Laurent Kebous des « Hurlements d’Léo » s’exprime sur le drame des Migrants dans « 20 Minutes »

 

interview sur ce lien https://www.20minutes.fr/bordeaux/2738455-20200312-video-bordeaux-tout-monde-encore-place-toit-tete

Lui se dit « anarchiste » et se marre. Elle assure ne pas vouloir parler politique. Lui, c’est Laurent Bousquet alias « Kebous », membre des Hurlements d’Léo, groupe bien connu de la scène bordelaise et, elle, c’est Perrine Fifadji qui a rejoint les HDL sur le projet Mondial Stéréo. Sorti le 21 février, l’album concept rassemble la grande famille des Hurlements (Les Ogres de Barback, Féloche, les VRP, La rue Kétanou, etc.) pour pousser un coup de gueule contre le sort réservé aux migrants. Laurent, Perrine et leurs acolytes y parlent immigration, discrimination, droit au logement, etc. A la veille des élections municipales ce 15 mars, ce concert est l’occasion de voir moins loin que la Méditerranée et de transposer ces grands thèmes à Bordeaux, ville où, selon Laurent Bousquet, tout le monde n’a pas encore « sa place ou un toit sur la tête ».

Avez-vous suivi la campagne des municipales ?

Laurent Bousquet : Ne me demandez pas pour qui je vais voter, je ne suis pas là pour ça. Je suis anarchiste moi (rires) et, surtout, je ne serai pas le porte-voix d’un candidat. En revanche, je suis membre d’un groupe impliqué, qui prend la parole pour la donner à ceux qui ne l’ont pas. On n’est pas des porte-drapeaux et on rapporte juste des faits qui nous bouleversent. Comme, ce matin, quand j’ai pris le tram et que j’ai encore vu des gens se faire déplacer par la maréchaussée parce qu’ils dormaient devant un magasin… Ça me choque encore de voir qu’à Bordeaux tout le monde n’a pas sa place ou un toit sur la tête.

Justement, le logement était un grand thème de la campagne…

Perrine Fifadji : Je connais des gens qui cherchent en vain à se loger à Bordeaux. Leurs revenus sont, certes, peu élevés, mais c’est terrible de voir qu’ils sont obligés d’autant s’éloigner du centre-ville, voire de Bordeaux. La ville évolue et c’est bien mais il y a ce phénomène de gentrification. Le quartier Saint-Michel, par exemple, a pas mal changé. Alors, certes, les quartiers sont rénovés, mais quand les habitants n’ont plus les moyens d’y rester il y a un problème.

Laurent Bousquet : A Saint-Michel, les points cardinaux sont restés là. Ils n’ont pas non plus détruit la flèche, ni le marché des Capucins. On a gardé des repères. Le Saint-Michel dans lequel j’ai vécu, entre 1996 et 2002, a muté et heureusement. On ne doit pas vivre dans le passé. Mais ce qui me gêne, c’ est plus ces logements vacants. A Bacalan, où j’habite, les logements vacants sont des logements sociaux. Il y a un véritable problème. Mais c’est Bacalan, donc ce n’est pas Bordeaux.

Bacalan est à part, selon vous ?

Laurent Bousquet :  Bacalan, c’est à l’abri du regard des Bordelais qui, clairement, ne sont pas nombreux à aller jusqu’à l’arrêt de tram Claveau. Ils flippent (rires). Il y a des gitans, des gens pas comme eux. Mes filles sont scolarisées vers le cours de l’Yser et pour inviter des copines et des copains à la maison, ça a été compliqué au début. Les parents hésitaient.

Pensez-vous que dans cette campagne municipale les quartiers sont oubliés ?

Perrine Fifadji : Bordeaux, ça n’est pas que le centre-ville. La mixité que mon fils voit dans sa cour de récré ou que je retrouve dans mon quartier, à la Bastide, ne se voit pas ailleurs ou seulement rue Sainte-Catherine. Je suis issue de l’immigration, ma différence est visible et tout le monde devrait être représenté, avoir le droit à la parole. Bordeaux n’est cependant que le reflet de ce qui se passe au niveau national. En France, la discrimination est importante.

Laurent Bousquet : Je vis à Bacalan depuis trois ans. La mixité est visible et ça m’apporte une grande sérénité. Ça me replonge dans les années 1970 avec les copains, au pied du HLM dans lequel je vivais. Il y avait 23 nationalités et c’était génial. Le temps a fait son affaire, on nous a divisés, que ce soit à Bordeaux ou à Mont-de-Marsan. Reste que quand on habite à Bacalan, on est Bacalanais, on n’est pas Bordelais (rires). Je suis peut-être un brin chauvin, mais les Bacalanais ont vraiment cet état d’esprit, et savent que leur quartier, ce n’est pas Bordeaux.

Vous ne pensez pas que, politiquement, il y a eu un effort de fait ?

Laurent Bousquet : Beaucoup d’associations bordelaises font un travail remarquable et, comme dans beaucoup d’autres villes, on ne leur donne pas les bons outils, pas les fonds nécessaires. Les gens se sont fédérés, des collectifs se sont créés comme le collectif Bienvenue qui travaille vers les migrants de la « Zone Libre » de Cenon, par exemple.

Ce n’est pas les pouvoirs publics en place qui peuvent changer ça, ni les urnes. Je crois au pouvoir de la « fédération des bonnes intentions » et je ne suis pas certain qu’il faille un scrutin pour se réveiller un matin en disant « je suis humain ». Le scrutin organise les avancées. Les Bordelais, eux, les créent. On a d’ailleurs lancé l’association Vox Populi il y a trois ans. On travaille avec des handicapés mentaux, des écoles, etc. Ça me permet d’être un maillon du lien social à Bordeaux, d’être en accord avec les gens qui viennent à nos concerts et, surtout, avec mon discours.

Voir vidéo ici : https://www.youtube.com/watch?v=G_upjeZ6Q60&feature=emb_logo

En parlant de concerts, on fait un point sur l’offre culturelle à Bordeaux ?

Laurent Bousquet : Il y a un peu moins de lieux indé. On a tenu Le Local pendant huit ans, avec plusieurs groupes de la scène bordelaise. On a fermé parce qu’on a grandi. On passe d’un phénomène de meute, de collectif, à des préoccupations plus perso. Mais Bordeaux s’en sort bien. Il y en a pour tous les goûts, toutes les chapelles et tous les crews.

Perrine Fifadji : Le Rocher de Palmer est une salle de spectacles depuis peu mais l’association Musiques métisses y œuvre depuis très longtemps. Il y a aussi le Krakatoa, Barbey et la salle du Grand Parc, maintenant. Et puis les plus petites salles comme le Quartier Libre ou la salle du Vigean, à Eysines. L’offre culturelle est abondante. Bien sûr ça a changé, mais on a désormais une grande salle de concerts.

Autre gros dossier de ces municipales, les transports… Vous notez du changement à Bordeaux ?

Perrine Fifadji (enthousiaste) Je me déplace à vélo depuis des années et je peux affirmer que ça n’a rien à voir. De gros efforts ont été faits et aujourd’hui on a des pistes cyclables partout.

Laurent Bousquet : Mais peut-être pas assez car c’est toujours la guerre entre les cyclistes et les automobilistes.

Perrine Fifadji : Franchement, on a gagné le pont de Pierre ! Et les quais de Queyries jusqu’au pont Chaban-Delmas, c’est le bon plan. Reste que nous avons encore besoin d’espaces verts, surtout rive gauche. Il y a moins de voitures, mais c’est encore très minéral. Bordeaux doit encore faire un effort.

Laurent Bousquet : Il y a plus de perspectives vertes sur la rive droite. Et vraiment, il y a des oiseaux à Bacalan. Il y fait bon vivre.

A Bordeaux, il y fait bon vivre aussi ?

Perrine Fifadji : Quand je vais dans d’autres villes, je suis toujours contente de revenir à Bordeaux.

Laurent Bousquet : On n’est pas maso. Si on n’était pas bien ici on serait partis voir si l’herbe est plus verte ailleurs.

« un livre qui fait virevolter, à l’écriture soignée », avis d’une lectrice professionnelle

Megan0702   13 mars 2020
Merci à Babelio (masse critique) et les éditions L’Harmattan pour cette découverte.
L’autrice: Domitille Marbeau Funck-Brentano a été attachée de presse de l’Orchestre National de France, chargée de mission au Ministère de la Culture, et également Responsable du Service Culturel de la SACEM. Son premier roman « L’écho répété des vagues » a reçu le « coup de coeur des bibliothécaires ».
Le livre: fin des années 1970, une jeune femme mélomane est dans un train pour Bayreuth, en Allemagne. « Ce voyage, c’est un pèlerinage au coeur de la mémoire ».
Sur son parcours, elle fera la rencontre inattendue de la passion et de l’amour.
Mon avis: le bouquin me rend légère et me fait virevolter. La musique est omniprésente. Elle poursuit l’héroïne depuis son plus jeune âge, et voilà qu’elle poursuit le lecteur à présent. Les souvenirs sont doux. Il se dégage de ce livre une douceur rare. L’autrice nous offre une déconnexion avec la réalité. C’est une sensation précieuse. C’est souvent ce que je recherche avec les livres. Ce n’est pas toujours gagné. L’écriture est soignée. La plume est poétique. Bravo et merci à l’autrice pour ce joli voyage!

« Une lecture très roborative » : « La Montée des marches » d’Erwann Créac’h

La montée des marches de Erwann Créac’h

La note : 8 étoiles
Visites : 159

En route vers la gloire.

Donc un jeune homme doté d’un tempérament gaffeur à la Pierre Richard parvient un beau jour à totalement se déconsidérer dans le milieu cinématographique et à devenir ensuite le triomphateur du festival de Cannes.


Entre les deux, tout une série de réussites et de catastrophes composent un roman d’apprentissage au rythme enlevé et aux péripéties drolatiques. 


L’auteur visiblement connaît son monde, et nous l’évoque en une visite étourdissante, évoquant autant ses bons côtés que quelques travers assez connus. L’ambiance des plateaux de tournage est bien rendue, pour autant que l’on puisse juger par les innombrables making of dont les films sont désormais accompagnés. Notre gaffeur apprend le métier et nous l’accompagnons très volontiers car il est attachant.

Nous passons avec le héros par tous les stades de l’échelle de la conception et de la réalisation d’un film, accompagnés par des personnages pittoresques ou attachants, des producteurs intraitables aux femmes sans qui rien ne se fait. Puis arrive le temps du démarchage commercial et, enfin, de la réussite. 



C’est un peu trop beau pour être vrai, mais ce roman est un conte contemporain. Point de drame atroce ni de vilain abominable, tous le monde a ses défauts, parfois des qualités, et l’ensemble est exactement vivant, ce qui rend cette lecture très roborative.


Absolument le genre de chose à emporter en train, ou pour un dimanche pluvieux, on ne sent pas le temps passer et le soleil cannois vous accueille à l’arrivée.

Vidéo de la réunion de prévention de l’inceste et de la pédocriminalité où Kathya de Brinon, fondatrice de « S.O.S. Violenfance », parle de sa vie et de son combat

Regardez la vidéo de la réunion de prévention de l’inceste et de la pédocriminalité où Kathya de Brinon, fondatrice de « S.O.S. Violenfance » parle de sa vie et de son combat au François Coppée le 6 mars 2020 en présence de différents acteurs de premier plan sur le sujet : https://www.youtube.com/watch?v=rHvDc3aVq6o

 

 

« Un fils à papa révolté ! » sur « La Tentation de la vague » par Lucky Sophie

LA TENTATION DE LA VAGUE, UN FILS À PAPA RÉVOLTÉ !

Au démarrage, l’histoire de La tentation de la vague d’Alain Schmoll aux éditions L’Harmattan m’a parue assez banale, mais l’écriture émaillée de quelques pointes d’humour a suffi à me donner envie de poursuivre.

On y côtoie de manière alternée Werner, fils à papa rebelle qui n’a pas voulu prendre la succession de son père dans la grande entreprise familiale de fromages sur les rives du Léman, et Romain, un gauchiste fondateur du mouvement « L’émancipation révolutionnaire », flanqué de son porte-parle de charme, Greg et de son énigmatique petite amie Julia dont on ne sait pas vraiment lequel des deux elle préfère.

C’est au moment où j’ai réellement compris le clou de l’histoire, annoncé de manière sibylline dans la 4e de couverture, que je n’ai eu de cesse de tourner les pages pour voir comment tout cela évoluait.

Un peu playboy, un peu bobo, Werner vit à Paris, à l’écart de ses parents, de riches industriels. Lors d’un week-end, il découvre que le groupe familial fait face à des difficultés, faute de répondre aux exigences sociétales actuelles. Engagé à l’extrême gauche, Romain a fondé son propre mouvement politique. Il s’appuie sur Julia, sa compagne, et sur Greg, un jeune militant qu’il a formé. Mais ce dernier se met à contester son autorité et à prétendre mettre Julia dans son lit. Lors d’une manifestation sur une ZAD, un homme est tué. Est-ce une bavure des forces de l’ordre ? Quand les faux-semblants seront levés, Werner et Romain devront affronter une destinée unique exposée à des rebondissements inattendus.

C’est un roman qui nous plonge dans différents milieux de la société, des cercles privés qui gravitent autour de la riche famille de Werner sur les rives du Léman, aux fréquentations extrémistes variées de Greg, qui veut donner un tournant révolutionnaire violent au mouvement de Romain.

L’histoire semble par moments cousue de fil blanc, à d’autres un peu improbable et irréaliste, mais l’ensemble est distrayant, tout en donnant énormément à réfléchir sur les évènements qui agitent notre société. Evidemment, la manifestation où les blacks blocs viennent titiller les forces de l’ordre ne peut que nous rappeler les différents épisodes des rassemblements des gilets jaunes, tandis que certains scandales économiques et environnementaux ont des airs d’affaires connues.

Les personnages sont bien étoffés et la lecture facile, c’est un livre qui donne matière à réflexion sur notre société tout en nous entraînant sur la piste d’un énigmatique tueur en série, avec un fond de romance.

 

Marie-Ange de Montesquieu reçoit Caroll Le Fur et Eric Jeux, deux auteurs spécialisés dans l’adolescence de Balustrade

Réécoutez l’émission de Radio Notre Dame avec Caroll Le Fur auteur de « Qu’est ce que tu veux faire plus tard ? » (Eyrolles), coach de parents de lycéens pour les aider à trouver leur voie chez et Eric Jeux auteur d’une saga pour adolescents « Le Temps des infralents » (éditions Pierre-Guillaume de Roux) : https://radionotredame.net/emissions/enquetedesens/04-03-2020/

Caroll Le Fur“Qu’est ce que tu veux faire plus tard ?” Eyrolles

Eric Jeux : Ingénieur polytechnicien passionné de science-fiction, il a écrit plusieurs ouvrages de science-fiction dont “Le temps des infralents”, saga de science fiction pour ados qui se déroule dans le monde virtuel où s’est réfugiée l’humanité après avoir fui la terre dévastée, tout continue comme avant. il intervient dans les collèges régulièrement pour inciter les enfants à lire et à écrire.

François Moreau : président de LHH (Pour lui la transformation des métiers va s’accélérer sous l’impulsion des technologies, des enjeux écologiques et des modes de consommation)

« un thriller à grand élan qui se lit avec bonheur » selon Argoul (très dur, impitoyable ! comme critique)

Alain Schmoll, La tentation de la vague

Un thriller affairiste sur fond de philosophie raisonnable de l’existence. Ce premier roman est captivant, bien écrit et sans fautes d’orthographe ni de français, ce qui est assez rare pour être souligné chez un auteur novice. En deux parties et douze chapitres, le lecteur fait la connaissance de Werner, jeune adulte français fils d’industriel du fromage installé en Suisse, et de Romain, jeune révolutionnaire idéaliste parisien qui a créé un parti pour changer la société. Mais ni l’un ni l’autre ne sont bien ajustés à la vie qu’ils mènent ; toute l’histoire consistera à faire une bonne fin de ces contradictions.

Il est difficile de parler de l’intrigue sans dévoiler le pot aux roses, et je n’en ferai rien. Toujours est-il que la leçon de ces péripéties nombreuses des affaires, des groupuscules, des parents, des maitresses et amies, est qu’on ne nage pas contre le courant. D’où le titre. Tenter de braver la vague est orgueilleux, rageur et vain. C’est rester adolescent et refuser de grandir, croire qu’à soi tout seul on peut changer le monde et faire l’histoire, se faire plaisir par un activisme aussi futile que sans effet.

Le monde, les nations, les sociétés, les familles, les individus, sont régis par des tendances profondes qui n’autorisent que peu de liberté. La meilleure façon d’avancer est encore de suivre le courant pour surfer sur la vague, tels ces glisseurs de Biarritz sur la célèbre plage. Ce qui signifie ne pas aller contre son destin : reprendre les affaires de son père plutôt que rester dans la consultance, entrer en politique plutôt qu’en violence subversive ou terrorisme zadiste.

Le monde sans pitié des affaires, que l’auteur a abordé à des postes de dirigeant est, pour ce que j’en peux connaître comme analyste financier et investisseur opérationnel à la direction des banques, plutôt bien brossé. La page 66 donne notamment en une demi-page l’évolution saisissante du capitalisme contemporain, passé en une génération de l’anglo-saxon pur financier au durable rhénan soucieux d’environnement global et social, soucieux de ce qu’on appelle « les parties prenantes » à l’activité de l’entreprise. De même, page 164, la « violence révolutionnaire » est exécutée en quelques phrases rigoureuses ; elle ne vaut rien en soi et ne change rien au système, discréditant ses auteurs sans appel (ce que pensaient Dostoïevski et Camus). Elle ne vaut que si elle poursuit des objectifs concrets : éliminer un ennemi (Poutine, sur l’exemple de Staline qui copiait Hitler, en est un grand exemple), prendre le pouvoir lorsque la situation est mûre (comme Lénine tergiversait à le faire en 1917 mais que Hitler n’a pas hésité à accomplir).

Le roman peine à démarrer, ce qui aurait pu être résolu par un découpage différent. Mettre le crime en premier chapitre aurait par exemple captivé le lecteur avant de le faire entrer dans l’histoire et le caractère des personnages. Mais, une fois le rythme pris, le thriller va à grand élan et se lit avec bonheur. L’intrigue est originale, les personnages attachants et les situations comportent leur lot d’action et de rebondissement. Une belle réussite !

Alain Schmoll, La tentation de la vague, 2019, L’Harmattan collection Rue des Ecoles 2020, 263 pages, €23.00 e-book Kindle €16.99

Attachée de presse Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com