Un ouvrage nécessaire pour les professeurs, les élèves et les lecteurs, à mettre en toutes les mains.

CRITIQUE « AU COEUR DE L’INTELLIGENCE » COLETTE PORTELANCE

AU CŒUR DE L’INTELLIGENCE

Si, comme le dit André Gide, « L’intelligence, c’est la faculté d’adaptation », alors, on peut se demander s’il existe plusieurs types d’intelligence, toutes spécifiques, imbriquées les unes dans les autres et chacune essentielles au bon développement de l’être humain. Dans son ouvrage, Colette Portelance, professeure expérimentée  se questionne face à l’échec de certains de ses élèves.

« Malgré leurs résultats plus ou moins médiocres aux examens et aux tests de mesure (QI), je restais profondément convaincue que leurs piètres performances scolaires ne reflétaient en rien leur véritable niveau d’intelligence. P16 »

Et si les causes d’échec scolaire étaient plutôt liées à une éducation non adaptée à certaines formes d’intelligence.

Dans ce cas, ce n’est pas à l’élève à se soumettre  à une méthode, mais plutôt au professeur de changer celle-ci.

Le livre, divisé en deux grandes parties (les types d’intelligence et l’intelligence irrationnelle) est une exploration détaillée de toutes les intelligences humaines.

Après avoir défini ce qu’est l’intelligence « l’intelligence est une faculté dont les manifestations se multiplient à l’infini au point qu’il est chimérique de croire qu’une seule personne puisse es actualiser toutes. P 28 »

En trente-deux points, l’auteure dresse une liste de toutes les manifestations de l’intelligence.

L’intelligence se développe tout au long de la vie, elle est un mélange d’inné et d’acquis.

Scanne lettre professeur.

Chaque élève est différent, chaque intelligence l’est aussi. C’est le professeur, en toute bienveillance qui doit s’adapter à l’intelligence de son élève.

«  A partir du jour où ce professeur a compris que les jeunes ne participeraient à leurs apprentissages que si il partait de leur monde à eux, de leurs intérêts et de leur culture, il a été reçu par eux parce que, ce jour la, il a disposé leurs esprits et leurs cœurs à l’écouter. P 37 ».

 Colette Portelance, rassemble l’intelligence en trois groupes : Les esthètes, les pragmatiques et les rationnels.

  • L’esthète vit dans le monde du rêve (il peut perdre la notion du temps), il est dans l’affectif et c’est un intuitif, un artiste, un sensible.

« L’esthète, n’est, dans son état pur, ni un manuel, ni un cérébral. Il ne s’intéresse pas aux choses pour leur utilité comme le pragmatique ni pour leur ordre logique et leur aspect scientifique comme le rationnel, mais pour leur beauté, leur valeur intrinsèque, leur sensibilité. C’est véritablement utile puisque c’est joli, disait Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry à l’allumeur de réverbères. P51 ».

  • Le pragmatique est un visuel, il a une intelligence spatiale développée. Il est tactile, dans l’action et serviable.

« Si vous avez un pragmatique dans votre vie, vous devez ressentir un sentiment profond de sécurité. Il est toujours présent pour vous rendre service, même dans les domaines ou il n’excelle pas, mais surtout en ce qui concerne la vie concrète. P73 »

  • Le rationnel, quant à lui est un cartésien, il est logique et réfléchi. C’est un travailleur et un perfectionniste.

« C’est un penseur doué pour la recherche intellectuelle et la conception de théories analytiques, de plans logiquement structurés et de projets intellectifs méthodiquement construits dont l’apport est considérable, voire indispensable, ans l’avancement de la science de la technologie et de la connaissance. P97 ».

Pour chaque description, l’auteure prend le temps d’énumérer toutes les caractéristiques de chaque intelligence. Elle explique aussi comment s’adresser à chaque type d’intelligence, ainsi l’ouvrage est un véritable manuel pédagogique pour les professeurs désirant mieux comprendre leurs élèves. 

Il est a noter un paragraphe passionnant concernant la physique quantique. En toute humilité, Colette Portelance explique l’importance capitale de cette science des interactions invisibles.

« Je ne peux traiter le sujet de ce livre sans souligner l’apport incontestable de la physique quantique et des neurosciences dans l’évolution de la recherche concernant cet organe majeur (le cerveau NDLR) dont le rôle est central dans le fonctionnement de l’être humain et dont l’influence est déterminante dans ma conception des types d’intelligence. P119 ».

Les neurosciences, même si elles ne sont encore réfutées par certains sceptiques, montrent que le potentiel d’intelligence dépend des échanges entre les neurones.

Le paradigme des trois cerveaux.

Le cerveau de la tête, celui du cœur, et celui du ventre. Trois cerveaux liés les uns aux autres, qui s’activent ensemble.

«Corollairement, comme nos trois cerveaux sont en interaction constante à travers le système nerveux, ils n’agissent pas indépendamment les uns des autres, mais bien synergiquement dans le cadre de leurs fonctions. P126 ».

  • Le cerveau du ventre, est le siège des émotions désagréables (colère, peine, peur, tristesse, anxiété) et des émotions agréables (gaîté, satisfaction, euphorie, passion, jouissance).
  • Le cerveau de la tête, il a cent milliards de neurones ce qui fait de lui le cerveau le plus important, mais il doit communiquer avec les deux autres, sinon risque de problème de santé mentale.
  • Le cerveau du cœur, c’est celui qui rassemble, qui relie les deux autres cerveaux.

L’auteure nous explique plus loin qu’il y a un certain nombre de fausses croyances à propos du cerveau. Ainsi, les deux hémisphères ayant des fonctions différentes ainsi que le cerveau qui s’atrophie en vieillissant sont des mythes.

« Ces dernières années, avec l’avènement de la physique quantique et des neurosciences, des études ont démontré deux phénomènes inattendus : non seulement de nouveaux neurones et de nouvelles connexions apparaissent à tout âge, mais le nombre de neurones ne change à peu près pas au cours de notre vie, parce que, si certains meurent, d’autres apparaissent incessamment chez ceux qui activent leur cerveau. P 137 ».

Par ailleurs, tout ne se joue pas avant trois ans, notre cerveau est actif à cent pour cent et il n’y a pas de différences cérébrales entre les femmes et les hommes.

«  C’est l’expérience qui modifie les circuits neuronaux. C’est pourquoi nous ne pouvons plus affirmer, par exemple, que les hommes sont plus forts en mathématique que les femmes de par la constitution de leur cerveau. L’observation médicale des zones magnétiques du cerveau (IRM) prouve la fausseté de ce mythe. La performance en mathématique, en science ou en d’autres domaines n’est pas innée, mais acquise par l’apprentissage et l’expérience. P139 ».

A la suite de ces constatations, Colette Portelance propose des moyens simples pour activer le cerveau. La reprogrammation par le savoir et la répétition, écouter son corps et le respecter, avoir des interactions sociales heureuses, faire des efforts et sortir de sa zone de confort.

L’intelligence irrationnelle.

  • L’intelligence Emotionnelle, je ressens donc je suis.
  • L’intelligence motivationnelle (scanne exercice)
  • L’intelligence irrationnelle à l’école, le besoin d’apprendre.
  • L’intelligence intrapersonnelle, se comprendre soi même.
  • L’intelligence spirituelle, celle du leadership.

Pour conclure, nous aimerions souligner que nous sortons plus fort à la lecture de ce livre. Combien d’entre-nous nous sentons mortifiés suite à un échec ? Et en conséquence de celui-ci, nous portons un regard très négatif sur nous même et nos capacités intellectuelles.

Toujours bienveillante et positive, Colette Portelance nous permet de comprendre les raisons de nos échecs, et nous aide à avancer.

Un ouvrage nécessaire pour les professeurs, les élèves et les lecteurs, à mettre en toutes les mains.

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Le grand entretien de Colette Portelance sur l’intelligence par Sophie Rey

LE GRAND ENTRETIEN DE COLETTE PORTELANCE

Au cœur de l'intelligence
Colette Portelance
  • Parlez-moi de vous.

Je suis d’abord et avant tout une pédagogue qui a toujours été passionnée par l’animation et l’enseignement. Mon travail auprès des adolescents et des adultes de même que le travail thérapeutique que j’ai fait pour apprendre à vivre avec mes blessures m’ont amenée à m’intéresser sérieusement à la psychologie et à la thérapie. C’est pourquoi, parallèlement à mes études avancées en sciences de l’éducation (maîtrise à l’Université de Montréal et doctorat à l’université de Paris), j’ai suivi de nombreuses formations dans le domaine de la psychologie humaniste. À la suite de ce parcours académique et expérientiel, j’ai créé une approche pédagogique et thérapeutique qui s’enseigne principalement au Canada et dans les pays francophones d’Europe, l’Approche non directive créatrice (ANDC). Aujourd’hui, le Centre de relation d’aide de Montréal (CRAM) et l’École internationale de formation à l’ANDC à Paris (EIF) reçoivent conjointement près de 400 étudiants par année et comptent plus de 60 formateurs. Je suis également l’auteur de 16 ouvrages dont : Relation d’aide et amour de soi, La communication authentique, Éduquer pour rendre heureux et Au cœur de l’intelligence.

  • À la page 16, vous écrivez : « Malgré leurs résultats plus ou moins médiocres aux examens et aux tests de QI, je restais profondément convaincue que leurs piètres performances scolaires ne reflétaient en rien leur véritable niveau d’intelligence. » Voulez-vous dire que la médiocrité intellectuelle n’existe pas ?

Le mot « médiocrité » est souvent employé péjorativement pour désigner une personne inférieure aux autres, peu douée, une personne de peu de valeur. Mais nous sommes tous « médiocres » dans certains domaines et remarquables dans d’autres. Une personne peut avoir des aptitudes intellectuelles extraordinaires et avoir une intelligence pratique très limitée ou encore être très inconfortable quand il s’agit d’exprimer ses émotions en relation. Dit-on de cette personne qu’elle est « médiocre » ? Il y a, en effet, des personnes moins performantes que d’autres intellectuellement. Elles n’en sont pas moins intelligentes pour autant. Ces personnes ont développé d’autres types d’intelligence que l’intelligence rationnelle et ce qu’elles apportent à leur entourage et la société a autant d’importance et de valeur que ce que peuvent apporter les intellectuels.

  • Connaissez-vous une auteure de Guilaine, Anne-Cécile Hartemann, qui elle aussi a étudié au CRAM ?

Je précise d’abord que je n’ai pas étudié au CRAM (Centre de Relation d’Aide de Montréal). J’ai créé le CRAM et j’ai créé aussi l’approche non directive créatrice (ANDC) qu’on y enseigne ainsi que la formation à cette approche. J’ai formé des personnes comme Anne-Cécile Hartemann qui, effectivement, a complété sa formation de thérapeute non directive créatrice au CRAM et qui est aujourd’hui thérapeute et formatrice de thérapeute à cette école. Anne-Cécile est une personne très compétente que je recommande fortement à tous ceux qui recherchent un bon thérapeute. Je la connais aussi comme auteure. Son livre « Métamorphose » est un outil exceptionnel de connaissance et d’amour de soi.

  • L’intelligence c’est aussi d’admettre ses faiblesses et de reconnaître la force des autres. Pensez-vous que les « grands hommes » (Napoléon, Churchill…) avaient cette capacité ?

La capacité relationnelle est l’une des plus importantes manifestations de l’intelligence humaine. Un bon leader est une personne capable d’être en relation avec les autres, de reconnaître ses propres forces et ses propres faiblesses pour être en mesure de reconnaître les forces de chacune des personnes de l’équipe qui l’entoure et d’encourager chaque personne à exploiter son potentiel. Cela dit, le danger qui guette tous les dirigeants du monde, dans quelque domaine qu’ils soient, c’est l’attrait du pouvoir et de la domination. Lorsqu’un leader tombe dans ce piège, il ne propulse pas les autres. Il les utilise. Tous les « grands hommes » et toutes les « grandes femmes » ont des limites parce qu’ils et qu’elles sont avant tout, comme vous et moi, des êtres humains. L’important, c’est qu’ils en soient conscients.

  • À la page 41, vous écrivez : « Ces personnes tout comme Einstein, Churchill et Edison, ont réussi parce qu’elles étaient motivées ». Pour résumer, c’est la passion qui fait la réussite, mais qu’en est-il des gens qui ont des intérêts, mais pas de passion particulière, sont-ils voués à l’échec ou à une réussite moyenne ?

Einstein, Churchill et Edison n’aimaient pas l’école parce qu’ils manquaient d’intérêt pour ce qu’ils recevaient comme enseignement, ce qui ne les motivait pas à s’impliquer dans leur processus d’apprentissage. L’intérêt crée la passion à condition qu’on fasse des choix qui vont dans le sens de ce qui nous motive, et qu’on s’investisse.

Peut-on réussir sans intérêt ? Pour répondre à cette question, il faut savoir ce qu’on entend par réussite. Est-ce que réussir c’est gagner beaucoup d’argent ? Avoir un statut social enviable ? Être connu, reconnu et applaudi ? Être meilleur que les autres ? Est-ce que la réussite se mesure par ces seuls critères extérieurs ? Il n’y a rien de mal à être riche et à être connu et reconnu à condition de faire ce qu’on aime.

Une jeune Québécoise dont le talent de chanteuse a été découvert quand elle était adolescente avait devant elle une carrière assurée. Elle remplissait les salles lorsqu’elle donnait des concerts. Puis, du jour au lendemain, elle a abandonné la scène parce qu’elle n’y était pas heureuse. Elle n’était pas faite pour ce métier malgré son talent. Elle a suivi sa passion : la cuisine. Aujourd’hui, elle est l’auteure de trois livres de recettes qui se sont vendus à des milliers d’exemplaires au Québec. Son nom ? Marilou.

Attention! Faire ce qu’on aime et suivre ses intérêts n’est pas toujours facile. Cela demande du temps et de l’investissement constant. Mais pourquoi s’engager sur un chemin qui ne nourrit pas notre énergie vitale plutôt que sur un chemin qui nous permet de nous épanouir, de nous réaliser tout en apportant quelque chose aux autres ? Quoi que nous pensions, nous avons toujours le choix.

  • À propos du cerveau du ventre, pensez-vous que cela puisse expliquer les troubles alimentaires compulsifs et les maladies telles que l’anorexie ?

Le cerveau du ventre est le cerveau des émotions. Celui du cœur concerne les sentiments comme l’amour, la gratitude, la compassion. Je ne suis pas une spécialiste des troubles alimentaires, mais nous savons maintenant que tout est interrelié en l’être humain. L’émotion n’est pas un phénomène isolé. La maladie, qu’elle soit physique ou mentale, ne l’est pas non plus. Il est évident qu’on ne peut pas dissocier le physiologique du psychologique. Cependant, avec l’importance accordée à l’influence de l’émotion sur le corps ces dernières années, il y a un danger qu’on la mette seule responsable de tous nos troubles et qu’on oublie les causes physiques et comportementales, les choix de vie et les relations toxiques comme facteurs importants de dérèglement ou de déséquilibre.

  • À la page 158 vous dites : « Mais pour satisfaire ces besoins fondamentaux et libérer le génie en nous, une condition est absolument indispensable : l’effort ». Ma question : pourquoi est-ce toujours aussi dur de se faire du bien ?

Le plus dur c’est de trouver un équilibre entre « se faire du bien » maintenant et faire un effort pour notre plus grand bien futur. En voici un exemple. Si vous rêvez d’un chalet à la campagne au bord d’un lac pour vous détendre dans la nature, pour vous soustraire au stress de la ville et de la vie quotidienne et que vous dépensez tous vos revenus pour satisfaire les seuls plaisirs de l’ici et maintenant, vous ne réaliserez pas votre rêve. Pour économiser, vous devez faire l’effort de structurer votre budget dès aujourd’hui. Tous vos rêves vous demandent de fournir des efforts maintenant pour pouvoir les réaliser plus tard. Vous pouvez rêver toute votre vie de devenir danseur, mais si vous ne faites pas l’effort de poursuivre maintenant la formation nécessaire pour atteindre votre objectif, nous ne le serez jamais. C’est la même chose pour le travail personnel et relationnel.

Cependant, nous ne pouvons consacrer toute notre vie à préparer notre avenir. Nous avons aussi besoin de nous faire plaisir dans le présent. Encore là, c’est une question de choix et d’équilibre.

  • Pensez-vous que les tests de QI soient complètement inintéressants ?

Je suis très mal à l’aise avec les tests qui mesurent l’intelligence émotionnelle, l’intelligence rationnelle ou toute autre forme d’intelligence et qui classent les gens qui les passent en fonction de leurs résultats. Certains croient toute leur vie qu’ils ne sont pas intelligents à cause de ces tests. D’autres se croient à tort supérieurs aux autres. L’expérience a démontré qu’avoir un QI très élevé n’est pas nécessairement un facteur de réussite personnelle, relationnelle ou professionnelle ni que ceux qui obtiennent les meilleurs résultats à ces tests sont plus heureux que les autres dans leur vie.
Je préconise plutôt un questionnaire qui permettrait aux éducateurs de connaître les intérêts des éduqués, leurs objectifs et les moyens qu’ils souhaiteraient mettre en place pour les satisfaire et les atteindre.

  • Que pensez-vous des HPI, est-ce un nouveau phénomène de mode (comme on a beaucoup entendu parler d’enfants hyperactifs pendant une époque) ?

Le haut potentiel intellectuel est une caractéristique des personnes dont le quotient intellectuel se situe entre 130 et 160. Ce que je déplore du HPI, c’est qu’il se mesure par un test qui valorise particulièrement l’intelligence rationnelle. Et que fait-on des personnes qui ont un HPP, c’est-à-dire un haut potentiel pragmatique. Ces personnes, qui ont une intelligence pratique développée ne sont-elles pas indispensables pour améliorer notre qualité de vie ? Et que dire des HPS, de tous les êtres doués d’une intelligence sensitive et intuitive qui leur permettent de saisir de l’intérieur les subtilités de l’âme humaine et de créer des objets d’art qui nourrissent tout notre être. Ce que vous appelez un possible phénomène de mode a pour effet, au même titre qu’un grand nombre de milieux éducatifs, de survaloriser l’intelligence de la tête et de sous-estimer celle du cœur.

  • Si l’intelligence est innée et acquise, qu’en serait-il d’un enfant analphabète, sans contact social ?

Personne n’a pu démontrer jusqu’à présent le pourcentage d’intelligence innée et le pourcentage de l’intelligence acquise chez un être humain. Une chose est certaine toutefois c’est que nous avons tous des potentiels illimités. Cependant, pour que ces potentiels se manifestent, il est impératif de les développer. C’est précisément le rôle de l’éducateur que de favoriser le développement de tous les potentiels par des stimuli intellectuels, relationnels, émotionnels, pratiques, créatifs. Un enfant qui n’est pas stimulé n’exploitera jamais ses potentiels. C’est d’ailleurs le cas de tous les êtres humains, quel que soit leur âge.

  • Est-ce qu’à force d’apprentissage, l’intelligence acquise prend le dessus, voire remplace l’intelligence innée ?

L’intelligence acquise ne remplace pas l’intelligence innée. Elle l’exploite. Elle la nourrit. Elle la fait croître. Elle favorise son épanouissement. Quels que soient vos potentiels, si vous ne les faites pas fleurir, ils se faneront. On a tous la responsabilité d’activer notre potentiel d’intelligence pour nous réaliser et accomplir la mission pour laquelle nous sommes nés.

  • Question bête, les idiots existent-ils ?

Pour répondre à cette question, je donne la parole à Einstein : « Tout le monde est un génie, mais si vous jugez un poisson à sa capacité de grimper à un arbre, il croira toute sa vie qu’il est stupide. »

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Colette Portelance dans « La Cause littéraire » – par Marjorie Rafécas Poeydomenge

Au coeur de l’intelligence, Colette Portelance (par Marjorie Rafécas-Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge le 30.03.22 dans La Une CEDLes ChroniquesLes LivresEssais

Au cœur de l’intelligence, Colette Portelance, Editions du CRAM, septembre 2021, 294 pages, 20€

Le titre de ce livre pourrait laisser croire au lecteur qu’il va plonger en totale immersion au cœur de l’intelligence, et enfin en percer le secret… Mais ce titre est en réalité bien plus subtil : il célèbre, parmi les intelligences multiples chères au psychologue américain Howard Gardner, l’intelligence du cœur… « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point » de Blaise Pascal résonne jusqu’à nos neurones. Oui, on l’ignore encore, mais le cœur a des neurones !

Le paradigme des trois cerveaux

Colette Portelance détaille dans cet ouvrage l’apport des neurosciences et de la physique quantique dans notre appréhension de l’intelligence. La physique quantique ébranle nos repères car elle s’intéresse aux relations invisibles entre les atomes et les particules, les champs électromagnétiques et énergétiques. Le terme « neurosciences » est apparu dans les années 1960 grâce aux travaux des Prix Nobel David Hubel et Torsten Wiesel et propose une vision plus globale du cerveau et du fonctionnement de l’être humain.

Les neurones ne sont pas localisés que dans le cerveau. Le paradigme des trois cerveaux est une nouvelle réjouissante car il nous apprend que nous sommes dotés de trois cerveaux : celui du ventre (200 millions de neurones), du cœur (40.000 neurones) et de la tête (cent milliards de neurones). Le cerveau du ventre, dit aussi entérique, serait le siège des émotions. Le cerveau du cœur nous relie et rassemble. Quant à notre cerveau de la tête, il est plus puissant s’il interagit avec les cerveaux du ventre et du cœur.

Contrairement à la neurologie qui nous livre une version fragmentée du cerveau, les neurosciences ont développé une approche holistique et synergique de l’intelligence. Etymologiquement, intelligence signifie « rassembler », créer des connexions. Alors que l’origine du mot diable, « diabolus », veut dire « diviser », ce qui revient symboliquement à couper la tête du cœur. « Nos grandes pensées viennent du cœur », écrivait Blaise Pascal. Nous ne sommes pas que des êtres rationnels et heureusement pour nous… Ce chemin du cœur valorise l’intelligence émotionnelle et la force de nos émotions. Accepter la puissance de l’intelligence du cœur et la richesse des relations humaines nous protège paradoxalement de la dépendance affective. Nos neurones du cœur nous permettent de penser autrement qu’en mode linéaire, binaire et logique. Savoir utiliser nos trois intelligences nous permettrait d’accéder à un état de conscience plus élevé. Cette vision holistique de la pensée humaine nous permet de nous extirper d’une vision trop étroite, mesurable et standardisée de l’intelligence, et surtout héréditaire.

Au XXIème siècle, nous sommes encore influencés par des fausses croyances sur notre intelligence. Vous connaissez peut-être déjà le neuromythe de l’asymétrie cérébrale (le cerveau droit serait plus créatif et global que le cerveau gauche analytique), mais le plus tenace reste celui du vieillissement cérébral : notre cerveau est bien plus souple et performant que ce qu’on nous instille dès notre plus tendre enfance. Non, tout ne se joue pas avant 6 ans, ou encore 12 ans. A tout âge, on peut créer de nouvelles connexions neuronales. Il faut imaginer que nous pensons avec tout notre corps : même notre alimentation peut avoir un effet sur le cerveau. Par exemple, la neurogénèse est freinée par le sucre industriel.

En parallèle des trois intelligences du cœur, du ventre et du cerveau, Colette Portelance décrit trois types d’intelligences pour mieux comprendre les enfants : l’esthète, le pragmatique et le rationnel. L’esthète est celui qui sent et qui appréhende le monde par le cœur (ce qui rappelle le cerveau du cœur). Le pragmatique est quant à lui dans l’action. Et le rationnel, dans le spéculatif, l’intelligence logico-mathématique : il a tendance à rationaliser ses émotions. Les méthodes pédagogiques utilisées par le système scolaire français sont plus adaptées aux rationnels.

L’intelligence est-elle toujours rationnelle ?

L’auteur ose consacrer sa dernière partie à l’intelligence irrationnelle qui rassemble à la fois l’intelligence émotionnelle, motivationnelle, intrapersonnelle et spirituelle. L’irrationnel a son propre langage. Nous apprenons de toutes nos émotions, négatives ou positives. L’intelligence intrapersonnelle permet de créer un lien entre le ressenti et la prise de conscience.

Dès lors, l’intelligence irrationnelle est ce petit « plus » ou ce petit « rien » qui nous aide à devenir ce que l’on est. Ont été suivis dans le passé 90 étudiants de Harvard, et ceux qui avaient le mieux réussi leurs examens n’étaient pas ceux qui avaient le mieux réussi dans la vie et qui étaient heureux.

L’auteur oppose l’intelligence rationnelle de Descartes, le déductif, le méthodique à l’intelligence illogique, irrationnelle, spirituelle, intuitive, sensitive et émotionnelle. Or Descartes était-il si rationnel ? Descartes affirmait qu’« il n’y a pas d’autres voies qui s’offrent aux hommes, pour arriver à une connaissance certaine de la vérité, que l’intuition évidente et la déduction nécessaire » (Règles pour la direction de l’esprit, règle XII, René Descartes). Ainsi, Descartes a cherché à créer un lien entre l’intuition de la vérité et le raisonnement déductif. En revanche, il a été plus « tranchant » sur l’intelligence du cœur, car il a coupé notre corps de notre tête, en se méfiant de la puissance des passions. Selon lui, la passion était passivité de l’âme…

Ce livre sur l’intelligence irrationnelle nous aide à renouer avec nos neurones du cœur, comme l’avait déjà fait Spinoza en distinguant les passions joyeuses des passions tristes.

Et nous permet d’accueillir la clairvoyance intemporelle d’Emerson : Rien de grand ne se fait sans enthousiasme.

Un livre à découvrir pour célébrer toutes les formes d’intelligence de nos enfants.

Marjorie Rafécas-Poeydomenge

Colette Portelance a œuvré toute sa vie dans les domaines de l’éducation et de la relation d’aide. Dès le début de sa carrière d’enseignante auprès des adolescents, elle a compris que les échecs scolaires avaient principalement pour cause le manque d’intérêt et de motivation des jeunes pour les matières enseignées parce que leur type d’intelligence n’était pas suffisamment reconnu ni exploité à l’école. Plus tard, elle a approfondi sa recherche au cours de ses études de doctorat à l’université de Paris et l’a appliquée dans sa création de la formation des spécialistes de la relation humaine au Centre de Relation d’Aide de Montréal.

« développer des qualités d’ouverture et d’empathie » avec Colette Portelance

Colette Portelance, Au cœur de l’intelligence

Enseignante en secondaire puis éducatrice, l’autrice a développé une expérience pratique qu’elle a approfondi avec passion par des études théoriques. L’échec scolaire n’est pas une fatalité mais un manque de motivation. Lequel est lié intimement à l’affectif. Jamais un enseignement purement rationnel ne suffit pour apprendre ; il lui faut l’intelligence du cœur pour adhérer à celui qui enseigne, donc à sa matière.

Il existe de multiples formes d’appréhender le monde pour le comprendre et s’y adapter, ce que l’on appelle « l’intelligence ». Notre approche occidentale, venue des Romains via l’Eglise, est hiérarchique et autoritaire : le sachant est l’intermédiaire qui « délivre » la vérité issue de Dieu même. Avec ça, si vous ne comprenez rien, c’est que vous êtes une bête, pas à l’image du Créateur. Le rationnel comprend, l’ambitieux fait des efforts, l’affectif cherche ailleurs, dans les amitiés particulières au lieu des leçons – en bref très peu suivent.

Portelance synthétise en première partie les types d’intelligence en trois formes pratiques : les esthètes, les pragmatiques et les rationnels. Chacun a en soi un peu des trois tempéraments mais l’un domine en général. Eduquer veut d’abord dire aimer et respecter avant d’encadrer pour que l’élève puisse se réaliser.

Les esthètes sont des artistes qui fonctionnent aux sentiments et à l’imagination ; ils ont de l’intuition et des idéaux. Les éducateurs devront respecter leur monde imaginaire et l’aider à apprivoiser leurs peurs ; toutes les méthodes d’expression créatrices sont utiles (dessin, sculpture, poésie).

Les pragmatiques ont une intelligence orientée vers la pratique, le faire ; ils sont visuels et ont le sens de l’orientation comme du bricolage ; comme ils ne savent pas quoi faire de leurs émotions, ils agissent avec des solutions concrètes plus ou moins appropriées. Très sociables, ils auront intérêt à travailler en groupe et à réaliser des exercices concrets.

Les rationnels sont les « bons élèves » de l’institution scolaire héritée des scolastiques. Cérébraux et matheux, ils ont le don d’abstraction tout en étant à peu près inaptes en émotions. D’où cette propension des « grandes » écoles à croire tout calculable, y compris les risques humains, et à négliger les affects de ceux qui en subissent les conséquences. L’éducation consistera à leur faire ressentir ce qui se passe en eux pour qu’ils ne soient pas menés sans le savoir par leurs émotions.

Quant aux intelligences irrationnelles, qui font l’objet de la seconde partie, elles se distinguent en : émotionnelle, motivationnelle, intrapersonnelle, spirituelle.

L’émotionnelle fait collaborer tête et cœur de façon à contrôler les émotions et les faire servir aux pensées et aux actes. Elle permet les relations et la faculté de rassembler les autres.

La motivationnelle est une énergie interne qui pousse à agir. Elle est liée aux émotions (la passion) mais aussi aux besoins, aux valeurs, aux pensées, aux relations. C’est ainsi que l’attachement permet l’apprentissage, le lien social de se sentir intégré et reconnu, la compétence d’approfondir sa passion.

L’intrapersonnelle est la faculté de se comprendre soi-même, de mettre des mots sur les émotions éprouvées ici et maintenant pour découvrir les ressources personnelles dans la raison, la spiritualité et la création. Être conscient, c’est être « éveillé ». Quand la tête n’est pas en relation avec le cœur, se répètent les mécanismes défensifs qui font souffrir et tourner en rond. D’où dépression, burn out et sentiment d’abandon. Les expériences déjà vécues permettent les réponses à la situation à condition d’accepter ce qui est, notamment sa propre part de responsabilité dans la situation. Pour cela, il est nécessaire de faire attention au ressenti et d’en prendre conscience afin de s’adapter aux changements.

La spirituelle est plus vague, faculté de connexion à soi, aux autres et à l’univers, Dieu ou pas. Elle permet de vivre en étant pleinement soi et d’en comprendre le sens. Ouverture d’esprit, empathie, éthique, sincérité, créativité et générosité sont associées à cette forme d’intelligence. Elle permet d’aller plus loin.

Un chapitre particulier est consacré à l’intelligence irrationnelle à l’école : vaste programme en France tant « l’esprit » même du prof est orienté vers la délivrance intellectuelle du savoir au détriment de son affective acquisition ! Or il ne saurait y avoir éducation sans relation personnelle.

Ce livre est un manuel de développement personnel à l’américaine, orienté vers la pratique. Il sera utile aux parents et aux enseignants avant tout, mais aussi à soi et aux rapports humains en entreprise, en association, dans les bureaux. Le diplôme n’est pas tout, ni la position sociale ; les qualités humaines sont de plus en plus sollicitées et reconnues dans les CV. Pour bien travailler, bien créer et bien diriger, il faut être soi et se connaître tout en développant des qualités d’ouverture et d’empathie qui permettent de comprendre les autres afin de mieux se faire comprendre.

Colette Portelance, Au cœur de l’intelligence, 2021, Editions du CRAM (Canada), 294 pages, €20.00

Attachée de presse BALUSTRADE : Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com  

Radio Notre Dame reçoit Colette Portalence sur « Au coeur de l’intelligence »

Réécouter l’émission de Marie-Ange de Montesquieu avec Colette Portelance ici https://radionotredame.net/emissions/enquetedesens/15-11-2021/

Pierre Langlais, journaliste spécialisé des séries TV chez Télérama et auteur de « Créer une série » (Armand Collin)

Colette Portelance, spécialiste des émotions et auteur de « Au coeur de l’intelligence » (Editions de CRAM)

Marc Valleur, psychiatre et spécialiste des pratiques addictives

Parution de « Au coeur de l’intelligence » de Colette Portelance (éditions du CRAM)

Pour télécharger le pdf de l’argumentaire du livre de Colette Portelance, merci de cliquer ICI

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