Les Échos recommandent « Les Jeux de l’art et de l’argent » de Marie-Hélène Grinfeder : un très bel article de Pascal Ordonneau dans Le Cercle + (20 mai 2014)

Le marché de l’art entre jeux dangereux et grands prédateurs par Pascal Ordonneau

LE CERCLE. Chronique du livre de Marie-Hélène Grinfeder : « Les jeux de l’art et de l’argent » aux Editions France-Empire. La réalité dépasse la fiction dit-on. Pour tout ce qui touche au marché de l’art, réalité et fiction se donnent la main et avancent de concert. Les prix sont inimaginables sur le marché de l’art? Les requins à vendre sont de vrais œuvres? Beaucoup d’argent, ce serait beaucoup de passion.

Marie-Hélène Grinfeder: "Les jeux de l’art et de l’argent"

Marie-Hélène Grinfeder: « Les jeux de l’art et de l’argent »

J’ai chroniqué dans les colonnes des Echos.fr des livres sur l’art, sur son marché, les étonnements qu’il suscite, les ambitions et les monceaux d’argent qui s’y déversent. Parmi ces livres, il y a eu de véritables sommes, je pense au «marché de l’Art à Naples aux XVIème et XVIIème siècles». D’autres, plus journalistiques mais pas moins passionnants, interrogeaient le marché de l’art contemporain : « le requin qui valait 10 millions de dollars »en fait partie, à l’opposé, dans un style et un propos plus sévères, j’avais aimé « Recherches et réflexions sur l’Economie du Patrimoine culturel » qui présente une réflexion générale sur une question compliquée : l’Art et l’Etat. Cette fois-ci, c’est un roman « les jeux de l’art et de l’argent » qui m’a captivé.

Documentaire, roman, livre de souvenirs, il est un peu tout ça et davantage encore, sous le couvert d’une intrigue policière, cet ouvrage, comme l’ont montré les livres cités, évoque les méandres d’un marché aux antipodes de toutes les théories, classique ou marginaliste. Amoureux des marchés pures et parfaits, défenseurs de la transparence cristalline et de la gouvernance éthique, s’abstenir ! Si le livre de Marie-Hélène Grinfeder est prenant, il le doit à la mise à nu des ressorts parfois étrange de ce marché, univers des passions artistiques les plus absolues et marigot où croisent d’étranges animaux, les crocodiles et les serpents n’étant pas nécessairement les plus dangereux.

Marie-Hélène Grinfeder est à son aise dans cet univers: historienne de l’art et expert en art du XXIème siècle et en art contemporain, membre de l’Association Internationale des Critiques d’Art, elle a déjà publié Adam et Ève, illustré Louis Cane (Éditions MHG) ; Des voluptés, Brève histoire de l’art de cinq siècles de peinture française (AFAA, Ministère des Affaires étrangères) et Les années supports surfaces (Éditions Herscher, 1991). Ce n’est donc pas tout à fait un roman, même si l’histoire est romanesque. Mais le marché de l’art est si animé ! Et l’argent y est si présent !

Tess de Bellac, l’héroïne de cette histoire, est justement expert en art contemporain, réputée pour une forme d’inflexibilité qui signifie un dégoût prononcé pour les combines et les complaisances. Il est si facile quand on est « considérée » de déraper un peu et de faire taire ses doutes sur une signature, une date, un auteur. C’est justement là que l’histoire va se nouer. Tess a-t-elle été manipulée ? Aurait-elle dû s’écouter davantage et refuser son « imprimatur » aux tableaux « exceptionnels » objets d’une vente dont on attend qu’elle soit millionnaire en euros.

Le roman va tanguer entre faux, signatures contrefaites, techniques d’analyse… entre voyous et dangereux « tricheurs ». L’argent rend fou et l’art, à certains degrés, c’est de l’or pur, débarrassé de toute gangue. « L’art sans l’argent, c’est le rêve sans l’adrénaline » glisse un collectionneur dans l’oreille de Tess au tout début du roman quand est retombé le marteau du commissaire-priseur sur une enchère gagnante de 10 000 000 de dollars, un veau de 18 mois conservé dans un aquarium de formol, les cornes dorées à l’or fin.

Il va aussi se mouvoir entre meurtres et enquête policières, entre Paris, Londres, New-York et Moscou, entre grands restaurants et grands hôtels. L’affaire (le Roman) est bien menée. On n’en dira pas davantage sur une intrigue bien ficelée et dont la chute, comme il se doit, n’est pas tout à fait ce qu’on attendait. Le mot de la fin ? « Je vends le vent, je vends le rêve. C’est ça, la valeur sûre. »

A lire pour le plaisir et pour en apprendre encore davantage sur cet univers où le veau d’or a toujours ses cohortes d’adorateurs.

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