Le philosophe Emmanuel Jaffelin sur le Don dans Radio fidélité

Philo & Co : La Charité Et Le Don Dans La Recherche Du Bonheur – Avec Emmanuel Jaffelin – 4/4

Philo & Co Société

Vendredi 19 novembre, Radio Fidélité à organisé son radio don ! Une journée spéciale qui permet à Radio Fidélité de rassembler les fonds nécessaires à son bon fonctionnement.

Tout au long de cette journée, les animateurs et les invités se sont succédé à l’antenne pour inciter les auditeurs à donner à la radio. Ce fonctionnement, qui permet à la radio de vivre grâce aux dons ses auditeurs, est plutôt rare dans l’économie des radios associatives. Justement, dans philo & co nous nous intéressons à ce qu’apportent la charité et le don dans la recherche du bonheur. Depuis le début du mois, Philo& co questionne la quête du bonheur avec Emmanuel Jaffelin, professeur de philosophie, auteur de nombreux ouvrages sur la gentillesse et tout récemment de « Célébrations du bonheur » chez Michel Laffon. Vous écouterez les podcasts des épisodes précédents sur notre site internet pour en savoir plus sur ce qui nous amène, ou non, à être plus heureux.Quel intérêt y a t’il à être gentil ? Pourquoi donner de façon désintéressée à l’autre ? Réponse avec Emmanuel Jaffelin.

Illustration : La Charité, d’Andrea D’AGNOLO DI FRANCESCO dit Andrea DEL SARTO – Crédit photographique : Cécile Clos/Musée d’arts de Nant

Le Progrès a rencontré Fiona Lauriol

« 101 ans, Mémé part en vadrouille » est paru

Par Le Progrès 26 nov. 2021 à 16:45 | mis à jour le 27 nov. 2021 à 15:12 – Temps de lecture : 1 min

Nous avions rencontré Fiona Lauriol en août, lors de son passage en Haute-Loire à bord de son camping-car. La jeune Vendéenne préparait la promotion de son livre 101 ans, Mémé part en vadrouille. Un ouvrage autobiographique qui raconte son histoire lorsqu’elle est allée chercher sa grand-mère à l’Ehpad pour s’occuper d’elle.

La folle aventure va aller bien au-delà et va durer jusqu’aux 103 ans de Dominique, une mémé au tempérament bien trempé. Ensemble, elles vont voyager en France, en Espagne et au Portugal. 101 ans, Mémé part en vadrouille retrace un road-trip extraordinaire et touchant, sous la plume efficace et pleine d’humour de Fiona Lauriol. Un livre qui parle d’espoir, d’amour et de liberté.

101 ans, Mémé part en vadrouille, Fiona Lauriol. Éditions Blacklephant. Octobre 2021. 16,90 euros.

Françoise Fesneau a lu « La Conversation » pour « Au plaisir de lire » 

Françoise Fesneau a lu « La Conversation » pour « Au plaisir de lire » 

Journaliste, éditeur de presse, passionné de voyage – il a fondé les Éditions Grands Voyageurs – Alexandre Arditti est également romancier. Depuis 2008, il dirige aussi le magazine Voyages et Hôtels de Rêve. La Conversation est son premier roman, paru aux éditions Les Presses Littéraires en Mai dernier.

Charlotte a 20 ans et sort de Sciences Po. Elle travaille pour un journal national en tant que rédactrice stagiaire. En clair, elle fait ce qu’on lui demande, n’a pas de bureau attitré et n’est pas rémunérée !

Au cœur de l’été, chacun se prépare à partir en vacances. Cependant, Charlotte, va devoir se résoudre à rester à Paris car elle se voit proposer l’interview d’un ancien président de la république.

Victor Esmenard, âgé de 90 ans, c’est de lui dont il s’agit, est également écrivain et vient de recevoir le prix Nobel de la Paix pour son œuvre.

Elle n’est pas très emballée mais comment refuser lorsque l’on est stagiaire ? Caroline, la directrice de la publication, femme dynamique d’une cinquantaine d’années, lui fait comprendre qu’elle n’a pas le choix…

Rendez-vous est fixé le 2 août, au Plaza Athénée, prestigieux palace parisien.

« Il était déjà là, et je le repérai tout de suite….. Je m’avançais pour le saluer, les jambes flageolantes et le sourire crispé. » page 24

Charlotte semble très impressionnée par cette rencontre : première interview, ancien président, nouveau prix Nobel de la Paix, on le serait à moins.

La conversation, une rencontre entre le passé et le futur

Un verre de Chablis et la conversation commence. Lui fait l’homme qui est arrivé là sans faire grand-chose, soi-disant en évitant de trop travailler, en fuyant les contingences et le train train quotidien.

Charlotte est rapidement à l’aise, incisive dans ses remarques, trop face à cet homme de carrure internationale. Lui est direct : « Je n’aime pas les gens. Dire que l’on aime tout le monde est vide de sens ».

Victor parle de sa carrière, de la mondialisation, du journalisme qui s’est passablement dégradé (chaînes en continu, disparition de la presse papier), des réseaux sociaux qui permettent à tous de s’exprimer sans rien connaître, sans filtre, de la violence qui sévit partout, des écolos qui veulent régenter la vie de tous.

Le politicien rusé, censé détester les journalistes, use de séduction, pratique l’art de la conversation avec un sens aiguisé du monologue, use de l’aphorisme, de la citation, sans en abuser, médit de l’époque, se gausse de ses contemporains, vante les vertus du vin et du cognac, de la bonne chère aussi, évoque la douceur de vivre et se défie de l’avenir. Bref, donne, sans y prendre garde, des leçons de sagesses.

L’homme est un ancien haut personnage politique, il est âgé et peut se permettre cette distance par rapport à sa vie, se positionner au-dessus de la mêlée. Mais elle, elle a 20 ans et s’adresse à lui comme si elle le connaissait, avec une aisance improbable.

Charlotte encaisse, réplique, ruse, et se trouve piégée en bout de course. On ne vous dira pas comment…

Alexandre Arditti livre un brillant exercice de style, échappant aux lieux communs

Les sujets abordés, les remarques sur la vie, l’humain en général, sont intéressants. On s’attend à un livre différent : un ancien président de la république, prix Nobel de la paix, qui a 90 ans… Des rencontres avec de hauts personnages du passé, des événements importants qu’il aurait détaillés, expliqués, des aventures croustillantes, les dessous de la République !!

Il n’y a rien de tout cela ! Au travers de ce dialogue intergénérationnel, l’auteur livre une réflexion générale sur le sens de la vie, celui à donner à la sienne quand on est au crépuscule de celle-ci. On se lâche, sans fard, sans ornement, sans tromperie. On se met à nu.

La construction du livre autour d’un dialogue et des chapitres courts font de ce roman de 120 pages un livre agréable et facile à lire. C’est une belle façon de faire le tour de sa vie que de donner sa vision du monde à la fin de ses jours, surtout lorsque l’on a quasiment un siècle !

Bonne lecture !

Françoise Fesneau

La conversation – Alexandre Arditi – Ed. Les Presses Littéraires – 05/2021 – 124 pages

Christine Bini fidèle et merveilleuse lectrice de François Coupry nous offre un nouvel article lumineux

François COUPRY

L’agonie de Gutenberg (2)
Vilaines pensées 2018/2021

François Coupry, que j’ai qualifié ailleurs d’ « ogre baroque » – et il n’a pas eu l’air de tiquer au compliment – est un observateur. Il a l’œil partout, son regard acéré, assassin, ne rate rien de nos travers contemporains, et s’il se revendique d’une inspiration swiftienne dans ce qu’il appelle joliment le « prélude » du tome 2 de ses Vilaines pensées, il est à l’évidence un analyste convaincant de la postmodernité. Voilà qui nous ramène au baroque : renversement des valeurs, entre autres. Dans un des contes de ce recueil, les ouvriers vivent dans un quartier pavillonnaire bourgeois et les ultra-riches dans des cités aux boîtes aux lettres éventrées. C’est le Carnaval. Ce que Coupry met en évidence, c’est que le carnaval contemporain ne dure pas qu’un maigre temps, il est permanent. Les chroniques de ce recueil sont aussi  politiques.
 
L’agonie de Gutenberg (2) a un sous-titre : « Vilaines pensées 2018/2021 ». Et un sous-sous-titre : « Journal extraordinaire, fables & paradoxes ». Nous y voilà. Le journal est extraordinaire parce qu’il ramasse les motifs ordinaires du quotidien et les passe à la moulinette d’une réalité augmentée, celle de la fiction révélatrice. Les fables ont une morale. Les paradoxes sont le substrat de la postmodernité, on en a la preuve tous les jours – on est élu sur un programme de gauche et l’on fait une politique de droite, on prône le tout-électrique mais on refuse l’énergie nucléaire, on partage en deux les chaussées pour laisser de la place aux vélocipèdes en créant des embouteillages monstres qui asphyxient les vélocipédistes et augmentent la pollution ambiante, ad libitum… Sur ces paradoxes-là, Coupry fait œuvre de moraliste, bien loin de la moraline. Mais pas seulement. Parce qu’il est avant tout un écrivain de fiction fictionnante, il nous livre ses vilaines pensées sur le mode du conte et de la fable. Et parce qu’il se revendique diariste, il prend pour figure tutélaire Kafka et son journal. Cependant, malgré toutes ces références bien ancrées dans une culture classique ou en passe de l’être, Coupry s’inscrit aussi, sans qu’il sache ou le veuille, dans la pop culture. Dans l’une des histoires qu’il nous offre dans ce tome 2 de L’agonie de Gutenberg, intitulée « Je ne suis pas humain », le narrateur est un professeur enseignant au Centre romain des études des récits de l’imaginaire. Lors d’un de ses cours, il prend conscience qu’il a subi une métamorphose, son doigt pointé vers un étudiant dissipé est griffu et couvert d’écailles vertes, il est devenu « un être de fiction incarné », un « Martien d’opérette ». Le conte se retourne comme un gant, et l’on n’est pas loin de l’univers de J.J. Abrams – même si je doute fort que Coupry connaisse ce nom.
 
Ce renversement des valeurs et cette lutte contre le moralement correct ont beaucoup à voir avec l’imaginaire de la pop culture. La force de Coupry, c’est d’inclure cette modernité – cette postmodernité – dans une histoire littéraire parfaitement balisée, loin des canons de l’imaginaire collectif contemporain. Ce n’est pas un paradoxe, paradoxalement. Coupry se situe au carrefour des courants de l’imaginaire, voilà pourquoi il faut le mettre entre toutes les mains : chaque lecteur y trouvera son compte de références et de projections.
 
Ce deuxième tome des Vilaines pensées court jusqu’à 2021, autant dire jusqu’à l’inimaginable : le virus. Qui l’eût cru ? Ce que nous avions dévoré et savouré sur les écrans et dans les romans apocalyptiques ou post-apocalyptiques est devenu réalité. Rien à dire : la fiction a toujours raison, on se tue à vous le marteler. La pandémie permet à Coupry un aller-retour entre les XXIe et XVIIIe siècles, dans les pages d’une savoureuse correspondance :
 
« 31 mars : Mon ami Piano…
Au clair de la lune, je termine ce mot que je posterai pour le dix-huitième siècle dans la gueule de ton grand chien blanc, magique boîte aux lettres.
Ici, à San Fernando, la situation sanitaire s’aggrave. Mais on miaule dans tous les postes de télévision, et sur tous réseaux hypocritement sociaux, que le monde après la pandémie […] sera meilleur et différent du monde d’avant cette COVID !
On rêve par exemple à la fin de l’obligation de travailler, de gagner coûte que coûte de l’argent, de supporter les familles, même recomposées, on rêve de la fin de la nécessité prétendument humaine de la sociabilité, de la convivialité, du vivre-ensemble, niaiseries que l’on supporterait par essence depuis des siècles, amen. »
 
Il faut lire ces vilaines pensées. Ce tome 2 met en relief le basculement du monde, dans sa marche lente et sa soudaine accélération. Coupry l’observateur, le cuentista, devient fictionnaire réaliste – oxymore, paradoxe !  Il faut lire François Coupry. Nous sommes, nous, frères humains, tout entiers présents dans ces vilaines pensées. Des pensées pas si vilaines que ça : moralement incorrectes – ça, ça fait du bien – et humainement fraternelles – et ça, c’est bien l’essentiel.

Christine Bini 
(22/11/21)    
Lire d’autres articles de Christine Bini sur http://christinebini.blogspot.fr/