Soirée GIACOMETTI, avec Claude Delay et France Huser, le 7 février, 18 h 30, 35 rue Jacob (selon nos habitudes !)

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CE jeudi 7 février, à partir de 18 h 30, est organisée suite au vif engouement d’Antoinette Fouque pour l’ouvrage de sa très chère amie (et consoeur psychanalyste) Claude Delay, « Giacometti, Alberto et Diego, l’histoire cachée » une grande soirée ART à l’Espace Des femmes. (35 rue Jacob, métro St-Germain des Prés)

Claude Delay m’a fait une impression spécialement forte la première fois que je l’ai entendue évoquer son essai, venant de sortir chez Fayard, puisse t-elle vous faire la même !

Notre maison exprime également sa chaude gratitude à France Huser, talentueuse critique au Nouvel Observateur, d’avoir accepté de dialoguer avec Claude Delay. En plus des livres de Claude Delay, vous aurez l’occasion de lui faire également dédicacer sa « Fille à lèvre d’orange », publié chez Gallimard qui sera disponible tout au long de la conférence.

Par ailleurs, LA nouvelle de 2008 est la prolongation de l’exposition de Colette Deblé jusqu’au 5 mars prochain ! Notre peintre fétiche de l’année (pour le moment, c’est l’unique !) nous honorera encore de sa rieuse présence lors de cette soirée Sculpture/Peinture (le livre de France Huser, adoré par ma délicieuse voisine de bureau, Aude Mathon – aux goûts de laquelle on peut se fier – évoque m’a t-elle confié la muse de Modigliani……)

De quoi vous ouvrir l’appétit sur le programme de cet inoubliable jeudi 7 février ! Trois gourmandises de choix : Giacometti, Modigliani et Colette Deblé ! La cerise sur les bouchées étant la découverte conjointe de l’enchanteresse Claude Delay accompagnée de son exquise lectrice France Huser… dont je vous copie l’éloge (Nouvel Observateur du 8 au 14 novembre 2007) :

Un livre de Claude delay
Giacometti Frères

Toute sa vie Diego Giacometti se sera effacé au profit de son aîné Alberto, dont il fut un des modèles favoris

Le premier visage qu’Alberto Giacometti dessina, à 12 ans, était celui de sa mère, Annetta. Il était son fils aîné, son préféré. Alors, à Stampa, ce village des Grisons cqui portait le nom de jeune fille d’Annetta, par un après-midi d’été, un petit garçon de 5 ans, Diego, tendit sa main droite sous la dame d’une machine agricole. La moitié du deuxième doigt et le bout du troisième furent coupés, le pouce abîmé. Cinquante ans plus tard, Diego avoua à son frère Alberto qu’il ne s’agissait pas d’un accident. Il voulait attirer sur lui l’attention de sa mère.

Dans un livre bouleversant, Claude Delay, qui connut Diego, explore les secrets des deux frères, le lien magique qui les unit. Diego dissimule sa mutilation et devient sculpteur, mais sa vie est d’abord consacrée à l’oeuvre de son frère. Il saura construire la plus légère armature comme le plus lourd des socles, il s’occupera du moulage en plâtre, de la patine des bronzes. « Diego, frère de travail, son ambidextre, sa sentinelle », écrit Claude Delay. Quand Alberto était à Paris, la mère n’avait-elle pas commandé à Diego : « Tu dois rejoindre ton frère ? le protéger » ?

La peinture chez les Giacometti est une histoire de la famille. A Stampa, Giovanni père et Cuno Amiet, le parrain d’Alberto, ne parlaient que des questions de la représentation. « Je savais, disait Giacometti, que je serais obligé, un jour, de m’asseoir devant le modèle, sur un tabouret, et d’essayer de copier ce que je vois. » En 1935, donc, il prend un modèle. Diego pose chaque matin. « La ressemblance ? Je ne reconnais plus les gens à force de les voir », confesse t-il à un journaliste qui lui demande : « Vous reconnaissez bien votre frère, tout de même ? » Et Giacometti de répondre : « Il a posé dix mille fois pour moi ; quand il pose, je ne le reconnais plus. »

A lire ces pages ferventes de Claude Delay, un extraordinaire portrait de Giacometti s’impose. Maigre, ridé, le regard tendu sous les paupières lourdes, il marche penché en avant, à l’image de ses sculptures – comme s’il devait lutter contre d’incommensurables « gouffres de vide ». Un sillage blanc le suit, un nuage de plâtre. Tous les jours, de sa voix rocailleuse, il appelle sa mère au téléphone, lui parlant dans le dialecte des Grisons, le bregagliote. Annette est là, sa femme, et Caroline, la radieuse, qu’iol appelle « la grisaille » parce qu’il la peint dans des couleurs grises. Elle pourra dire « j’étais son délire », et décrira à René Char sa plus belle nuit d’amour : toute la nuit, jusqu’à l’aube, elle avait marché et parlé avec Giacometti, le long de la voie ferrée, là où elle était venue le rejoindre, près de Stampa.

Sur son lit de mort, Giacometti regarde encore Diego. « On aurait cru », confia Diego, qu’il « dessinait avec les yeux ». Une dernière fois il luttait contre cette terreur qu’il éprouvait devant le vide qui isole chacun de nous dans l’espace. Une dernière fois, il tentait cette « aventure » qui consistait pour lui à « voir surgir quelque chose d’inconnu, chaque jour, dans le même visage ».

France Huser

A signaler : deux expositions « Giacometti, oeuvre gravé » à la BnF et « l’Atelier d’Alberto Giacometti » à Beaubourg.

Photo : Alberto Giacometti à côté des bustes de son frère Diego

Alberto Giacometti est né en 1901 en Suisse. Il s’installe à Paris en 1922. Diego, son cadet (né en 1902), le rejoint en 1927, année de la première exposition au Salon des Tuileries. Alberto est mort à Coire, en Suisse, en 1966, et Diego en 1985.

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