Vernissage de l’exposition « Le désordre enchanté » de Yolande Papetti-Tisseron (jeudi 14 janvier à partir de 18h30, 35 rue Jacob)

Le désorde enchanté de Yolande Papetti-Tisseron Photo Papetti Tisseron.JPG

Antoinette Fouque et Des femmes seront heureuses de vous accueillir jeudi 14 janvier 2010 à partir de 18h30 au vernissage de l’exposition imaginée par Anne Gorouben

Le désordre enchanté de Yolande Papetti-Tisseron

Psychanalyste et formatrice de travailleurs sociaux et peintre, l’artiste a publié deux livres aux Editions Des femmes : Du deuil à la réparation en 1986 et Des étoffes à la peau en 2004

Du 11 janvier au 27 février 2010

de 11h à 19h, du lundi au vendredi et samedi de 13h à 19h.

Espace-Galerie 35, rue Jacob 75006 Paris – 01.42.22.60.74 ou 01.42.60.93.76 (Librairie) – www.desfemmes.fr

Le désordre enchanté de Yolande Papetti-Tisseron (Yolande Papetti-Tisseron est décédée le 14 octobre 2009.)

J’ai proposé à son fils Antonin de présenter son oeuvre plastique. Etait-ce possible d’imaginer ses peintures en attente dans une cave ? Les Editions des femmes-Antoinette Fouque, qu’elle aimait tant, ont accepté immédiatement de les exposer à l’Espace des Femmes.

Je voulais montrer les oeuvres de Yolande, je voulais aussi faire entendre sa voix, cette voix si poétique et directe, si drôle et incisive. J’ai tout de suite pensé au livre délicieux, Des étoffes à la peau, qu’elle m’avait offert au début de notre rencontre en 1998. J’ai décidé de tisser des fragments de ce livre avec les oeuvres. Car ses peintures, quelques objets, vêtements, sauvés de la dispersion d’un appartement que l’on vide, et les citations des étoffes à la peau, présentés ensemble, montrent la cohérence de Yolande dans toutes ses expressions. Il y a dans ces pastels une ligne continue, avec une joyeuse absence d’inhibition, des directions de pensée développées dans tous ses textes.

Tendre, drôle, séduisante, belle, autoritaire, colérique, aimante, attentive, attentionnée, violente…c’était Yolande. Tous ces qualificatifs se rapportent aussi à son travail. Le papier est une seconde peau… Cajolé ou meurtri, caressé, sensuel et érotisé, violenté par les couleurs, griffé, creusé, troué, frotté, effacé, épuisé par le crayon qui rature, qui sature. Le collage vient alors réparer. Il possède une fonction particulière dans l’art de Yolande, les étoffes, fourrures, galons, papiers peints, objets parfois, viennent comme des points de suture. Des sparadraps, partout. Sous les formes, les couleurs, les plus inattendues. Avec la fantaisie, l’humour, la liberté qu’elle manifeste toujours. Elle fait ça, comme ça ! La tentative de réparation picturale, même si, disait-elle, toujours « ir-réparation », répond aussi à ce qui apparaît comme l’un des questionnements de sa vie.

En 1998, Yolande avait lu le texte de présentation de l’atelier que j’ai fondé à l’hôpital Sainte-Anne, Des passionnés. Yolande travaillait alors à la prison de la Santé et eût le désir, disait-elle, d’aller « tremper mes doigts dans les fusains, les pastels. Bref, les matériaux en « kit » du placard d’Anne Gorouben ». J’écrivais : « ce qui paralyse les gens en général, c’est le « je ne sais pas dessiner », cette phrase revient toujours. Comme si, ceci posé, l’on devait se priver du plaisir à manipuler la couleur, à l’avoir en mains, à en avoir plein les mains (le fusain, le pastel, sont de formidables entrées en « matière »). C’est comme ça, en s’y plongeant, qu’on partage l’atelier, vraiment ».

C’est une formidable entrée en matière que commence Yolande à l’atelier en 1999. Elle plonge en toute liberté, en toute amitié, échange, partage (elle y est très aimée), elle trouve un plaisir extraordinaire à peindre, elle invente ses techniques, elle invente, en le continuant, son chemin. Elle sait ce qu’elle fait, intuitivement, toujours. Est-il nécessaire de référer le travail de Yolande ? Art naïf ? Certainement pas. Art brut ?…

OEuvre comme elle, belle, inimitable, inclassable.

Anne Gorouben

Décembre 2009

Texte de Yolande Papetti-Tisseron dans le catalogue des trente ans des éditions Des femmes

93615_2658618.jpg

Texte de Yolande Papetti-Tisseron publié dans le catalogue des trente ans des Editions Des femmes :
En l’an 2005 il existera encore des fourmis travailleuses, des cigales friandes et chanteuses de divers plaisirs.
Mais un « roc » est là, souvent loin de Paris : Antoinette Fouque. Toujours très intègre, me semble t-il, pour ses choix. Telle une abeille, elle gère sa jeune et petite équipe : l’une fait ceci, l’autre fait cela, la troisième fait d’autres choses. Une activité de femmes mais… Lorsque je suis présente – contente – dans ce lieu, je m’amuse sérieusement.
 
Ne serait-ce pas la grande glycine violette dans la cour, une beauté présente.
 
Bref, cette atmosphère m’a conduite à quitter d’autres éditeurs « douteux » ou pervers peut-être et je suis revenue aux Editions Des femmes.
 
Le nouveau look des livres avec une forme de liberté et beaucoup d’esthétisme m’ont séduite à nouveau.
Alors telle une souris je me suis glissée dans ce gruyère pour y trouver les trous d’autres idées. Le psychisme vole tel un cerf-volant avec le corps. Jacques Derrida, Françoise Sagan sont venus me faire un léger clin d’oeil…
Personnellement, je ne peux qu’apprécier la ponctualité, la présence et l’éthique de cette « maison » que sont les Editions Des femmes, sinon je n’écrirais pas ce que je dis.
Alors, à quand mon autre manuscrit chez vous ? Allez Yolande Papetti-Tisseron au travail ! Cela me fait penser au psychanalyste Pierre Fédida qui avait évoqué quant à mon choix d’être psychanalyste ce beau mot : « métier ». Inspiration à suivre…
Y.P.-T.
*******************************************************
Des étoffes à la peau de Yolande Papetti-Tisseron
 » Le langage peut être défaillant pour exprimer le manque : manque de bras, de mains, de mots, de corps maternel. Manque éprouvé vraiment ou simplement à peine esquissé et dont le deuil reste interminable. Manque d’amour. Et les étoffes arrivent, intermédiaires réparateurs plus ou moins doux et douillets entre la mère et l’enfant, entre celle qui aurait pu donner et celui qui aurait eu à recevoir en tant qu’enfant… «  Y.P.T.

Yolande Papetti-Tisseron est psychanalyste et formatrice de travailleurs sociaux. Elle est aussi peintre et expose régulièrement à Paris depuis 1999. Elle a préfacé les écrits de Bertha Pappenheim, Le Travail de Sysiphe (Des femmes-Antoinette Fouque, 1986). Elle est l’auteur de Du deuil à la réparation, également réédité en 2004.

« Du deuil à la réparation » de Yolande Papetti-Tisseron

tisseron.jpgYolande Papetti-Tisseron
Du deuil à la réparation

“Anna O” restituée à Bertha Pappenheim : naissance d’une vocation sociale.
145 p. – 16€ – 1986- 2004

Comment le désir d’aider naît-il chez une femme et comment ce désir détermine-t-il son engagement dans une activité ou une profession sociale ou paramédicale.
Freud et Breuer, les pionniers de la psychanalyse auraient pu tenter, dès le premier ouvrage de psychanalyse paru en 1895, d’approcher cette question avec Anna O, la première patiente des Études sur l’hystérie. Car Anna O était Bertha Pappenheim, une des grandes figures du service social allemand.
A l’opposé de la psychanalyse qui se construira sur la théorie des fantasmes, Anna O- Bertha Pappenheim connaît le poids, dans la vie, des traumatismes réels, notamment des deuils et des séparations. A partir d’Anna O enfin restituée à Bertha Pappenheim, Yolande Tisseron élargit sa réflexion aux motivations du don de soi et de l’engagement social chez les femmes : comment se fabrique une vocation sociale ? Quel rôle y joue le souci qu’éprouve l’enfant pour les préoccupations de ses parents ? Pourquoi la dépression chez les femmes mobilise-t-elle si souvent le désir de donner et d’aider ? Dans ce déchiffrage, la proximité des femmes avec la naissance et le rôle qu’elles ont joué dans les rituels de la mort apparaissent les prédisposer à une sensibilité particulière en ce qui concerne le deuil et le don.
Au-delà de ce champ social, subsiste l’interrogation fondamentale qu’arpente une femme, inlassablement, sur elle-même et sur ses géniteurs. D’une filiation à l’autre, Yolande Tisseron unit ici le parcours d’Anna O, première femme patiente de la psychanalyse, à celui de toute femme-assistante, axée sur la réparation des autres.

Yolande Papetti-Tisseron est psychanalyste et formatrice de travailleurs sociaux.Elle est aussi peintre et expose à Paris depuis 1999. Elle a préfacé les écrits de Bertha Pappenheim Le Travail de Sysiphe.

Bertha Pappenheim est la célèbre « Anna O. » dont Joseph Breuer écrivait en 1907 : « Le cas d’Anna O., cellule germinale de toute la psychanalyse… »

Bertha Pappenheim fut aussi assistante sociale, et dirigea à partir de 1895 l’orphelinat juif de Francfort.

Pionnière active et persévérante, préoccupée de réparation, elle écrivit entre 1911 et 1912 « Le Travail de Sisyphe ». La protection des femmes et des jeunes filles, la question de la traite des blanches, l’organisation sanitaire et sociale dans la communauté juive de Francfort, le sionisme, constituent la trame de ce courrier régulier et quotidien.

***
Du même auteur
Des étoffes à la peau