« Chanteuses de blues » de Buzzy Jackson

51Q0R68D6SL__AA240_.jpgChanteuses de blues
Buzzy Jackson

Traduit de l’américain par Luc Carissimo.
(Titre original : A Bad Woman Feeling Good)

Office 09/11/2006

Mélange de rythmes africains et de musique européenne, né dans les riches États du Sud des États-Unis, le blues est intimement lié à l’histoire, le plus souvent tragique, des Noirs. Dès son origine, il est chanté par des femmes qui ont rapidement imposé leur forte personnalité, capables d’exprimer, au mépris des conventions sociales répressives, leurs aspirations, leurs désirs, leur sexualité, leurs émotions, leur liberté… et défini une attitude face à la vie.
Dès les toutes premières, comme Mamie Desdoumes ou Ma Rainey (1886-1939), la « grand-mère du blues », apparaissent quelques caractéristiques rarement démenties par la suite et notamment une mauvaise réputation : des lieux, villes ou quartiers organisés autour de la vie nocturne, des bordels et du monde interlope, d’activités illégales et violentes, du « péché »… A la fois mères (respectées) et femmes « sexy », servies par des voix rauques et profondes, une vitalité débordante, une grande force physique, elles revendiquent une sexualité agressive (souvent bisexuelle). Aimant les fêtes et la boisson, elles s’inscrivent dans une marginalité dans laquelle elles peuvent affirmer une forme de liberté impossible par ailleurs, parce qu’elles sont noires, parce qu’elles sont femmes, et parce qu’elles sont pauvres.
Elles sont les premiers maillons d’une chaîne de transmission qui, de femme à femme, de génération en génération, chacune à sa façon particulière, dans la revendication ou la révolte, le raffinement ou la sophistication, constitue l’histoire du blues. On s’arrêtera sur quelques figures magnifiques, que ce livre nous donne envie de découvrir ou de redécouvrir, Bessie Smith (1894-1937), Billie Holliday (1915-1959), Aretha Franklin (atypique dans ce monde de « mauvaises femmes »), Tina Turner ou Janis Joplin notamment…
Ainsi, ce livre prend le contrepied d’une idée communément admise, selon laquelle la chanteuse de blues est une femme vertueuse et mélancolique : pour Buzzy Jackson, la chanteuse de blues est à l’origine une femme de mauvaise vie bien dans sa peau, « a bad woman feeling good ».
Buzzy Jackson est docteure en histoire de l’université de Berkeley. Chanteuses de blues est son premier livre.

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