« Le Grand Théâtre de l’épidémie », pièce de Christophe Barbier (sur le Covid)

Cela fait deux fois en l’espace de 15 jours que je vois la pièce de théâtre de Christophe Barbier. Quand j’aime, je suis comme ça : excessive et monomaniaque.

Pourquoi « Le Grand Théâtre de l’épidémie »est-il devenu mon carburant, ma source d’énergie, mon précieux baume au cœur qui me fait oublier le péril non pas celui sanitaire lié au Covid, mais celui lié à la peur qui manipule allègrement les masses ? 

Parce qu’en cette époque terrifiante de morosité, sinistrose, naufrage dans la démence de tout un pays, où le port des masques nous empêche de respirer, nous avons plus que jamais besoin d’oxygène, de littérature et de rire. 

A chaque fois, la magie a opéré : j’ai été heureuse durant une heure quinze minutes (et par les temps qui courent…) emportée par l’admiration vive que je ressens pour ce texte brillantissime. Avec comme sommet de mon euphorie les imitations de Jérôme Salomon.

Le tour de force de Christophe Barbier

J’ai songé que Christophe Barbier avait réussi un sacré tour de force : ne nous leurrons pas, sa pièce parle de la mort qui rôde, uniquement de la mort provoquée par le Covid, de la menace qu’elle représente, du nombre de morts. Et paradoxalement, toute la salle rit aux éclats.

Comment ce phénomène peut-il être possible ? Parce que ce n’est pas de la mort que nous rions ; nous rions de la manière dont elle nous est présentée depuis plus de sept mois de psychose collective aberrante.

En dehors de quelques voix courageuses, qui osent recentrer le débat sur l’essence de la vie « Ma vie n’est rien. Ce qui compte, ce sont les raisons de ma vie. Je ne suis pas un chien. » (Albert Camus, L’Etat de Siège, cité par Christophe Barbier), dont la mort fait intrinsèquement partie, j’observe consternée, aussi impuissante que mes nombreux amis travaillant dans la restauration, les salles de sport ou le tourisme, le suicide de notre nation. C’est le caractère en apparence consenti par la majorité de ce suicide qui est le plus ahurissant. Dans ma rue, les commerces qui vivotaient n’ont jamais rouvert leurs portes après le confinement. Des restaurants qui avaient continué à fonctionner durant la Seconde Guerre mondiale ont été fermés cet été pour la première fois de leur histoire. Les médias égrenant chaque jour en boucle le nombre de morts supplémentaires terrorisent les plus faibles (du cerveau), les dissuadant de sortir de chez eux. Nous sommes en pleine Absurdie, c’est comme si l’on découvrait subitement que chaque jour a son lot de morts et qu’effectivement chaque jour qui passe, le bilan du nombre de morts en 2020 s’alourdit en France comme sur la planète. J’aimerais rappeler que c’est le cas depuis que la vie est apparue sur Terre et que chaque jour nous séparant de la fin du monde ce bilan du nombre de morts grossira.

Sauver des vies ?

Alors, on nous fait croire que nous « sauvons des vies »avec des mesures souvent stupides et contradictoires. Si nous les sauvions pour de vrai, tout ce cirque serait utile. Hélas, je voudrais rappeler que nous ne sauverons en définitive aucune vie, que chacun sera frappé par la mort. Que les plus âgés y passent en premier est dans l’ordre naturel des choses, de la vie, comme l’a rappelé André Comte-Sponville qui a su conserver sa liberté de penser. Ce qui semble extravagant, c’est qu’un philosophe ait besoin de rappeler que l’homme est mortel et que les plus âgés meurent généralement avant leur progéniture. André Comte-Sponville, lueur au milieu des ténèbres, trouve cela rassurant. Il a posé la question du sacrifice de toute une génération pour prolonger de seulement quelques jours ou quelques semaines les résidents des EHPAD. Il n’y apporte aucune réponse, et moi non plus, mais c’était déjà salutaire qu’il soulève ce dilemme. Quand on imagine les millions de morts économiques liés au Covid, on a le droit de la poser.

Une délirante dictature sanitaire et de graves anomalies

Dans son livre remarquable « Ce virus qui rend fou »Bernard-Henri Lévy déroule sa saine colère contre la « grand-peur » qui s’est abattue sur le monde, contre « notre ahurissante docilité à l’ordre sanitaire en marche », contre « le virus du virus » qui attaque ses chers principes, contre la soumission. Le Covid était responsable de 1% des morts de l’été, mais occupait 100% des news de BFMTV. C’était une anomalie, de même que le récent « pouvoir » des médecins sans cesse consultés à l’antenne est une anomalie : les médecins n’ont aucune légitimité démocratique, la santé n’est pas la valeur suprême d’un peuple civilisé et le politique ne devrait pas être subalterne au médical. Une décision politique (étymologiquement « l’organisation de la cité ») digne de ce nom doit être éclairée par tous les acteurs de la cité et arbitrer en connaissance de toutes les données. Or, nous avons l’impression que les politiques sont devenus les sous-fifres des médecins. Je n’ai jamais voté pour qu’on sauve ma peau à « n’importe quel prix » !

Christophe Barbier le fait prononcer par un comédien dans sa géniale pièce :« Nos raisons de vivre ! Tout ce qui ne mérite pas d’être aboli pour la seule volonté de survivre, de ne pas prendre de risque. Tout ce qui fait la différence entre un organisme vivant et un être humain. Dans chaque pièce de théâtre qui parle d’épidémie, la maladie recule quand les humains cessent de trembler, de fléchir, de craindre. Quand ils refusent de renoncer à l’humanité pour sauver leur peau. Parce qu’ils sont plus qu’une peau, une carapace. »

Durant le confinement, j’ai découvert l’existence d’André Choulika, autre trésor de réflexion, au milieu des zinzins. Il analyse : 

« La mort est toujours injuste. Brutale, comme un accident de la route, ou longue et pénible, comme un cancer. La mort nous révolte et nous fait peur. La révolte et la peur sont deux carburants puissants des médias et de la politique. Ce sont deux drogues dures, qui rendent accros avant même que nous nous en rendions compte. »

Le vrai scandale du Covid n’est pas qu’il tue ; c’est qu’il tue autant les riches que les pauvres.

Plus inquiétant que le seul effondrement français, une grande partie de la planète entière semble être contaminée par la folie : celle des privilégiés. 

Car pour ceux qui meurent de faim ou du Sida en Afrique, le Covid n’est qu’une infime cause de mortalité parmi tant d’autres. 

Dans nos pays, le confinement pénalise surtout les plus pauvres, ceux qui ont besoin de travailler pour gagner leur vie (pas les rentiers).

Qui sera assez honnête pour admettre qu’on nous a confinés parce que le Covid ne choisit pas ses victimes, que les riches en meurent autant que les pauvres ? Si le Covid n’avait tué que les pauvres, l’économie mondiale n’aurait jamais été stoppée. L’humanité n’a jamais appuyé sur le bouton « Stop » de l’activité mondiale pour chercher des solutions afin d’empêcher « à tout prix » (copyright Emmanuel Macron) les gens de mourir en Afrique. Au fond, le scandale de ce virus c’est qu’il tue ceux qui à force de tout posséder pensaient pouvoir aussi vaincre la mort.

Un refus des morts du Covid, prélude au refus des morts de la grippe ordinaire : une véritable révolution anthropologique. Positive ???

Maintenant qu’on a décidé de refuser les morts du Covid, il n’y a aucune raison pour accepter les morts de la grippe ordinaire (chaque année pourtant on en avait des milliers en France), maintenant c’est le masque pour tous et pour toujours. Principe de précaution oblige ! Risque zéro.

Car je ne vois pas pourquoi les morts de la grippe ordinaire (qui tue surtout les personnes âgées elle aussi) seraient plus tolérables que ceux du Covid.

Le raisonnement de ne lutter que contre le Covid ne tient pas la route. 

C’est la mort qu’on veut éradiquer.

Quoi de plus logique que de refuser la mort puisqu’à présent on refuse l’origine de la vie : un ovule avec un spermatozoïde. La remise en question de l’une a des répercussions sur l’autre. On refuse l’une et l’autre. Le parallèle me paraît évident.

Tous masqués pour toujours et vivants…

Mais pour quelle vie ??? « Le théâtre nous enseigne que la santé n’est pas au-dessus de tout, que la vie n’est pas la valeur suprême. C’est la leçon de Diego, dans L’Etat de sièged’Albert Camus. »

Allez voir la pièce de Christophe Barbier au théâtre de Philippe Tesson, 92 ans et même pas peur du Covid, juste de la bêtise humaine, qui vous accueillera avec son tendre regard bleu azur crépitant d’intelligence et de liberté.

Le Grand Théâtre de l’épidémie, théâtre de Poche Montparnasse, du mardi au samedi à 19h, le dimanche à 17h (75 boulevard du Montparnasse 75 006 Paris)