France inter reçoit Josiane Balasko racontant « Mon manège à moi » d’Edith Piaf

Josiane Balasko raconte « Mon manège à moi » par Edith Piaf : réécouter ICI

Elle prête sa voix au nouveau podcast de France Musique « Le journal intime d’Édith Piaf ». Au micro de Frédéric Pommier, Josiane Balasko évoque un classique du répertoire de la chanteuse : « Mon manège à moi », chanson qui lui rappelle instantanément son enfance. (Rediffusion de l’émission du 6/6/2023)

Avec
  • Josiane Balasko Comédienne, réalisatrice, metteur en scène et romancière

Pourquoi a-t-elle choisi cette chanson ? Qu’évoque-t-elle pour la comédienne ?

Josiane Balasko nous raconte également sa rencontre avec la chanteuse.

Léna Lutaud dans Le Figaro a adoré le Journal intime de Piaf lu par Josiane Balasko (et écrit par Marianne Vourch)

Josiane Balasko redonne vie aux souvenirs d’Édith Piaf

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Avoir été choisie pour incarner la Môme fait infiniment plaisir à Josiane Balasko. LOIC VENANCE/AFP

La comédienne a enregistré Le Journal intime de la chanteuse, pour un podcast de Radio France. Une grande réussite.

Seule face au micro dans un studio de Radio France, Josiane Balasko est concentrée«J’aime bien imaginer que je suis tombée du nid le 19 décembre 1915. (…) Ma grand-mère, elle est marocaine. On l’appelle Aïcha. Elle travaillait dans un cirque où elle faisait un numéro de puces sauteuses! Ma mère, elle chante dans des cabarets. Il paraît qu’elle a une très belle voix. J’sais pas, j’la connais pas.»

D’emblée, Josiane Balasko se glisse dans le personnage d’Édith Piaf. Elle s’efface même. Elles n’ont pas la même voix mais leur gouaille de titi parisienne est identique. À quelques décennies d’intervalle, ces deux artistes populaires ont vécu dans les mêmes quartiers de Belleville et de Montmartre. «Édith Piaf me rappelle mon enfance dans les années 1950-1960. Dans le café de mes parents, ses chansons étaient souvent diffusées sur le juke-box. Josiane Balasko avait 13 ans quand Édith Piaf est décédée à 48 ans. L’habillage sonore de l’enfance de Piaf nous plonge dans les années 1915-1930. Quand résonne Nuits de Chine (1922), on imagine un film en noir et blanc.

Ne jamais rien lâcher

Avec 2 millions d’écoutes à la demande, le podcast «Le Journal intime de…» est l’un des grands succès de Radio France. D’Édith Piaf, les auditeurs retiendront qu’il ne faut jamais rien lâcher quand on a une passion mais qu’il faut beaucoup travailler. Après Rudolf Noureev raconté par Lambert Wilson, Maria Callas par Carole Bouquet ou encore Bach par Denis Podalydès, avoir été choisie pour incarner la Môme fait infiniment plaisir à Josiane Balasko.

C’est une jolie expérience pour ses 50 ans de carrière. Un défi artistique aussi, tant l’exercice sur la ligne de crête. «Sans bouger, sans décor, sans lumière, sans personne à qui donner la réplique, il faut rendre le texte vivant, explique l’actrice. Il faut alterner la lecture du texte et d’un coup s’incarner dans la personne sans faire d’imitation.»

Josiane Balasko a travaillé les textes chez elle et a réécouté les chansons comme Non, je ne regrette rien. Pas question de chanter les airs de la Môme pour autant. «Je suis actrice et réalisatrice, pas une chanteuse même si j’ai chanté dans Tratala, film des frères Larrieu sorti en 2021. Les chansons de Piaf, je vais les scander, les fredonner.» Ses sept épisodes de dix minutes chacun seront diffusés sur francemusique.fr et sur l’appli Radio France dès le 10 avril avec la sortie d’un livre en complément (*).

Il faut alterner la lecture du texte et d’un coup s’incarner dans la personne sans faire d’imitation

Josiane Balasko

Destinés à perpétuer la mémoire de grands artistes, «le journal intime de…» a eu un succès immédiat. «Spécialiste des concert pour le jeune public où je reliais leurs cours d’Histoire à celle des Arts pour qu’ils aient un panorama complet», la productrice Marianne Vourch a d’abord écrit Le journal intime de Mozart à la demande d’un éditeur. «Je rédigeais en l’entendant, d’où l’idée du podcast», se souvient-elle. À la radio, la production si élaborée est conçue par un quatuor. Jean Brémont se charge des archives. Marianne Vourch produit et écrit le texte. Après avoir enregistré la voix nue du comédien, la réalisatrice Sophie Pichon fait le montage en ajoutant les bruitages et la musique. «Je fais sortir les reliefs, je crée un rythme pour susciter des émotions. Je tricote puis le preneur de son Valentin Azan colorie mon tableau.» Et d’ajouter: «Chaque série est chronologique puisqu’il s’agit d’un journal intime mais ils ne vont pas systématiquement de la naissance à la mort. Celui sur Piaf s’arrête à sa rencontre avec Théo Sarapo.»
La réalisatrice a une coquetterie: elle glisse un gimmick sonore qui revient dans chaque épisode. À chaque fois que Chopin tombe malade, le générique de La Quatrième dimension revient et se déforme de plus en plus. Pour Rudoph Noureev, ce sont des chants traditionnels associés aux frottements de pointes sur un parquet de danse. Les prochains journaux intimes seront ceux de Leonard Bernstein, Charlie Chaplin et de Marilyn Monroe. Reste à trouver les voix associées.

Sept épisodes (dix minutes chacun) sur francemusique.fr et sur l’appli Radio France dès le 10 avril. À lire Le Journal d’Édith Piaf, de Marianne Vourch, 84 pages, 24 €, Éditions Villanelle.

La danse révolutionnaire de Noureev réinventée en son journal intime écrit par Marianne Vourch (dans Le Contemporain)

La danse révolutionnaire de Noureev réinventée en son journal intime

■ Rudolf Noureev (© Francette Levieux)
 

Par Yves-Alexandre Julien – Journaliste Culturel 

Dans l’univers captivant du podcast “Le journal intime de Rudolf Noureev”, Marianne Vourch redonne souffle à la vie tumultueuse et passionnante du célèbre danseur. À travers huit épisodes envoûtants, on découvre comment la danse révolutionnaire de Noureev s’insère toujours dans l’actualité, inspirant artistes et amateurs de ballet du monde entier. Ce journal intime tombe à point nommé alors que l’année 2024 célèbre les trente ans de la disparition de cette étoile de la danse.

I. Marianne Vourch : La conteuse des âmes célèbres

Depuis plusieurs années, Marianne Vourch captive les auditeurs et les lecteurs avec ses journaux intimes uniques, publiés aux éditions Villanelle et adaptés en podcast. À travers ses écrits, elle révèle les pensées intimes et les émotions profondes de grandes personnalités telles que Rudolf Noureev, mais aussi Edith Piaf, Maria Callas, et bien d’autres. Avec une sensibilité artistique et une compréhension aiguisée des âmes humaines, Marianne Vourch nous transporte dans les univers fascinants de ces icônes, offrant un regard intime sur leur vie et leur héritage. Grâce à ses récits captivants, elle nous permet de découvrir les hommes et femmes derrière la légende, révélant leur humanité et leur vulnérabilité avec une profonde empathie.

II. La révolution commence

Le journal intime de Rudolf Noureev écrit par Marianne Vourch nous fait traverser les univers familiers du danseur du lac Baïkal, de sa naissance « je suis en train de naître. Je suis malckik kotorii ridilsaï v poezdele garçon qui est né dans un train », en passant par son enfance ; ses images sont tout à la fois dures et laissent poindre la sensibilité naissante du futur danseur : « tout le monde souffre de privations mais je crois que nous sommes les plus pauvres du village … », « la musique est comme une amie qui me conduit vers le bonheur. Je chante et je danse avec elle […] le gopak, la lezguinka et beaucoup d’autres pas folkloriques ».

L’enfance de Noureev est très bien décrite dans ce journal intime, jusqu’à l’analyse psychologique avec l’absence du père dans les premières années puis sa présence au sortir de la guerre contrariant de manière machiste et violemment homophobe le plaisir de danser de son fils : « au yeux de mon père la danse n’est pas un métier d’hommes […] quand mon père me voit partir pour aller danser il me frappe. Il dit qu’il ne veut pas de garçon efféminé ». Dès les premiers pas de Noureev sur scène, son art révolutionnaire bouleverse le monde de la danse. Comme l’évoque l’écrivain Joseph Conrad, « il était un être à part, un artiste qui transcendait les frontières physiques et culturelles, un véritable révolutionnaire de la scène ». Sa passion ardente pour la danse et son désir insatiable de liberté captivent les spectateurs et inspirent les générations futures de danseurs.

III. Le tourbillon de la vie


Entre triomphes sur scène et luttes personnelles, la vie de Noureev est un tourbillon d’émotions et de défis. Le journal intime de Marianne Vourch relate le premier voyage de Noureev à Paris dans des descriptions saisissantes d’émotion, sont décrits son ressenti et ses craintes sur la réception de sa danse en France : « Nous allons d’abord danser à Paris deux semaines au Palais Garnier […] Comment le Public français va-t-il nous recevoir ? Paris est pour nous la capitale du monde » ; puis est décrit Paris, vu par Noureev. De merveilleuses description qui font tant d’honneur à la France, à sa musique, à sa danse et à son histoire : « je veux tout voir de Paris, […] je découvre l’Arc de triomphe, l’avenue des champs Élysées […] Je décide de me rendre à la salle Pleyel pour écouter Yehudi Menuhin […] 19 mai 1961, Musée du Louvre. Je m’y rends chaque matin à la première heure. Je veux être seul pour contempler l’immense tableau du Radeau de la Méduse. Je l’ai découvert dans un livre à Leningrad, maintenant, je le vois en vrai ! »
Dans son regard d’artiste sensible, poétique comme en témoigne ces descriptions, mais aussi dramatique comme l’écrivain F. Scott Fitzgerald le décrit si poétiquement : « Sa vie était comme une danse endiablée, où chaque pas était un défi, chaque mouvement une révélation. » À travers ses hauts et ses bas, Noureev incarne l’esprit indomptable de l’artiste en quête de perfection.IV. Actualité de la guerre en l’Ukraine : la Russie menaçante et intolérante !

C’est déjà de la « dictature russe » dont il est question dans la vie de Noureev, et qu’on retrouve ici et là, déjà décrite dans son journal intime : « le KGB me surveille ». Ou encore là, avant de voyager avec son ballet : « il ne veulent pas que nous partions à l’ouest […] Je sens bien que mon cas de déserteur politique rend les négociations difficiles ».

Il n’est pas fait référence très ouvertement dans le journal intime de Marianne Vourch à l’homosexualité de Rudolf Noureev, mais de ces allusions nombreuses au KGB qui le pourchassera toute sa vie ; ces petites allusions à un pays de contraintes, d’autorités abusives sont bien présentes dans toute la vie de Rudolf Noureev et nous ramènent à cette actualité anxiogène sur les menaces de guerre qui pèsent entre la France et la Russie actuelle de Poutine qui ne cache pas dans sa politique son mépris pour la question LGBT.

Noureev est d’ailleurs de manière posthume au cœur d’une censure soviétique récente. La politique homophobe, toujours plus dure, de l’État russe dirigé par Vladimir Poutine, frappe tous azimuts. Accusé de « propagande LGBT », le ballet de Kirill Serebrennikov retraçant la vie du célèbre Rudolf Noureev a été interdit le 19 avril 2023 au théâtre Bolchoï de Moscou en raison de l’homosexualité du danseur disparu il y a trente ans.

V. Le cri de liberté

La danse de Noureev transcende les frontières politiques et culturelles, devenant un symbole de liberté et d’expression.Le journal intime de Marianne Vourch ne fait pas l’impasse de la douleurs et du cri que représente un tel parcours : « J’ai 25 ans, j’ai tout pour être heureux. Je danse avec le Royal Ballet, la presse dit que je suis le Beatles de la danse ! … je voyage sans cesse d’un pays à l’autre et partout l’on m’acclame ! Aux yeux de la presse, je suis un dandy romantique […] Un mélange de brutalité et de tendresse […] J’ai de l’argent et des maisons. Des vêtements et tous les objets que je désire. Mais je pleure en silence. J’ai besoin de parler de ma mère, de mon pays. »

Comme l’a écrit l’écrivain George Orwell, « dans ses mouvements gracieux, on entend le cri de liberté étouffé par l’oppression, la révolte silencieuse contre les contraintes du monde. » Son art courageux défie les conventions et inspire ceux qui rêvent de repousser les limites.

Pour Lambert Wilson, Noureev est une opportunité. En prêtant sa voix pour conter la vie de Noureev, Lambert Wilson rend hommage à l’héritage inestimable de ce grand artiste. Comme il l’a déclaré lors d’un entretien, « interpréter le rôle de Noureev est un privilège et un défi immense. Sa passion pour la danse et sa force de caractère sont une source d’inspiration pour tous ceux qui croient en la puissance de l’art. »
En huit épisodes Lambert Wilson plonge l’auditeur de ce podcast d’exception avec le charisme dans la voix qu’on lui connaît dans les instants les plus intimes de la vie de Rudolf Noureev d’une manière très poignante. Les mots de Lambert Wilson qui introduisent ce journal intime ne font que confirmer cette présence fusionnelle entre le conteur et ce héros de la danse : « il y eut au XXᵉ siècle Sarah Bernhardt, Gérard Philippe, Nijinsky et puis il y eut Rudolf Noureev. Je ne l’ai jamais vu danser sur scène, mais son envol reste cependant gravé à jamais dans mon imaginaire »VI. La signature de Noureev : des techniques de danse inimitables

Rudolf Noureev a laissé derrière lui un héritage artistique incomparable, comprenant des techniques de danse qui lui sont propres et qui continuent d’inspirer les danseurs du monde entier. Des pas audacieux aux sauts aériens, en passant par une maîtrise magistrale de l’expression corporelle, Noureev a créé un style singulier qui défie les conventions et repousse les limites du possible sur scène. Des professeurs de renom comme Mikhail Baryshnikov et Martha Graham reconnaissent l’unicité de son approche, louant sa virtuosité technique et son interprétation passionnée. En enseignant ses techniques novatrices, ces maîtres transmettent l’héritage vivant de Noureev à la prochaine génération de danseurs, assurant que son influence perdure à travers les âges.

À travers le podcast Le journal intime de Rudolf Noureev de Marianne Vourch, on est littéralement en immersion dans l’univers fascinant d’un des plus grands danseurs du XXe siècle. Ce podcast nous fait voyager dans le monde entier, de la Russie à la France, en passant par l’Angleterre et les États Unis, avec des descriptions mémorables de Jackie Kennedy saluant son talent. L’héritage laissé par Noureev continue d’inspirer et de captiver, rappelant à chacun la force transformative de l’art et la persévérance face à l’adversité.

« Le jour où… ma grand-mère est décédée. Et où j’ai pris mon envol » Marianne Vourch, Productrice « Histoires de Musique »

« Le jour où… ma grand-mère est décédée. Et où j’ai pris mon envol » Marianne Vourch, Productrice « Histoires de Musique »

Cendrine Genty reçoit dans « Le jour où… » Marianne Vourch, Productrice de l’émission « Histoires de Musique » sur France Musique, Créatrice des Concerts du Mercredi, Auteure de plusieurs livre-CD à l’attention de la jeunesse, Conférencière musicale et Auteure de la série « Le journal intime de… « initiée par Bayard Presse. Réécoutez ici 

Les journaux intimes de Mozart Bach et Chopin

L’indispensable !

Le journal intime de Bach, Mozart, Chopin

Ces jolis petits livres font partie d’une série publiée de podcasts de France Musique, écrit par Marianne Vourch, et lus par Denis Podalydès, Nicolas Vaude, Clément Hervieu-Léger.

Ils font cent pages et sont richement illustrés. ils content la vie d’un musicien, écrite à la première personne, comme un journal. C’est un peu léger sur les événements de l’existence, mais donne une teinture rapide en éclairant une œuvre.

Très agréable à lire et orne une bibliothèque dès l’enfance.

Marianne Vourch, Le journal intime de Jean-Sébastien Bach

Marianne Vourch, Le journal intime de Wolfgang Amadeus Mozart

Marianne Vourch, Le journal intime de Frédéric Chopin

Coffret des trois, éditions Villanelle 2023, €49,50 (lien sponsorisé Amazon partenaire)

La revue littéraire « Souffle inédit » a un coup de foudre pour les « Journaux intimes de  » écrits par Marianne Vourch

Les journaux intimes de Mozart, Chopin et Bach de Marianne Vourch

Par Yves-Alexandre JULIEN 

Marianne Vourch, Les journaux intimes de Mozart, Chopin et Bach Par Yves-Alexandre JULIEN 

Les journaux intimes de Mozart, Chopin et Bach : Un voyage littéraire et musical expérimental 

Une expérience littéraire unique

Dans « Cher Cahier, » Philippe Lejeune nous rappelle que la rédaction du journal intime est une pratique culturelle moderne. En lançant un appel dans Le Magazine Littéraire en avril 1988, Philippe Lejeune, spécialiste de la littérature personnelle, a eu la chance de recevoir les témoignages de quarante-sept diaristes – c’est un coup de sonde dans un univers d’écriture méconnu -, quarante-sept personnes qui racontent l’histoire de leur journal, décrivent leurs pratiques, expliquent ce qu’elles en attendent. Marianne Vourch, pourrait être la quarante huitième en élevant cette pratique à un nouveau niveau en imaginant les journaux intimes de trois géants de la musique: Bach, Mozart, et Chopin. À travers son coffret de trois tomes, elle offre une expérience littéraire unique, un voyage musical aux couleurs et illustrations originales, nous dévoilant les secrets de vie et de création de ces compositeurs dans la fiction.

Dialogisme de l’écriture diariste: Voix littéraires en écho 

Dans le foisonnement dialogique de l’écriture diariste comme Marianne Vourch nous en offre trois versions pour trois musiciens de renom, des références littéraires se devinent, mettant en lumière le paradoxe de l’immédiateté et du détachement analytique. Henri-Frédéric Amiel, dans son journal intime, exhorte à la réflexion en s’adressant à lui-même à la deuxième personne, soulignant la dualité intrinsèque de cet acte introspectif: “Disséquer son cœur, comme tu le fais, c’est tuer sa vie.” Cette forme de dialogue interne, tout en révélant la vanité du journal intime, dévoile la complexité du rapport du diariste à son propre être.

À la manière de Michel Leiris, le journal intime – tel qu’en ceux de Marianne Vourch – trouve son lyrisme dans cette objectivation de soi. Pour Leiris, la catharsis opère non seulement par la formulation, mais à travers le chant, le « point de tangence du subjectif et de l’objectif. » Cette idée du journal comme chant, évoquée dans une entrée de son propre journal le 8 janvier 1936, suggère que la véritable œuvre du journal intime réside dans cette fusion poétique du moi et de l’extérieur, ce point de convergence où la subjectivité rencontre l’objectivité, faisant ainsi du journal un espace vibrant de lyrisme et de réflexion.

Jean-Sébastien Bach: une vie comme un cour d’eau …

Marianne Vourch, Les journaux intimes de Mozart, Chopin et Bach

Dans « Le Journal Intime de Jean-Sébastien Bach, » Marianne Vourch nous transporte au bord de la rivière, Bach signifie d’ailleurs rivière en allemand… Jean-Sébastien aime se souvenir de son ancêtre qui jouait du cistre au bord de la rivière. C’est à cet endroit même que la musique des flots se transforme en notes et guide la plume de Bach vers la grâce de Dieu. À la croisée de l’intimité et de la création, cette fiction explore la source d’inspiration du compositeur, révélant un dialogue entre sa vie, ses peines, et les éléments naturels qui l’entourent.

Wolfgang Amadeus Mozart: Les notes qui dansent dans le vent 

Marianne Vourch, Les journaux intimes de Mozart, Chopin et Bach

« Le Journal Intime de Wolfgang Amadeus Mozart » nous plonge dans les années de formation du jeune prodige. Marianne Vourch donne vie à l’enfant Mozart, transformant en or tout ce qu’il touche. À travers sa plume enchantée, elle nous dévoile ses impatiences, désespoirs, rêves et ambitions. Cette fiction explore le quotidien du compositeur, un récit captivant qui met en lumière les coulisses de sa génialité musicale.

Frédéric Chopin: Les mélodies de l’enfance et de l’exil

Marianne Vourch, Les journaux intimes de Mozart, Chopin et Bach

« Le Journal Intime de Frédéric Chopin » nous emmène dans l’intimité du jeune virtuose. Marianne Vourch y dévoile la tendresse des mélodies et la puissance des rythmes qui ont marqué son enfance en Pologne. À travers les pages de ce journal imaginaire, Chopin nous livre ses sentiments, son langage musical, devenu plus tard le refuge de l’exilé. Une fiction qui éclaire la vie intérieure d’un compositeur souvent énigmatique.

La plume de Marianne Vourch: Entre fiction et réalité 

Marianne Vourch, Les journaux intimes de Mozart, Chopin et Bach
Crédit @Radio France / Christophe Abramowitz

Marianne Vourch, productrice sur France Musique, a initié la collection de podcasts « Le Journal Intime de… ». Sa plume imaginative donne vie à ces journaux, offrant un regard original sur la vie intérieure de ces compositeurs emblématiques. Sa collection, totalisant près d’1,5 million de téléchargements, témoigne de l’attrait du public pour cette fusion entre fiction musicale et réalité historique.

Journaux imaginaires : un miroir littéraire et musical attendu comme substitut de l’existence et écho de l’incréé

Le journal intime, souvent perçu comme un substitut de l’existence, trouve son incarnation dans les paroles d’Henri-Frédéric Amiel: “Ce journal est un exutoire; ma virilité s’évapore en sueur d’encre” (13 juillet 1860). Marianne Vourch, en créant les journaux intimes de Bach, Mozart et Chopin, offre une perspective unique sur cette tension entre l’acte d’écrire et l’expérience de vivre. Les narrations de Marianne Vourch, loin d’être une simple compensation littéraire, deviennent une exploration poétique des identités musicales et personnelles.

Le journal comme négatif du livre 

À l’instar de Michel Leiris, qui voit le journal comme un substitut de l’œuvre littéraire irréalisable, les journaux imaginaires de Marianne Vourch se profilent en tant que négatifs du livre. Le journal, pour Leiris, émerge souvent dans les creux de la créativité littéraire, mais chez Marianne Vourch, il devient un formidable inventeur de la personne littéraire de Bach, Mozart et Chopin. Là où le journal devient un dépôt des tentatives avortées chez Henri-Frédéric Amiel, les écrits de Marianne Vourch révèlent une création foisonnante, capturant les nuances et les aspirations de ces compositeurs.

Célébration de l’inutile et de la tautologie 

Bien que certains diaristes, tels qu’Amiel et Gide, questionnent l’utilité du journal, cette inutilité, cette gratuité, devient le corollaire nécessaire du genre diariste. Chez Marianne Vourch, chaque ligne de ses journaux intimes rouvre le texte à son point de surgissement, où la musicalité des mots s’entremêle avec la réflexion profonde des personnages. En incarnant la poétique du journal intime, Marianne Vourch crée un miroir littéraire et musical, explorant le potentiel infini de l’expression personnelle et artistique à travers des journaux imaginaires de compositeurs éternels.

En revisitant les conventions du journal intime à travers l’objectif fictionnel, Marianne Vourch nous invite à explorer les tréfonds de l’âme musicale de Bach, Mozart et Chopin. Ces journaux imaginaires, entre réalité historique et créativité littéraire, élargissent notre compréhension de ces génies musicaux. Le coffret « Le Journal Intime de… » devient ainsi une porte d’entrée captivante vers un univers où la musique et la fiction s’entrelacent.

À travers la plume inventive de Marianne Vourch, les journaux intimes de Bach, Mozart et Chopin prennent vie, tissant une toile complexe entre l’expression littéraire et la création musicale. Dans cette exploration des identités, Marianne Vourch transcende la dichotomie entre l’acte d’écrire et celui de vivre, offrant une symphonie littéraire et musicale où la personnalité de ces compositeurs s’épanouit.

Ces récits loin d’être de simples substituts de l’existence, deviennent des pièces maîtresses d’une création littéraire et musicale entrelacée. À l’image du journal en tant que négatif du livre, ces journaux intimes sont des inventaires fascinants des vies intérieures de Bach, Mozart et Chopin. L’inutile et la tautologie, interrogés par certains diaristes, se muent chez Marianne Vourch en une célébration de la richesse poétique, de l’expression personnelle et artistique.

En miroir des dialogues littéraires explorant le journal intime, Marianne Vourch insuffle une nouvelle vie à ce genre, le transformant : littérature et musique se reflètent mutuellement. À travers ses créations, elle élargit la portée du journal intime en lui conférant une dimension musicale, révélant ainsi une harmonie singulière entre les mots et les notes. Les journaux intimes que nous propose Marianne Vourch sont sans nul doute un hymne à l’intersection de la création littéraire et musicale, ouvrant une porte sur un univers où les compositeurs éclairent, de manière poignante dans des récits de vie, l’essence même de l’âme créatrice à la fois consciente et fabuleusement irrationnelle.

Photo de couverture @Radio France / Christophe Abramowitz