Gertrude Stein pour « Paris en toutes lettres »

Flirter au Bon Marché lu par Michèle Goddet

Gertrude_Stein.jpg

  Ce court recueil, orchestré par son traducteur, Jean Pavans (également celui des nouvelles de Henry James), rassemble quatorze textes inédits parmi les plus incisifs, et ceux qui illustrent le mieux le génie de Stein. Écrivain cubiste, elle nous donne là des textes audacieux et radicaux sur les peintres de son temps et l’art pictural. Et quand elle ausculte le monde contemporain, tout est observé, dit, jugé, saisi dans sa complexité, mis en musique par des mots toujours justes. Flirter au Bon Marché est une sorte de florilège du meilleur Stein et nous découvrons que dès les années 20, Gertrude Stein annonçait Sarraute et Duras. Un classique de notre temps.

Jean Rhys pour « Paris en toutes lettres »

 Soirée Jean Rhys – lue par Bérangère Bonvoisin

rhysj.jpg

– Jean Rhys (née en 1890) grandit aux Antilles, partagée entre deux cultures, celle de sa mère béké et de son père anglais, au milieu de tensions coloniales qu’elle ressent mais ne comprend pas.

– Elle quitte son île à l’âge de 17 ans pour une pension londonienne. Premier déchirement.

– Pour gagner sa vie, elle devient « chorus girl » dans une comédie musicale.

– Premier amour, première déception cuisante : le gentleman lui verse une pension mensuelle en guise de cadeau de rupture. Suivront des amours difficiles, à la fin douloureuse. « Si je cesse d’écrire, ma vie n’aura été qu’un échec atroce… Je n’aurais pas gagné ma mort ». Voilà ce qui la tient debout dans un quotidien fait de solitude, d’alcool, de pauvreté et de désespoir.

– Paris et Vienne dans les années 20… le Paris bohème qu’elle écrit dans plusieurs de ses livres, dont Rive gauche paru en 1927, recueil de nouvelles qui la fait remarquer par Ford Madox Ford qui devient son amant sous l’œil complice de sa femme. Cette relation servira de trame, plus tard, pour Bonjour minuit.

– Entre 1927 et 1939, elle publie quatre romans : Quai des Grands Augustins (1931), Voyage dans les ténèbres (1934), Bonjour minuit (1939) et Quartet.

– Et puis, silence. Plus rien. À tel point qu’on l’imagine morte. Pourtant, elle écrit. Mais, privée du soutien de Leslie Tilden-Smith, son deuxième mari et agent littéraire, la tâche est plus délicate.

– Une émission de la BBC en 1957 participe à sa redécouverte. Puis La Prisonnière des Sargasses paraît en 1966. Elle aura mis 9 ans à l’écrire. Elle connaît enfin le succès avec lequel viennent honneurs, argent, nouvelles publications de ses livres. En 1968, un nouveau recueil de nouvelles est publié : Les tigres sont plus beaux à voir.

– Deux ans après sa mort, en 1981, Quartet est adapté au cinéma par James Ivory. Sa Correspondance paraît en traduction française en 1987. Consécration tardive pour un immense talent.

Shari Benstock (« Femmes de la rive gauche ») a écrit dans le catalogue des trente ans des éditions Des femmes

benstock3a.jpgMon expérience avec les Editions Des femmes a représenté un des moments les plus importants de mon travail littéraire. Les échanges intellectuels et les engagements avec des écrivains et des critiques français ont été déterminants pour mon propre développement. La maison d’édition, qui a touché tant d’écrivains et de lecteurs, touchera aussi les jeunes générations.
Merci pour tout ce que vous avez fait, notamment en donnant une dimension internationale à la communauté des femmes écrivains. Vous nous avez honorées comme collègues et amies.

S.B.