Sarah Perret, excellente lectrice de Michèle Makki (article qui paraîtra dans Livr’arbitres)

Michèle Makki, Pompéi, le sang et la cendre.

            « Peu de gens devineront combien il a fallu être triste pour entreprendre de ressusciter Carthage ! C’est là une Thébaïde où le dégoût de la vie moderne m’a poussé. », écrivait Flaubert, à propos de Salammbô, dans une lettre à Feydeau. Qu’en est-il des larmes versées pour faire renaître Pompéi de ses cendres ?

            Car ce qui frappe, de prime abord, à la lecture de Pompéi, le sang et la cendre, c’est le travail de construction du roman, solidement bâti, en trois parties, soutenues chacune par six chapitres, eux-mêmes subdivisés : une parfaite architecture et un parfait équilibre, comme en ces demeures patriciennes où le lecteur est invité à pénétrer, pour y contempler les fresques et prendre du repos dans la fraîcheur de l’atrium :« …on recevait lumière et fraîcheur de l’atriumaux dalles refroidies par de fréquentes aspersions d’eau et du jardin abondamment arrosé. On respirait en paix, dans le recueillement des chambres obscures. »

            Naturellement, l’auteur nous ouvre les portes de l’Histoire, la grande, celle du règne bref de Titus, marqué par trois catastrophes que rappelle la citation de Suétone en exergue : l’éruption du Vésuve, l’incendie de Rome et la peste. Quelques analepses évoquent le règne de Vespasien, de Néron, et le martyre des premiers chrétiens. Mais c’est par la petite histoire que Michèle Makki nous captive, en nous décrivant le mode de vie des Pompéiens et des Romains, leurs moeurs, leurs cultes, leurs jeux,  en nous faisant goûter, en imagination, des « cailles farcies de raisins et de pruneaux », des « dattes sèches farcies de noix et passées au miel », le vin de Falerne, et le fameux garum qui aromatisait les plats.

            Le lecteur est invité à devenir passant, promeneur, piéton des rues de Pompéi et de Rome, à longer les murs noircis par les graffitis, des latrines au lupanar et des thermes à l’amphithéâtre. Car Michèle Makki sait combien « … le réel est de loin supérieur au rêve qui nous mène où nous le désirons dans son vol diapré mais jamais dans ce qui peut se voir, se toucher, se respirer ». Aussi fait-elle en sorte que son lecteur découvre, par les sens, ces deux villes prestigieuses, telles qu’elles furent dans l’antiquité. Elle nous restitue les saveurs, les odeurs ; de part en part son roman est traversé par le souffle du vent et le passage de la lumière, et ce qu’il offre de plus beau, ce sont ces moments suspendus : « Un coup de vent traversa l’amphithéâtre, le velumondula », « L’heure du prandiumpassa, les ombres de l’après-midi rampèrent sur le sol. »

            Ce roman permet au lecteur de vivre doublement le drame de la destruction de Pompéi, car le feu qui couve, au creux du Vésuve, c’est aussi cette passion, contenue dans le cœur de Véra, l’héroïne, amoureuse d’un gladiateur – passion qui étouffe tout autant que la poussière chaude, qui colle au corps tout autant que les « floches » de cendre.

            Michèle Makki, dans cette vaste entreprise de reconstruction de Pompéi, pousse le mimétisme jusque dans le style, qui a cette concision, cette sobriété de la langue latine, cet aspect lapidaire, sensible notamment dans les maximes, frappées comme des médailles : « …la mort est éternelle mais la curiosité boit à la coupe de la satisfaction immédiate ».

            Ce roman n’est pas une leçon d’Histoire, c’est une évocation. Plus qu’une évocation, c’est un voyage… Réserver dans une agence un séjour  à Rome ou à Naples ? Inutile… Lisez le roman de Michèle Makki. Ou, mieux, partez en Italie, avec, pour viatique, Pompéi, le sang et la cendre.

Sarah Perret
 

Le Journal des Deux Rives diffuse les nouvelles des auteurs de Balustrade

Alain Llense, auteur du roman jubilatoire Emmanuel, Brigitte et moi  inspiré par l’histoire des Macron transposée dans l’univers de la haute gastronomie Nouvelle Louise et Louis

Si la lumière est là c’est que bientôt ils seront là aussi, Paul, Virginie, les jumeaux, ils ne sont pas de ceux qui se rendent aux nuages fussent-ils noirs, aux épidémies fussent-elles mortelles, aux locataires provisoires fussent-ils armés d’amour et d’insouciance. Ils vont rentrer bientôt retrouver leurs vies de carte postale, leur appartement de magazine déco, rentrer pour reprendre leur vie et fabriquer des souvenirs qui rempliront ensuite leurs foutus cadres photos. D’ici là, il faudra être partis, retrouver les rives opposées de la Seine et une vie où Louise et Louis n’auront plus rien à se dire puisqu’il n’y avait qu’une fois, que c’était celle-là, que c’était cette nuit et qu’à cette aube tout s’achève.
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Alain Schmoll, auteur du roman politique et sentimental La Tentation de la vague Nouvelle La coronotentation d’un vague vaccin

Il faut dire que j’avais été bien inspiré, le mois dernier, de téléphoner à Camilo, à La Havane. Nous avions été très copains, une quinzaine d’années plus tôt, lorsque nous combattions côte à côte pour la révolution mondiale voulue par Fidel Castro. Les temps avaient changé. Fidel avait disparu, mais son esprit planait encore sur la mémoire des jeunes guérilleros de l’époque. (…) Mon vrai nom est Werner, pas Romain… 
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Christian de Moliner, auteur de Jasmine Catou détective Nouvelle Jasmine Catou et le Covid 19

Je m’étire voluptueusement sur notre canapé, en m’efforçant de reproduire au mieux une posture présentée dans l’émission de télévision, le chat, son maître et le yoga. Je me sens bien, détendue. Je savoure pleinement l’instant présent et le rayon de soleil qui réchauffe mon ventre. Ah ! Maman s’approche de moi en souriant. Ma récréation est terminée, je crois ; elle me saisit et m’affuble d’un drôle de masque, un cône blanc, avant de me porter jusqu’à ma cage de transport. Je savais que je devais sortir ce matin, mais ce déguisement ridicule me surprend et m’exaspère. Ma mère m’a avertie hier que nous étions attendues aujourd’hui dans un studio d’une radio parisienne pour présenter Les enquêtes de Jasmine Catou, le livre dont je suis l’héroïne.  (…) Le philosophe antique aurait été incapable d’interpréter les aboiements de Griffouille même s’il est aussi intelligent que moi. Le vétérinaire aurait eu raison de souligner que le présentateur confond allégrement humains et animaux. Mais il se tient coi pourtant, il est devenu prudent. Jasmine Catou tu as encore triomphé ! 
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Oula Kelbocha, Mascotte des Editions des Coussinets  Nouvelle d’Oula Kelbocha

La sédentarité de Maman a quand même un bon côté pour nous. Jamais je n’ai vu à la maison autant de réserves de pâtée et de croquettes. J’ai même trouvé où elle range le stock important de friandises et je me suis enfilé en douce ce matin quelques délicieuses bouchées au canard. Elle a aussi un stock important de notre jouet préféré, le papier toilette, qu’elle a hélas mis sous clé. Il paraît que c’est très difficile d’en trouver en ce moment. Pourquoi nos humains n’utilisent-ils pas notre litière ? Maman vient d’ailleurs d’en stocker des kilos dans le garage… est-ce pour cela ? 
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Gérard Muller, auteur du roman écologique Daintree, la forêt intelligente(link is external) Nouvelle Un voyage avec retour

Cela me revient. J’ai été testé positif au corona virus. Cette saloperie. D’abord de la fièvre, des courbatures, un essoufflement qui accompagne le moindre mouvement. Et puis la toux, une toux sèche qui déchire les poumons. Le lendemain matin, d’horribles douleurs dans la poitrine. 40 °C. Tout va alors très vite : le SAMU, l’ambulance, l’hôpital où des soignants déguisés en cosmonautes m’accueillent, s’affairent autour de moi. Ils me branchent à de l’oxygène. Augmentent la pression et le débit toutes les heures. Prennent mon pouls. La quantité d’oxygène dans mon sang diminue comme le niveau d’eau dans un oued après la pluie. Soudain, c’est la panique. Six personnes autour de moi. Elles me soulèvent, me retournent, me perfusent, me parlent, mais je n’entends plus rien. Ma tête se vide. Et puis plus rien. Plus aucun souvenir. Ma vie s’est arrêtée là. 
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Michèle Makki, auteure d’un roman historique sur Pompéi Pompéi, Le Sang et la cendreNouvelle Mon coronavirus au quotidien

Je m’absorbe, vexée, dans le documentaire qui passe à la télévision, tourné avant la pandémie, censé donner du courage aux téléspectateurs ou, plus modestement, censé leur changer les idées. Il y est question de femmes qui accomplissent des exploits en solitaire. En vrac, l’une a traversé le désert à moto, l’autre a vécu au fond d’une grotte souterraine pendant trois mois, la troisième, qui est chamane, jeûne deux jours sur trois et apprend aux gens à marcher pieds nus. Voyant cela, je me dis que je ne serai jamais célèbre et que je ne serai jamais invitée à une émission tv. Le seul risque que je prends, c’est de sortir le chien en période de pandémie. 
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OPERATION CORONAVIRUS : une nouvelle inédite de Michèle Makki

Balustrade Coronavirus, auteurs de nouvelles sur le covid 19 et le confinement

Balustrade Coronavirus, auteurs de nouvelles sur le covid 19 et le confinement

Michèle Makki, auteure d’un roman historique sur Pompéi « Pompéi, Le Sang et la cendre » Nouvelle « Mon coronavirus au quotidien »

 Je m’absorbe, vexée, dans le documentaire qui passe à la télévision, tourné avant la pandémie, censé donner du courage aux téléspectateurs ou, plus modestement, censé leur changer les idées. Il y est question de femmes qui accomplissent des exploits en solitaire. En vrac, l’une a traversé le désert à moto, l’autre a vécu au fond d’une grotte souterraine pendant trois mois, la troisième, qui est chamane, jeûne deux jours sur trois et apprend aux gens à marcher pieds nus. Voyant cela, je me dis que je ne serai jamais célèbre et que je ne serai jamais invitée à une émission tv. Le seul risque que je prends, c’est de sortir le chien en période de pandémie. Lire la suite de la nouvelle en cliquant ICI https://guilaine-depis.com/nouvelle-mon-coronavirus-au-quotidien-par-michele-makki/

 Nouvelle « Mon coronavirus au quotidien » par Michèle Makki

 MON CORONAVIRUS AU QUOTIDIEN par Michèle Makki

 Le chien fait des gaz. C’est un bouledogue français. Il s’appelle Caïpi, abréviation de Caïpirinha, le très bu cocktail. Cette race-là fait des gaz.

– Il faut le sortir, je dis.

Qui s’y colle ? Mon mari ou moi ?

Le chien c’est ma sauvegarde, mon passeport, mon visa pour une vie à risques. Je mets un masque, des gants, je deviens une aventurière et je m’engouffre dans l’ascenseur. En sortant de l’immeuble, je manque de m’étaler sur les marches du perron, car j’y vois à peine, les yeux coincés entre le capuchon de ma veste et le bord du masque, pendant que le chien tire sur la laisse.

– Bonjour !

Un Sans- Masque m’aborde, saluant et postillonnant, encore un peu et il me ferait la bise !

Cet individu-là n’a pas absorbé les consignes de distance sociale et se comporte anormalement, c’est -à- dire normalement pour une époque révolue.

Je m’enfuis comme Polanski au festival de Cannes et je m’en vais chanter l’Ave Maria dans la forêt. Pour les promenades hygiéniques du chien et de moi-même- il fait ses besoins, je respire l’air- j’ai choisi un bout de forêt qui survit entre deux immeubles, parcouru par un ruisseau qui n’en sait rien du coronavirus et continue sa vie coulante et murmurante. On fait le tour de la forêt qui sent le caca car tous les propriétaires de chien vont là, puis on rentre en évitant les voisins.

J’enlève mon équipement de pestiférée sur le balcon, je me désinfecte, je me vaporise de senteurs variées, je me lave les mains, je les passe au gel, au gel, au gel…

– Au prix où on l’a payé, tu devrais l’économiser, grogne mon mari.

S’il savait à quel prix j’ai payé les gants !

On s’assied devant la télévision pour le téléjournal, le chien à nos pieds, la fenêtre ouverte pour évacuer les mauvaises odeurs récurrentes provenant de Caïpi.

On se prépare pour le coup de massue, les nouvelles, qui nous écrasent d’une pesanteur visible. Le destin enfile les morts comme des perles dans le ruban des jours :  aujourd’hui tant de morts, bien plus qu’hier et bien moins que demain, nous sommes tous condamnés au confinement, à la solitude, même le pape dit la messe tout seul.  « Admirez la spiritualité du dépouillement », dit un intervenant.

L’Iphone de mon mari retentit : Il retentit tout le temps, la sonnerie est au maximum.

C’est Josette, ou Martine, ou Amélie, qui, en ces temps éprouvés, cherchent du réconfort auprès d’un ancien copain. Prétexte : donner des nouvelles du virus, qui comme le furet est passé par ici et repassera par là, mesdames. Envoyer des texto à un gars qu’elles n’ont pas vu depuis trente ans, quelle misère ! Est-ce qu’au moins elles se sont changées de pull depuis la guerre du Golfe ? Faire les fonds de tiroir existentiels même en période de peste, j’évite, préférant me défénestrer plutôt que de ramener à l’existence tous les vieux bouts de carambar de ma vie, poisseux, collants, recouverts de poussière, qui se collent à des post-it, à des feuilles de papier tachées, et à des reliquats de calepins hors- d’usage. Les souvenirs c’est une autre espèce de virus…

– Tu n’as pas le coronajaloux ? dit mon futur ex-mari, car comme tout le monde le sait, un mariage peut ne pas durer toute une vie, même si on n’est pas  Brad Pitt, Angelina Jolie ou le prince Charles…
Je hausse les épaules de dédain. Que va-t-il chercher ? Il m’attribue des pensées médiocres alors que je me repais uniquement d’idéal.

 Je m’absorbe, vexée, dans le documentaire qui passe à la télévision, tourné avant la pandémie, censé donner du courage aux téléspectateurs ou, plus modestement, censé leur changer les idées. Il y est question de femmes qui accomplissent des exploits en solitaire. En vrac, l’une a traversé le désert à moto, l’autre a vécu au fond d’une grotte souterraine pendant trois mois, la troisième, qui est chamane, jeûne deux jours sur trois et apprend aux gens à marcher pieds nus. Voyant cela, je me dis que je ne serai jamais célèbre et que je ne serai jamais invitée à une émission tv. Le seul risque que je prends, c’est de sortir le chien en période de pandémie.

– C’est mon tour ! dit mon mari.

Il prend la panoplie du survivaliste moins le fusil et s’en va, Caïpi sur les talons.

Point final.

Aussitôt qu’il est sorti, je m’installe devant mon ordinateur et j’écris à Jean- Jacques.

Un quart d’heure plus tard, j’ai sa réponse :

 » Qu’est-ce qui te prend ? Tu baisses ! C’est quoi cet article ? Je ne peux pas le donner à l’impression ! Je t’ai demandé du sérieux, du simple à comprendre, tu dois plaire à nos lecteurs… C’est quoi ce style pour Parisiens ? Notre lectorat est composé de régionaux.  Tu n’écris pas pour Paris- Match ! »

Jean- Jacques, c’est le rédacteur en chef de notre feuille de chou locale. Le télétravail avec lui, ça fait longtemps que ça dure. Est-ce qu’il cherche à me virer ? Il faut s’attendre à tout.  « Le journal traditionnel, c’est foutu ! » Clame-t-il à qui veut l’entendre. En attendant cette catastrophe annoncée, il m’a demandé d’écrire un papier sur le thème :  » Mon coronavirus au quotidien. » Apparemment, mon texte ne le séduit pas.

  » J’attends un nouvel article dans une heure, sinon on fera sans toi », précise-t-il en caractères Arial gras.

Bon, je vais lui résumer les infos, advienne que pourra.

J’éternue une fois, deux fois, trois fois dans mon bras replié. J’ai mal à la tête. Pourvu que je ne sois pas malade !

FIN

Michèle Makki

Genève, 3 avril 2020

La prestigieuse revue « Histoire et civilisations » du Journal LE MONDE a sélectionné le roman de Michèle Makki

La prestigieuse revue « Histoire et civilisations » du Journal LE MONDE a sélectionné le roman de Michèle Makki au sein de son volumineux dossier « Pompéi » : c’est la reconnaissance du talent et du savoir historique de Michèle Makki, unique ROMANCIERE contemporaine citée dans ce dossier qui restera. Les autres auteurs cités par Virginie Girod sont des essayistes. Le roman de Michèle Makki« Pompéi, le sang et la cendre »est suffisamment exceptionnelpour compter à côté des « grands » apportant un éclairage sur cette époque. Le livre de Michèle Makki à travers sa fiction apporte une touche romantique et sensible à la compréhension de ce qu’était cette société.

 

« Le Courrier suisse » remarque l’imposant roman de Michèle Makki

Pompéi, l’année du volcan

Roman : Issue de la haute société romaine, Vera se prend de passion pour Albanus. L’ennui, c’est qu’il est gladiateur, et que s’enticher d’un tel homme, en milieu nanti, est mal vu. Par le biais de cette liaison, Michèle Makki redonne vie à Pompéi, au coeur de l’empire romain, autour de l’année 79. Pompéi, le sang et la cendre rend compte d’une ville trépidante et haute en couleur, d’événements ponctués de moments cocasses ou tragiques.

Des belles demeures ornées de mosaïques aux bas-fonds, le roman mène le lecteur dans diverses intrigues, sérieuses ou triviales, tandis que l’engouement de Vera pour le combattant alimente ragots et rumeurs. Le style est fluide et direct (….)

Marc-Olivier Partalano

Michèle Makki, Pompéi, le sang et la cendre, Ed. Baudelaire, 2020, 598 pages.

Le Dit des Mots fait l’éloge du « Pompéi » de Michèle Makki – Merci à Francois Cardinali

L’amour et le feu dans la Rome antique

Dans Pompei. Le sang et la cendre (*), Michèle Makki signe un roman à géométrie variable où, derrière l’histoire d’amour impossible entre une patricienne et un gladiateur, elle décrit avec une grande finesse la vie romaine au quotidien, les querelles de castes… Un tableau vivant et prenant.

Entre la ville détruite par l’éruption du Vésuve et Rome, Pompéi. Le sang et la cendre confie le lecteur au cœur de la vie des Romains à travers l’histoire d’un amour impossible. Celui d’une jeune femme de la haute société de Pompéi, Vera, et d’un gladiateur, Albanus, au premier siècle après Jésus-Christ. Peuvent-ils vivre leur passion au grand jour ou faut-il les cacher nuit après nuit ? Vera découvre l’amour et la sensualité avec un homme que la société lui défend d’aimer.  À travers les grandes vagues de l’histoire surgissent, dans la mosaïque de la vie quotidienne, les passions et les espoirs de ceux qui habitaient Pompéi,  disparue sous des coulées de lave et une pluie de cendres.

Titulaire d’un master en philosophie et d’un master en littérature française ainsi que d’un bachelor en italien, Michèle Makki  a enseigné le latin et le français comme professeur avant de devenir journaliste puis auteure. Dans ce roman très documenté et très précis,  la romancière déroule son histoire en multipliant les personnages secondaires qui donnent un indéniable relief à ce récit d’un amour consommé, mais que l’on sent impossible. D’autant plus qu’Albanus n’a jamais oublié la famille qu’il a dû abandonner après avoir été réduit en esclavage. L’auteure décrit ainsi ses réflexions nocturnes : « De cette faille avaient surgi sa femme et ses enfants plus nettement que jamais ses souvenirs ne les lui avaient montrés.  Sa pensée s’était mise à leur parler et il entendait leurs voix lui répondre. »

Traversant les règnes de Vespasien et de Titus ou, au gré des moments, la violence est plus ou moins présente, ou l’on sent monter la persécution contre les Chrétiens qui se cachent, comme un des riches patriciens, ce Marcus de l’histoire, le roman de Michèle Makki décrit de manière minutieuse et très vivante la vie sous la Rome antique, montrant aussi bien les fractures entre classes sociales que la vie quotidienne au cœur des marchés, la beauté de la capitale romaine ou la douceur de vivre dans les « villae », les riches résidences secondaires dans la campagne entourant Pompéi.

De gladiateurs, il est, bien sûr, question dans ce récit où la romancière sait nous faire partager le quotidien de ces combattants qui sont comme des champions sportifs du monde moderne, des figures qui prennent bien des risques, sans pour autant être condamnés à mourir automatiquement  en cas de défaite (Albanus en est la preuve dès le début), et qui fascinent certaines femmes de la bonne société romaine. Un « métier » qui a même pu être ouvert, durant une courte période, aux femmes.

Montrant la fascination que ces jeux du cirque pouvait exercer auprès d’une large partie de la population et qui étaient aussi l’occasion pour ses organisateurs d’afficher leur puissance financière, Pompéi. Le sang et la cendredépasse une simple histoire de gladiateurs. Avec une grande curiosité s’appuyant sur la vulgarisation d’une belle érudition, Michèle Makki fait revivre tout un moment de l’histoire de Rome, décrivant aussi bien l’éruption du volcan qui détruisit la ville antique, plongeant dans la misère quelques patriciens qui y survécurent, que la magnificence de Rome marquée elle-aussi par des drames : son incendie comme l’épidémie de peste.

Sous sa plume (ou plutôt sa souris), la romancière fait revivre avec brio ce quotidien antique. Ainsi quand elle décrit la découverte par l’entrepreneur Mercilius du forum romain : « Ses abords étaient encombrés de mulets, d’ânes, de chevaux attachés à un anneau planté dans le sol. Le forum réservait aux seuls humains son dallage de marbre brillant. Les animaux attendaient leurs propriétaires qui baguenaudaient, quêtant les premiers ragots. Hors du forum, point de salut ! On y apprenait les nouvelles officielles, on assistait à un sacrifice devant le temple de Jupiter, les amateurs de poésie s’extasiaient à écouter les déclamations du poète Paulus, célébrité désargentée; le portique offrait à la population un abri contre le soleil tapant ou les intempéries. »

Un roman historique aussi prenant que vivant – les pages sur l’éruption du Vésuve sont très réussies – que vivant et respectant la vérité historique.

(*) Ed. Baudelaire

 
 

Résumé de « Pompéi, le sang et la cendre » de Michèle Makki

Michèle MAKKI, Pompéi, le sang et la cendre

 

Récit agréable à lire, on suit avec plaisir le chemin des personnages empruntés aux différentes castes de la société pompéienne et romaine, récit instructif et détaillé des normes sociétales, des coutumes latines (repas, hospitalité, hygiène, fête d’Apollon…), tableau vivant et réaliste de la société antique, récits de la vie de Néron, récit des combats de gladiateurs… et les tragédies de l’époque : éruption du Vésuve, incendie de Rome, peste.

 

Résumé :
C’est tout d’abord une rencontre entre une jeune femme pompéienne, Vera, et un gladiateur qui lui ôte sa virginité.

Pompéi, an 78 apr. J.-C. : Vera est promise par son père à un riche Pompéien, Quintus Tullius; Vera attend beaucoup de ce mariage qui la libérera de sa vie à la campagne, dans la villa de son père, mais ses espoirs d’amour et de bonheur sont vite déçus : Quintus préfère les hommes. Le père de Vera meurt, suivi bientôt de Quintus, laissant Vera seule avec pour unique parente la veuve Sexta.

Vera rencontre grâce à Livia, son amie éhontée et libertaire, qui l’emmène à un banquet, le gladiateur Albanus dont elle tombe amoureuse malgré son statut social qui le lui interdit. Elle lui rend visite, mais refuse à plusieurs reprises de lui donner son corps avant de lui céder.

Mercilius, riche marchand, souhaite se marier avec la jeune veuve, mais on lui révèle, sous le sceau du secret, les amours de Vera avec un gladiateur. Mercilius ne se décourage pas et entreprend alors de faire la cour à Vera au moyen de différents cadeaux que Vera refuse : il lui offre, entre autres, un paon qui finira dans l’assiette de ses esclaves.

 

Vera, pour soutenir Albanus, envoie un de ses esclaves, Metellus, demander les services de Burrus, gladiateur affranchi. Metellus s’arrête dans une auberge et se laisse charmer par Melina, prostituée dont il s’éprend et qui lui vole l’argent que Vera lui a confié. Cet épisode permet à Burrus de rencontrer la patronne de l’auberge, Sabina. Finalement, l’ancien gladiateur Burrus accepte de rencontrer Albanus et de l’entraîner au combat. Albanus, ainsi privilégié, provoque alors sans le savoir la haine de l’entraîneur officiel, Merranus, jaloux de Burrus, ainsi que la jalousie des autres gladiateurs, prêts à se venger.

Tandis que Vera continue de fréquenter Albanus, Mercillius, toujours intéressé par le projet d’un mariage, projette de l’enlever pour arriver à ses fins.
Retour chez Sexta : Metellus fugue et retrouve Melina. Il devient un familier de l’auberge et contribuera à l’enlèvement de Vera à l’insu de Burrus.

 

Oleus, homme à tout faire de la caserne des gladiateurs, apprend à Vera qu’un riche vacancier romain, Rufus Fulvius, a payé pour que les gladiateurs Albanus et Dionysos s’affrontent chez lui. Vera, désespérée à l’idée que son amant puisse perdre la vie, trouve secours auprès de sa parente Sexta qui a de hautes relations dans la société pompéienne. Sexta, en effet, se sert de ses rapports avec Marcia, épouse d’un notable pompéien, pour obtenir que Vera et elle soient conviées au combat, permettant au moins à Vera de voir son amant une dernière fois s’il est vaincu. À cet événement sont conviés des Romains en villégiature, parmi eux, Ursus et le chevalier Marcus. Chez Rufus Fulvius, l’aristocrate romain qui a commandé le combat, Vera a la surprise d’apprendre que l’épouse de l’hôte n’est autre que son amie Livia, qui s’est remariée après son divorce. Heureuse de retrouver son amie, elle se heurte à sa froideur : Livia, en épousant le Romain, est devenue hautaine et refuse de s’abaisser au rang des provinciaux. Mais elle a conservé son caractère audacieux et profite de la nuit pour séduire Albanus qui cède à son charme. Albanus vainc Dionysos.

 

Après la soirée, Livia réalise qu’elle s’est fait voler un collier précieux ; elle accuse alors une de ses esclaves qui sera cruellement punie. Ursus, Pompéien de bonne famille qui était également invité par Rufus Fulvius, le rapporte quelques jours plus tard en avouant que sa femme est responsable du forfait. Rufus Fulvius ne lui en veut pas ; il espère, en se montrant conciliant, se faire un allié chez les Pompéiens.

Retour à Mercilius, qui fait suivre Vera par un de ses esclaves déguisé en mendiant, Niger. Mercilius se paie également les services du devin Xerxès, qui lui prédit confusément un mariage. Niger qui s’arrête quelquefois à l’auberge de Sabina, y rencontre l’esclave Metellus qui va pouvoir espionner pour le compte du marchand Mercilius. Celui-ci fomente l’enlèvement à l’aide des deux videurs de l’auberge, Ajax et Crassus qu’il paie.

 

L’empereur Vespasien meurt, le règne de Titus commence.

Livia demande à son mari que le gladiateur Albanus devienne son garde du corps, ce que Rufus Fulvius finit par lui accorder. Il s’arrange avec le magistrat Caius pour truquer les combats lors des jeux donnés en l’honneur d’Apollon de sorte qu’Albanus soit vainqueur, mais au dernier moment, Caius ne tient pas parole. Les Pompéiens le tiennent à l’écart malgré sa bienveillance envers Ursus. Heureusement, Albanus parvient à vaincre son adversaire, Minos de Tarente, par ses propres forces et gagne alors sa liberté. Il pense à réaliser son rêve : retrouver ses enfants et leur mère, réduits en esclavage, qui ont été vendus à un nouveau maître. Mais il comprend que c’est une entreprise désespérée et y renonce.

 

Après le combat, Ajax et Crassus profitent de la foule pour enlever Vera, mais Crassus, pour se venger de Mercilius qui lui a promis deux fois moins d’argent qu’à Ajax, capture Sexta au lieu de Vera et la conduit chez Mercilius au grand désappointement du marchand. Peu après, Sexta et Mercilius annoncent leur mariage, ce qui étonne beaucoup, mais on apprend ensuite que Sexta a exigé de Mercilius qu’il l’épouse pour sauver son honneur. Après le mariage, Sexta doit se rendre à Misène pour affaires. Son tout nouveau mari l’accompagne ainsi que Marcus, chevalier romain, chrétien en secret, qui doit se rendre à Misène pour remettre des témoignages de chrétiens martyrisés. Marcus engage Albanus comme garde du corps. Vera participe à l’expédition, car Sexta ne veut pas la laisser à Pompéi. Comme tout le monde, elle ignore la liaison de Vera et d’Albanus, car ils se voient à l’insu de tous.

 

Octobre 79 : Vera, Sexta, Marcus et Albanus arrivent à Misène. À Pompéi, l’éruption du Vésuve met brutalement un terme aux conversations badines de Metellus, Ajax et Melina qui finissent par quitter l’auberge et cherchent leur salut dans la fuite.  Rufus et Livia s’enfuient eux aussi. Metellus périt. Livia cherche de l’aide auprès de l’entraîneur Merranus, mais finit par mourir dans la caserne des gladiateurs.

À Misène, on assiste aux débuts de l’éruption, la panique règne, les foules se dispersent, Vera se perd et finit par trouver de l’aide auprès de deux hommes qui lui offrent une croix qu’elle prend pour une amulette. Vera retrouve Albanus qui achète de force un char à son propriétaire pour y installer Marcus blessé. On assiste au désespoir des notables de Pompéi angoissés par la perte de leurs biens ; cependant, Sexta a sauvé tout son or en le cachant dans un sac. Marcus a perdu femme et enfants. Vera se sépare d’Albanus, car Sexta lui a dressé un tableau funeste de son avenir si elle restait auprès de lui.

 

À Rome, Mercilius est devenu un banal citoyen parmi d’autres alors qu’à Pompéi il était un personnage important. Il visite la Capitale et s’éprend de la ville aux sept collines. En se retrouvant dans le quartier mal famé de Rome, Subure, il y croise Albanus. Vera, apprenant cela, s’échappe de la demeure de Marcus, qui les héberge, et rejoint Albanus à Subure. Elle voudrait l’épouser, mais Albanus la confronte à la réalité : c’est impossible dans leur société telle qu’elle est.  Quant à Sexta , elle veut marier Vera, qui a perdu toute sa fortune,  à un artisan pour la détourner du gladiateur et lui donner un avenir.

Mercilius se découvre une passion pour la gladiature et rêve de donner des combats ; il rencontre Albanus qui continue à se battre comme gladiateur libre. Albanus confie à Vera qu’il n’a pas oublié ses enfants et veut se mettre à leur recherche ce que Vera ne peut accepter. 

Nouvel incident à Rome cette fois : un incendie ravage la ville pendant trois jours et trois nuits. Marcus accueille chez lui quelques rescapés de ce désastre.

Tandis que Sexta recommande à Albanus de partir retrouver sa famille, car elle y voit une échappatoire à la déchéance de Vera, Mercilius luiconseille de rester pour profiter de sa renommée de gladiateur. Albanus finira par suivre les conseils de Sexta et par partir, laissant Vera dans un immense chagrin ; néanmoins, il lui fera ses adieux.

 

Vera apprend qu’elle est enceinte et se met à haïr secrètement Sexta qui a fait partir son amant. Sexta  projette d’abandonner le nouveau-né. Une épidémie de peste frappe la ville. Mercilius succombe laissant Sexta veuve pour la seconde fois. Marcus désire se marier avec Vera pour la secourir, et accueillir son enfant ; Vera accepte et donne naissance à une fille à qui Marcus donne le prénom d’Aléthéia.

 

Thèmes traités :

Destins croisés de l’Histoire, celle de Pompéi, de Rome, de l’empereur Néron, et des histoires particulières des citoyens confrontés à cette Histoire.

Pérégrinations d’une jeune femme qui, après avoir vécu à la campagne, s’éveille à vie citadine à Pompéi d’abord à Rome ensuite.

Condition de la femme dans la société romaine.

Doutes et désillusions amoureuses, éducation sentimentale, itinéraire amoureux d’une Pompéienne du 1er siècle.

Homosexualité.

Amours impossibles d’une dame de la haute société et d’un gladiateur.

Les débuts cachés d’une nouvelle religion : le christianisme.

La fracture sociale entre les différents milieux sociaux : gladiateurs, esclaves, affranchis, commerçants, aristocrates, notables.

Ambition politique et aspiration aux hautes sphères de l’État, jalousie des hommes, valeurs romaines : honneur, hospitalité…

Inversion des valeurs opérées par les chrétiens : primauté de la charité sur l’honneur ou la sauvegarde des apparences.

Vanité des relations mondaines, superficialité des rapports fondés sur l’argent ou le pouvoir Art de la conversation.
Jeux du cirque.
Fragilité de l’homme confronté à la mort

Condition des esclaves.
Amitié déçue (celle de Vera et de Livia est rompue par la fracture sociale et la mondanité de Livia).