Un homme NU chez Antoinette Fouque !!!!!!!!! (Photos de Sophie Bassouls & Poèmes inédits d’Alina Reyes) VERNISSAGE JEUDI 6 NOVEMBRE, DES 18h30, BIENVENUE !!

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Après bien des années de photos pour la presse et pour l’édition, j’avais envie de faire autre chose et d’explorer en particulier un corps d’homme, corps qui, par nature, pour une femme demeure mystère. Aussi de travailler sur le thème de la maigreur .

Alors que la nudité féminine s’exhibe partout, la nudité masculine reste encore sujet tabou, un ami accepta d’entrer dans ce projet et de me «prêter» son corps .

Il ne s’agissait au départ que de photographies que j’envisageais sous forme de montages, de découpages que j’intitulais « Corps en Morceaux ».
Nous fîmes plusieurs séances de photos sur quelques années. J’étais attentive à rester dans un certain académisme, loin du glamour comme de la vulgarité, mais consciente au fil des prises de vues que le travail envisagé possédait une charge de provocation possible.

Le résultat m’effraya : trop dur, trop sévère . Malmener un corps devait m’amener également à le sublimer. Mon goût pour la peinture m’aidât à imaginer autre chose .

Ces photographies découpées, remontés, ajustées, décalées, toutes en Noir et Blanc relevaient un peu de l’autopsie. Pourquoi ne pas couvrir ce corps d’or, comme un bijou ?

Déposer de l’or de différents tons, de différentes densités sur les tirages, aussi bien sur le corps qu’autour de lui fût la clé de ce travail.

A cette période, commençant à utiliser un ordinateur, la technique me permit de jongler avec les images très facilement, de faire de multiples essais sans passer des heures dans un laboratoire. .
Dans un premier temps j’ai travaillé sur de petites maquettes, une fois satisfaite, j’ai fait réaliser ces grands tirages ( 60 X 85 °) sur lesquels j’ai peint directement.

Je désirais vraiment que cette que cette série, à mes yeux inhabituelle, puisse être vue et je la présentais à différentes galeries. Partout un réel intérêt, mais cette réponse « ce n’est pas vraiment de la photo ! ».

Jusqu’au jour où Antoinette Fouque, à qui je montrais ces « Nus et Or » me proposât immédiatement, avec enthousiasme, preuve de sa grande tolérance, de les exposer dans son nouvel espace « Des Femmes ». Je comprends aussi son geste comme un encouragement pour moi vers cette recherche qui allie photographie et imaginaire.

Alina Reyes a écrit un cycle de sept poèmes inspirés par ces « Nus et Or ».
Qu’elles soient toutes deux plus que chaleureusement remerciées.

Sophie Bassouls

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Petits pas d’or dans les allées

De ton corps, ô monts, ô sommets

Que j’adore ! Oh, mille-mille-pattes

Du gazon des amours, où,

Oui, où t’en vas-tu, et d’où, doux

Vilain loup, t’en reviens-tu ?

Dis-moi le donc, lequel de nous

Deux s’amuse à se promener

Dans le jardin de l’autre ? Quel

Autre est l’hôte de son hôte ?

Mille-mille pas font de ton

Corps l’icône d’or de mon

Désir, pure essence sacrée.

Alina Reyes

Les sept poèmes inédits d’Alina Reyes pour l’expo de Sophie Bassouls

reyes.jpgPour photos Sophie Bassouls

1

Petits pas d’or dans les allées

De ton corps, ô monts, ô sommets

Que j’adore ! Oh, mille-mille-pattes

Du gazon des amours, où,

Oui, où t’en vas-tu, et d’où, doux

Vilain loup, t’en reviens-tu ?

Dis-moi le donc, lequel de nous

Deux s’amuse à se promener

Dans le jardin de l’autre ? Quel

Autre est l’hôte de son hôte ?

Mille-mille pas font de ton

Corps l’icône d’or de mon

Désir, pure essence sacrée.

2

Tu es tout en dents, non ?

Je suis toute en lèvres, oui.

Tu es tout en os, bon sang,

Je suis toute ouïe, bon Dieu,

Tu es tout yeux, je suis toute

Regard.

Combien d’os as-tu, tout nu ?

Combien de dents pour me défendre

De toucher ton seul, ton unique

Os ?

Hosannah du profond de mes chairs !

Je pressens la source qui vient.

3

Allons, mon grand, es-tu vraiment

Si sérieux ? Et moi, suis-je à ce point

Distante ? Nous sommes-nous bien

Regardés ? Quand pourrons-nous

Nous voir ? Allons, moi, laisse tomber

La prose. Allons, toi, abandonne

La pose. Que l’objectif en pause

S’emmêle les pinceaux face

Aux gestes de la vie. Joie !

4

Ton sexe à sexte, j’ai le compas

Dans l’œil. Mon texte en vue, je sors

Le petit oiseau de ma tête.

Te déclicqueras-tu, lumière ?

Dans le noir de la chambre une rose

Éclôt. Invisible en la nuit

Une rose sans bruit, soudain,

Se déboutonnant, répand

Un violent parfum d’île

Au trésor.

5

Puis voici l’oasis, le puits.

Puis voici le mirage, puis

L’espoir, le doute, et peut-être

La déréliction. Puis voici

Que je me perds en te perdant,

Pays, vert paradis de nos

Enfances. Voici que résonne

La sentence. Voici venu,

Animal triste, le crépuscule

De l’idole, l’heure assombrie

De toutes les langues de bois.

Voici la séparation, la mort

Dans l’âme et le mors aux dents.

Voici le temps du ridicule

Appariement de l’homme avec

La femme quand du meilleur ne reste

Que le moins bon. Allons, nomades,

Ne pas nous éterniser

Ci-bas quand monte à l’horizon

L’or nouveau de nos amours nouvelles !

6

Bonjour, le jour, l’amour

Chante aux gorges des oiseaux !

Leur réveil sont ta joie, l’abri

Où j’ai dormi en toi, jardin.

Le soleil qui se lève verse

Des cailloux d’or dans tes allées.

Oui, je me repère en toi, corps

De l’être que je suis venue

Chercher, si nue d’aurore,

Aux tympans de la maison de Dieu.

Entends-tu rire la rivière ?

Qui coule vive sur tes cailloux,

Qui roule en ton lit ses pépites,

Allumant en mes gorges mon chant ?

Oh, bonjour, amour, je t’aime.

7

Je cueille des rameaux, des palmes

Et des plumes, je tresse

Un nid pour l’oiseau que j’attends.

Dès l’aube l’on entend mon cœur

Qui caracole, pourquoi ?

Je suis montée au ciel pour te chercher,

Toi qui te trouves où je me cherche.

Comment y suis-je allée ?

En me quittant. Aux bords de la rivière

Mes pas dans le sable me réécrivent

Entièrement. L’eau me lave les yeux,

Qu’ils soient limpides pour le jour

Où tu viendras t’y voir. L’eau me lave

Les lèvres, qu’elles soient fraîches au jour

Venu de te dire la beauté

De tes os, de ta peau, du secret

De ton cœur.

Alina Reyes, poète (biobibliographie)

Alina.jpg

Alina REYES, écrivain
(illustre par ses poèmes l’exposition « Nus et or » de Sophie Bassouls)

Blog : http://amainsnues.hautetfort.com
Alina Reyes est née en 1956 près de Bordeaux. Elle est l’auteur du Boucher (Seuil, 1988), traduit en 25 langues. Elle a notamment publié Quand tu aimes il faut partir (Gallimard, 1993), Derrière la porte (Laffont, 1994), Il n’y a plus que la Patagonie (Julliard, 1997), et aux éditions Zulma : Poupée, anale nationale (1998), Corps de femme (1999), Ma vie douce (2001), Une nuit avec Marilyn (2002), Politique de l’amour (2002) et La Dameuse (2008)

Bibliographie détaillée :
Alina Reyes est née en 1956 près de Bordeaux. En milieu populaire, communiste. Enfance et adolescence à Soulac-sur-Mer (racontée dans Le chien qui voulait me manger et dans Ma vie douce). Interne à Royan où elle choisit d’apprendre le grec ancien, elle commence à tenir son journal en I968. Quitte le lycée avant le bac, années de bohème. En 1981, mère de deux garçons, elle s’installe à Bordeaux où elle reprend ses études : journalisme et lettres (DEA). Collabore à la presse locale (écrite et radiophonique), fait des remplacements de professeurs en collège. En 1988, publie le Boucher. Dans les années suivantes, vit à Montréal, puis à Paris et dans les Hautes-Pyrénées. Naissance de ses deux derniers fils en 1994 et 1996. Depuis son premier roman, Alina Reyes construit une œuvre littéraire marquée par le questionnement du corps revendiqué comme acte politique : l’érotisme ou le refus de la chair y traduisent l’aspiration de l’être à une difficile, voire impossible, libération. (cf. en particulier Poupée, anale nationale, mais aussi Lilith, Nus devant les fantômes – Franz Kafka et Milena Lesenska…). Aborde par ailleurs la question sociale à travers des livres autobiographiques tels que : Quand tu aimes il faut partir, Moha m’aime ou Ma vie douce, journal 1979-2000). Poursuit, parallèlement, une activité de chroniqueuse (entre autres dans Le Devoir, à Montréal, puis à Libération magazine, Globe, Pyrénées magazine, Edelweiss, à Genève, etc). Nombreuses publications dans la presse écrite, quotidiens et magazines ; collaborations à des revues littéraires (L’Infini, Supérieur Inconnu, Le Passant ordinaire, Inventaire/Invention, revue sur Internet, qui publie son premier long poème, Autopsie) ; lectures et conférences en Europe et aux Etats-Unis. A réalisé un court-métrage, Métamorphoses, dans la série « L’érotisme vu par (des écrivains) », pour Canal + en 2001
Derniers livres parus : Forêt profonde (Le Rocher, 2007) ; La jeune fille et la Vierge (Bayard, 2008) ; La Dameuse (Zulma, 2008).