La transmission des troubles bipolaires, un problème de société ?

clown.jpgDans son roman Clown blanc, nez rouge, Olivier Javal raconte sa vie, touchée par les troubles bipolaires, et le calvaire de la transmission de la maladie à son fils.

Si l’on estime généralement autour de 1 million, le nombre de personnes atteintes de troubles bipolaires en France, la levée progressive du tabou sur la maladie et sa transmissibilité, en mettrait plusieurs millions dans le champ du doute : Puis-je être atteint ? Mon enfant peut-il être atteint ? Que faire ? Ce problème de société n’est encore traité que par les quelques spécialistes qui s’intéressent à la maladie. Il devrait se vulgariser pour répondre à une demande croissante. Troubles-bipolaires.com

Hypothèse génétique :

Tous les travaux scientifiques concordent pour constater que certaines familles sont plus marquées par la bipolarité que d’autres, et que cette fragilité particulière ne peut pas entièrement s’expliquer par les conditions partagées en termes d’éducation, de culture ou d’histoire familiale. Il existe bel et bien des facteurs génétiques associés à la maladie bipolaire. Ainsi le risque de développer une maladie bipolaire chez une personne donnée est multiplié par 5 à 10 lorsqu’un parent du 1er degré est atteint. De même, le risque est plus élevé pour des jumeaux identiques (40 à 70% de concordance) que pour des « faux jumeaux ».

Ces constatations vont dans le sens d’une transmission au moins partiellement génétique du trouble. Cependant, entre deux jumeaux identiques la concordance n’est pas de 100%, qu’ils soient élevés ensemble ou non : si l’un est atteint l’autre ne l’est pas toujours, infirmant ainsi la thèse d’un gène unique de transmission simple. Il est admis que plusieurs gènes de vulnérabilité interviennent et l’on parle de maladie « à héritabilité complexe ». 

Posséder les gènes de vulnérabilité ne détermine pas que l’on développera la maladie. Ainsi que dans l’hypothèse neuro-développementale, les conditions induites par la présence de ces gènes de vulnérabilité ne constituent qu’un état de fragilité, dans lequel le sujet est plus à risque de développer la maladie bipolaire que celui qui ne présente pas ces conditions. Des études génétiques ont permis d’identifier certaines régions pouvant contenir des gènes de vulnérabilité, notamment sur les chromosomes 9, 10, 14, 13, 22. Bien sûr d’autres pistes sont en voie d’exploration.

Mes enfants vont-ils être atteints de troubles bipolaires ? 

Rassurez-vous, le fait d’avoir des prédispositions à développer la maladie, ne veut pas dire que l’on va la développer. Cette maladie se caractérise par l’alternance de périodes d’excitation marquée, appelées phases maniaques, et de dépression profonde. Ainsi, l’Organisation mondiale de la santé situe ces troubles au 6e rang mondial de handicap.Au fur et à mesure que les patients se dévoilent, le risque sur leur parenté se révèle. Il faut le gérer, répondre aux multiples interrogations, de ceux qui pourraient être atteints et dont les enfants pourraient être atteints.

Vus les millions de personnes concernées le nombre de professionnels formés se révèle insuffisant. Connaissez-vous une maladie qui atteint 750 000 personnes en France, avec un risque important de transmission sur leurs proches ? Cela veut sans doute dire que plusieurs millions de personnes ont des prédispositions pour la développer. Il s’agit des troubles bipolaires, appelés autrefois, psychose maniaco-dépressive, d’un nom à faire peur. Les frères et sœurs de personnes touchées par un trouble bipolaire ont un risque dix fois supérieur à celui de la population générale d’être eux-mêmes atteints. Ce risque est multiplié par trente lorsque les enfants ont leurs deux parents atteints de troubles bipolaires. L’agrégation familiale ne témoigne pas forcément de l’influence de facteurs génétiques. D’autres éléments, à commencer par les facteurs environnementaux, sont également très fortement partagés par les familles.

Taboue, depuis des siècles, occultée comme honteuse, la maladie commence à se faire connaître, d’autant plus que de nombreux traitements, médicamenteux ou non, permettent d’éviter et de contrôler les crises. A ce titre, la psychoéducation, permet au patient et à sa famille de gérer les situations critiques. Au fur et à mesure que les patients se dévoilent, le risque sur leur parenté se révèle. Il faut le gérer, répondre aux multiples interrogations, de ceux qui pourraient être atteints et dont les enfants pourraient être atteints. Vus les millions de personnes concernées le nombre de professionnels formés se révèle insuffisant.


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