répétés. Infernal. Rien de grave, pourtant. Il a peur de fermer les yeux car il craint de perdre ceux qu’il aime. Il aurait simplement fallu intervenir avant on ne laisserait pas une fièvre durer quatre ans ! En créant des temps de ]eux, qui auraient dû être expérimentés dans une précédente phase de croissance, les parents – ou un thérapeute, en quelques séances – aident l’enfant à sortir de ce mauvais pas. Donc à grandir, car grandir, c’est s’éloigner du parent. Tous les adultes n’ont pas forcément atteint cet objectif ! Chacun d’entre nous est porteur d’une capacite, plus ou moins grande, à se représenter l’absence. Or, notre autonomie, notre liberté et la liberté de ceux que nous aimons en dépendent.

ELLE. Vous affirmez que les jeux favorisent la réussite scolaire. Tous les jeux ?

S.M. Ils sont source de motivation et de curiosité pourvu que les parents, dans un mélange de proximité et de distance, laissent l’enfant, dès ses premiers jours, être l’acteur de ses découvertes. Pourvu qu’ils ne fassent pas tout à sa place, qu’ils ne le laissent pas gagner à tous les coups. La maîtrise des chemins du savoir s’inscrit dans la continuité de la maîtrise des émotions, du corps, de l’espace, des objets… La réussite est donc cachée derrière la capacité de l’enfant à supporter l’échec sans se sentir anéanti, à reprendre l’exploration ratée pour atteindre le but convoité. Des expérimentations que le jeu lui apporte dans le plaisir. L’enfant est u
n grand jouisseur : pour qu’il apprenne des
choses difficiles, n’oublions pas de lui laisser des moments de détente. Les parents qui se plaignent – « II ne pense qu’à jouer ! » – devraient se souvenir que le jeu n’est pas une perte de temps.

INTERVIEW DE PATRICIA GANDIN

RIEN DE GRAVE

 

 

 

• A 2 ans, un enfant n’est pas méchant s’il arrache la voiture rouge des mains de son copain alors qu’il a la même en bleue. « Ce n’est pas la voiture qu’il convoite mais le bonheur de celui qui la possède.

A cet âge, « être » et « avoir » sont équivalents. D’ailleurs, certains adultes perpétuent la confusion », sourit Sophie Marinopoulos.

• A 3 ans, l’enfant n’est pas une brute en puissance s’il maltraite atrocement son ours en peluche. Pour dompter ses peurs, tout est bon pour se sentir fort et courageux.

• Entre 4 et 6 ans, des enfants qui jouent au docteur ou à papa-maman ne sont pas en train de s’abuser sexuellement : « Les interrogations sexuelles sont à l’origine de toutes les autres formes

de curiosité, justifie la psychologue. Bien sûr, il faut intervenir, poser des limites si ce jeu dépasse le « faire-semblant », mais sans dramatiser les choses ni attaquer la curiosité enfantine. »

* A paraître le 1er octobre 2009 aux ed lions LLL (Les liens qui libèrent) une nouvelle maison d’édition créée en association avec Actes Sud pour « questionner la crise du lien dans nos sociétés occidentales » Elle publiera des auteurs comme Joseph E Stiglitz (prix Nobel d’économie en 2001) Susan George, Moussa Nabati

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Charlotte Rotman a bien lu Sophie Marinopoulos (Libération du 15.06.09)

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Cette analyste, psychologue auprès de mères qui refusent leur maternité, est citée aujourd’hui par la défense au procès Courjault.

 

« Je ne savais pas qu’on pouvait attendre un enfant sans le savoir. »

 Elle en a vu beaucoup échouer aux services des urgences pour «des douleurs au ventre»,ou«un kyste à l’ovaire», des femmes qui étaient sur le point d’accoucher, alors qu’elles ne se savaient pas enceintes. Dans ces cas-là, elle ne leur balance pas : «Vous allez avoir un bébé.». «Sinon elles explosent.» Elle choisit ses mots, les accompagne: «Il y a une grossesse.» Sophie Marinopoulos est psychanalyste, elle a travaillé comme psychologue pendant plus de vingt ans à la maternité du CHU de Nantes, auprès des mères «vulnérables », ou «défaillantes». Elle sera aujourd’hui à la barre, au procès d’assises de Véronique Courjault, accusée d’assassinat sur trois de ses bébés, entendue comme spécialiste à la demande de la défense. On la rencontre dans un café parisien, un après-midi. On aurait tout aussi bien pu la voir dans son hangar industriel réaménagé en nid familial, à Nantes, son port d’amarrage. Elle boit tranquillement un jus de citron. «On nous fait croire qu’avoir un enfant, c’est être parent», pose-t-elle. Toute sa pratique lui prouve que cela ne suffit pas. «Ces femmes m’ont troublée, je ne m’attendais pas à ça. Je ne savais pas qu’on pouvait attendre un enfant sans le savoir. J’ai vu des femmes aller jusqu’à maltraiter leur enfant, l’abandonner oule tuer et, en même temps, me renvoyer des images sociales proches de moi.» Ces femmes incertaines, chaotiques, mères en gestation, ne sont pas «des pauvres, des mineures, des alcooliques. Ça fait peur, confie-t-elle. Elles nous ressemblent».

Sophie Marinopoulos a «aimé les rencontrer dans leur intimité».Et leur ambivalence: «L’une me disait: “Je suis contre l’IVG, mais pour moi c’est pas pareil.”» Une autre abandonne son bébé à la naissance avant de devenir une mère adoptive, une troisième lui dit: «“Je ne peux pas être enceinte” tout en tendant ses échographies»…  Elle les écoute sans les juger. «On a tous en nous une forme de non-sens», glisse-t-elle. Elle a une tendresse, peut-être inhabituelle chez un psy,pour ces femmes fragiles, «en souffrance», elle qui, le verbe solide et le regard rieur, ne semble pas vaciller. Dans les moments les plus durs, elle peut devenir «maternante». «On peut s’identifier à elles dans ces moments où elles sont comme des étrangères à elles-mêmes.»  Elle en a fait plusieurs livres, dont un récit imaginaire, monologue haletant d’une mère meurtrière, entre les murs de sa prison. Elle l’a écrit à la première personne. Avec l’affaire Courjault, elle a pourtant l’impression que ces femmes sont «lynchées», à la merci de la «colère collective». «La société ne veut pas voir ça», affirme-t-elle. De même que les femmes font parfois un déni de grossesse (environ 2000 par an en France), la société fait «un déni du déni». Ces histoires viennent rappeler qu’on ne peut pas tout maîtriser, que la souffrance fait partie de la vie. D’autant plus difficile à admettre qu’elles ne collent pas à l’époque de la maternité bénie et triomphante. «Onest envahi d’images idéales de la maternité. Dès qu’on vous met un bébé dans les bras, il faut avoir le sourire accroché aux lèvres, le bonheur est obligatoire. Et on fait des cocoricos du matin au soir avec les chiffres de la natalité. Aujourd’hui “la femme”, c’est celle qui fait de beaux enfants.»

Sophie Marinopoulos en a quatre. Cocorico ? Elle a eu son premier enfant à 21 ans, avec son amoureux du lycée, devenu son mari «après la terminale». «J’étais fière d’avoir un enfant jeune, et très épanouie.» Elle s’agace d’entendre les couples trentenaires dire: «On ne peut pas sortir à cause des enfants.» Elle réplique : «J’adore sortir. Jamais les enfants ne m’en ont empêchée. C’est un équilibre de vie.» Dans un de ses livres, elle décrit une scène de la vie quotidienne, un couple au restaurant, un bébé victorieux de 18mois, installé entre eux sur une chaise haute qui grignote un quignon de pain et ses parents heureux de «se sentir repus en le voyant». Pourtant, elle-même ne raconte rien d’autre de sa vie que la mélodie du bonheur. «Ce n’est pas cui-cui les petits oiseaux, se défend-elle, ni bêtifiant, mais je ne peux pas témoigner d’autre chose.». On l’imagine ballottée : le jour, auprès de ces femmes chancelantes, mères cassées, le soir, avec ses enfants désirés et adorés. «Je réalise que j’ai de la chance de ne pas être traversée par les mêmes séismes. De ne pas avoir basculé. On peut tous basculer.»  En 1992, toute la famille est partie pour un tour du monde des cinq continents. L’aîné avait 12 ans, la cadette, 8, et les deux derniers, des jumeaux issus d’une nouvelle union, 20 mois. «J’avais envie de faire la connaissance de mes enfants. De ne pas passer ma vie à les déposer à la crèche et à l’école.» Ils ont vécu en Nouvelle-Zélande, à Bali, au Costa Rica, en Nouvelle-Calédonie et ont fini par vivre «comme des pauvres aux Etats-Unis». En Polynésie, une femme lui a demandé si elle pouvait lui donner un de ses enfants. «Le don d’enfant est une pratique courante là-bas.On y est géniteur par nature, et parent par volonté. Ici, on est profondément attaché au lien biologique.» Quand elle est auditionnée, à l’Assemblée nationale ou à l’Académie de médecine dans le cadre de la révision des lois de bioéthique, elle pense à la Polynésie… Et aux autres façons d’être parent.

Cela ne la rend pas forcément très tolérante. Elle est sévère avec les mères sur le tard, «à 40 -45 ans, c’est difficile d’avoir un bébé, surtout par rapport à des rythmes d’adulte». Elle s’interroge sur «ces familles recomposées qui veulent à tout prix refaire famille en faisant un enfant, comme s’ils étaient incapables de penser un enfant hors des liens biologiques». Elle a du mal avec les «militants du désir». Respecte les demandes des couples homosexuels seulement si elle n’y décèle pas de «fantasme de l’auto-engendrement». Elle défend avec passion Freud et Dolto, qu’elle estime injustement attaqués. Mais elle se garde de trop théoriser et de dire le Bien ou le Mal du haut de son divan. Pour elle, un psy, c’est «un praticien, quelqu’un qui récolte des histoires de vie». Elle a monté un lieu d’accueil anonyme et sans rendez-vous, «Les pâtes au beurre»,où elle voit défiler des divorcés, des pères en pointillé, des mères seules, des parents qui ne comprennent pas leur enfant, qui sont malmenés, sans repères, mais jamais démissionnaires. Elle-même n’a pas connu de désordres familiaux. Son père, d’origine grecque, a vécu en Tunisie et a débarqué en France, tout jeune, comme appelé, pendant la guerre. Il n’avait jamais vu la France, s’est installé comme psychiatre et s’y est marié, avec une femme protestante très cultivée. Il n’a pas parlé grec avec ses enfants, Sophie et son frère, devenu pilote de ligne. Mais il a transmis à sa fille un nom et un physique de Méditerranéenne. Elle se dit «féministe» dans la lignée d’Antoinette Fouque, respectueuse voire accoucheuse de la différence des sexes. Elle sait appartenir à une «génération bénie», qui a eu une vie affective et sexuelle avec la pilule, et avant les ravages du sida. Quand elle aime un livre, elle le fait circuler. Elle a passé à ses enfants (aujourd’hui acteur, étudiants ou danseuse) la Nouvelle Petite Philosophie d’Albert Jacquard oule Liseur de Bernard Schlink. Et aimé le Premier jour du reste de ta vie, un film de Zabou Breitman. L’histoire ordinaire d’une famille.

CHARLOTTE ROTMAN

Photo BRUNO CHAROY

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Sophie Marinopoulos en 8 dates

4 février 1958 : Naissance à Paris.

1980 : Naissance de son premier enfant. Trois autres suivront.

1985 : Premier poste en maternité.

1992 : Tour du monde.

1996 : Premier livre : le Corps bavard (Fayard).

1999 : Ouverture du service de prévention «Les pâtes au beurre», à Nantes.

2008 : Auditionnée au procès Courjault, aux assises à Tours.

Débat sur le Déni de grossesse, mardi 3 février, dès 18 h 30 (ouvert à tous !)

reagissez-deni.jpgA la suite du passionnant documentaire :
« Déni de grossesse : ces bébés clandestins », diffusé sur France 3 le 19 janvier 2009,
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L’Espace des Femmes-Antoinette Fouque (35 rue Jacob, Paris 6ème) vous invite à rencontrer, mardi 3 février, dès 18 h 30 :

Andrea Rawlins-Gaston, la réalisatrice du film, auteure également de « Jeunes, sans travail et déjà mères » (France 3, 2008)
et
Sophie Marinopoulos, psychologue clinicienne et psychanalyste. Très engagée dans la lutte pour la reconnaissance de la santé psychique comme faisant partie intégrante des questions de santé publique, elle a fondé l’association PPSP (pour la prévention et la promotion de la santé psychique) et dirige un lieu d’accueil et d’écoute des familles à Nantes. Après plus de 20 ans de travail auprès des femmes dans leurs parcours maternels, elle milite pour que la réalité du déni de grossesse soit reconnue et la parole donnée aux femmes.
Son dernier livre : La vie ordinaire d’une mère meurtrière : récit (Fayard, 2008)

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