Texte de Jacqueline Merville publié dans le catalogue des trente ans des éditions Des femmes

poupou045-custom;size_380,279.jpgJ’apprends, à Tiruvannamalai, que les Editions des femmes publient leur catalogue général. Ce fut une perte pour toutes les femmes, m’étais-je déjà dit en lisant l’arrêt des Editions des femmes dans un vieux numéro du journal Le Monde qui traînait dans un restaurant de Pondicherry il y a quelques saisons. Oui, une perte pour toutes les femmes, ce ralentissement puis cet arrêt des Editions Des femmes.
 
Je me souviens de ma rencontre avec Antoinette Fouque lorsqu’elle m’avait donné rendez-vous à propos de mon premier manuscrit La Ville du non, posté quelques semaines auparavant du ghetto de Vaulx-en-velin où j’habitais. (…)
 
Des femmes écrivent, les Editions Des femmes ont posé l’une des pierres, pierre majeure sur laquelle l’édifice se continue. Souvent clandestinement, hélas…
Je me souviens d’avoir participé à quelques fêtes du livre où au stand des femmes soufflait comme un vent nouveau, radical, promesse d’une langue et d’une écriture nouvelles, celle qui donnerait à lire ce qu’on ne veut pas lire.
Les Editions Des femmes n’ont pas été une simple maison d’édition, c’était plus.
 
Je salue ce soir, dans ce cyber café où les mantras et les ventilateurs font un raga lent et tranquille, ce temps de vraie respiration de l’histoire occidentale où la chose littéraire n’avait pas encore la tête enfouie dans le seau, le seau puant de la loi du profit bien-pensant. Je salue les Editions Des femmes parce qu’elles ont participé à cette vraie respiration, à cette tentative d’avant-garde de l’être… Je me souviens des beaux livres des femmes, ces couvertures blanches, blancheur des fleurs du sel, pour tracer le chemin de ce qui viendra dans longtemps ou jamais : le droit d’etre LUES.
J.M.

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