Réforme a aimé le livre d’Anne-Lise Blanchard

Essai : “Carnet de route. De l’Oronte à l’Euphrate” d’Anne-Lise Blanchard

Par Albert Huber

« Tout acte d’amour est une œuvre de paix. Sa grandeur ou sa petitesse importe peu », c’est avec cette pensée de Mère Theresa que s’ouvre ce récit de voyage humanitaire au Proche-Orient en 2017-2018.

Il retrace une année de pérégrination en Syrie, en Jordanie et en Irak, à la rencontre de ces peuples, de leurs épreuves, leurs espérances, leur soif de vivre malgré le chaos imposé par des guerres sans fin. Une année au contact d’acteurs de la minorité chrétienne pour l’essentiel. Grégoire III, patriarche syrien émérite de l’Église catholique melkite, préface l’ouvrage.

« J’ai voulu témoigner de la douceur de vivre de ces populations côtoyant l’horreur des attaques islamistes. Dire également la Foi, l’Espérance et la Charité incarnées par ces héros au quotidien, au regard libre et fier, face à la folie destructrice du terrorisme », témoigne l’autrice Anne-Lise Blanchard. Elle déplore au passage l’attitude de l’Occident dans la crise, l’embargo économique qu’il impose et, selon elle, le « ­pillage des cerveaux » qu’il organise en vidant le Proche-Orient de ses cadres médecins, ingénieurs, universitaires…

Carnet de route. De l’Oronte à l’Euphrate, Anne-Lise Blanchard, Via Romana, 130 p., 15 €.

Voyager en pensée grâce à la littérature d’Anne-Lise Blanchard (sur Breizh info)

Anne-Lise Blanchard est née à Alger en 1956. Elle a été successivement danseuse, chorégraphe, puis thérapeute. Depuis 2014, elle travaille au sein d’une organisation humanitaire tournée vers les chrétiens d’Orient. Elle est renommée pour ses recueils de poésie ; une dizaine sont parus à ce jour.

Dans son livre, elle tient un carnet de route minutieux de ses voyages dans le levant entre août 2017 et août 2018. Elle a visité pour le compte de son association de multiples communautés chrétiennes soit pour apporter du matériel, soit pour inspecter l’avancement des travaux financés par son organisation.

Les communautés chrétiennes du Levant sont nombreuses et diverses. À côté des catholiques latins, nous trouvons les maronites (qui sont catholiques), les melkites (terme qui signifie « royaux » en grec, car ils pratiquaient la religion de l’empereur d’orient) qui se sont ralliés à Rome, les orthodoxes qui sont les melkites qui ont refusé de rejoindre l’Église catholique. Nous avons encore l’Église jacobite dite encore église syriaque orthodoxe, qui est monophysite, c’est-à-dire qu’elle ne reconnaît qu’une seule nature au Christ, la divine ayant absorbé l’humaine. Orthodoxes et catholiques estiment eux que les deux natures cohabitent sans se mêler. Entre 1656 et 1830, une partie des jacobites se rallièrent à Rome et fondèrent l’église syrienne catholique.

Un autre grand courant chrétien est l’Église nestorienne. Elle va plus loin que les positions catholiques et orthodoxes en affirmant que deux hypostases l’une humaine et l’autre divine coexistent dans le Christ. On les appelle également Assyriens ou Chaldéens. Une partie d’entre eux s’est ralliée à Rome tandis qu’un schisme s’est produit en 1968, lors de l’adoption du calendrier grégorien qui a été refusé par une partie des fidèles.

Toutes ces communautés sont menacées et le nombre des fidèles décroît dangereusement du fait de l’émigration, le principal pays d’accueil étant l’Australie ravie de renforcer sa population par des personnes qui ne remettront pas en cause le mode de vie australien.

Mme Blanchard est d’abord allée en Syrie, dans des villages ou quartiers entièrement chrétiens d’où elle nous décrit les charmes et les églises. Mme Blanchard est favorable à Bachar El Assad et ne comprend pas la politique française. Il est certain que les soi-disant syriens libres sont en réalité des djihadistes qui s’en sont violemment pris aux chrétiens et non des adversaires démocrates du président El Assad. Les fidèles du Christ sont donc tous du côté du gouvernement de Damas, qui leur assure la sécurité et leur permet de vivre librement. Bachar El Assad a même déclaré récemment : « les chrétiens ne sont ni des invités ni des oiseaux migrateurs. Ils appartiennent aux origines de la nation et sans eux il n’y aurait pas de Syrie. » Aucun président français n’a reconnu avec une telle force que les racines de son pays étaient chrétiennes. Bien sûr, Mme Blanchard est partiale et met de côté les accusations qui pèsent sur M. El Assad, les bombardements chimiques, (dont il est difficile de savoir s’ils ont eu lieu ou pas), les exactions, les exécutions sommaires. La révolte de 2011 n’a pas été importée de l’étranger ; elle est née spontanément au sein d’un peuple qui ne supportait plus son despote. Son drame est d’avoir été confisquée par les islamistes.

Mme Blanchard s’est rendue également en Jordanie, où la communauté chrétienne s’accroche comme elle peut. La pression musulmane qui s’exerce sur elle est forte, par exemple les fidèles du prophète boycottent les magasins et les entreprises des chrétiens ce qui les empêchent de gagner leur vie.

Dans le dernier pays visité, l’Irak le gouvernement autonome kurde protège les chrétiens, mais il ne peut guère faire autrement du fait de la protection que lui accordent les gouvernements occidentaux. Mais lors de l’occupation de Daesh, nombre de terres chrétiennes ont été confisquées par des musulmans qui ne les ont pas rendues à la libération.

Ce livre est un guide de voyage, il permet de voyager en pensée dans des contrées peu connues, mais belles de l’Orient compliqué (dixit le général de Gaulle) et nous dépayse ce qui est le but de toute littérature.

Christian de Moliner

Illustration : DR
[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine 

La Nef a choisi le livre d’Anne-Lise Blanchard, superbe article d’Annie Laurent

CARNET DE ROUTE
De l’Oronte à l’Euphrate, les marches de la résurrection
ANNE-LISE BLANCHARD
Via Romana, 2020, 132 pages, 15 €

D’août 2017 à août 2018, A.-L. Blanchard a parcouru la Syrie, la Jordanie et l’Irak dans le sillage de l’association SOS Chrétiens d’Orient, notant, étape après étape, tout ce qu’elle a pu observer ou écouter à travers ses visites et ses rencontres. Avec simplicité, l’auteur évoque les destructions causées par les djihadistes dans des lieux qui ont marqué l’histoire du Proche-Orient ; elle relate surtout les souffrances et injustices que ces militants islamistes ont infligées aux chrétiens et aux Yézidis du nord de l’Irak. Des pages intéressantes concernent cette communauté dont la croyance plonge ses racines dans l’Iran ancien. L’hospitalité offerte par les Kurdes sunnites aux victimes de ces horreurs ne doit pas tromper car elle est intéressée, disent les chrétiens, qui mettent en garde les Occidentaux contre les illusions entretenues par une idée irénique de l’islam. C’est sur elle que repose la nocivité de la politique française en Syrie. Mais A.-L. Blanchard insiste aussi, exemples à l’appui, sur l’héroïsme dont elle a été le témoin, sur la vocation des chrétiens et l’espérance qui habite les représentants des Églises locales. La sincérité de son récit et l’amour qui s’en dégage lui valent la reconnaissance du patriarche émérite de l’Église grecque-orthodoxe, Grégoire III, et du curé de Maaloula, Toufic Eid, qui lui offrent une préface et un avant-propos émouvants.

Annie Laurent

Anniversaire de S.O.S. Chrétiens d’Orient samedi 12 septembre, une occasion de rencontrer Anne-Lise Blanchard

Contact presse pour le recevoir / interviewer l’auteure : guilaine_depis@yahoo.com 06 84 36 31 85
Chaque année, le 12 septembre, les membres et amis de SOS Chrétiens d’Orient se retrouvent dans l’intimité de l’église Saint-Eugène Sainte-Cécile, à Paris, pour célébrer l’anniversaire de l’association. Il s’agit d’un moment particulier, parmi tous les temps forts qui rythment notre année, qui se distingue du grand rassemblement de l’été ou du dîner de charité de novembre. 
A la joie de se retrouver ou de lancer de nouveaux projets, s’ajoute une ferveur toute particulière. Sans doute est-ce dû à la messe, toujours célébrée par un prêtre de la Fraternité Saint Vincent Ferrier, qui veut bien nous conseiller sur le plan spirituel depuis les débuts de notre aventure. Sans doute aussi parce que l’anniversaire, en tant qu’événement, permet de mesurer le temps qui passe et le travail accompli ; et que la splendeur de la liturgie favorise le recueillement. Nous vivons une illumination de l’âme, avant de rejoindre les festivités plus attendues et charnelles du verre de l’amitié et du buffet froid. 
On y retrouve les collaborateurs, les anciens volontaires, qui repassent par là et que l’on a plaisir à revoir, les amis, comme Charlotte d’Ornellas, l’ancien ministre Thierry Mariani, des éditeurs, des journalistes, d’autres encore, moins connus, mais tout aussi investis…
Par un clin d’oeil de la Providence (on ne se l’explique pas autrement), notre anniversaire coïncide avec la libération du siège de Vienne, en 1683. On se souvient que, durant les combats, les boulangers viennois, qui travaillaient de nuit, avait repéré une tentative d’invasion et donné l’alerte, permettant aux assiégés de repousser les assaillants. En récompense, ils eurent le droit de créer une friandise de pâte feuilletée en forme de croissant, symbole de l’islam, appelée à devenir fameuse. 
Plus tard, une armée chrétienne menée par le roi de Pologne était venue briser l’étau posé par les Ottomans autour de la ville impériale. Les Turcs avaient été obligés de lever le camp dans la précipitation, laissant derrière eux d’abondantes provisions. A cette occasion, l’aumônier de l’armée de secours, le capucin Marco d’Aviano, avait élaboré une recette pour atténuer l’acidité du café trouvé, en le mélangeant avec du miel et une dose de crème. En son honneur, ce breuvage typiquement viennois fut baptisé « cappucino ». 
Chaque année, en dégustant ces deux symboles de liberté après la messe d’anniversaire, nous avons une forte pensée en imaginant les visages, les sourires, le soulagement d’être encore vivants, des habitants  de Vienne libérée. Et nous songeons qu’ils ont sans doute beaucoup en commun, ces sourires et cette joie de vivre, avec ceux des chrétiens d’Orient que nous sommes venus aider, après la libération de Mossoul ou Qaraqosh, en Irak, ou de Alep et Mhardeh, en Syrie. Et plus que jamais, nous nous sentons à notre place.

« Pour accompagner depuis 2014 SOS Chrétiens d’Orient, je me réjouis d’être présente à la soirée d’anniversaire de l’association et particulièrement ce 12 septembre où nous célèbrerons une messe d’actions de grâce pour les réalisations accomplies et le retour de nos collaborateurs sains et saufs.

Vivant loin de Paris, il est exceptionnel que je participe à ces anniversaires qui sont l’occasion de retrouver nos chefs de mission, les anciens et les nouveaux, ainsi que les volontaires qui se sont succédés depuis sept ans. « Carnet de route de l’Oronte à l’Euphrate, les marches de la résurrection » témoigne de l’engagement généreux, dévoué de cette jeunesse, de son enthousiasme, de sa ferveur également.

C’est également, comme cela m’est arrivé il y a deux ans, l’occasion de retrouver quelques Irakiens, Syriens, Libanais rencontrés en mission sur leur terre – ou déjà en exil au Liban ou en Jordanie – au pire moment de la lutte contre daesh ou al-Nosra, rencontres émouvantes que je retrace dans ce livre, et qui poursuivent leur route aux côtés de SOS Chrétiens d’Orient. On y a encore l’heureuse surprise que nous rejoignent ceux qui ont participé à nos voyages.

Enfin, c’est retrouver l’équipe parisienne qui met en musique tout ce monde dans les fabuleux projets conçus et mis en œuvre sur le terrain. Une équipe jeune, efficace, aguerrie dans l’humanitaire, reconnue par les autorités des pays de mission, aimée des populations locales parmi lesquelles se fondent les volontaires et cette affection portée à l’association, « Carnet de route de l’Oronte à l’Euphrate » l’évoque, ne serait-ce que par la préface du patriarche émérite Grégoire III ou l’avant-propos du Père Toufic Eid, curé de Maaloula.

Bref, un anniversaire de SOS Chrétiens d’Orient se déroule comme une fête de famille, quand on se retrouve après une longue séparation ou s’être perdu de vue, que l’on évoque souvenirs, réalisations et projets. »

Le Zoom avec Anne-Lise Blanchard : Pourquoi la Syrie n’est pas tombée

Le Zoom avec Anne-Lise Blanchard : Pourquoi la Syrie n’est pas tombée

https://lesobservateurs.ch/2020/08/19/le-zoom-avec-anne-lise-blanchard-pourquoi-la-syrie-nest-pas-tombee/

Comment la guerre contre Daesh a-t-elle commencé ? Pourquoi ne se termine-t-elle pas ? Où sont les djihadistes ? Anne-Lise Blanchard, membre de SOS chrétiens d’Orient, répond à toutes ces questions avec la présentation de son dernier ouvrage « Carnet de route – De l’Oronte à l’Euphrate, les marches de la résurrection ». Elle évoque aussi le sort réservé aux derniers chrétiens d’Orient, la façon dont l’islamisme fanatique est utilisé, et sa rencontre avec Myrna, chrétienne orthodoxe, stigmatisée, qui lors de ses extases raconte pourquoi la Syrie n’a pas subi le même sort que l’Irak ou la Libye.

L’article Le Zoom avec Anne-Lise Blanchard : Pourquoi la Syrie n’est pas tombée est apparu en premier sur TVLibertés – 1ère chaîne de réinformation | Nous, c’est vous.

 

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