« La maladie de la mort » de Marguerite Duras, lu par Fanny Ardant

La maladie de la mort.jpgLu par Fanny Ardant
Enregistrement du spectacle mis en scène au théâtre de la Madeleine à Paris par Bérangère Bonvoisin du 6 juin au 9 juillet 2006.

Office 19/10/2006

Un homme paye une femme pour la faire venir chez lui chaque nuit. Il veut connaître un corps féminin, essayer de l’approcher, de l’aimer. Il n’a jamais aimé aucune femme. Est-ce pour cela que la femme le dit atteint de la « maladie de la mort » ? Il regarde dormir la femme, puis apprend, doucement, à la toucher, à la caresser.
Énoncé au présent par une « voix » qui s’adresse à l’homme, qui le raconte à lui-même, ce récit met en scène le désir, ou son absence, l’impuissance de l’homme et de la femme à se rejoindre, l’amour perdu « avant qu’il soit advenu ».

Marguerite Duras souhaitait que l’histoire soit lue par un homme. Ce texte fut notamment interprété par Michel Piccoli puis par Gérard Desarthe. Pour cette mise en scène au théâtre de la Madeleine, Bérangère Bonvoisin a choisi de faire dire ce texte à Fanny Ardant, donnant une nouvelle dimension à ce texte : car c’est désormais une femme qui décrit le regard d’un homme sur une autre femme, et cette lecture féminine introduit un nouveau terme dans l’équation complexe du désir.

Mise en scène de Bérangère Bonvoisin
Création : Théâtre de la Madeleine 2006

« Lou Salomé, génie de la vie » de François Guéry

Lou Salomé, génie de la vie
François Guéry

Réédition

Office 12/10/2006

Éminemment moderne, Lou Salomé incarne une figure d’indépendance et de liberté, tout en étant essentiellement connue pour avoir marqué la vie de trois hommes, Nietzsche, Rilke et Freud.
Puissance féconde, muse, inspiratrice et accoucheuse, elle est un génie de la sensualité, qui répand l’amour sans l’éprouver, et une Attila, qui brûle et détruit… mais pour rendre plus féconde encore une pensée qu’elle juge indissociable de la vie.
François Guéry relève le paradoxe de cette personnalité, plus fécondante que féconde. Paradoxe qui reposerait sur un choix : Lou semble avoir accepté avec lucidité de renoncer, non à écrire ou à penser, mais à le faire pour elle-même, alors que toute sa vie est par ailleurs une affirmation de son « Moi ».
Ainsi peut-on souligner ce que Lou elle-même a écrit dans Ma Vie : « Le caractère et les paroles de Nietzsche […] tout cela m’évoquait […] des souvenirs et des sentiments à demi-inconscients provenant de mon indestructible enfance, la plus reculée et pourtant la plus intime. Seulement, en même temps, c’est ce qui m’aurait empêchée de devenir son disciple, son successeur : j’aurais toujours hésité à m’engager dans la voie dont il me fallait m’éloigner pour voir clair. »

François Guéry est normalien, agrégé de philosophie, et germaniste. Il a notamment publié Heidegger rediscuté (éditions Descartes et Cie, 1995), et La Politique de précaution (avec Corinne Lepage, PUF, 2001).

« Figures du féminin » de Catherine Chalier

9782721005441.jpgFigures du féminin
Catherine Chalier

Réédition augmentée.

Office 19/10/2006

L’œuvre de Levinas trouve son orientation par excellence dans la pensée de l’autre. Mais comment parler de l’autre puisqu’on risque aussitôt de l’enfermer dans un savoir qui le nie comme tel ? La seule parole légitime et vivante, parole qui veille sur l’altérité sans se l’approprier, ne serait-elle pas la réponse consentie à son appel ? Parole qui, sans énoncer un savoir, ouvre un espace de proximité entre l’un(e) et l’autre. Le philosophe ne s’en tient pourtant pas à cette sage et impossible réserve et, sous sa plume, les vocables de « femme », de « féminin », d’« aimée » ou encore de « maternité », au regard de ceux de « virilité » ou de « paternité » viennent à la fois donner à la différence sexuelle une réalité incontournable et faire entendre un discours sur l’autre féminin qui souffre questionnement. Ce livre interroge donc l’ensemble des métaphores et des figures du féminin dans la philosophie de Levinas en se demandant ce qu’elles font entendre des idées que le sujet masculin qui les énonce se fait des femmes. Ces idées transgressent-elles l’interdit de la thématisation de l’autre dans un sens qui, de fait, reconduit le privilège du masculin, privilège intime à la philosophie, surtout quand elle le méconnait ? Ou bien veillent-elles sur la trace d’une différence originaire qui, à temps et à contretemps, surprend la parole pour l’empêcher de succomber trop vite à la tentation de se faire concept affirmatif (le Dit) ?
L’essai préparé pour cette nouvelle édition, L’extase du temps, analyse comment, dans les premiers textes de Levinas, c’est la rencontre de la femme qui rend possible la sortie hors de la neutralité angoissante (l’il y a) et de la solitude. Eros, dit le philosophe, permet l’extase du temps et, par là, le pressentiment d’un espoir.

Catherine Chalier enseigne la philosophie à l’université de Paris-X-Nanterre. Elle a publié plusieurs ouvrages qui explorent le lien entre la philosophie et la source hébraïque de la pensée.