Antoinette Fouque, Elisabeth Badinter, même combat ! (sur la gestation pour autrui) – La Une du Monde daté du 31 mars 2009

1941.jpgSoixante personnalités et chercheurs lancent un appel pour une légalisation encadrée des mères porteuses
LE MONDE | 30.03.09 | 14h04

Dans un appel lancé samedi 28 mars, une soixantaine de personnalités demandent la légalisation des mères porteuses. « Nous pensons que la gestation pour autrui ne porte pas atteinte à la dignité de la femme si elle est pratiquée dans des conditions claires et sûres, altruistes, dans le cadre de l’assistance médicale à la procréation, qui exclut toute marchandisation de la personne », affirment-ils.

Mère porteuse : un ultime recours, toujours illégal en France
Cet appel a été lancé par Clara, une association fondée par Sylvie et Dominique Mennesson, parents de jumelles nées en 2000 grâce à une mère porteuse californienne. Malgré une première décision de justice favorable en 2007, ces petites filles ont été privées d’état civil, en France, par la Cour de cassation, du fait de l’interdiction de la gestation pour autrui inscrite dans les lois de bioéthique de 1994.

L’appel a été signé par la philosophe Elisabeth Badinter, la psychanalyste Geneviève Delaisi de Parseval, la féministe Antoinette Fouque, le député Noël Mamère, la sociologue Dominique Mehl, le médecin Israël Nisand ou encore l’avocat Frank Natali.

En cette année de débat sur la révision des lois de bioéthique, les signataires plaident pour une légalisation encadrée de cette pratique tolérée en Belgique et aux Pays-Bas, autorisée au Royaume-Uni, en Grèce, au Canada et aux Etats-Unis. Trois des signataires expliquent leur engagement.

François Olivennes, spécialiste de la médecine de la reproduction : « Aujourd’hui, en raison de l’interdiction de la gestation pour autrui, les femmes privées d’utérus sont les seules femmes infertiles auxquelles la médecine ne peut rien proposer. Contrairement à ce que l’on dit souvent, je ne crois pas que cette pratique conduirait à une marchandisation du corps humain : il faut, pour éviter toute dérive mercantile, que la loi interdise la rémunération de la femme porteuse et impose le seul remboursement des frais occasionnés par la grossesse.

Il y a, depuis la nuit des temps, des femmes qui ont envie d’aider d’autres femmes à avoir des enfants, sans qu’elles soient pour autant folles ou désespérées. Les études montrent ainsi que les femmes porteuses considèrent cette grossesse comme un don et qu’elles ne sentent pas la « vraie » mère de l’enfant. Reste, bien sûr, que toute grossesse présente un risque médical : c’est pour cela que la loi doit prévoir une parfaite information de la gestatrice. »

Elisabeth Roudinesco, historienne de la psychanalyse : « Il faut changer l’ensemble des lois sur la filiation afin d’ouvrir tranquillement la voie aux nouvelles formes de procréation. En France, la gestation pour autrui se fait de manière sauvage, dans une certaine clandestinité : plutôt que de crier à l’apocalypse, encadrons donc les pratiques pour éviter que n’importe qui fasse n’importe quoi.

Ainsi, il vaut mieux, à mon sens, que les mères porteuses aient déjà eu des enfants et qu’elles ne puissent pas porter l’enfant de leur fille ou de leur soeur : tout ce qui est incestueux est à bannir. La rémunération doit en outre être limitée pour éviter que des femmes s’engagent dans cette voie pour des raisons strictement commerciales. Enfin, il faut que la mère ait la possibilité de garder l’enfant, à la naissance. »

Maurice Godelier, anthropologue : « Avec les mères porteuses, le processus de la maternité est scindé en deux : une première femme assume la conception, une seconde la grossesse, ce qui est nouveau dans l’histoire de l’humanité. La gestation pour autrui est le fruit des progrès de la médecine, mais c’est aussi le produit des évolutions de la parenté dans les sociétés occidentales : je pense à la valeur extraordinaire que nous accordons à l’enfant et à l’importance que nous attachons à notre liberté de choix de vie au-delà des institutions consacrées et des rituels traditionnels.

La gestation pour autrui, comme l’homoparentalité, a été inventée par des couples qui trouvaient là une solution à leurs problèmes mais qui ne se rendaient pas forcément compte que leurs pratiques allaient dans le même sens et qu’elles se sont cristallisées dans des revendications communes. Ce mouvement est irréversible en Occident et ces pratiques seront de mieux en mieux acceptées par nos sociétés. Il n’y a pas de raison de les refuser, mais elles doivent être l’objet d’un débat politique et culturel sérieux et être encadrées de réglementations très claires définissant les responsabilités, c’est-à-dire les droits et les devoirs de chacune des personnes engagées dans ces relations. »

L’Art de (bien !) vieillir, conférence avec Thérèse Clerc et sa biographe Danièle Michel-Chich, mardi 31 mars, 18 h 30 (pour les jeunes… et les moins jeunes !)

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Conférence sur L’art de bien vieillir (les fameuses Babayagas !) avec Thérèse Clerc et Danièle Michel-Chich (Thérèse Clerc est une militante féministe et Danièle Michel-Chich est sa biographe, auteur de « Thérèse Clerc, Antigone aux cheveux blancs », Des femmes, 2007) à 18 h 30 à l’Espace des Femmes.

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Antoinette Fouque, citoyenne d’honneur sur La Chaîne Parlementaire (à vos télés, dès le 31.03.09 à 8 h 30 !!)

afnoir.jpgmardi 31 mars de 8 h 30 à 9 h première d’une longue série de diffusion de « Citoyen d’honneur » sur La Chaîne Parlementaire – Assemblée Nationale – (émission hebdomadaire présentée par Nathalie Cuman) consacrée à Antoinette Fouque http://www.lcpan.fr/emission/72206

Ils agissent parfois dans l’ombre, ils luttent souvent contre l’exclusion.
Ils s’engagent toujours pour de justes et nobles causes…
« Ils », ce sont les Citoyens d’honneur, des femmes et des hommes, connus ou anonymes. Nous avons souhaité leur consacrer une émission pour mettre en valeur leur engagement et leurs actions en faveur des autres.

Deux fois par mois, Nathalie Cuman reçoit un citoyen d’honneur pour découvrir sa vision de la citoyenneté et mieux comprendre ses missions et ses convictions. Face à un jeu de l’oie à tonalité citoyenne, l’invité d’honneur se raconte peu à peu. Question après question, se dessine le portrait de ce citoyen pas comme les autres pour qui le pluriel a remplacé le singulier.

Colette Fellous consacre un « Carnet nomade » à Guillemette Andreu (dimanche 29 mars de 14 à 15 h sur France Culture)

gg.jpgdimanche 29 mars 2009
de 14 à 15 h sur France Culture
Emission « Carnet nomade » de Colette Fellous
Scènes de famille

http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/carnet_nomade/index.php?emission_id=26

Dans ce carnet nomade, des scènes de famille circuleront, prises dans des lieux et des temps très différents, à partir de quatre récits, celui de Geneviève Brisac qui vient de signer sa première pièce de théâtre « Je vois des choses que vous ne voyez pas »‘ à la Manufacture des Abbesses et qui a rassemblé également toutes ses histoires d’Olga dans « Le grand livre d’Olga », celui de Pascale Kramer dont le dernier roman pose la question du lien entre mère et fille, le personnage principal étant prise entre sa mère et son bébé qu’elle n’arrive pas à aimer. Sylvie Andreu viendra parler du premier roman de sa propre mère, Guillemette Andreu qu’elle publie, petit miracle éditorial, à l’âge de 94 ans et qui raconte son enfance passée à Nantes, après la première guerre, puis ses années de formation. Enfin, avec Xavier Houssin, c’est également le portrait d’une mère qui se dessinera, le portrait de sa jeunesse, comme un conte qu’il lui chuchote au moment de sa mort. Une dernière scène, où le fils, comme dans un mythe, viendrait raconter à sa mère sa propre vie.
De l’enfance à l’extrême vieillesse, ce carnet sera un voyage tendre, lucide, parfois cruel, au cœur de la famille.

Hay dos sexos !! (traduction en espagnol d' »Il y a deux sexes »)

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lien : http://www.mujeresnet.info/2009/03/hay-dos-sexos-ensayos-de-feminologia.html

« Hay dos sexos: ensayos de feminología », FOUQUE, Antoinette (Siglo XXI Editores, México, 2008)
Libros, lecturas y publicaciones

Por Antoinette Fouque
Cofundadora del Movimiento de Liberación de las Mujeres (MLF) y creadora de las ediciones Des Femmes, ex eurodiputada, es psicoanalista y directora de investigación en la Universidad de Paris VIII, Francia.

La feminización de la pobreza, la inseguridad sexual y el auge de los integrismos habían motivado ya, desde hace más de diez años, la primera edición en francés de este volumen. El balance negativo que yo hacía en esa época, lejos de ser obsoleto, es más actual que nunca. Los nuevos textos de la reedición francesa, que forman parte de esta edición en español, delatan una regresión, una contraliberación amenazantes.

La Pasión por el Uno arraiga su violencia simbólica en el lugar mismo de lo real, de la fuente (pro) creadora, y en ella erige su soberanía y los poderes, religiosos, políticos e intelectuales que se derivan. Al cubrir con un velo de ignorancia la envidia o deseo del útero que la obsesiona, la protesta viril, la paranoia libran una guerra unilateral y despiadada en contra de las mujeres, esclavizadas tanto por una economía libidinal falocentrada (cambista y libertina) como por una economía política capitalista (librecambista y ultraliberal).

Liberar de su fuente la libido creandi de las mujeres es lanzar un desafío permanente a esta guerra y abrirse a la gen(i)talidad de los dos sexos. Recordar que el primer medio ambiente de cada ser humano es un cuerpo viviente, hablante; recordar que todos nacemos de una mujer (y también de un hombre) y experimentar gratitud por ello es abolir un orden simbólico, tiránico, hegemónico; es vencer la adicción, especular de Narciso, evadirse de los dogmas y de la ilusiones, de las religiones del Libro; es detener la especulación del Todo mercancía, del Todo ganancia; pero es también, sin duda, empezar a pensar.

¿La gestación, hospitalidad tanto psíquica como carnal, como paradigma de la ética, de la responsabilidad y del don?

Genitoras, genealogistas, arqueólogas, archivos y archivistas de la especie humana, las mujeres han empezado a vivir su nueva ‘condición histórica’, han empezado ha escribir la génesis de una modernidad tardía.

Es la hipótesis positiva que reafirmo en esta nueva edición.

« La musica deuxième » marque les blogs (26.03.09)

duras-300x298.jpgLa Musica Deuxième, Marguerite Duras
par Fanny Ardant et Sami Frey, Antoinette Fouque présente la bibliothèque des voix.

J’ai avec l’oeuvre de Marguerite Duras un lien particulier, depuis très longtemps. Grand lecteur d’abord, j’ai à mon actif plusieurs travaux universitaires à son sujet, sans avoir pour autant fini mon mémoire de maîtrise sur cette parole qui m’échappa au moment où je crus l’appréhender. Babelio m’a proposé d’écouter cette lecture et c’est avec grand plaisir que je m’y suis prêté, histoire de m’immerger dans cette voix, cette écriture qui me fascine.

« Ce sont des gens qui divorcent, qui ont habité Évreux au début de leur mariage, qui s’y retrouvent le jour où leur divorce est prononcé. Tous les deux dans cet hôtel de France pendant une nuit d’été, sans un baiser, je les ferais parler des heures et des heures. Pour rien d’autre que pour parler. Dans la première partie de la nuit, leur ton est celui de la comédie, de la dispute. Dans la deuxième partie de la nuit, non, ils sont revenus à cet état intégral de l’amour désespéré, voix brisées du deuxième acte, défaites par la fatigue, ils sont toujours dans cette jeunesse du premier amour, effrayés.» M. Duras.

Ce sont deux voix qui se rencontrent. Deux paroles qui résonnent, dans l’intimité d’un bar d’hôtel. Ils viennent de divorcer. La parole s’engage presque sur un ton d’indifférence, neutre comme on pourrait le faire avec un étranger… Puis les voix se nouent peu à peu, les souvenirs remontent à la surface, les reproches, les vérités qu’on ne veut pas entendre, les espoirs qu’on espère peut-être encore… La parole s’embrase : la trahison, la blessure ouverte, béante… On rejoue les scènes de manière distante, pas du tout dans l’analyse, mais dans une théâtralité nécessaire pour faire ressentir l’intraduisible… Duras nous y a habitué : depuis le Square à l’Amant, en passant par Hiroshima mon amour, il y a toujours ce dialogue récurrent, cet entretien infini, ces deux voix qui déchirent le silence ; en surgissent des sentiments paradoxaux : l’amour, le désir, la douleur, mêlés à la voix quotidienne, celle qui parle de meubles, de choses insignifiantes… il en résulte un mouvement contradictoire de violence, d’indifférence, de désir furieux, d’amour brisé.

Les voix s’opposent, s’enlacent, jouent du porte-à-faux, posent une question, répondent à côté, reviennent à la question posée précédemment, ne se rencontrent pas, s’ignorent, puis se percutent violemment quand on ne s’y attend plus. Il y a souvent chez Duras la tentation du dialogue qui pourrait tout renouer, y compris soi-même avec soi-même, mais il y a toujours un ratage, quelque-chose qui passe à côté de l’occasion rêvée… les voix finissent épuisées et repartent chacune de leur côté.

La musica deuxième, réécriture de la Musica, 20 ans plus tard, apporte un deuxième acte qui va plus loin que la première pièce puisqu’elle veut les porter au bout de la nuit, au bout de l’épuisement pour qu’enfin la vérité éclate au grand jour :

« C’est en effet les mêmes gens et c’est aussi Evreux et cet hôtel. C’est aussi après l’audience. Mais cette fois-ci, ils ne se quittent pas au milieu de la nuit, ils parlent aussi dans la deuxième moitié de la nuit, celle tournée vers le jour. Ils sont beaucoup moins assurés à mesure que passe leur dernière nuit. Ils se contrediront, ils se répèteront. Mais avec le jour, inéluctable, la fin de l’histoire surviendra. C’est avant ce lever du jour les derniers instants de leurs dernières heures. Est-ce toujours terrible ? Toujours.
Vingt ans exactement séparent La Musica I et La Musica II, et pendant à peu près ce même temps j’ai désiré ce deuxième acte. Vingt ans que j’entends les voix brisées de ce deuxième acte, défaites par la fatigue de la nuit blanche. Et qu’ils se tiennent toujours dans cette jeunesse du premier amour, effrayés. Quelquefois, on finit par écrire quelque chose. » DURAS Marguerite, La Musica Deuxième, Textes pour la presse, Gallimard, Paris, 1985, p. 97.

A écouter Sami Frey et Fanny Ardant dans cette édition c’est un pur bonheur : leurs voix s’accordent parfaitement à cette parole qui déroule le texte. La voix de Samy Frey est toujours dans une sorte de frayeur, d’interrogation, de désir et de défiance, tandis que celle de Fanny Ardant semble toujours sur la défensive, dans l’usure, dans cette violence de la douleur qui serre les dents, sans se plaindre jamais. Des grains de voix de toute beauté qui servent le texte avec finesse, ni surjoué, ni simplement lu. Il en ressort cette musique, celle qui donne son nom au titre de la pièce, cette Musica, entre ritournelle tragique et chanson d’amour qui ne veut rien dire…

http://www.labyrinthiques.net/2009/03/26/la-musica-deuxieme-marguerite-duras/

Le Télégramme applaudit « Tableau d’honneur » ! (25.03.09)

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Guillemette Andreu. Un premier roman à 95 ans
25 mars 2009 –

Guillemette Andreu, veuve de Pierre Andreu, journaliste et essayiste, est née à Nantes le 5octobre 1914, dans une famille de marins très modeste originaire de l’Argoat (Kergrist-Moëlou). La guerre de 14-18, la tuberculose et la misère ont frappé de plein fouet sa famille. Sa mère meurt lorsqu’elle a deux ans et son père l’abandonne à ses grands-mères. Elle sera élevée à Nantes par sa grand-mère paternelle. En 1976, elle décide de prendre la plume pour revenir sur son enfance. Grâce à Antoinette Fouque, elle publie son premier roman aux éditions Des Femmes, en février dernier, à l’âge de 95 ans. «Tableau d’honneur» est le témoignage d’une époque dont beaucoup se souviennent encore, où les femmes affrontent avec courage le combat de la vie.

«Tableau d’honneur», de Guillemette Andreu; préface de Jean Rouaud; éditions Des Femmes, 15€.

Anne de Bascher a trouvé une bouteille de vin de plus de 200 ans ! (Ouest-France, 24.03.09)

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Pays de la Loire
mardi 24 mars 2009
Intacte, cette bouteille de vin a plus de 200 ans

Anne de Bascher a déterré la bouteille de vin sous ce vieux chêne du XIXe, dans le parc, à trois cents mètres de son château. Derrière elle, à gauche de l’arbre, une cinquantaine de culots de bouteilles également exhumés.

Une cache faite à la va-vite au fond du parc d’un château, en pleine période des guerres de Vendée ? L’hypothèse d’Anne de Bascher, qui a exhumé ce flacon à Barbechat, dans le Vignoble nantais.
« Je tombe sur un culot en verre très épais. J’enfonce mes mains pour voir la longueur. Mes doigts n’en voient pas la fin ! Mon coeur bat à 100 à l’heure. J’arrache des racines. Je tourne le culot pour l’extirper. Et là, j’extrais une bouteille intacte ! D’émotion, je suis tombée dans le fossé. »

C’était il y a quinze jours. Anne de Bascher vient de mettre la main sur une bouteille de vin du XVIIIe siècle, dans le parc de son château de la Berrière, à Barbechat, dans le Vignoble nantais. Passionnée, celle qui est aussi romancière (1) raconte « Sa belle histoire ».

Belle histoire commencée dès janvier 2008. Elle fait venir un terrassier pour reconstituer un fossé de drainage à trois cents mètres du château. Il a à peine commencé que sa pelleteuse crisse sur du verre. « Je lui dis halte-là ! Ce n’est pas normal ! » Anne de Bascher, archéologue de formation, se creuse la tête. Soudain, la lumière jaillit : « C’est une cache ! Le vin a été planqué ! »

Elle déroule son hypothèse. « À l’époque des guerres de Vendée, le bruit courait que le château était sur le parcours des colonnes infernales de Turreau, le premier militaire français à avoir appliqué la politique de la terre brûlée contre les châteaux et les royalistes. » Anne de Bascher, suppose, les yeux pétillant : « Les métayers du château n’ont pas voulu abreuver leurs assassins, leur donner cette satisfaction. » Et ils auraient tout caché. Le château a finalement été incendié en 1794.

La conservatrice du musée Dobrée confirme

Dans la foulée, Anne de Bascher fouille régulièrement pour confirmer son pressentiment. Elle déterre un vase en poterie, à quarante centimètres seulement de profondeur. « La cache a dû être faite à la va-vite. » Une anse de carafe aussi. Une cinquantaine de culots de bouteille. Et, enfin, cette fameuse bouteille entière, il y a quinze jours.

« C’est émouvant. Cela donne réalité à des événements de plus de deux cents ans ! » À l’intérieur, il reste un fond du liquide. « Cela pourrait être du gros plant. Mais j’ai décidé que c’était du muscadet ! Je n’ouvrirai jamais la bouteille. Et la terre restera dessus. » La conservatrice du musée Dobrée, à Nantes, a confirmé, mercredi, qu’il s’agissait d’une bouteille du XVIIIe siècle. Selon elle, l’hypothèse historique d’Anne de Bascher tient parfaitement.

Cette dernière exposera sa trouvaille dans sa cave de dégustation. « Pour le patrimoine, c’est extraordinaire. Personnellement, cette bouteille efface le côté sanglant de l’histoire de mes ancêtres. Je n’aurais pas été plus ravie de trouver un trésor de pièces d’or. » La première personne avec qui elle aurait aimé trinquer pour cette découverte, c’est son père. « C’est lui qui a renoué avec la tradition viticole du château. Je lui dédie cette bouteille. Et à ceux qui l’ont cachée ! « 

Audrey MONTILLY.

Dernier livre paru d’Anne de Bascher : Alba, correspondance à une voix, Editions Des femmes-Antoinette Fouque, 20 euros

Concert de la pianiste Anne-Marie Fijal, mardi 24 mars, 19 h 30 (Franz Lizst)

lizst.jpgMardi 24 mars : 19 h 30, à l’Espace des Femmes, concert de piano de Anne-Marie Fijal, 10 euros

Svolte pièce pour piano de Fijal – création 2009
Spirale qui va de l’infiniment petit à l’infiniment grand entraînant toutes les matières sonores du piano.

Lugubre Gondola I et II de Liszt
Partition prémonitoire : c’est à Venise en 1882 que Liszt compose les 2 Lugubre Gondola quelques semaines avant la mort de son gendre, Richard Wagner.
Elégie emplie de chromatisme, au discours erratique sur un rythme de barcarolle.

Sonate en si mineur de Liszt.
Avec une énergie créatrice diabolique et une recherche de matériau sonore extraordinaire, Liszt invente une sonate dont le récit musical se joue d’un seul tenant, d’un seul souffle.
Comme Beethoven dans ses dernières sonates, Liszt rompt avec la forme classique qui jusqu’alors comporte toujours 3 ou 4 mouvements : rapide, lent, rapide.

Sonate Faustienne
Sonate métaphysique composée de différents climats : lento assai (thème A), allegro, agitato (thèmes B et C), andante sostenuto (thème D) et reprise de l’allegro energico par une fugue méphistophélique imbriquant tous les thèmes.
La sonate se termine par le retour de l’andante sostenuto qui sonne comme un moment d’espoir. Puis dernière descente dans les graves du piano suivie de cinq accords tendus dans les aigus, et la chute sur la note « si » le plus grave du piano.
Par une audace d’écriture et de construction, Liszt assure l’unité de l’œuvre grâce à une imbrication et transformation des thèmes évoluant dans une tension extrême et une effervescence constante.

>fijal.jpgAnne-Marie FIJAL est compositeur et pianiste. Elle a reçu à l’issue de ses études au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, les prix de piano, de musique de chambre, d’esthétique musicale, de musique de chambre professionnelle. Elle donne de nombreux concerts en France et à l’étranger. Elle compose et se produit depuis les années 70 et participe à des performances avec des peintres, des danseurs, des acteurs, des écrivains, et privilégie les rencontres, mêlant sa musique à d’autres formes d’expressions. Par un constant dialogue entre son travail d’interprète et de créateur, Anne-Marie Fijal réalise le lien entre des oeuvres visionnaires comme la ‘Sonate opus 111’ de Beethoven ou les ‘Kreisleriana’ de Schumann et une de ses oeuvres, mélange de lyrisme et de rigueur. Anne-Marie Fijal a composé une trentaine d’oeuvres pour le concert pour petites et grandes formations. En 1999 elle a reçu le prix de la Critique dramatique et musicale. En 2002, elle est Chevalière de l’ordre du mérite.

Christine Clerc raconte la soirée Shlomo Sand à l’Espace des Femmes (Valeurs actuelles)

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Implosions
Quelle semaine !
Christine Clerc, Valeurs actuelles le 19-03-2009

J’ai cherché dans toutes les bibliothèques : je n’ai trouvé aucune trace de l’expulsion de Judée des zélotes rebelles, en 66 après Jésus-Christ. Shlomo Sand est lancé. Arrivé d’Israël le matin même pour recevoir le prix Aujourd’hui qui lui a été décerné par un jury de journalistes présidé par Jacques Julliard pour son livre Comment le peuple juif fut inventé (Fayard), l’historien controversé s’est avancé timidement jusqu’à la scène de L’Espace des femmes, sous l’œil critique de la ­maîtresse des lieux, la philosophe Antoinette Fouque.
Et maintenant, Shlomo marche de long en large et répond longuement, passionnément, à nos questions. Oui, répète-t-il, l’exil du peuple juif est « un mythe » : il n’a d’autre fondement que la Bible. Oui, il a parfois hésité avant de ­l’écrire, mais la tentation de la vérité a été la plus forte : le peuple juif n’a pas été chassé de sa terre, mais le judaïsme, qui a « pris son envol sous l’aile des Hellènes », s’est propagée dans Rome et a conquis, en 125 av. J.-C., le pays d’Idumée… Oui, ces révélations, qualifiées par des historiens juifs orthodoxes de « négationnistes », lui ont valu, à Tel-Aviv où il enseigne, des menaces. Mais son livre, bientôt traduit en sept langues, amène aussi nombre de ses compatriotes à réfléchir à un pays – Israël – qui serait fondé sur un projet commun de démocratie et non sur l’appartenance à une race ou à une religion. Shlomo se fait véhément : « Est-ce que vous vous rendez compte que, là-bas, une juive ne peut pas épouser un musulman ou un chrétien ? » Il redoute une « droitisation » du gouvernement, avec l’arrivée de gens « pires que Le Pen ». Pourtant, un jeune soldat lui a écrit de Gaza : « Je suis en train de vous lire. Cela me ­red­onne l’espoir de voir notre pays changer. » Son ouvrage aurait-il déjà modifié les mentalités ? « Non, répond-il. Ce ne sont pas les livres qui changent le monde. C’est le monde qui change et qui attend de nouveaux livres. »
(…)