Remise du 88ème Prix Cazes à la Brasserie Lipp (seulement pour ceux ayant un carton en papier)

Pour télécharger la version pdf de l’argumentaire du 88ème Prix Cazes, merci de cliquer  ICI 

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Remise du 88ème Prix Cazes le 10 avril 2024 de 18h30 à 20h30 
lors d’un cocktail à la Brasserie Lipp 151 boulevard Saint-Germain 75 006 Paris 
 
où ne seront admis que les journalistes pouvant présenter le carton en papier. 
(merci de penser à réclamer le vôtre à Guilaine Depis par sms 06 84 36 31 85)
“l’événement littéraire du printemps” 
Le Prix Cazes est l’une des plus anciennes distinctions littéraires. Cette récompense, créée à l’initiative de Marcelin Cazes en 1935, continue, au fil des décennies, à révéler des auteurs prometteurs. 

En sélection pour le 88ème Prix Cazes-Brasserie Lipp :

J’ai pêché, pêché dans le plaisir d’Abnousse Shalmani (Grasset)

L’homme aux mille visages de Sonia Kronlund (Grasset)


Penser contre soi-même de Nathan Devers (Albin Michel)

Le ciel t’attend de Jean Gregor (Robert Laffont)

Le ciel en sa fureur d’Adeline Fleury (L’Observatoire)

Les monuments de Paris de Violaine Huisman (Gallimard)

Odette Froyard en trois façons d’Isabelle Monnin (Gallimard)

Corps de ferme d’Agnès de Claireville (Harper Collins)

J U R Y
Léa SANTAMARIA, Gérard de CORTANZE, Mohammed AISSAOUI, Eric ROUSSEL, Joël SCHMIDT (Président), Christine JORDIS, Nicolas d’ESTIENNE D’ORVES, Carole MARTINEZ, Mathilde BREZET, Gautier BATTISTELLA, Marie CHARREL, Claude GUITTARD (Secrétaire Général)
Contact presse guilaine_depis@yahoo.com 06 84 36 31 85

Interview de Léa Santamaria, libraire et membre du jury du Prix Cazes Brasserie Lipp

Littérature : le prestigieux Prix Cazes est décerné à Marie Charrel

Marie Charrel, lauréate du 87è Prix Cazes pour son roman « Les Mangeurs de nuit » aux éditions de l’Observatoire.

Le jeudi 6 avril 2023 aura lieu la remise du Prix Cazes, à la Brasserie Lipp, Boulevard Saint Germain, à Paris. Ce sera le 87e anniversaire de ce prix très prestigieux, fondé en 1935 par Marcelin Cazes. L’occasion d’interroger Léa Santamaria, membre du jury et libraire.

Marc Alpozzo : Quelle est l’originalité du Prix Cazes ?

Léa Santamaria : Le Prix Cazes a été créé en 1934 par le patron de la Brasserie Lipp, Marcelin Cazes. Il avait une clientèle intellectuelle, et il appréciait la littérature. Il s’est donc dit qu’il allait créer un prix littéraire qui allait sortir du lot, donc qui ne se baserait pas sur les auteurs qui paraissent en septembre comme tous les autres prix, il s’occuperait plutôt de la rentrée de janvier, et donc c’est devenu l’événement du prix de printemps à Saint Germain des Près. C’est aussi un des plus anciens prix de la place Saint Germain, il n’y avait pas encore le prix Flore, ni le prix des Deux Magots. Les trois premiers prix ont été décernés par un Jury anonyme, qui se réunissait toute la nuit précèdent l’arrivée du printemps, au premier étage de la brasserie, et qui débattait autour d’une table bien garnie, repas que l’on imagine bien arrosé.

Le Prix était annoncé le premier jour du printemps.

M. A. : Quel est le lauréat le plus prestigieux du prix Cazes ?

L. S. : Il est difficile de donner un seul nom tant la liste des lauréats est remarquable, mais on peut citer Joël Schmidt pour ‘’Lutèce’’, François Cavanna pour ‘’ Les Ritals’’ ou Françoise Hamel pour ‘’ Fille de France’’.

M. A. : Pourquoi ont-ils choisi une libraire ?

L. S. : Mohammed Aissaoui, qui fait partie du jury, souhaitait choisir une libraire en remplacement d’une personne qui n’était plus en état de venir aux réunions. Il pensait à une libraire car les libraires disait-il analysent vraiment tout. C’est alors que Nicolas d’Estienne d’Orves qui est mon ami pense à moi. En plus, habitant dans le quartier, ça leur a semblé logique de me choisir. En plus j’avais un lien avec l’actualité et les auteurs. J’ai donc fait un déjeuner avec les membres du jury et j’ai été cooptée en 2015.

M. A. : Comment ce jury est-il composé ?

L. S. : Il y a douze membres du jury. Nos deux derniers sont des lauréats du prix. Cependant, Carole Martinez n’a jamais eu le prix Cazes mais elle est rentrée comme auteur et amie. Pour intégrer le jury, il faut tout de même obtenir l’unanimité des membres.

Nous avons eu au sein du Jury des écrivains prestigieux, je pense à Georges Emmanuel Clancier, qui fut présent avec nous jusqu’à ses 102 ans, Solange Fasquelle qui avait obtenu le Prix en 1961et intégrée le Jury jusqu’à son décès en 2016, ou encore Olivier Séchan, lauréat en 1946.

M. A. : Comment se passe le choix des livres ?

L. S. : Ça se passe globalement plutôt bien. Il y a nettement moins de pressions qu’avec le Goncourt, certes chacun défend son avis, mais ça se passe dans la bonne humeur. Il faut dire qu’il y a plus de prix littéraires aujourd’hui en France que de marques de fromage par exemple. Et parfois, il me semble qu’il y a plus d’écrivains que de lecteurs. Donc, le fil conducteur de notre sélection, commence par un rendez-vous en décembre, avec assez peu de services de presse, avec des listes de parutions, ou des auteurs que l’on a envie de défendre. Puis de janvier à mars, nous nous retrouvons chaque mois, a la Brasserie, pour affiner notre sélection au cours de débats très animés, et toujours selon la tradition, autour d’un repas festif.

M. A. : Est-ce que vous primez des auteurs de petites maisons ?

L. S. : Oui, par exemple en 2015, on a remis le prix à Dominique Paravel pur ‘’Giratoire’’ qui sortait un livre chez Serge Safran. Tout le monde avait aimé le livre.

M. A. : Est-ce que le livre se vend encore ?

L. S. : Les livres de développement personnel font partie des grosses ventes, même si ça ne se passe pas chez moi, puisque je suis dans le 6e, un quartier assez littéraire, avec une clientèle exigeante. Moi, je vends encore bien. Mais il y a trop de livres, même pour nous, pour défricher. On a donc intérêt à vendre beaucoup de livres, mais c’est difficile. Moi, je suis obligée aujourd’hui de faire une partie de papeterie. Mais il y aura toujours des gens qui aimeront des livres. Il faut toutefois qu’ils aillent chez leur libraire et non sur Amazon.

Propos recueillis par Marc Alpozzo

Léa Santamaria, gérante de la librairie-Papeterie 18, rue Le Verrier 75006 Paris et membre du jury du Prix Cazes remis à la Brasserie Lipp 151 boulevard Saint-Germain 75 006 Paris.

Le 87ème lauréat : Marie Charrel, recevra son prix jeudi 6 avril 2023 pour son roman « Les Mangeurs de nuit » aux éditions de l’Observatoire.

Marie Charrel avec Les mangeurs de nuit de  (L’Observatoire) est la lauréate du 87ème Prix Cazes.

Marie Charrel avec Les mangeurs de nuit de  (L’Observatoire) est la lauréate du 87ème Prix Cazes.
Elle a été élue au premier tour.
Son Prix lui sera remis jeudi 6 avril 2023 à 12h15 à la Brasserie Lipp 151 boulevard Saint-Germain 75 006 Paris
(inscriptions au cocktail pour les journalistes par sms en précisant le nom du média et l’adresse postale pour recevoir le carton en papier obligatoire pour accéder au cocktail au 06 84 36 31 85.)
Contact Presse pour le Prix Cazes : guilaine_depis@yahoo.com 

Première sélection du 10 janvier 2023 – 87ème Prix Cazes Brasserie Lipp

PRIX CAZES – BRASSERIE LIPP
Première sélection du 10 janvier 2023
L’autre nom du bonheur était français – Shumona Sinha (Gallimard)
Mes fragiles – Jérôme Garcin (Gallimard)
Avalanche – Raphaël Haroche (Gallimard)
L’ancien calendrier d’un amour – Andreï Makine (Grasset)
Les ombres blanches – Dominique Fortier (Grasset)
Le bureau d’éclaircissement des destins – Gaëlle Nohant (Grasset)
Un vrai dépaysement – Clément Bénech (Flammarion)
Fille en colère sur un banc de pierre – Véronique Ovaldé (Flammarion)
Est-ce ainsi que les hommes vivent ? – Patrick Besson (Albin Michel)
Dossier Trocchi – Christophe Bourseiller (Table ronde)
Les mangeurs de nuit – Marie Charrel (L’Observatoire)
Une archive – Mathieu Lindon (P.O.L.)
Par la racine – Gérald Tenenbaum (Cohen&Cohen)
La Beauté du geste – Yves Bichet (Le Pommier)
L’Invention de l’histoire – Jean-Claude Lalumière (Le Rocher)
Staline a bu la mer – Fabien Vinçon (Anne Carrière)
Varlam – Michael Prazan (Rivages)
Ce prix, fondé par Marcellin CAZES, est d’un montant de 4 000 € ainsi que d’une table ouverte à la Brasserie LIPP de 800 €.
Il est attribué, au mois de novembre de chaque année, à un écrivain choisi par le jury composé de :
J U R Y
Léa SANTAMARIA
Gérard de CORTANZE
Mohammed AISSAOUI
Eric ROUSSEL
Joël SCHMIDT (Président)
Christine JORDIS
Nicolas d’ESTIENNE D’ORVES
Carole MARTINEZ
Mathilde BREZET
Gautier BATTISTELLA
Claude GUITTARD (Secrétaire Général)

Le Point annonce les lauréats du Prix Cazes

https://www.lepoint.fr/societe/carnet-francois-guillaume-lorrain-prix-des-romancieres-2022-pour-scarlett-29-04-2022-2473709_23.php

Prix littéraires. Notre collègue François-Guillaume Lorrain remporte le prix des Romancières 2022 pour Scarlett (Flammarion). Mathilde Brézet pour son essai Le Grand Monde de Proust (Grasset) et Gautier Battistella pour son roman Chef (Grasset) sont les deux lauréats de la 86e édition du prix Cazes-Brasserie Lipp. 

Le prix Cazes 2022 remis à Gautier Battistella et Mathilde Brézet (Livres hebdo)

Le prix Cazes 2022 remis à Gautier Battistella et Mathilde Brézet

GAUTIER BATTISTELLA ET MATHILDE BRÉZET – PHOTO OLIVIER DION

Gautier Battistella pour son roman Chef (Grasset, 2022) et Mathilde Brézet pour son essai Le Grand monde de Proust (Grasset, 2022) sont les lauréats ex æquo de la 86édition du Prix Cazes. La cérémonie s’est déroulée, comme le veut la tradition, dans la brasserie Lipp à Paris.

Par Adriano Tiniscopa ,
Créé le 20.04.2022 à 16h49 ,
Mis à jour le 20.04.2022 à 19h30

Ce n’était pas arrivé depuis 30 ans d’après l’écrivain et journaliste Mohammed Aïssaoui, membre du jury. Un ex æquo a marqué le 86e prix Cazes, remis mercredi 20 avril dans la brasserie Lipp du boulevard Saint-Germain à Paris dans le 6arrondissement. Chef (Grasset, 2022) de Gautier Battistella et Le Grand monde de Proust, premier essai de Mathilde Brézet, ont tous deux reçu le prix 2022. Ils recevront la moitié de la dotation initiale, soit 2000 € par auteur, et recevront aussi 1000 € en déjeuner chez Lipp.

« Le jury est revenu sur sa dernière sélection de cinq titres pendant sa dernière réunion pour y rajouter Le Grand monde de Proust de Mathilde Brézet », a expliqué Léa Santamaria, libraire à Libre Champs (Paris) et récente membre du jury, arrivée « l’année d’après la remise du prix à Gabriel Matzneff en 2016 », a-t-elle tenu à préciser. « Il y a eu un coup de force cette année », a plaisanté Nicolas d’Estienne d’Orves, écrivain, journaliste et membre également du jury, rappelant que 2022 était l’année du centenaire de la mort de Marcel Proust.

Joël Schmidt, président du jury, a, du haut de son grand âge et à mi-hauteur des escaliers en colimaçon du fond de ce célèbre bistrot Art déco, annoncé les noms des deux primés, feuille en mains. À commencer par Gautier Battistella, critique au Guide Michelin durant 15 ans, qui s’est dit « ravi d’avoir ce prix pour un ouvrage qui rend un certain hommage au terroir, à une France en train de disparaître ». Puis est venu le tour de Mathilde Brézet, agrégée de lettres classiques, enseignante en lycée parisien. L’essayiste a expliqué être très contente notamment « de savoir que ce livre plaît, que le personnage intéresse un jury qui n’est pas spécialiste, et qui a peut-être été trop déifié ».

Claude Guittard invité à parler du Prix Cazes sur Lettres capitales

Interview. Claude Guittard, Secrétaire Général du Prix Cazes :

« Marcellin Cazes a toujours eu à l’esprit l’idée d’aider les gens »

 

Le 86e Prix Cazes sera décerné le 20 avril 2022.

Fondé en 1935 par Marcellin Cazes qui avait repris la brasserie Lipp en 1920, il est aujourd’hui un des prix littéraires les plus prestigieux du paysage littéraire français. Depuis 87 ans, il récompense une œuvre littéraire française d’un auteur n’ayant jamais eu d’autre distinction littéraire, comme il était prévu au début, même si ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Nous avons la chance de discuter de ce prix avec Claude Guittard, ancien directeur de la Brasserie Lipp et actuel secrétaire général du jury du Prix Cazes.  

Permettez-moi de commencer par vous poser une question personnelle. Qu’est-ce qu’a représenté pour vous la Brasserie Lipp ?

J’ai quitté la Brasserie en novembre 2021. Cet endroit mythique a été pour moi le plus beau moment de ma carrière. La Brasserie Lipp est un endroit magique, avec une clientèle extraordinaire.

Pour aborder le domaine littéraire, permettez-moi de rappeler que vous vous êtes vous-même essayé à l’écriture, en publiant en 2006, avec la journaliste Isabelle Courty-Siré, le livre Lipp : La Brasserie. Que pouvez-vous nous dire de cette expérience ?

J’ai toujours aimé lire. Cette passion pour la lecture vient de ma culture familiale. À la brasserie, j’ai eu la chance de rencontrer un nombre incalculable d’écrivains, d’académiciens, d’écrivains étrangers. Quand vous côtoyez personnellement les gens que vous avez lus pendant des années, cela vous donne un sentiment incroyable. Et, si au début je m’occupais du prix en qualité de patron, un jour on m’a demandé d’entrer au jury car les gens connaissaient mon amour de la littérature. Cela a été le début d’une aventure formidable pour quelqu’un comme moi qui n’ai que mon BEPC.

Quant au livre que j’ai coécrit avec Isabelle Courty-Siré, il n’y avait pas d’autres ouvrages dédiés à la brasserie, qui racontent l’histoire de manière aussi précise et avec un contenu relativement actuel, avec des photos et des détails sur ce qui est cet établissement au XXIe siècle, un endroit qui a ouvert en 1880, qui est toujours présent et qui continue d’être un des phares de la Capitale.

Le prix Cazes, fondé en 1935 par Marcellin Cazes, est un des plus anciens prix littéraires français. Quel est selon vous son ADN ?

Tout au début, en 1935, ce prix était désigné par un jury anonyme, ce qui est assez marrant dans l’histoire, car cela ne se fait pas beaucoup. Ce jury anonyme se réunissait à la brasserie le premier jour du printemps  – c’est à cette date que le prix était décerné les premières années – et passait toute une nuit avec forces nourriture et boisson et il nommait le lauréat. C’est n’est que par la suite que les noms des jurés ont été rendus publics. Marcellin Cazes a toujours eu à l’esprit l’idée d’aider les gens. À l’époque il y avait beaucoup d’écrivains fauchés et il voulait ainsi les aider à continuer leur art.

Il faut rappeler que Lipp a été consacré comme « lieu de mémoire » par la Ministère de la Culture. L’aide apporté aux écrivains par Marcellin Cazes est non seulement un soutien, mais une vraie reconnaissance.

Oui, complétement, je pense que Marcellin Cazes était très valorisé d’avoir comme clients ces écrivains et pour lui était très important de faire reconnaître leur travail, encore une fois des écrivains qui n’étaient pas très connus. Si on prend par exemple Romain Gary qui venait entre les deux guerres et qui n’était pas à l’époque extrêmement connu et pas très riche non plus, il le nourrissait. Il avait créé des complicités avec des gens comme ça qui sont devenus par la suite immensément célèbres. Il a toujours été là pour les écrivains qu’il aimait.

À quel moment ce jury est sorti de l’anonymat ?

Quelques années après. Avant la guerre, dans les années ’38, ’39, le jury était constitué. Il y avait Thierry Maulnier, Georges Blond, il y avait même Robert Brasillach à l’époque, mais c’était pendant la guerre. Comme le prix a eu un certain retentissement, le jury a été nommé et il est devenu assez pérenne.

À quel moment avez-vous intégré vous-même ce jury ?

C’est en 2010 qu’on m’a demandé d’entrer dans ce jury. En fait, à cette époque le secrétaire général du jury était Joël Schmit qui avait une activité d’écrivain assez prenante. J’étais en quelque sorte le sous-secrétaire chargé de contacter les maisons d’édition pour avoir les ouvrages, ainsi de suite. Je m’étais bien impliqué dans ce travail et j’ai fraternisé avec les membres du jury de l’époque. La présidente du jury était Solange Fasquelle, une femme extraordinaire. Il y avait aussi Dominique Bona qui est entrée ensuite à l’Académie française. Petit à petit, je me suis impliqué en les aidant dans tout ce qui appartient au côté administratif du prix et, comme mon travail était apprécié, on m’a demandé d’entrer dans le jury.

Comment est constitué ce jury ?

Le jury est totalement indépendant de la brasserie. C’est nous qui décidons qui nous voulons faire entrer et remplacer des gens qui partent pour des raisons qui leur appartiennent. Par exemple, Georges-Emmanuel Clancier qui a été un écrivain et poète incroyable, a été membre du jury jusqu’à ses 101 ans. Nous l’avons remplacé après son décès, comme ce fut aussi le cas de Solange Fasquelle. Pour choisir les nouveaux membres, chacun fait des propositions. Ce fut le cas pour remplacer Georges-Emmanuel Clancier nous avons décidé de faire entrer une libraire, Léa Santamaria. Je trouvais qu’une libraire pouvait avoir un avis intéressant sur les livres, car c’est elle qui les vend, qui sait en parler et, puis, elle a en face d’elle des lecteurs qui lui donnent leur avis. Faire entrer dans le jury Léa Santamaria qui est la patronne de la Librairie Les Libres Champs à Paris a été notre petite révolution.

Quels sont les critères de sélection des œuvres littéraires ?

On essaie d’avoir des gens qui n’ont jamais eu de prix, même si certaines fois il en ont déjà eus, mais les critères essentiels sont d’avoir des romanciers, essayistes ou biographes français. Ce qui guide le jury dans ses choix c’est le plaisir de lire un livre. Par exemple, dans la dernière sélection de cette année, je prendrai les deux romans qui sont sortis du lot, celui d’Hélène Gestern et celui de Gauthier Battistella. J’insiste sur le plaisir que nous avons tous eu à lire ces livres qui défendent tous la littérature française. Il s’agit de livres extrêmement bien écrits, les histoires sont haletantes. Ce que nous cherchons, c’est justement avoir du plaisir à lire un livre et pourvoir dire aux lecteurs qu’il faut absolument les lire. Ce qui compte, c’est vraiment la belle écriture française. Nous sommes peut-être assez classiques dans nos sélections, mais, encore une fois, nous aimons la belle littérature française.

On retrouve cette continuité dans le credo de la brasserie dont la devise est de ne rien changer.

Oui, complétement. Vous voyez, parce que les jurés restent les mêmes, on en change très peu. Le président du jury, par exemple, Joël Schmit, est membre depuis 1981, il a été secrétaire général auprès de Solange Fasquelle. Tous ont toujours eu une certaine éthique du prix, il sont très fiers d’en faire partie et sont un peu comme la brasserie, ils n’ont pas envie que ça change. Nous avons des critères assez précis, il faut le redire.

Que pouvez-vous nous dire des lauréats du Prix Cazes ? Pouvez-vous nous donner quelques exemples des plus prestigieux, si je puis dire ?

Il y en a beaucoup. Après, c’est difficile de dire qui sont les plus prestigieux. À nos yeux, ils sont tous prestigieux, bien entendu. La preuve, un Olivier Séchan qui avait eu le prix en 1948 pour un ouvrage remarquable, Marcel Schneider pour Le Chasseur vert en 1970, Joël Schmit pour son ouvrage Lutèce qui est une remarquable histoire de Paris, et même Edgar Faure qui était un homme politique et un grand écrivain.

Aujourd’hui, à cause du nombre très important des prix littéraires, on peut dire que le Prix Cazes s’est un peu dilué dans une masse incroyables de prix littéraires mais nous faisons partie des pionniers quand même.  

Que pouvez-vous nous dire des nominés de cette année ?

Chaque année, la sélection pour le Prix Cazes concerne la rentrée littéraire de janvier.  Celle de 2022 est assez éclectique, si je puis dire. Si on prend Doan Bui pour La Tour ou Julia Deck pour Monument national555 d’Hélène Gestern, Chef de Gauthier Battistella ou Blanc Résine d’Audrée Wilhelmy, les cinq ouvrages qui font partie de la dernière sélection ne se ressemblent pas. Autant ce sont cinq auteurs plus ou moins connus, autant ils ont tous leur originalité. Doan Bui, avec l’histoire remarquable de la Tour, Julia Deck pour Monument national et la gloire perdue d’un producteur de cinéma, 555 d’Hélène Gestern qui est un roman d’amour magnifique, Chef, le roman de Gautier Battistella qui touche un peu plus le monde de la brasserie qui parle d’un chef étoilé mais qui est aussi une histoire un peu policière et aussi amoureuse magnifique. Ce sont de très beaux ouvrages.

L’avantage d’un prix comme le nôtre est que sur toute la production littéraire très riche – cette année la rentrée de janvier a compté plus de 450 romans – nous attirons l’attention sur une cinquantaine d’ouvrages et ferons connaître des auteurs qui n’auraient pas été autrement dans l’attention de la presse. Nous espérons ainsi que l’ouvrage qui sera primé aura devant lui un bel avenir littéraire.

 

Comment entendez-vous continuer cette tradition qui dure depuis 87 ans maintenant ?

En ce qui me concerne personnellement, mais aussi pour tous les membres du jury, Mohammed Aïssaoui, Gérard de Cortanze, Nicolas d’Estienne d’Orves, Christine Jordis, François-Guillaume Lorrain, Carole Martinez, Éric Roussel, Léa Santamaria, nous allons continuer faire perdurer ce prix. J’espère que dans 30 ans il y aura un nouveau secrétaire général qui parlera de ce prix comme je le fais aujourd’hui, avec autant de passion et d’envie de défendre encore cette belle littérature française qui nous nourrit.

Le mot de la fin ?

J’insiste sur le fait que les Prix Cazes est une manifestation littéraire que j’aime beaucoup où tout le monde est très impliqué, où tout le monde aime se retrouver et où chaque fois le jury est au complet pour échanger et travailler ensemble. C’est un vrai beau travail de collaboration.

Propos recueillis par Dan Burcea©