Claude Delay, marquée par Antoinette Fouque

delay.jpgCe qui m’a frappée en elle, au premier abord, c’est son regard, attentif. Antoinette se déplace avec l’inconscient. Et elle va à toute allure. Pas une piste ne lui échappe. Je lui ai confié mon manuscrit. C’est le pouvoir de son magnétisme, à l’écoute immédiate des forces et des êtres. Dans le désert de l’édition, entre les standards et l’indifférence, j’avais rencontré une femme, une soeur des mots et des pulsions qui font écrire. Je ne l’oublierai jamais.
Quand elle s’est retirée, ce fut une agonie pour la rue de Seine où sa Librairie tenait toujours sa lampe allumée. Le retour d’Antoinette signifie le courage d’écrire et de vivre.
C.D.
Ses deux livres publiés aux éditions Des femmes :

Claude Delay
Les Ouragans sont lents
185 p. – 11 € – 1988
Une femme se perd… Nora s’enlise dans l’illusion du désert. Son mariage faussement protecteur, sans enfant, son métier de décoratrice exercé à poser le masque sur les maisons des autres, l’inflexible échéance du temps, tout la renvoie à son vide. Derrière elle, une enfance en miettes décompose aussi le passé.
Entre son amie Carmen, peintre de talent, qu’épanouissent les amants comme autant de couleurs, et la cliente Bébé, collectionneuse vorace, ou le triomphe de l’argent, Nora n’est que manque.
En profondeur et non sans brutalité, Claude Delay circonscrit ce manque au monde.
Corps et bien d’autrui sont aussi des apparences. Écoutant la crise de son héroïne dont elle reproduit le leitmotiv, l’écrivain, lentement, la guide vers la sortie. Une femme va-t-elle naître ?
On retrouve ici les qualités qui ont fait le succès du Hammam, le précédent roman de Claude Delay.
Psychanalyste et écrivain, elle parvient à faire entrer ses héros dans son champ d’investigations personnelles, à intégrer à la fiction une somme d’expériences acquises grâce à son activité de théoricienne et de praticienne.

Passage des singes
142 p. – 11 € – 1994
La mort de son père déclenche pour Dora, l’entrée dans le cycle de la perte. Ses chiennes-loup, Dalida et Zelda la précèdent sur le chemin inéluctable de l’adieu : chiennes-compagnes avec lesquelles elle partage toute son intimité. Elle va les perdre l’une après l’autre. Le temps bourreau décide seul pour chacun de nous. Sous le récit affleure l’explosif, la révolte contre le renoncement et la séparation de nos amours animales.
Une œuvre forte et généreuse, dont l’auteur nous entretient davantage de ce que ses chiennes lui ont donné que de sa peine de les avoir perdues.

Claude Delay, lauréate du 12e prix littéraire “30 millions d’amis” est diplômée de l’Institut d’Études politiques, licenciée en psychologie, diplômée de psychopathologie et de techniques projectives, et membre affilié de la Société de Psychanalyse de Paris.

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