“La Souciance” d’Eric-Louis Henri, un roman en forme de balade philosophique qui invite à aller à la rencontre de soi

“La Souciance” d’Eric-Louis Henri, un roman en forme de balade philosophique qui invite à aller à la rencontre de soi

Un couple de voyageurs fait halte dans un village suspendu entre mer et montagne. Une étape de plus, somme toute ordinaire, lors d’un périple estival sans but précis.

Mais ce qui aurait pu n’être qu’un simple instant de découverte heureuse révèle d’emblée une autre dimension, singulière, insolite. L’évidence du lieu, fragile, immédiate et surprenante, dessine alors pour le couple un futur inattendu.

Dans ce premier roman, publié aux Editions du Panthéon, Eric-Louis Henri nous propose un moment hors du temps, une réflexion profonde, intime et poétique, induite par un pays propice à l’introspection et à la découverte de la « souciance ».

La Souciance - Éric-Louis Henri

Une balade philosophique pour cheminer vers l’intime

Le fil de l’histoire se déroule dans le sud méditerranéen : cela pourrait être l’Italie ou la France, la Grèce ou l’Espagne, la Crête ou la Carthagène tunisienne… Il est de tous ces lieux et d’aucun à la fois. Apatride et universel, berceau et tremplin. Il est de tous les temps aussi, quoique résolument contemporain.

L’histoire débute par une halte dans un village suspendu entre mer et montagne ; ce n’aurait pu être qu’une simple étape d’un périple estival. L’instant de découverte passé, se révèle une autre dimension, singulière, insolite pour un couple de voyageurs. L’évidence d’un lieu dessine alors pour celui-ci un futur inattendu, propice à la “souciance”.

Mais quelle est donc cette “souciance” ? Ce terme, issu de la phénoménologie, évoque à la fois l’infime singularité de toute existence et les incertitudes essentielles de la vie humaine.

“La Souciance” d’Eric-Louis Henri est tout à la fois :

  • Le journal d’un apprenti en pensée.
  • L’itinéraire d’un homme qui, à l’épreuve du réel, est en quête de ce qui fait sens en lui et pour lui. Qui tente de ne pas manquer ce rendez-vous en s’ouvrant à l’imprévisible, à l’inattendu, … à cette part de “réalité singulière qui constitue son universalité”.
  • Une mise en abîme des présupposés contemporains gouvernant notre existence.

Un livre à mettre entre toutes les mains

“La Souciance” n’est pas un livre réservé à quelques “happy few” férus de philosophie. L’auteur a adopté une écriture simple, accessible, et vivante.

Chacun.e peut aussi se projeter, en filigrane, dans cette histoire : même si sont évoqués quelques lieux et moments qu’Eric-Louis Henri a croisés, visités ou “entre-vécus”, même si elle s’en est nourrie, La Souciance n’est pas une autobiographie.

Voici ce que la journaliste-correspondante en Europe, éditrice et critique littéraire équatorienne Sofia Cardoen (Diario El Universo – Perla del pacifico Ediciones) écrit à propos de ce roman captivant :

“Ne cherchez pas une histoire, ne cherchez pas une action, ne cherchez pas des personnages haut en couleurs. En ouvrant ce livre, c’est vous-même que vous allez rencontrer. D’une façon détournée, imprévue, l’auteur vous emporte dans son monde intérieur et de cette intériorité s’ouvre un passage à votre propre être par le rythme et la réflexion que l’auteur a suscitée. Observer, méditer, ralentir pour se retrouver au milieu d’un nulle part qui ne prend sens que parce que vous vous y trouvez. La souciance est ce temps qu’on devrait accorder à soi-même et qu’on passe toute une vie à remettre pour plus tard.”

Extrait

“Et si l’éternité n’existait pas ?
Et si l’éternité, ce n’était que le passé.
Derrière nous…Résolument clos.

Devant, il n’y aurait que l’infini. Sans cesse naissant, indéfiniment mouvant. Indéterminé, voire improbable…

En arrivant au village, j’ai aussitôt ressenti que quelque chose se jouait du temps. Un “je-ne-sais-quoi” qui frissonnait à la surface du présent. Comme un air de commencement.

D’ordinaire, lorsqu’on se rend quelque part, la destination est connue. On sait où le chemin nous mènera. On sait où l’on va et, normalement, par où aller. Sans que l’ordre du monde, de son monde, n’en soit bouleversé.

Ce fut différent, cette fois.
Hasard ou coïncidence ?
Prédestination ou providence ?”

La genèse de ce roman hors du temps

L’écriture de “La Souciance” est née dans un avion, alors qu’Eric-Louis Henri partait vers le Sud de l’Italie avec son épouse.

Alors qu’il sort d’une rupture professionnelle tendue et tumultueuse suivie de 6 ans de procédures, procès et actions en justice, il reprend son cahier de notes. Sur ce Moleskine petit format non ligné, celui qui l’accompagne toujours où qu’il soit, il jette sur la page blanche ouverte : “Et si l’éternité n’existait pas?”

Cette même phrase, cette même interrogation qui ouvre “La Souciance”. Et le reste a suivi, spontanément, en un flot continu, comme si cela allait de soi et était normal. Eric-Louis ne relèvera la tête qu’à l’atterrissage, trois heures plus tard.

Il écrit alors le livre en 3 mois. Puis il passe autant de temps à le relire, le réviser, le corriger, le compléter… Lui qui écrit à la main, au crayon, dactylographie ensuite le manuscrit et l’envoie à des éditeurs figurant sur une liste fournie par un ami bibliothécaire.

Il accepte la proposition de la première maison d’édition qui lui répond, sans réfléchir. Comme une page que l’on tourne car l’essentiel était que cela se passe, s’accomplisse et se frotte à sa réalité…

Eric-Louis raconte :

Les miens se sont demandés six ou sept mois durant quel était ce dossier qui m’accaparait une fois de plus à ce point. Je ne leur en ai donné la raison qu’une fois le manuscrit totalement retranscrit. C’est à ce moment-là qu’ils ont découvert le roman.

Aujourd’hui, la publication de La Souciance a été bien accueillie, tant dans son entourage privé que professionnel. La critique en Belgique francophone a été positive de même que les commentaires sur ses réseaux sociaux.

A propos d’Eric-Louis Henri, l’auteur

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Eric-Louis Henri est philosophe de formation. Il parcourt désormais le monde au service de projets d’entreprise.

Né dans une famille bourgeoise au passé colonial et entrepreneurial pesant et guindé, il marque une première rupture en pratiquant la danse classique durant 12 ans. Cette discipline, à la fois sportive et artistique, représente pour lui à la fois un éveil et une révélation.

Dès que l’âge civil l’y autorise, il prend alors son envol…

Après deux ans de mathématiques appliquées, il est initié à l’école de la phénoménologie (Husserl & Heidegger) et du postmodernisme (Jean-François Lyotard). Il passe ensuite un MBA international puis se forme au management, et notamment à ses modèles contraignants et “castrateurs”.

Auteur d’une méthodologie de Stratégie et Communication Corporate, il accompagne aujourd’hui des projets de développement d’entreprises start-ups et PME dans le monde.

Véritable électron libre, il est toujours à l’écoute des nouveaux modèles de pensée. C’est d’ailleurs ce qui le conduit à poursuivre sa réflexion aujourd’hui sous un mode narratif.

Eric-Louis souligne :

L’écriture est pour moi un chemin qui laisse advenir le sens, et me permet de prendre le temps d’être à l’écoute de ce qui se passe aujourd’hui dans le monde, de comprendre davantage les disruptions, les failles d’une civilisation en proie à “l’algorithmisation” de l’existence.

L’auteur est notamment fasciné par les premières rencontres, celles d’un lieu, d’un temps, d’une existence. Pour lui, elles sont toujours porteuses de sens et d’infini, spontanément, et préfigurent déjà un futur à naître…

Eric-Louis travaille actuellement à la rédaction d’un autre roman, qui emmènera le lecteur vers les pays de l’Est. Sans être une suite de La Souciance, son “ici et maintenant” en prolongera la réflexion.

Informations pratiques

  • “La Souciance”
  • Editions du Panthéon
  • 120 pages
  • ISBN :978-2-7547-4668-7
  • Prix public : 12,90€ (format broché) ; 9,90€ (format numérique)

Pour en savoir plus

Site web : https://elhenri.com/

Facebook : https://www.facebook.com/LaSouciance/

Instagram : https://www.instagram.com/ericlouishenri

LinkedIn : https://www.linkedin.com/in/eposkin/

Le discours d’Emmanuel Macron élevant en 2019 Hélène Waysbord à la dignité de grand officier de la légion d’honneur

Hélène Waysbord à l’Élysée, pour recevoir la médaille de grand officier de la légion d’honneur

Le 29 novembre dernier, Hélène Waysbord-Loing a reçu la médaille de grand officier de la Légion d’honneur des mains d’Emmanuel Macron lors d’une cérémonie à l’Élysée. Lors de son discours, le Président de la République a salué longuement le parcours exceptionnel de celle qui fut présidente de la Maison d’Izieu de 2004 à 2016, et demeure une présidente d’honneur très active du mémorial des enfants juifs d’Izieu. Une reconnaissance pour son engagement dans la construction de la mémoire et sa transmission auprès des jeunes générations.

Hélène Waysbord a participé – et ce, dès la création – à la conception du projet de la Maison d’Izieu. Par les missions qui lui ont été confiées, elle a œuvré à un travail de mémoire approfondi en lien permanent avec le présent.

Quelques publications d’Hélène Waysbord-Loing :

« La Chambre de Léonie » Le Vistemboir, 2021
« L’amour sans visage », éditions Christian Bourgois, 2013
« Alex ou le porte drapeau », éditions Christian Bourgois, 2014

Discours du Président Emmanuel Macron

29 novembre 2019

Madame Hélène Waysbord-Loing,

 Professeure, pédagogue, conseillère politique, écrivain, vous avez été un inlassable apôtre des Lettres et de la culture principalement auprès des plus jeunes dans les salles de classe normandes comme sous les dorures de l’Elysée où vous vous retrouvez ce soir. Le feu sacré que vous portez a illuminé le quotidien de centaines d’élèves, fait surgir des monuments, des mémoriaux, alimenté une œuvre littéraire pétrie de souvenirs et d’histoire. Vous avez aussi dédié votre vie au devoir de transmission, d’une flamme plus fuligineuse, plus douloureuse : celle de la mémoire de la Shoah.

Il y a dans les bestiaires comme dans les abécédaires et l’imaginaire des poètes toujours des récurrences. J’ai toujours été frappé chez René Char par quelques animaux et quelques plantes. Il y a chez René Char une plante très particulière qu’il a exhumée qui s’appelle le saxifrage. Comme l’étymologie l’indique, cette plante naît dans les fissures de la roche ; il la découvre et d’ailleurs en tire toute la force : c’est une plante qui dans sa poésie est récurrente dès avant-guerre où c’est dans les Feuillets d’Hypnos qu’elle se met à exister d’une manière un peu particulière. Et à voir votre vie, il y a quelque chose du saxifrage : on aurait pu voir que dans la fissure, mais une plante y émerge. C’est celle-là que nous célébrons ce soir : ce saxifrage est cette histoire-là.

Cette faille, cette béance, vous l’avez magnifiquement racontée avec beaucoup de courage, vous aussi. Elle commence par une histoire de main tendue à l’enfant que vous êtes. Cette béance, c’est celle d’un soir d’automne 1942 où votre enfance bascule, où à la sortie de l’école votre petite main de six ans ne trouve pas la large paume de son père ; C’est une main inconnue qui saisit la vôtre, celle d’une femme qui vous a chuchoté que vos parents étaient partis en voyage. Elle vous a entraînée à la gare Montparnasse au milieu des uniformes kaki, des claquements de bottes des SS et vous a confiée à une autre main, une main d’homme cette fois.

Malgré votre terreur, votre instinct d’enfant vous dictait la confiance puisque des gens continuaient à vous prendre la main, à vous guider, puisqu’une chaîne humaine se nouait autour de vous pour vous protéger, pour vous sauver. Vous êtes arrivée dans un village de Mayenne, bien loin des SS et des bergers allemands. Et c’est là, c’est là que votre père quelques mois plus tôt avait cherché une famille d’accueil sans rien vous dire, sur les conseils d’amis qui y avaient caché leurs cinq enfants … parce que vos parents étaient d’origine juive polonaise et sentaient leur arrestation proche.

Votre père s’était lié d’amitié avec les propriétaires du café-tabac du village, la famille Médée qui avait promis de vous accueillir s’il lui arrivait malheur. Marcel Médée, Marie Médée et leur fils Michel ont fait bien davantage que remplir leur promesse : ils vous ont ouvert leur porte, leurs bras pour ne jamais les refermer. Car après la guerre, quand des cousins parisiens vous ont confiée à un orphelinat juif de Versailles, vous avez obtenu de retourner vivre à Evron chez eux qui vous avaient offert l’asile, l’amour et un foyer, eux qui seront ensuite reconnus Justes parmi les nations. Par deux fois, la vie vous a donné des parents qui étaient des héros.

Peut-être est-ce à ce récit fragmenté, à cette grande absence qui plane sur votre histoire, que vous devez votre passion pour l’écriture, pour le pouvoir démiurgique des mots qui permettent de rendre présent, de combler les manques de la mémoire, les béances de la vie ; de mettre au monde des choses, des idées, des êtres ; de se donner forme à soi-même, de bâtir une présence là où est l’absence.

Vous avez cultivé cette sensibilité si affamée de connaissance que votre enfance est celle d’une cavalcade. Vous sautez deux classes, arrivez au Bac à seize ans avant d’étudier à la Sorbonne.

 Et l’on ne peut s’empêcher de voir une facétie du destin, comme un sourire, lorsqu’une enfant au nom grec d’Hélène, élevée dans une famille au nom tout aussi mythologique de Médée, devint à vingt-deux ans agrégée de lettres classiques. Quand on sait que votre père d’adoption exerçait la profession biblique de charpentier, il semble que tous les grands textes de l’histoire de l’humanité aient présidé à votre destinée littéraire. On ne s’étonne donc pas que vous ayez ensuite épousé un autre littéraire, Bernard Loing, agrégé d’anglais qui a demandé très tôt votre main pour la garder à jamais dans la sienne. Il est un indéfectible soutien, votre socle, l’amour de votre vie.

Pendant vingt ans au lycée de Laval puis à Caen face à des khâgneux, vous avez mis votre richesse intellectuelle au service de la jeunesse dans le bonheur de la transmission. Vos élèves avaient, eux, le bonheur non moins grand de s’éveiller à la littérature par la voix d’une passionnée qui savait la faire vibrer par ses lectures et ses interprétations pour venir ajouter des couleurs et des nuances à des visions de mondes qui s’ébauchent encore.

Par relations communes durant ces années, vous vous êtes liée d’amitié dans les années soixante-dix avec un certain François Mitterrand alors député de la Nièvre qui aimait la convivialité de votre foyer, les plats qu’on y dégustait et les conversations de haute volée qui s’y tenaient. Devenu président de la République, il a su se souvenir de vos talents et vous a appelée à l’Elysée en 1983 comme conseillère en charge des grands travaux de l’urbanisme et de l’environnement. La pupille de la nation devenait conseillère du président de la République. L’enfant juive qui avait dû être cachée pendant la guerre pour fuir la fureur nazie avait en charge de dessiner le visage de la France de demain … Quelle plus belle revanche ! Quelle plus belle revanche sur la vie que cette petite fille de six ans prenant la main de cette femme puis de cet homme et se retrouvant ici-même !

Vous êtes donc une habituée des lieux et n’êtes sans doute guère dépaysée ce soir, même si cette salle des fêtes a quelque peu changé. Vous avez apporté votre pierre aux projets pharaoniques dont fleurissait alors le pavé parisien et durant ces années, ces grands projets ont d’abord été rêvés puis portés : le grand Louvre et sa pyramide de cristal, La Villette et son dôme d’acier. Et vous ne cessez ici de partager les enthousiasmes, de contribuer à ce travail. La fervente pédagogue que vous êtes n’est toutefois pas restée longtemps loin du vivier scolaire : vous avez poursuivi les grands projets en revenant au sein de l’Education nationale.

Vous qui avez eu pour père un cordonnier polonais et pour éducateur un charpentier de Mayenne, vous qui avez frayé votre chemin jusqu’au sommet de l’Etat par le savoir et la culture aviez à cœur d’offrir aux enfants de France les mêmes clefs d’accès au monde, les mêmes chances d’y réussir. En tant qu’inspectrice générale, vous n’avez eu de cesse de bâtir des ponts entre les arts, d’ouvrir aux collégiens et aux lycéens des échappées sur le cinéma, le théâtre et la peinture à travers la littérature. Vous avez réalisé pour eux une série de films pédagogiques sur Rohmer, sur Cézanne, sur Butor. Vous leur avez dédié la collection de DVD « Présence de la littérature » qui enrichit les programmes de lettres du collège et du lycée par des entretiens croisés d’artistes. Vous vous nourrissiez pour cela de votre propre passion pour la peinture qui vous a menée à remplir votre appartement de toiles modernes et contemporaines.

Alors que vous auriez pu après être passée par cette maison décider de vous reposer sur ces acquis, de poursuivre dans des voies plus protégées, vous avez décidé à ce que la République puisse bâtir cette excellence : cet accès à l’émancipation par le savoir, à ce que ce chemin qui vous avait été permis durant toutes ces années soit permis à d’autres. Vous faites partie de ces pédagogues qui font la République et continuent de la faire et dont nous avons tant besoin, de ces femmes et ces hommes qui, s’inscrivant dans la lignée de nos premiers hussards, considèrent que l’accès au savoir, la capacité à y accéder (y compris à « ce qui n’est pas pour moi », pire assignation ou pire bêtise qu’on puisse dire à un enfant) considèrent que l’ouverture à la peinture, aux arts, à la connaissance et la littérature est ce que nous devons à chaque enfant de la République.

Un autre temps du savoir vous attendait dans les années quatre-vingt-dix : la bibliothèque de France dont vous avez aidé à l’expansion permettait à des aventuriers de la connaissance, comme votre voisin du jour, de chercher l’or du passé dans les meilleures conditions.

Aux éditions Actes Sud, vous avez dirigé ensuite la collection « Répliques » qui aborde les grands classiques du théâtre sous un angle pédagogique. Pour donner aux élèves l’amour de la culture encore, vous avez organisé le bicentenaire de la naissance de Victor Hugo dans les écoles en 2002 et l’année du livre en 2004.

Puis, vous avez élargi votre combat au monde : aujourd’hui vice-présidente de la mission laïque qui fait vivre une centaine d’établissements scolaires français à l’étranger, vous sillonnez en particulier les villes (?) arabes pour promouvoir l’école et la culture française au-delà de nos frontières.

Là aussi, dans un engagement essentiel pour la langue française, l’enseignement en français est notre capacité de rayonnement mais surtout de contribuer là aussi à cette part d’accès à la culture, à l’intelligence, à la conscience.

En grande pédagogue et en femme dont la mémoire est la quête, en passeuse et en bâtisseuse, un autre grand projet de votre vie est la Maison d’Izieu : le Mémorial national des enfants déportés que vous avez contribué à fonder, que vous avez dirigé de 2004 à 2016 unissant votre apostolat scolaire à votre histoire personnelle à la blessure enfouie d’avoir été une enfant cachée, une survivante.

Si l’on se rend aujourd’hui dans cette maison bugiste aux volets bleu ciel, entre Lyon et Chambéry, ce n’est pas pour s’imprégner de la paix de ces horizons immenses. C’est pour s’y confronter à un drame de sang : une histoire de résistance, de grandeur et de trahison.

 Celle de l’infirmière juive, polonaise, Sabine Zlatin qui sut fédérer en 1943 une magnifique chaîne de solidarité souterraine (médecins, assistantes sociales, prêtres, sous-préfet, employés de mairie) pour y fonder une colonie de vacances qui abrita 44 enfants juifs. Et ce qu’il faut mille bras et mille jours pour construire peut-être détruit par un seul bras en un seul jour. A cause d’une dénonciation anonyme, Klaus Barbie ordonna une rafle jusque dans ce petit village des confins de l’Ain le 6 avril 1944. Il n’y eut qu’une survivante.

Vous n’avez de cesse de souligner que l’histoire de la Shoah n’est ni un objet de recherche comme les autres, ni une forme d’ère funèbre qu’on ressasse. Au-delà d’un travail de connaissance et de mémoire, elle doit susciter une réflexion propre sur les abîmes du rejet et de l’intolérance. C’est pourquoi son enseignement est une nécessité civique et morale. C’est pourquoi rappeler aussi ce 6 avril ce soir est si important, portant vos connaissances à l’engagement qui fut et est le vôtre pour cette Maison, ce mémorial et ces enfants.

Ce travail, vous l’avez poursuivi par un rapport remis en 2008 à ce sujet au ministre de l’éducation et qui ouvrait des perspectives pédagogiques nouvelles : vous proposiez que chaque classe de CM2 étudie la vie d’un enfant déporté dans lequel les écoliers pourront se reconnaitre pour opposer un visage à l’oubli, un nom à l’anonymat. Et vous saviez faire la part de la fragilité de ce jeune public en vous concentrant sur la vie des enfants avant la déportation et non sur leur descente aux enfers en montrant aussi combien ils furent épargnés et sauvés afin de leur donner « une leçon de vie et d’énergie » pour vous citer.

Vous ne dénigrez pas l’émotion qui est nécessaire pour faire vivre l’histoire, mais n’aimez pas beaucoup la compassion qui parfois paralyse et emprisonne.

Loin de cet écueil, votre œuvre littéraire trouve un équilibre virtuose entre l’épanchement et la pudeur, la réalité et le roman, la sobriété du deuil et la richesse de la langue, le poids du souvenir et l’appel de l’avenir.

« L’amour sans visage » en 2013 puis « Alex ou le porte-drapeau » en 2014 ont éclos de la douleur d’une affection sans objet, d’une mémoire sans souvenir, d’une histoire sans témoin béante de vie disparue.

Dans le premier en particulier, vous êtes descendue très loin dans l’étude d’une enfance longtemps refoulée à partir des fragments épars de votre mémoire pour aller rechercher la petite fille que vous étiez, pour retrouver leur visage et leur voix, pour faire exister un peu plus Jacques et Fanny, votre père et votre mère.

Ce travail de réminiscence, d’imagination et d’écriture fut un chemin d’apaisement et une œuvre littéraire véritable. Ce qui fait que le président François Mitterrand ne s’était pas trompé lorsqu’il vous avait dit durant vos années à ses côtés ici : « Vous devriez écrire, Hélène ». Vous avez eu raison de suivre ce conseil. Il avait doublement raison : il avait raison pour vous, il avait raison pour nous.

Portée par l’affection de votre époux, de vos trois enfants, de sept petits-enfants et de votre toute jeune arrière-petite-fille, entre les murs encombrés de livres et de tableaux de votre appartement parisien et ceux tout autant encombrée, je crois, de votre maison normande, vous couvez de nouveaux projets littéraires car il n’y a aucune raison que vous vous arrêtiez en si bon chemin.

Chère Hélène, vous avez inlassablement semé des graines de culture et de mémoire dans tous les champs de la société et plus particulièrement dans la vie des plus jeunes.

Vous avez rappelé à l’école son rôle de fille aînée de la République, de foyer du savoir et de valeurs démocratiques, de lieux du développement individuel et de l’épanouissement collectif.

Vous avez porté avec pédagogie et sensibilité la mémoire de la Shoah, vous vous êtes engagée dans ces projets essentiels. Vous avez écrit avec talent pour transmettre et bâtir et vous avez constamment célébré la littérature, l’art, la mémoire donnant un sens, une flamme à cette vie qui aurait dû s’arrêter tant de fois et en citant à vos quatre parents, je mesure tout ce chemin parcouru qui est aussi celui de la République et du sens qu’elle prend à travers vous.

J’ai l’honneur, pour toutes ces raisons, de vous élever ce soir à la dignité de grand officier de la légion d’honneur.

Merci à tous les trois.

Emmanuel Macron

Damie Chad a bien lu « Ambassador Hotel » de Marie Desjardins, les grands livres ne cessent jamais d’avoir de la presse…

http://chroniquesdepourpre.hautetfort.com

Comment vous ne connaissez pas les RIGHT ! Et vous vous proclamez amateurs de rock ! Je suis décidément entouré d’une foule d’ignorants. Je comprends pourquoi votre âme a été exilée en cette vallée de larmes, une juste punition ! A votre décharge, j’avoue que moi non plus. Enfin presque. Parce que la pub du livre était passée dans le fil d’actualité de mon FB. J’ai vite abandonné la lecture de la quatrième de couverture, du n’importe quoi, un truc aussi frappé que les Rockambolesques d’un certain Damie Chad, une espèce de thriller politico-rock, à la quatrième ligne je suis passé à autre chose.

Et puis un mail de Luc-Olivier d’Algange me demandant mon adresse pour un bouquin sur Pompéi. J’accepte, et trois jours plus tard, le facteur apporte non seulement le Pompéi book mais aussi cet Ambassador Hotel que j’avais dédaigné. Affligé d’un rhume aussi subit qu’inopiné, je me dis qu’une lecture légère aiderait mon esprit embrumé à passer ce désagréable moment. Confortablement installé dans mon fauteuil je me saisis de l’objet du délit comme aurait pu dire Maurice Scève, vachement lourd, près de six cents pages, et une police minuscule, l’ai dévoré toute la journée. Et une bonne partie de la nuit.

AMBASSADOR HOTEL

LA MORT D’UN KENEDY, LA NAISSANCE D’UNE ROCK STAR

MARIE DESJARDINS

Editions du Cram / Mai 2018 )

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Normal que vous n’ayez jamais entendu parler de RIGHT, le groupe n’a jamais existé que dans l’imagination de Marie Desjardins. Marie Desjardins est canadienne. Ambassador Hotel est son sixième roman, elle a l’air de s’intéresser à des personnages limites, Nelly Arcan écrivaine suicidée à trente-six ans, Irina Ionesco jugée, en nos temps de puritanisme avancé au triple galop, coupable d’avoir produit des photographies malsaines de sa fille en des âges pré-pubères, cette Irina Ionesco qui accompagna de ses photos Litanies pour une amante funèbre, recueil de poèmes de Gabrielle Wittkop, dont Le Nécrophile fut longtemps interdit à la vente en France, tous les amateurs de rock gothique devraient avoir lu ce soleil noir, et plus proche de nous, petits franchouillards patentés, elle commit un roman, son troisième, sur notre couple national, Sylvie johnny une love story.

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Reste maintenant avant de passer à RIGHT à liquider Bob Kenedy. Je vous rassure tout de suite RIGHT n’y est pour rien. Le hasard a voulu que le groupe soit de passage à l’Ambassador Hotel le soir où le frère de John Kenedy fut assassiné. Marie Desjardins sait ménager le suspense. Ce n’est qu’au bout de trois cents pages que nous aurons le témoignage des membres de RIGHT et de ses proches qui n’ont pas grand-chose à révéler puisqu’ils n’étaient pas présents dans les cuisines de l’hôtel dans lesquelles le sénateur a été abattu. Ce n’est pas le sujet du livre. Une incidence sur la carrière du groupe toutefois : jusqu’à la fin il leur sera reproché d’avoir surfé sur ce terrible événement : n’est-ce pas le soir même du crime que le groupe compose Shooting At the Hotel qui se vendra à des millions d’exemplaires. De quoi faire des jaloux. Surtout que le titre leur apporte la gloire, sont désormais juste derrière les Stones et le Zepplin. 

Alors RIGHT demanderont les lecteurs pressés. Du calme, ce n’est pas tout à fait le sujet du livre. Le héros c’est son chanteur : Roman Rowan. Nous le suivons depuis tout petit jusqu’au dernier concert de RIGHT. Un demi-siècle de carrière. Il est grand, il est beau, et au détour d’une page nous apprenons qu’il pousse la goualante rock à des cimes inégalables, qu’il atteint avec facilité des notes auxquelles Rober Plant n’a pas accès. Dans mes prochaines mémoires je vous apprendrai que je joue superbement mieux de la guitare que Jimmy Page. Mais laissons ces fariboles. Marie Desjardins est douée. L’a agencé son roman comme une partie de go que vous joueriez contre vous-mêmes. Ce qui est doublement idiot puisque vous seriez sûr de ne jamais perdre. Ni de jamais gagner. 

Pions noirs, pions blancs. Retournés. Les plus sombres sont ceux qui content dans l’ordre chronologique les concerts de la dernière tournée de Right. Les plus clairs, les moins darkness, rappellent dans un pseudo désordre temporel les épisodes-clés de l’existence de Roman Rowan. C’est bien fait. Le ton du récit n’est pas sans rappeler le Who I am l’autobiographie de Pete Townshend qui entre parenthèses vient de sortir son premier roman… 

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Jetons d’abord l’os du rock aux chiens affamés qui ne voient que l’ombre du monument qui s’étend devant eux. RIGHT est un groupe de hard rock progressif, musicalement nous n’en saurons guère plus. Roman Rowan est né en 1942, il fait partie de la deuxième génération du rock anglais. Celle des Beatles, des Stones, des Yardbirds, des Kinks, des Animals, des Who, qui va magnifier l’héritage des pionniers américains, le nom de Gene Vincent est l’un des rares cités. Roman Rowan suit la filière classique. Fonde son groupe Cool and the Shutters, qui n’est pas plus mauvais qu’un autre, ( un peu quand même ) mais le déclic ne vient pas. Personne ne les remarque. Le coup de pouce tant attendu n’a pas lieu. Marnent à mort au travers de l’Angleterre brumeuse et pluvieuse, se forgent des fans dans tous les minables troquets où ils jouent, le succès d’estime, celui de la vache enragée. Jusqu’au jour où les deux survivants Roman et Clive, son ami indéfectible, sont convoqués pour être admis à la première audition dans le combo Bronteshire qui a le vent en poupe. Tout de suite c’est la bataille d’égo entre Roman et Bronte le pianiste génial fondateur de Bronteshire. L’instinctif contre l’intellectuel. Roman le Dionysiaque et Bronte surtout pas l’Apollinien, même pas l’Apollon Lyncée ou Hyperboréen, plutôt un fils de la lune froide plutonienne. Roman impose le nom de RIGHT, exit Bronteshire. RIGTH explose, de 1967 à 1973 le groupe est au firmament. Roman le quitte sur un coup de tête. Ne reviendra que seize ans plus tard en 1989, rappelé par Bronte. Seize années d’interlude, peu amusantes… Puis ce sera au tour de Bronte de partir en 1997, pas le clash final car en 2000 Roman reprend le groupe, sans Bronte bien entendu, désormais le leader incontestable… 

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La dernière tournée. Pas de drame à la Steven Tyler le chanteur d’Aerosmith qui dans son autobiographie Est-ce que ce bruit dans ma tête te dérange ? s’attarde longuement sur ses ennuis de voix qui a tendance à le lâcher en bout de carrière, celle de Roman claironne sans anicroche jusqu’à l’ultime prestation. Le problème est ailleurs. Dans sa tête. Dans sa vie. Qui revient. Ses souvenirs qui remontent. L’a beaucoup vécu. L’a tout connu, les groupies, les producteurs, les maisons de disques, les pressions commerciales et les projets foireux, tout le bataclan rock de A jusqu’à Z. Grandeur et démesure. Rock star absolue. Gloire, femmes, argent, sex and rock’n’roll mais pas de drugs. S’en méfie. Par contre l’ingurgite les vodka orange comme les gamins les fraises tagada. Nombreuses scènes de soulographie, vous êtes conviés dans les coulisses, parties fines, fêtes pimentées, réveils comateux, et l’on remet ça au plus vite. Roman n’est pas un moine et encore moins un renonçant. Partisan des jouissances sans entrave. Rien ne lui résiste. Tout pour être heureux. D’ailleurs il ne se plaint pas. Est conscient d’avoir une vie de rêve même si parfois les cauchemars ne sont pas loin. Beaucoup mieux qu’un esclavage d’ouvrier à l’usine ou une chaîne d’employé de bureau. Une quarantaine de concerts les uns après les autres, des ambiances répétitives, c’est un peu toujours le même turn over, mais l’on ne s’ennuie pas une seconde. Marie Desjardins nous tient en haleine. Car l’essentiel n’est pas là. Ce roman qui ne cesse de phantasmer le rock’n’roll ne traite pas spécialement du rock’n’roll. Même s’il ne parle que de cela. Au début, je lui reprochais son écriture, pas foutrement rock’n’roll, très classique. Je regrettais cette apparente dichotomie entre le fond et la forme, jusqu’au moment où l’évidence s’est imposée, ce n’est pas un livre sur le rock’n’roll, mais tout simplement un roman psychologique. Un peu plus remuant que La princesse de Clèves. Pas ennuyant pour un sou. Une longue introspection. 

Tout d’abord l’iceberg de carton-pâte. Roman Rowan court sur sa soixante-dixième année. Le temps idéal pour prendre sa retraite. A force de galoper après l’ombre de sa jeunesse l’on finit par l’attraper à la manière d’un boomerang qui vous revient en pleine figure vous casser les dents. Faut savoir arrêter. Preuve de sagesse. Mais aucune illusion. Une fois terminé, ce sera bien fini. La rock star devient comme monsieur tout le monde, ne lui reste plus qu’à cheminer paisiblement vers le cimetière. Une seule consolation, le nom que vous laissez gravé dans l’Histoire du Rock’n’roll. Hélas, vous n’êtes plus là pour le lire, et les marbres les plus durs ont tendance à s’effriter plus rapidement qu’on ne le penserait…

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Evitons le pessimisme, gardons-nous du nihilisme. Roman a de la chance, sa femme l’attend dans un douillet foyer. Z’ont accumulé assez de fortune pour être à l’abri du besoin jusqu’à la fin de leurs jours. Mais c’est avant la fin que ça coince. Entre Roman et Gil, la mère de sa fille, il ne se passe plus grand chose, les sentiments se sont émoussés, Pénélope s’ennuie au foyer, lui reproche ses sempiternelles absences. Pour les polissonades au lit Roman est défaillant, l’a trop expérimenté sur les groupies complaisamment offertes, à moins que Dr Freud ne nous explique que c’est la froideur de son épouse qui a provoqué ces pannes de raidissement… Bref, Roman est comme l’Ulysse de Jean Giono qui s’attarde un peu trop auprès de multiples Calypso… 

Mais Ulysse n’était pas menacé par le calendrier. L’avait tout son temps pour décider de son retour. Roman est victime d’une date fatidique. Le couperet de la guillotine se rapproche. A toute vitesse. L’existence dorée ne durera plus longtemps, la nouba interminable se réduit comme peau de chagrin, alors comme un noyé qui voit sa vie défiler à toute vitesse avant le dernier glouglou, Marie Desjardins nous repasse le film des trépidations de Roman. Laissons de côté le décor rock’n’roll, fixons notre regard au plus près de Roman, pas plus loin que son corps attirant, souvent collé à des chairs de partenaires féminines, qu’il baise en toute quiétude, en toute équanimité d’âme. Frénétiquement. Goulument. Par tous les bouts. L’a brouté des clitoris par centaines. L’a enfilé des chattes en aussi grand nombre. Ne s’est privé de rien. N’a pas eu besoin d’user de violences. Toutes consentantes, s’offrant d’elles-mêmes au désir du mâle royal. La preuve : aucune ne lui a quarante ans plus tard fait le coup à-la-me-too-ce-n’était-pas-du-tout-romantique. Marie Desjardins prend ses précautions, il a aussi détruit des rêves de jeunes femmes qui ne s’étaient pas imaginées être des objets jetables de consommation courantes… Autres temps, autres mœurs. Autre époque. Le livre s’achève tout de même en 2015… Le rock’n’roll est une musique de voyous. Vous le saviez, ne venez pas vous plaindre. 

Roman s’attarde sur les quatre dames qui ont le plus compté pour lui. Sybil, une erreur de jeunesse. De toutes les manières c’est lui qui s’est fait avoir. On l’avait averti. N’a voulu en faire qu’à son désir. Il a joué, il a perdu. Il ne se plaint pas. Affaire classée. Chris qui n’a pas supporté ses infidélités, qu’il a quittée pour une scène de reproches du jour au lendemain. Elle a beaucoup souffert. Tant pis pour elle. Regrets inutiles. Gil, l’épouse en titre, la reine mère qui lui téléphone de moins en moins. Qui s’éloigne. N’a-t-elle pas un amant. Et puis Havana, qui voulait publier un livre de photos sur lui. A abandonné le projet parce que Gil… Havana, des rencontres ratées, épisodiques, une histoire inachevée qui l’obsède et le ronge. C’est toujours ce que l’on n’a pas vraiment obtenu qui nous manque le plus. 

C’est tout. A ceci près que jusque à la dernière ligne Marie Desjardins nous ménage une happy end. La vie en rose. Oui mais rose très clair. Layette. A part qu’à la toute dernière ligne, tout s’assombrit. Les coeurs tendres ne partageront pas mon avis. Marie Desjardins nous laisse dans l’expectative. A vous de tirer les conclusions. Elle siffle la fin de la partie alors que le ballon décisif est en plein dans la trajectoire de la cage… 

Ce n’est pas tout. Marie Desjardins est plus fine mouche qu’il n’y paraît. L’est une adepte de la théorie de la patate chaude. Le bébé de l’eau du bain que l’on refile au plus proche parce que l’on n’a aucune envie de procéder à sa toilette. D’abord du côté familial : Gil n’agit-elle pas envers Roman comme la mère de Roman qui a gâché la vie de son père ( qui l’a trahie ), la complicité entre Gil et leur fille Chance n’est-elle pas similaire à celle d’Erin envers Félicity la sœur de Roman, et Roman n’a-il pas induit par ses attitudes équivoques la reproduction d’un même et incapacitant schéma de base ? Famille je vous hais disait Gide…

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Ce n’est pas du tout tout. Hypocrite lecteurs. Marie Desjardins vous a réservé un chien de sa chienne. Maintenant c’est à vous qu’elle refile la parmentière chauffée à blanc. Oubliez Roman et son rock’n’roll. Ambassador Hotel. La mort d’un Kenedy, la naissance d’une star n’est pas un roman de Marie Desjardins. Ce n’est pas moi qui l’affirme. C’est elle. Il s’agit d’un livre, une biographie non-autorisée d’un journaliste rock David Bridge ( over trouble water ) qui fait paraître son livre, le jour même du dernier concert de RIGHT. Ne se gêne pas la Marie, en retranscrit même quelques pages dans son roman. Vous connaissez l’astuce le tableau qui se représente lui-même comme un tableau reflété dans un miroir, reflété lui-même dans un miroir. Vertige abyssal ! Rien de plus terrible que la littérature qui se met à parler de littérature. Surtout si vous le faites par l’entremise d’un groupe de rock qui n’est lui-même que le reflet de groupes de rock ayant véritablement existé, parfaitement catalogués dans l’histoire du rock’n’roll. C’est quoi RIGHT ? Une idéale figure platonicienne des groupes de rock des années soixante-dix, ou un vulgaire artefact baudruchique et chimérique bricolé à partir d’anecdotiques fragmentations de ces mêmes seventies dinosaures ? 

Roman répond à la question : qu’importe que ce ce soit vrai ou faux, pourvu que ça se rapproche de la vérité de ce qui a eu lieu. De toutes les manières la vérité d’une chose n’est déjà plus, est déjà un peu plus que, la chose elle-même. Faudrait peut-être d’abord définir ce qu’est la – ou au moins une – vérité rock. Nous allons donc donner notre avis : ni plus ni moins que la vérité rock de Marie Desjardins. Et puis si le tubercule chaud bouillant que je vous repasse vous embarrasse, croquez-le, à pleines dents, de tous vos yeux, il est délicieux. 

Damie Chad.

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Samedi 14 décembre, Valérie Fauchet rencontrera ses lecteurs à la Rotonde Montparnasse de 16h à 18h

Samedi 14 décembre de 16h à 18h, l’auteur Valérie Fauchet dédicacera son livre « Une voyante passe aux aveux » à la célèbre Rotonde du métro Vavin. Je précise que le 6ème arrondissement a une très grande place dans le livre de Valérie Fauchet qui a notamment habité rue de Tournon et rue Jacob. Nous vous attendons nombreux pour la rencontrer.

« Un recueil de nouvelles pétillant » pour Emile Cougut de Wukali

Le chat détective de Christian de Moliner : Jasmine Catou

 

A detective cat…

Le chat, cet animal domestique, indépendant, doté d’un fort caractère, ce félin parfois cruel mais si affectueux, cette boule de poils si rassurante.
Le chat, cet animal qui a inspiré bien des mythes (il suffit de penser à l’Égypte antique), bien des écrivains (une pensée pour Balzac), bien des contes et pas que pour enfant (ah, que de bons souvenirs sont liés au chat-botté et au marquis de Carabas), et aussi bien des auteurs de romans policiers. La liste est longue de tous ces romans policiers où un ou des chats jouent un rôle important, servent de guide à la résolution de l’énigme, de l’affaire. Les plus célèbres sûrement sont Koko et Yom Yom, les deux siamois de la série de Lilian Jackson Braun parue aux éditions 10/18.

Roman ou nouvelle et chat, autour d’une intrigue policière, c’est devenu une sorte de « marronnier » comme disent les journalistes. Qui dit « marronnier », dit difficulté d’attirer l’attention des lecteurs, dit nécessité d’avoir une certaine originalité pour « sortir du lot ». C’est certainement la première question qu’une personne devant faire un recensement critique se pose, et que je me pose.

Et Christian de Moliner réussit cette gageur. Il ne révolutionne pas le genre (mais je ne pense pas que l’on puisse le révolutionner), mais il signe un petit recueil de nouvelles (cinq en tout) très agréables à lire. Agathe, une jeune et belle attachée de presse, célibataire et amoureuse, vit dans son appartement parisien avec sa chatte nommée Jasmine Catou. Par cinq fois, cette dernière va sortir sa maîtresse de situations on ne peu plus périlleuses (comme un convive empoisonné dans un dîner). Jasmine Catou comprend très vite qui est le coupable, comment résoudre cette énigme, cette affaire, mais elle est limitée par le fait qu’elle ne puisse parler, d’où la nécessité de trouver des moyens de communication afin de se faire comprendre.

Ce recueil de nouvelles est « pétillant », remarquablement bien écrit. Il s’en dégage une sorte de douceur, de sensualité à l’image de son héroïne.

Émile Cougut


Jasmine Catou, détective
Christian de Molinier

Les éditions du val. 6€50

Sophie Reverdi choisie comme invitée de la semaine sur « Mon Guide Thalasso Spa »

Catherine Tingherian a choisi de mettre à l’honneur Sophie Reverdi comme invitée de la semaine sur Mon Guide Thalasso Spa !

Sophie Reverdi dans son récit autobiographique « L’intuition du zéro coupé » nous révèle tous ses combats contre l’obésité…

Fondatrice depuis plusieurs années d’une méthode douce pour maigrir sans privation « Smart and light », Sophie donne confiance et espoir à tous ceux qui souffrent de ces kilos si abominables et qui empoissent tant leur vie…
« Sans doute fallait-il que je regagne ces murs pour boucler la boucle », écrivez-vous…Vous pensez que pour se guérir, il est nécessaire de revenir aux sources…
Peut-on répondre à cette question autrement que de manière subjective… Il revient à chacun de trouver sa forme propre de guérison, son chemin personnel de transformation, sa porte de sortie, sa stabilité et sa paix. Que ce soit un retour aux sources, ou de manière diamétralement opposée, une fuite définitive, il revient à chacun de trouver sa voie de guérison… En revenant vivre dans ce lieu malheureux de mon enfance, je fus prise d’un tel effroi, d’une telle torpeur, d’une telle douleur, d’un tel sentiment de suffocation, que je devais pour me sauver, me trouver immédiatement des raisons essentielles et existentielles d’être là… Si l’on m’avait demandé de décrire l’enfer, j’aurais décrit cet appartement qui était pour moi, sa plus proche et intègre définition. L’ayant quitté à 14 ans, afin de me sauver la vie, je suis revenue vivre dans cet appartement 40 ans plus tard, contrainte par de nombreuses circonstances que j’évoque dans le livre, avec mes deux fils de 16 ans, et je devais « nous » reconstruire… C’est en cherchant plus de raisons encore, mais en priant pour qu’elles soient toutes très positives, que j’ai commencé l’écriture de ce livre. Alors pour eux, pour moi, pour nous, j’ai écrit et pendant les 4 années d’écriture de ce livre, j’ai réussi à trouver des dizaines de bonnes raisons, toutes plus belles les unes que les autres… Dieu merci. Aujourd’hui, je vis avec mes fils dans cet appartement que j’adore et où je me sens bien. Nous y avons mis nos énergies et nos vibrations d’amour, et on est bien….
Après votre intervention chirurgicale quant à la pose de votre anneau, vous écrivez « Peut-être fallait-il me déconstruire totalement pour recommencer à zéro »… Réapprendre à s’aimer… C’est ce que vous voulez dire… Expliquez-nous…
Là encore, lorsqu’on a pris une décision aussi ardente et radicale que je l’avais fait avec cette opération, me battant contre mes parents qui ne voulaient pas en entendre parler… D’ailleurs, à l’époque personne n’en avait entendu parler, il me fallait des raisons, de très bonnes raisons. Alors je me suis posée toutes les questions possibles, mais la première réponse était à chaque fois, « tu dois te sauver la vie ». On ‘avait condamnée à mort, et moi je ne voulais pas mourir, je voulais vivre, et si mon destin était entre mes mains, que mon chemin m’avait conduite jusqu’au cabinet du Docteur Albert-François Creff qui m’avait parlé de cette nouvelle opération, juste après m’avoir annoncé que mon obésité morbide me tuait, et si mon intuition me disait de le faire, je ne ressentais aucune peur. Mon destin ne serait pas la mort à 19 ans, non, mais la reconstruction. On m’avait détruite, mais je me reconstruirai, j’en étais capable, parce que j’étais encore très jeune, et que tout est possible quand on veut vraiment. Réapprendre à m’aimer, oui d’une certaine manière, même si je ne me détestais pas… Je détestais en revanche, l’idée qu’on m’avait fait du mal, que j’avais dû subir le mal des autres, et que cela s’était soldé par cette obésité infâme qui me collait à la peau, mais qui n’était pas moi. Moi j’étais Sophie, je n’étais pas cette amas triste et disgracieux, difforme de graisse, non, moi j’étais forte et belle, joyeuse et pleine de vie, j’étais légère et libre, je voulais revenir à l’essence de moi, et qu’on m’enlève immédiatement cette infâme carapace graisseuse et morbide. J’avais été pendant 18 ans le cobaye de tout ce qui se faisait sur le marché de la minceur à l’époque, mais rien n’avait marché, bien au contraire, je pesais 128 kilos et je ressemblais à une vieille dame bouffie et éteinte de 70 ans, collée à sa chaise, et passant ses tristes journées à engloutir salement tout ce qu’elle pouvait, je ne voulais plus de cette vision d’horreur, je voulais me retrouver et vivre pleinement, libre de mes mouvements, libre et en vie…
Je n’avais aucune certitude quant à l’issue de cette opération, mais il me semblait que je n’avais pas d’autre choix. L’idée que tout le monde (surtout mes ennemis) soit contre, renforçait mon envie de foncer, et d?être quelque part l’auteur de ma reconstruction. En me réveillant, après la pause de l’anneau, je ressentis de telles douleurs, (un abdomen coupé en deux, de haut en bas, sur le corps d’une très jeune fille, petite et obèse, ça ne pouvait pas être une partie de plaisir) que ma première réaction fut de regretter mon entêtement.
Je dus passer plus de 7 semaines en convalescence, afin de pouvoir remarcher, remanger dans des dés à coudre, entre douleurs insurmontables et auto-injection de morphine. Contrainte d’être maintenue contre un mur lorsque je voulais tousser, pour ne pas solliciter trop ma plaie gigantesque, vomissant mes tripes à chaque micro portion avalée… Et j’ai dû me reconstruire, puisque plus rien n’était pareil dans mon corps, mon estomac plein, se situait désormais juste à la fin de mon oesophage, et mon nez se mettait à couler quand ma poche, (dont le contenant était de la taille d’un oeuf), était remplie, et ça, ça voulait dire stop. Mais si par malheur, mon nez ne coulait pas et que j’avais avalé une cuillère de trop, la douleur entre mes seins était si puissante et intolérable, qu’il me fallait immédiatement enfoncer mes doigts dans ma gorge pour expulser le pauvre contenu de mon repas. On m’avait dit que je ne vomirais que pendant six mois, mais 45 ans après, je continue à vomir un repas sur trois… Et cela, je l’ai compris très vite, au bout de six mois écoulés rien n’avait changé, je vomissais même davantage encore puisqu’il me fallait recommencer à manger « vraiment », pour survivre ! Alors moi qui m’étais fait la promesse d’aider les autres enfants obèses à maigrir, je n’avais pas le droit de promouvoir cette saloperie d’opération, il me fallait trouver un moyen… Et je mis en marche un plan très précis afin de pouvoir trouver mon Saint Graal. Cela a pris près de 20 ans… Car je voulais le beurre et l’argent du beurre, je voulais offrir liberté et plaisir, efficacité et réussite, et ce fut un dur pari, mais que j’ai fini par remporter.
Parlez-nous de votre expérience en Tunisie…
Mon expérience en Tunisie fut sur le plan humain et professionnel, la plus belle et forte expérience de ma vie.
J’avais déposé mon projet à l’INPIE quelques mois plus tôt, j’avais aussi fait maigrir une jeune femme de 63 kilos en 13 mois, et le gouvernement tunisien, le ministère de la santé m’avait sollicitée pour collaborer avec eux. C’était « la chance de ma vie ». Je fus reçue et accueillie avec tant de chaleur, de respect, de gratitude, je fus encouragée, adulée et supportée par les plus grands experts, et en particulier par un homme extraordinaire, le Professeur Khemais Nagati, qui était non seulement le plus grand spécialiste africain du diabète, mais qui avait cofondé l’Institut de la Nutrition à Tunis. Il m’avait littéralement et avec une grande insistance demandé de venir l’aider. Quand il a vu les résultats de ma première cliente, il me dit ceci: « Madame, je suis un vieux monsieur qui se bat depuis plus de 40 ans pour évincer les fléaux de l’obésité et du diabète dans ce pays. Pour le diabète, nous avons trouvé des médicaments, mais nous ne savons pas faire maigrir nos patients : lorsque par miracle on arrive à leur faire perdre dix kilos, on est déjà content… Je travaille avec 40 personnes, tous des académiciens de renom, mais nous ne savons pas faire ce que vous faites, venez nous aider… »
Le Professeur Nagati fut mon mentor. Il était tellement dévoué à ses malades, il avait tellement de hantise à l’idée de ne pas les sauver de leurs souffrances, il avait même avec son argent à lui, monté des colonies de vacances pour les enfants diabétiques, sacrifiant toutes ses vacances qu’il aurait pourtant bien méritées, mais où il apprenait aux enfants à se soigner, à se faire leurs piqûres, mais surtout à comprendre leur maladie pour mieux la combattre. C’était aussi ma vision des choses, je pensais nécessaire même indispensable, et au risque d’en choquer plus d’un, de faire comprendre à mes clients les tenants et les aboutissants de leur maladie, pour qu’en toute connaissance de cause, ils puissent mieux combattre leur obésité. Le professeur Nagati m’imposa comme une référence, moi qui n’avais pas un seul diplôme scientifique, car il savait que j’avais les compétences pour aider tous ces gens qui venaient des quatre coins du pays, parfois de très loin, désargentés pour la plupart et souffrant monstrueusement de leurs handicaps, attendre parfois des journées entières dans le hall de lInstitut… Il voulait que je vienne l’aider à les sauver.
Alors, c’est ce que j’ai fait.
Je suis rentrée à Paris. J’ai embarqué mes deux fils de six ans, et nous avons débarqué à Tunis. Nous y sommes restés 10 ans.
J’y ai ouvert 3 centres. J’ai aidé plus de 1500 personnes à retrouver leur poids de santé, fière et infiniment reconnaissante d’avoir été choisie pour le faire par ce Grand Monsieur tellement extraordinaire.
L’Intuition du Zéro Coupé
Sophie Reverdi Editions CreateSpace Independent Publishing Platform
Au prix de 16 euros
Ce lien vous permet de voir en bas de page, une vidéo du Professeur Nagati: https://www.smartandlight.com/pf/khemais-nagati/