La Ville aux Livres de Creil – Avec Génération MLF, Chantal Chawaf, Benoite Groult et Colette Deblé – Samedi 20 et dimanche 21 novembre 2009

Vendredi 20 et samedi 21 novembre, c’est à l’Espace Culturel La Faïencerie, Allée Nelson 60 100 Creil que vous pourrez rencontrer le collectif Génération MLF, Chantal Chawaf, Benoite Groult, Colette Deblé, toutes auteures des éditions Des femmes-Antoinette Fouque dans un Salon, La Ville aux Livres, ayant décidé de mettre cette année les Femme(s) à l’honneur… Pas trop tôt ! 

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Le programme :

Vendredi 20 novembre, de 18 h à 20 h 30, rendez-vous au Salon du Livre de Creil (Espace cuturel a Faïencerie – Allée Nelson – 60 100 Creil)

SOIRÉE DÉBAT  « Génération MLF 1968-2008 » Avec Antoinette FOUQUE 

à 18h : film de présentation Génération MLF 1968-2008, puis de 19h à 20h30 : débat – (entrée gratuite) sur le livre Génération MLF 1968-2008  (Débat animé par le collectif du livre « Génération MLF 1968-2008 »)

Autour du livre publié par les éditions Des femmes, qui rassemble de nombreux témoignages et documents, fait revivre chacune des quarante années de 1968 à 2008, en rapprochant une chronologie des principaux événements concernant les progrès et obstacles dans les conquêtes des droits des femmes, de l’activité du mouvement de libération des femmes.

Samedi 21 novembre, au Salon du Livre de Creil (Espace Cuturel La Faïencerie – Allée Nelson – 60 100 Creil) tables rondes & débats :

1) de 14 h à 15 h 30 « L’engagement au féminin »

Femmes auteurs, historiennes, juristes, journalistes, artistes…, toujours présentes, en actes et en mots, engagées dans une lutte perpétuelle, celle d’une égalité hommes-femmes, voie unique d’une participation commune à l’humanité.

Avec les invitées du Salon : Laure ADLER, Chantal CHAWAF, Mercedes DEAMBROSIS, Benoite GROULT, Leïla SEBBAR.

 

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2) de 15 h 30 à 17 h « Séverine. Vie et combats d’une frondeuse »

 Séverine, journaliste et écrivaine, est née à Paris en 1855, sous le nom de Caroline Rémy. En 1880, elle rencontre Jules Vallès, député de la Commune, célèbre écrivain, et veut alors devenir journaliste. Elle fonde avec lui, en 1881, le journal le Cri du peuple…

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 A propos du thème : Femme(s)

« Femme(s) »… Pôle d’une humanité dont l’homme est l’autre pôle. Lutte incessante pour l’acceptation de cette simple affirmation, sans laquelle pourtant rien n’est possible, en dehors de laquelle toutes les déchirures, tous les conflits, toutes les injustices ont été et sont encore perpétrés. Pour Elisabeth BADINTER, il faut revenir aux fondamentaux « liberté » et « égalité » si l’on veut vivre en harmonie et non plus les uns contre les autres : « Notre finalité est une meilleure entente entre hommes et femmes. Pour continuer à avancer, il faut admettre que nous avons beaucoup en commun et que l’on peut tout partager ». « Femme(s) »… Dont le combat, loin d’être une guerre, s’attache à faire triompher la force morale. Pour Michelle PERROT : « La construction d’une citoyenne, véritablement démocratique, donc universelle, suppose la participation des femmes. Elle est un enjeu des temps qui viennent. » « Femme(s) »… Génératrices, liens entre les générations et la tradition, fil d’Ariane de la transmission. Mais aussi, femmes poètes, auteurs, artistes, avec l’écoute en partage, le regard sur l’autre comme « un nouvel espoir », mot de Benoîte GROULT. Pour Antoinette FOUQUE, « Procréatrices, mémoire du futur, de mères en filles et de générations en générations, les femmes sont créatrices à leur tour, en nombre et dans tous les domaines. » Leur entrée massive dans l’histoire, par le fait du mouvement des femmes, est « le plus bouleversant des bouleversements. » Et Laure ADLER de dire : « Les livres ne sont pas des objets comme les autres pour les femmes ; depuis l’aube du christianisme jusqu’à aujourd’hui, entre nous et eux, circule un courant chaud, une affinité secrète, une relation étrange et singulière tissée d’interdits, d’appropriations, de réincorporations. »

Laissons-nous alors guider par ces livres et par les débats et tables rondes qui suivront, avec la volonté de les offrir en partage, de les porter en conscience vers un engagement citoyen et solidaire, de les accompagner avec espoir dans la voie d’une nouvelle condition humaine.

Sylviane LEONETTI

Chef de projet de La Ville Aux Livres

Avec Evelyne LE GARREC, auteur, Colette DEBLÉ, artiste peintre, et l’Association « Paroles de Femmes en Picardie » – « L’écrivain comme écrivain public : la voix des femmes par la voix d’une femme écrivain »

Benoite Groult, « en famille » à la Librairie des femmes

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Texte de Benoite Groult recueilli dans le catalogue des trente ans des Editions Des femmes :
En France, contrairement à la Scadinavie et aux pays anglo-saxons, nous n’avons jamais eu de clubs de femmes, de lieux de rencontre où nous sentir à l’aise, écoutées, comprises, appréciées, sans crainte du regard de l’Autre.
Pour moi, les Editions Des femmes ont constitué beaucoup plus qu’une maison d’édition, même si elles ont publié des livres remarquables qui n’auraient trouvé place nulle part ailleurs dans ces années-là : Hélène Cixous, Nicole Warde Jouve, Victoria Thérame, Chantal Chawaf, Adela Turin, tant d’autres.
Sous l’impulsion d’Antoinette, elles ont fait entendre toutes ces voix nouvelles, tous ces témoignages que personne ne se souciait d’écouter parce qu’ils émanaient de femmes, de poètes, d’écrivaines, qui jusqu’en soixante-dix faisaient partie de ce que Freud appelait « le continent noir », le monde du silence.
Dans leur Librairie de la rue de Seine, j’allais souvent pour le plaisir de me sentir « en famille ». Entourées de livres dont quelques-uns étaient des chefs d’oeuvre, on puisait confiance en soi et rassurance.
Ce dont nous avions le plus besoin dans les années soixante-dix.
B.G.

Entretien Benoite Groult/Marc Alpozzo (« Les Carnets de la Philosophie », été 2008)

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Entretien avec Benoîte Groult
Propos recueillis par Marc Alpozzo
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Marc Alpozzo : Votre dernier ouvrage La touche étoile, le qualifiez-vous de « roman » ?

Benoîte Groult : Oui ! C’est un roman ! Parce que Alice, je l’ai faite pire que moi, si j’ose dire. Elle est née en 12 ou 15, elle n’a pas eu le droit de vote avant 45 ans, donc elle n’a jamais été une citoyenne. Moi, je suis née en 1920, donc j’ai eu le droit de vote de justesse, et de justesse j’ai eu les différents droits.
Donc c’est très romanesque au fond. J’ai connu ce qu’il y avait avant, mon éducation catholique c’était presque le dix-neuvième siècle, faîte par des femmes et qu’avec des petites filles. J’ai voulu faire une femme encore plus marquée que moi par les siècles passées, les habitudes. Et il y a également une héroïne plus jeune, sans quoi, je suis certaine que les gens auraient fermé le livre aussitôt.

Alice est une femme du siècle dernier, elle en a connu toutes les étapes. Mais on ressent en ce personnage des regrets.

Certainement ! Pour sa vie personnelle, et professionnelle : elle s’est occupée du courrier du cœur alors qu’elle aurait voulu faire autre chose, et aurait sûrement pu faire autre chose. C’était tellement difficile pour une femme née en 1915. Aujourd’hui, certes ça n’est pas facile, mais le choix est là !

Le thème de ce roman, c’est la vieillesse.

Etrangement, quand je l’ai apporté chez Grasset, qui est mon éditeur depuis toujours, ce n’était plus la même équipe, elle est composée d’hommes exclusivement, et on m’a reproché de parler de la vieillesse, d’être encore féministe, et puis de n’avoir plus rien écrit depuis neuf ans, craignant que les femmes m’aient oublié. Ils croyaient de fait, que le livre ne partait pas avec les fées sur son berceau. Au bout de trois semaines, le livre explosait, et c’est celui qui a le mieux marché chez Grasset de toute l’année. Ils n’avaient donc rien compris à cette nécessité des femmes de lire des livres sur ce qu’elles pensent de la vie, et pas seulement ce que les hommes en pensent. Il y a une véritable existence du féminisme. Mais on n’ose plus dire que l’on est féministe, aujourd’hui.

N’y a t-il pas quelque chose de négatif dans le féminisme, une sorte d’anathème. Par exemple, il y a aujourd’hui un féminisme américain très redoutable. Ne trouvez-vous pas le mouvement dévoyé à présent ?

Le féminisme est un mouvement varié. On voudrait que les féministes partent d’une seule voie, qu’elles soient toutes d’accords. Alors que c’est une révolution qui concerne l’Afrique, l’Orient, les pays développés. Forcément il y a des écoles différentes. J’étais par exemple, contre l’idée d’Elisabeth Badinter qui était contre la parité politique, et toute mesure qui favoriserait les femmes en politique. Alors qu’on est défavorisées en tant que femmes. Elle voulait que nous soyons des individus comme les autres. Mais nous ne sommes pas des individus comme les autres ! Pas encore. Ségolène Royal n’a pas fini de souffrir. La parité politique est une plaisanterie en France. On est 18%. Avant-dernières en Europe. On ne s’occupent pas des affaires de l’Etat. Quant aux travaux domestiques, ce sont toujours les femmes qui s’en occupent. Or, aujourd’hui elles travaillent. C’est donc miraculeux que les femmes parviennent tout de même à profiter de leur liberté en France. Mais les hommes doivent descendre de leur pied d’estale, et je peux comprendre que ce soit très dur !

Les femmes ont fait le chemin en Occident surtout…

Certainement. Mais enfin, les jeunes femmes qui ont fait des études dans le monde, il y en a de plus en plus. En ce qui concerne l’excision, de plus en plus de femmes osent en parler en n’excisent plus leurs filles. Le Burkina-Faso a déclaré cela illégal. Les mutilations sexuelles sont en voie de diminution. Je n’ai pas dit disparition. Il reste des superstitions très tenaces. Ce sont des pays de traditions. Et comme les filles ne vont pas à l’école, car quand il y a de l’argent c’est pour le fils, c’est encore délicat. Dans un pays où les femmes n’ont aucune liberté, ce sera en effet très long.

Dans quel sens voyez-vous le combat des femmes évoluer aujourd’hui ?

Je viens de recevoir une lettre d’Yvette Rudi me disant que le front machiste s’organise au PS pour barrer la route à Ségolène Royal. Et comme chez eux il n’y en a pas un qui sort du lot. Hm ! N’empêche, ils préfèrent perdre que la voir gagner !

Voient-ils cela comme un précédent ?

C’est vrai que, symboliquement, ce serait extraordinaire. Le passage à l’acte reste tout de même difficile. La femme cela continue de paraître comme un acte fondateur, révolutionnaire. Mais les femmes continuent de manquer de confiance en elles. Et puis c’est l’habitude. Même les académiciennes continuent de se laisser appeler « Madame l’académicien »… Alors que l’Académie est le gardien du bon langage. Pourtant elles n’osent pas bousculer les conventions ! Et elles sont au sommet de l’intelligence. C’est impressionnant !

N’est-ce pas parce que la femme est finalement éduquée pour être obéissante ? Elle n’a pas le droit d’être révolutionnaire.

Oui ! La femme en effet ne doit pas être révolutionnaire. On a pris les grands moyens quand la femme explosait. Elle est guillotinée. Pas le droit de monter à la tribune, mais le droit de monter à la guillotine. C’est un combat à la vie à la mort.

Puisqu’on parle de la mort, ce roman parle bien sûr du combat des femmes, et au centre, un personnage aux côtés d’Alice, Moïra ?

C’est la destinée. Je dis que Moïra s’ennui dans l’immortalité, et donc, elle aime bien voir les histoires humaines, la passion, l’amour, même le malheur, cela la distrait. Donc, elle essaye d’infléchir le destin des hommes. Car elle sait qu’il y a des croisées des chemins plusieurs fois dans la vie. On n’a pas un destin dans la vie, mais plusieurs. Il faut cependant savoir quel est le moment pour choisir. Cela reste beaucoup le hasard. Je suis sûr qu’il y a des occasions dans la vie où l’on peut changer d’existence.

Vous ne pouviez en effet croire au destin sans quoi vous n’auriez pu être féministe, et combattre contre ce que les grecs appelaient autrefois l’ordre du monde pour justifier la place de chacun dans la cité.

En effet, on disait que c’était la destinée des femmes alors qu’en vérité c’était la loi des hommes. Le droit romain c’était épouvantable. Les femmes n’avaient même pas de nom. Elles avaient le nom de la famille. Pas de prénom.

Vous dîtes également des choses terribles sur la vieillesse.

Qui me semblent vraies. J’avais d’abord acheté tout ce qui avait été publié sur la vieilless
e. Mais ils étaient écrits par de jeunes gens. Ils avaient soixante ans ! C’était la jeunesse de la vieillesse. La vieillesse est de plus en plus longue aujourd’hui. Sa prolongation entraîne de plus en plus de complications.

Votre roman met d’ailleurs en lumière le regard terrible sur la vieillesse, aujourd’hui. La touche étoile, c’est en réalité cette touche qui permet de mourir dans la dignité.

Oui ! En fait, c’était une entourloupette. Puisque je ne pouvais pas en parler officiellement. C’est la touche qui coupe certaines communications. J’ai imaginé que Moïra pouvait appuyer sur la touche étoile. Mais ce serait trop beau si c’était comme ça.

C’est vrai que nous n’avons pas encore trouvé un remède contre la vieillesse, malgré la diabolisation à laquelle se livre la société.

Non ! Et puis on a envie de survivre même dans un fauteuil roulant. Ce doit être très dur d’avoir envie de mourir. J’admire ceux qui le font. Je ne sais pas si j’aurais ce courage. J’essaye de me le donner. Se dire, allez j’arrête aujourd’hui ! On doit se dire encore une minute monsieur le bourreau. Qui veut mourir ? Inutile donc de redouter une ruée pour mourir.

Votre personnage a tellement aimé la vie, et les jouissances de la vie, qu’il ne veut ni les perdre, ni voir ses enfants assister à son dépérissement.

Et puis il y a eu cette espèce de rupture dans la civilisation qui est l’arrivée de l’électronique, et d’autres méthodes que les vieux apprennent très difficilement. Mes petites filles me considèrent comme une retardée. Alors qu’avec ma grand-mère, on jouaient aux dames, aux mêmes jeux. Je suis mise à la retraite d’office, aujourd’hui.

Vous déplorez cette évolution ?

Je trouve cela dommage, car on se trouvent de plus en plus seuls. Alors qu’avec mon père, mon grand-père nous connaissions les mêmes récitations. Nous parlions de l’histoire de France de la même façon. Nous avions des repères, et des points de contact. Alors que je n’en ais plus avec mes petites filles.

Vous pensez à un effondrement des valeurs ?

Un changement complet !

Dans un passage terrible de votre roman, vous dîtes bien que l’homme peut vieillir, il ne disparaît pas dans la société, ce qui est le cas de la femme.

Oui ! Car elle est considérée comme un objet sexuel ! Quand je voyage avec ma petite fille, c’est à elle que l’on prend la valise, pas à moi ! On ne me voit même pas ! Il y a trop de vieux. Cela ennui les jeunes. C’est un sentiment horrible. On nous pousse vers la sortie, et en même temps, la science nous garde trop longtemps.

Ce qui est dommage, et vous le dîtes dans votre livre, c’est que l’on ne prend plus en compte la sagesse de ces gens qui ont vécu.

Ils s’en moquent de notre sagesse. Cela leur est égal notre expérience. Ils ont une autre vie. Le monde est entrain de changer complètement ! Ils ont sans doute raison ! Ce n’est pas nous qui pouvons leur apporter des solutions. Le communisme c’est terminé. Le catholicisme est très flanchant. La patrie ne fera plus mourir personne et tant mieux. Je comprends qu’ils soient affolés par le spectacle de ce bloc de vieillesse qui s’installe dans tous les pays développés. Ma fille aînée à soixante ans cette année. C’est horrible, les générations ! Tout est bouleversé par le fait que l’on vieillisse. Pour moi, l’idée qu’elle puisse être vieille, c’est épouvantable ! Comment allons nous résoudre cela ?

On a l’impression que tous ces combats, dont certains auxquels vous avez participé, arrivent à leur aboutissement, et dérégulent. Il faut donc trouver une autre vision du monde.

Cela dérégule, en effet ! Mais la vieillesse, quoi qu’il en soit, reste le même naufrage pour tout le monde.

Vous avez lu, pour les éditions des femmes, votre roman qui est paru également en cd, pensez-vous que le combat continue ou qu’il a trouvé son terme ?

Oui ! Il continue ! Il y a eu l’âge d’or après 75, et des ouvrages que l’édition des femmes a publiés et qui n’auraient trouvé d’édition nulle part sinon ! Le féminisme est un humanisme qui n’a pas encore terminé son travail sur la terre. Ça n’est pas une mode, même si on me le reproche aujourd’hui. J’ai commencé à quarante ans. Avant, je ne savais même pas que cela existait. On n’en parlait pas ! Il y a eu 1968 et soudain des réunions de femmes ! Certes, j’aurais voulu faire de la politique, mais je n’osais pas prendre la parole. Les hommes n’écoutaient pas les femmes. C’est terrible cela car cela vous fige dans le sous-développement. Aujourd’hui, c’est bien différent, heureusement ! Même s’il reste encore des forteresses. Dans les professions de prestige, les barrages sont toujours là. Bien que les jeunes filles pensent que tout est fait, et que le féminisme est un vieux combat dépassé, ça n’est pas vrai ! Nous pouvons reculer ! Par exemple, la presse féminine vante le retour à la maison. J’ai l’impression de lire la presse de ma jeunesse, avant que les combats féminins soient menés par les journaux féminins. Aujourd’hui, on est retourné à la femme objet. Il n’est plus question que de se gonfler les seins pour répondre aux fantasmes des hommes. Comment peut-on ainsi encourager des centaines de millions d’opérations des seins, en disant que si l’on ne se gonfle pas les seins, on ne trouvera jamais l’amour ?

Comme vous êtes une avant-gardiste, on peut dire que, dans la même veine, ce roman milite pour droit à l’euthanasie.

En effet, les soins palliatifs sont une plaisanterie en France. Ils refusent deux malades sur trois. C’est d’ailleurs tromper les gens, et ce n’est pas mourir dans la paix mais dans des conditions affreuses. Il faut qu’on change cette loi ! On entend déjà des voix en faveur du droit à l’euthanasie. Il ne faut pas que tous ces gens soient obligés d’aller mourir en Hollande ou en Suisse comme cela arrive de plus en plus. C’est impressionnant tout de même ce retard.

Quels sont vos espoirs par rapport à tous les combats que vous avez menés au cours de votre vie ?

J’espère qu’on aura une présidente de la République. Certes, c’est un parti pris, mais symboliquement, il est important qu’il y ait de plus en plus de femmes à la tête des Etats. Cela ne changera pas vraiment la société mais cela changera dans la tête et dans les ambitions des femmes. Se dire ah ! tiens une femme peut être présidente. Prenons le risque !

Bibliographie indicative

La touche étoile, Le livre de poche 2008, et La bibliothèque des voix, Des femmes, 2007, lu par l’auteure

Ainsi soit-elle, La part des choses, Les vaisseaux du cœur, publiés aux éditions Le livre de Poche.

S.O.S. Cadeaux de Noël audio !! Geneviève Brisac, Catherine David et Benoite Groult !!

Dernière ligne droite avant le passage du Père Noël (qui est peut-être – nous aurait-on menti ? – une Mère Noël…), et des idées du tonnerre pour faire plaisir à celles (surtout !!!) et à ceux (accessoirement…) qui vous sont chères (rs ! V’lan ! Je me prépare à me déchaîner avec les 40 ans du MLF en 2008 !!!!)…

Comme vous le savez (et vous n’avez aucune excuse d’ignorance depuis que je suis attachée de presse de cette maison !!), Antoinette Fouque a été la pionnière des livres audio en France – et quasiment dans le monde – croyant très fort à la transmission orale des textes, elle les a inventés en 1980, créant la Bibliothèque des voix, collection phare des éditions Des femmes

Elle a aimé enregistrer ses amies comme ses admirées, les deux catégories se confondant toujours (ça tombe bien !)… Et très nombreuses lui ont fait la joie de rejoindre par leurs oeuvres sonores notre prestigieux catalogue, contenant entre autres pépites des mots prononcés par Françoise Sagan, Marguerite Duras ou Jacques Derrida pour les aujourd’hui disparus…

Pour Noël 2007, ce sont trois nouveautés de VIVANTES (que l’on peut même croiser lors des soirées données à l’Espace Des femmes… et comme elles ne mordent pas, aussi saluer et féliciter…) que les éditions Des femmes vous proposent : Geneviève Brisac, Catherine David et Benoite Groult.

Antoinette Fouque a « craqué » pour ces trois livres au point de désirer les mettre au monde une seconde fois, les réincarner en quelque sorte, leur offrir une existence parallèle encore plus charnelle que celle du texte… Une trajectoire complémentaire les sublimant par l’émotion de l’incarnation parlée… Le miracle du son qui rend plus excitant encore le choc de la beauté, et sûrement plus intime…

Pour vous bercer tout au long des soirées glaglagla (Brrrr !!!) de cet hiver, installez-vous confortablement au coin du feu, dans votre canapé, et lancez la littérature dans votre lecteur CD… Brutalement, la magie survient, vous foudroie, vous envoûte, vous emporte…

Les trois cadeaux originaux, où la faute de goût n’est pas possible, pour lesquels vous pouvez opter ce Noël ayant eu énormément de presse, chacun à leur époque, leur célébrité est avérée, leur franc succès prouvé… Risque d’erreur de tir évité !! Grandes dames pointées !! Livres déjà classiques à écouter !! Petits formats hors piste !! Foncez !!

52 ou la seconde vie.jpg1) « 52 ou la seconde vie » de Geneviève Brisac – Lu par l’auteure et Alice Butaud

Les présentes (ts) lors de l’après-midi « Lire en fête » Spécial Aung San Suu Kyi à l’espace Des femmes se souviendront du passage de la douce Geneviève Brisac, qui nous avait lu avec tant de chaleur quelques pages de ce livre tellement de circonstance sur le lien entre l’intime et le politique. Le site Evene l’introduit joliment, comme un espoir cathartique (en période de bonnes résolutions, n’hésitez pas, entendez…!) :

Une rencontre avec un général tortionnaire dans une teinturerie, l’imminence d’un accouchement, Marguerite Duras au téléphone, des arbres séculaires qu’on arrache, un conte de Noël qui tourne mal… Pendant un an, en cinquante-deux histoires, parfois longues et parfois courtes, et à raison d’une nouvelle par semaine, Geneviève Brisac a tenté de mettre en mots ce que Virginia Woolf appelait la ‘seconde vie’, la vraie, celle qui se déroule derrière la vie officielle. Nouk, Carlotta Donizetti, son neveu Nils, Berg et Mélissa Scholtès règnent en maître sur ces histoires qui explorent ce qui ‘grouille’ en dessous de nos pensées : nos peurs secrètes, nos désirs inconscients, nos paranoïas, nos violences refoulées, bref tout ce qui se joue derrière les mots que nous prononçons et qui, de façon souterraine, commande les rapports entre les êtres. (…)
Les personnages sont peu attachants, tant ils nous renvoient notre propre reflet, notre mauvais reflet. Et pourtant, pas de leçon ni de morale ; il n’y a pas vraiment de fin dans ces nouvelles, pas de suite non plus, ce qui augmente le trouble mais nous laisse en même temps maître d’inventer la suite, telle une catharsis personnelle. Un livre étrange en somme, qui remue bien des sentiments et nous laisse un peu perdus. Alors seconde vie oui, mais en tant que seconde chance.

Simone Signoret.jpg2) « Simone Signoret ou la mémoire partagée » de Catherine David – lu par l’auteure

Avec la même générosité que Geneviève Brisac (parce qu’Antoinette choisit des amies qui lui ressemblent…), Catherine David nous a comblées de son charisme et de son virtuose talent de pianiste lors de la précédente soirée « Lire en fête » à l’Espace Des femmes… Elle avait lu les plus belles lignes de son « Crescendo », qu’Antoinette Fouque affectionne tant… C’est l’un de ses livres beaucoup plus anciens que nous avons la fierté de rééditer, devenu référence en son domaine : sa biographie délibérément subjective – ce qui est la marque d’un écrivain véritable – de Simone Signoret. Le dossier presse est massif, souhaitons pour 2008 que la version CD, exclusive, soit autant appréciée que l’est la déclinaison papier et le mathusalémien duo de cassettes (1990)…

Vous laissant libre de consulter des bribes des articles d’alors sur mon blog, je recopie ici les sentences de deux amis que je connais en chair et en os :

« Sans méchanceté mais sans complaisance non plus, Catherine David arrache à l’impériale Simone le mot de la fin qu’elle voulait se garder. » Irène Frain , « Paris-Match »

« Catherine David, journaliste, romancière, a relevé le défi. Avec un applomb tranquille. Tant mieux. » André Rollin , « Le Canard Enchaîné »

Groult_Touche étoile.jpg3) « La touche étoile » de Benoite Groult – lu par l’auteure

La plus sportive pour la fin ! Mais Ouiiiiiiii ! La première fois que j’ai croisée Benoite à l’Espace Des femmes, elle s’était déplacée à bicyclette !!! Celle qui nous fait oublier son année de naissance par sa lumière et son éternelle jeunesse est le troisième baume de cet émile Audio. Très ancienne amie d’Antoinette, Benoite est connue pour ses engagements féministes autant que pour son dynamisme et son humour. Sa Touche étoile a fait un tabac à sa parution papier, malgré les pauvres arbres assassinés , puisse t-il faire encore plus fort en gentil CD métallique !! (Oups ! J’ai
trouvé un nouvel argument de pub pour nos livres audios : l’écologie !!)

Comme Thérèse Clerc, Benoite Groult explore le délicat sujet de la vieillesse tout en demeurant dans sa veine d’amoureuse.

Oeuf corse (serez-vous assez intelligent (e) pour percuter…? c’est la blague d’une amie…), et plus que jamais parce que c’est Noël, la naissance du petit Jésus tel qu’on nous l’enseigne et avec encore davantage de certitude, à la même heure, la mienne , je vous adresse sur simple retour d’émile me livrant un indice précis de destination, l’un, l’autre ou les trois de ces chefs d’oeuvres. (et à celles et ceux qui les attendent impatiemment, je demande pardon, comme aux auteures, pour le délai, les installations (différents déménagements etc )- By the way, Recherche volontaire pour aider à porter cartons demain matin (vendredi 21 décembre), rémunéré 10 euros de l’heure – et la mise en route dans nos nouveaux bureaux du 35 rue Jacob étant un peu plus longues que prévues… Mais en 2008, tout tournera plus rond, Sursum corda !)

Joyeux Noël !

La touche étoile, lu par Benoite Groult elle-même

La_touche___toile.jpgRécit construit à partir de petits fragments d’existences, La touche étoile évoque avec beaucoup de pudeur et d’humour la question de la vieillesse. A quoi sait-on que l’on fait irrémédiablement partie des « vieilles personnes » ?

Qu’est-ce que vieillir, et quelle place la société actuelle nous réserve-t-elle dès lors qu’on a atteint un certain âge ? C’est en donnant la parole à Alice, quatre-vingts ans, ancienne journaliste féministe, et à sa fille Marion, prise entre l’amour de son mari et celui de son amant irlandais, que Benoîte Groult, dans des récits d’une grande tendresse, apporte des réponses à ces questions. Pour raconter l’histoire d’Alice, de Marion, et de tous ceux qui les entourent, elle donne aussi la parole à un personnage mythologique, Moïra (la destinée), qui admire de loin une vie terrestre qu’elle ne connaîtra jamais, en offrant aux hommes et aux femmes des rencontres et des liaisons imprévues. Moïra, dont l’existence n’aura pas de fin, s’intéresse à ceux qui, parce qu’ils vieillissent, vivent avec la mort à leurs côtés.

Benoîte Groult, née en 1920, journaliste, militante féministe, romancière et essayiste, jurée du Prix Fémina, est l’auteure, entre autres, de La part des choses (1972), Le Journal à quatre mains, Ainsi soit-elle (1975), Les trois quarts du temps (1983), Les vaisseaux du cœur (1988).

« Ainsi soit-elle », premier livre audio de la chère Benoite Groult

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Benoite Groult
Ainsi soit-elle
lu par l’auteur

1 Cassette – 16,50 €
1 CD – 18 €

Née en 1920, à Paris, Benoîte Groult commence à écrire avec sa sœur Flora Journal à quatre mains qui sort en 1963. Elles feront ainsi quatre œuvres ensemble jusqu’en 1985.
En 1972, Benoîte Groult publie un roman, La part des choses, et l’essai Ainsi soit-elle, qui rencontrèrent un très large public.
Dans Ainsi soit-elle, Benoîte Groult analyse “ l’infini servage ” de la femme et lance la première protestation publique contre la pratique de l’excision.
Livre simple et direct pour que tous comprennent.
Livre lucide et courageux où l’humour est aussi une arme de combat, qui se veut toujours positif.
“ Il faut que les femmes crient aujourd’hui. Et que les autres femmes – et les hommes – aient envie d’entendre ce cri. Qui n’est pas un cri de haine, à peine un cri de colère, mais un cri de vie. ”