Décolonisation : confrontez vos points de vue avec Hélé Béji et Claude Imbert, mardi 8 avril 18h30 à l’Espace des femmes, 35 rue Jacob !!

Chers admirateurs de Hélé Béji de726c229d60ec45e08bc125445e0971.jpg , j’ai le plaisir de vous inviter ce mardi 8 avril dès 18h30 (Espace des Femmes, 35 rue Jacob – au bout de l’allée de camélias – Paris 6e) à une rencontre exceptionnelle autour de l’un des récents ouvrages ayant le plus « marqué » Antoinette Fouque en ce début d’année : « Nous, décolonisés » (Arléa, 2008).

f89bd6b0e053b7343a593c82d7f12282.jpg A son tour, à la suite de son amie Wassyla Tamzali au même endroit l’automne dernier, Hélé Béji sera la Reine de la conférence. Son Roi d’un soir sera Claude Imbert, puisque l’éditorialiste du Point a accepté avec enthousiasme de mener la danse de l’entretien portant sur cette décolonisation – et en particulier sur les humains qui en sont les bébés – dialoguant avec la belle auteure dont l’intelligence l’a ébloui.

Merveilleux hasard que cet engouement profond et simultané de la femme de gauche (Antoinette Fouque) et de l’homme de droite (Claude Imbert) pour le même trésor philosophique et historique : Nous, décolonisés. 2d46b8855f721ec918564791511662a1.jpg Complicité du Destin qui a fait en sorte, le roublard, que les deux m’évoquent avec ferveur la sortie de ce livre dans l’intervalle d’une même matinée.

Bien entendu, si vous lisez cette annonce, c’est sûrement parce que vous avez déjà manifesté votre goût éveillé pour le travail de votre Tunisienne préférée.

Je vous remercie par avance de transmettre l’invitation de l’Espace des Femmes au maximum de vos connaissances. Car les grains de sable, rapprochés les uns des autres, constituent l’infini. J’espère que vous assisterez à ce débat, suivi d’une dédicace et d’un traditionnel cocktail, dans un nombre et avec la passion corrélés à l’intérêt du thème développé. Les interventions du public seront non seulement bienvenues, mais au-delà désirées, pour faire de cette soirée politique un inoubliable moment de partage dans le respect des différences, de l’écoute et de la construction.

Je vous dis à demain, à très très très vite, et vous laisse un complément d’information sur le sujet en guise de post-scriptum (sur le livre « Nous, décolonisés », sur Hélé Béji, sur Claude Imbert… Piochez !), quelques alléchantes photos en pièces jointes et l’annonce de la prochaine soirée programmée à l’Espace des Femmes : mercredi 16 avril, (même heure 18h30-21h30 tout compris, même principe) avec comme autres « stars » politiques Christophe Girard et Emmanuel Pierrat… Rien que ça ( ! )

Bisous, main tendue, doigts écrasés, sourire, éclat de rire, regard, génuflexion, etc (Cochez la case de votre choix )

Guilaine Depis, attachée de presse de l’Espace des Femmes, 06.84.36.31.85

La décolonisation est la forme la plus instinctive et la plus avancée de la liberté. Elle est l’avant-garde de toutes les libertés. Mais elle est la plus malheureuse de toutes, car elle n’a pas tenu ses promesses. J’avais annoncé que je ferais mieux que les Européens mais, un demi-siècle après, je ne sais toujours pas où j’en suis, si j’avance ou si je recule, si je suis un primitif ou un moderne, un sauvage ou un civilisé, si j’aime la patrie ou si je l’exècre. Suis-je encore le jouet de forces extérieures qui me dépassent ? Ou bien est-ce moi qui précipite ma perte par mes erreurs et mes aveuglements ? Mais j’ai beau me chercher des excuses, elles ne me convainquent pas. Quoi, encore victime, moi ? Non, c’est trop facile. Je ne suis plus cet objet hébété, inconscient, subissant les effets sans être pour rien dans les causes, dépouillé de ses facultés de penser et d’agir. Je ne suis plus sous tutelle. Je suis souverain.

D’emblée, Hélé Béji donne le ton : « liberté » est le maître mot de sa brillante analyse sur la fin du colonialisme, l’Indépendance et la démocratie dans son pays, la Tunisie – qui est ici parangon de tous les jeunes États ayant gagné leur indépendance de haute lutte dans les années 1950-1960. Si, parmi les causes des errements et des incuries des « jeunes pays », elle n’oublie pas les crimes et les injustices des ex-puissances coloniales, ce sont surtout les responsabilités de ces jeunes nations qu’elle entend stigmatiser dans cet essai.

Comparant l’état actuel de son pays avec les rêves et les espoirs qui ont alimenté les diverses luttes anticoloniales, Hélé Béji constate à quel point les ambitions des « combattants de la liberté » ont été déçues.

Après son remarquable travail sur la place de la femme dans le monde musulman moderne (Une force qui demeure, Arléa, 2006), Hélé Béji prend de la hauteur et étend son analyse à l’ensemble des jeunes États, refusant de voir une fatalité dans leurs dysfonctionnements. Elle met ainsi en évidence les responsabilités des intellectuels et des politiques, et, entre la maîtrise d’un passé assumé, une pratique tolérante de la religion, l’instauration d’une « laïcité » originale et réellement démocratique, elle ouvre la voie à quelques perspectives capables d’apporter des solutions aux problèmes de ces jeunes nations.

Quoi que nous fassions ou que nous pensions, nous, décolonisés, la liberté est désormais l’air invisible que nous respirons sans nous en rendre compte. Maladive ou vigoureuse, elle est déjà en nous, même si nous ne la voyons pas. Fantôme insaisissable sorti d’un monde devant lequel nous nous sentons impuissants et chétifs, elle exige un courage dont il faudra bien que nous trouvions un jour la force. Elle est là, même si nous détournons le regard pour ne pas la voir. Elle est un devoir dont nous nous acquitterons vis-à-vis de nos enfants, même si nous ne l’avons pas reçue de nos ancêtres. L’héritage n’est pas seulement quelque chose qui remonte du passé, c’est un bien qui dévale du futur.

acf0a4dd808f95a763be4ec4097e500d.jpg Hélé Béji est née à Tunis en 1948. Agrégée de lettres modernes, elle a enseigné la littérature à l’Université de Tunis, puis a occupé un poste de fonctionnaire international à l’UNESCO. Elle a fondé en 1998 le Collège international de Tunis. Elle est l’auteur de plusieurs livres dont Le Désenchantement national, essai sur la décolonisation, Maspéro 1982, L’Œil du jour, roman, Nadeau, 1985 et L’Imposture culturelle, essai, Stock, 1997. Elle a également collaboré à de nombreux ouvrages collectifs sur le tiers-monde et sur les questions du monde arabe.