François Guéry, cité par Jean Lacoste dans La Quinzaine littéraire (1 au 15.11.07)

FRAU HEIDEGGER

Un document, sans doute, mais de quelle nature ? Peut-on attendre des lettres familières de Heidegger à sa femme Elfride des éclaircissements nouveaux sur une pensée qui demeure pleinement exposée dans les oeuvres ? Et qu’importe, en définitive, le misérable tas de secrets de l’homme Heidegger, sa complaisance envers les illusions du régime nazi, ses innombrables conquêtes féminines, les failles de son caractère, l’enrobage pompeux de ses défaillances ? Le cas Heidegger nous lasse. Jean Lacoste

Chronique du livre Martin Heidegger « Ma chère petite âme » Lettres de Martin Heidegger à sa femme Elfride 1915 – 1970 trad. de l’allemand par Marie-Ange Maillet Seuil éd., 524 p., 25 E

(…)

Le mariage a tenu, Elfride – jusqu’à la dépression – se résignant aux aventures de son mari, qui présente celles-ci comme la condition érotique de sa créativité « pensante ». Il serait à cet égard passionnant de mettre en regard de ce Don Juan heureux en ménage, le destin assez différent d’un autre philosophe de la création héroïque, le pauvre Nietzsche, solitaire affamé de disciples, célibataire longtemps obsédé par le mariage ou la vie en commun, rejeté par Lou von Salomé, – ce « génie de la vie », comme il est dit dans un essai intéressant sur cette figure « insoumise » – , étranger à toute sexualité et probablement victime d’une syphilis paralysante après une brève rencontre avec une prostituée de Leipzig. Heidegger, lui, est frappé en 1971 d’une attaque à Augsbourg « où il a rendez-vous avec une femme ». François Guéry, Lou Salomé, Génie de la vie, Des femmes – Antoinette Fouque, 2007

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