Interview de Léa Santamaria, libraire et membre du jury du Prix Cazes Brasserie Lipp

Littérature : le prestigieux Prix Cazes est décerné à Marie Charrel

Marie Charrel, lauréate du 87è Prix Cazes pour son roman « Les Mangeurs de nuit » aux éditions de l’Observatoire.

Le jeudi 6 avril 2023 aura lieu la remise du Prix Cazes, à la Brasserie Lipp, Boulevard Saint Germain, à Paris. Ce sera le 87e anniversaire de ce prix très prestigieux, fondé en 1935 par Marcelin Cazes. L’occasion d’interroger Léa Santamaria, membre du jury et libraire.

Marc Alpozzo : Quelle est l’originalité du Prix Cazes ?

Léa Santamaria : Le Prix Cazes a été créé en 1934 par le patron de la Brasserie Lipp, Marcelin Cazes. Il avait une clientèle intellectuelle, et il appréciait la littérature. Il s’est donc dit qu’il allait créer un prix littéraire qui allait sortir du lot, donc qui ne se baserait pas sur les auteurs qui paraissent en septembre comme tous les autres prix, il s’occuperait plutôt de la rentrée de janvier, et donc c’est devenu l’événement du prix de printemps à Saint Germain des Près. C’est aussi un des plus anciens prix de la place Saint Germain, il n’y avait pas encore le prix Flore, ni le prix des Deux Magots. Les trois premiers prix ont été décernés par un Jury anonyme, qui se réunissait toute la nuit précèdent l’arrivée du printemps, au premier étage de la brasserie, et qui débattait autour d’une table bien garnie, repas que l’on imagine bien arrosé.

Le Prix était annoncé le premier jour du printemps.

M. A. : Quel est le lauréat le plus prestigieux du prix Cazes ?

L. S. : Il est difficile de donner un seul nom tant la liste des lauréats est remarquable, mais on peut citer Joël Schmidt pour ‘’Lutèce’’, François Cavanna pour ‘’ Les Ritals’’ ou Françoise Hamel pour ‘’ Fille de France’’.

M. A. : Pourquoi ont-ils choisi une libraire ?

L. S. : Mohammed Aissaoui, qui fait partie du jury, souhaitait choisir une libraire en remplacement d’une personne qui n’était plus en état de venir aux réunions. Il pensait à une libraire car les libraires disait-il analysent vraiment tout. C’est alors que Nicolas d’Estienne d’Orves qui est mon ami pense à moi. En plus, habitant dans le quartier, ça leur a semblé logique de me choisir. En plus j’avais un lien avec l’actualité et les auteurs. J’ai donc fait un déjeuner avec les membres du jury et j’ai été cooptée en 2015.

M. A. : Comment ce jury est-il composé ?

L. S. : Il y a douze membres du jury. Nos deux derniers sont des lauréats du prix. Cependant, Carole Martinez n’a jamais eu le prix Cazes mais elle est rentrée comme auteur et amie. Pour intégrer le jury, il faut tout de même obtenir l’unanimité des membres.

Nous avons eu au sein du Jury des écrivains prestigieux, je pense à Georges Emmanuel Clancier, qui fut présent avec nous jusqu’à ses 102 ans, Solange Fasquelle qui avait obtenu le Prix en 1961et intégrée le Jury jusqu’à son décès en 2016, ou encore Olivier Séchan, lauréat en 1946.

M. A. : Comment se passe le choix des livres ?

L. S. : Ça se passe globalement plutôt bien. Il y a nettement moins de pressions qu’avec le Goncourt, certes chacun défend son avis, mais ça se passe dans la bonne humeur. Il faut dire qu’il y a plus de prix littéraires aujourd’hui en France que de marques de fromage par exemple. Et parfois, il me semble qu’il y a plus d’écrivains que de lecteurs. Donc, le fil conducteur de notre sélection, commence par un rendez-vous en décembre, avec assez peu de services de presse, avec des listes de parutions, ou des auteurs que l’on a envie de défendre. Puis de janvier à mars, nous nous retrouvons chaque mois, a la Brasserie, pour affiner notre sélection au cours de débats très animés, et toujours selon la tradition, autour d’un repas festif.

M. A. : Est-ce que vous primez des auteurs de petites maisons ?

L. S. : Oui, par exemple en 2015, on a remis le prix à Dominique Paravel pur ‘’Giratoire’’ qui sortait un livre chez Serge Safran. Tout le monde avait aimé le livre.

M. A. : Est-ce que le livre se vend encore ?

L. S. : Les livres de développement personnel font partie des grosses ventes, même si ça ne se passe pas chez moi, puisque je suis dans le 6e, un quartier assez littéraire, avec une clientèle exigeante. Moi, je vends encore bien. Mais il y a trop de livres, même pour nous, pour défricher. On a donc intérêt à vendre beaucoup de livres, mais c’est difficile. Moi, je suis obligée aujourd’hui de faire une partie de papeterie. Mais il y aura toujours des gens qui aimeront des livres. Il faut toutefois qu’ils aillent chez leur libraire et non sur Amazon.

Propos recueillis par Marc Alpozzo

Léa Santamaria, gérante de la librairie-Papeterie 18, rue Le Verrier 75006 Paris et membre du jury du Prix Cazes remis à la Brasserie Lipp 151 boulevard Saint-Germain 75 006 Paris.

Le 87ème lauréat : Marie Charrel, recevra son prix jeudi 6 avril 2023 pour son roman « Les Mangeurs de nuit » aux éditions de l’Observatoire.

Marie Charrel avec Les mangeurs de nuit de  (L’Observatoire) est la lauréate du 87ème Prix Cazes.

Marie Charrel avec Les mangeurs de nuit de  (L’Observatoire) est la lauréate du 87ème Prix Cazes.
Elle a été élue au premier tour.
Son Prix lui sera remis jeudi 6 avril 2023 à 12h15 à la Brasserie Lipp 151 boulevard Saint-Germain 75 006 Paris
(inscriptions au cocktail pour les journalistes par sms en précisant le nom du média et l’adresse postale pour recevoir le carton en papier obligatoire pour accéder au cocktail au 06 84 36 31 85.)
Contact Presse pour le Prix Cazes : guilaine_depis@yahoo.com 

Première sélection du 10 janvier 2023 – 87ème Prix Cazes Brasserie Lipp

PRIX CAZES – BRASSERIE LIPP
Première sélection du 10 janvier 2023
L’autre nom du bonheur était français – Shumona Sinha (Gallimard)
Mes fragiles – Jérôme Garcin (Gallimard)
Avalanche – Raphaël Haroche (Gallimard)
L’ancien calendrier d’un amour – Andreï Makine (Grasset)
Les ombres blanches – Dominique Fortier (Grasset)
Le bureau d’éclaircissement des destins – Gaëlle Nohant (Grasset)
Un vrai dépaysement – Clément Bénech (Flammarion)
Fille en colère sur un banc de pierre – Véronique Ovaldé (Flammarion)
Est-ce ainsi que les hommes vivent ? – Patrick Besson (Albin Michel)
Dossier Trocchi – Christophe Bourseiller (Table ronde)
Les mangeurs de nuit – Marie Charrel (L’Observatoire)
Une archive – Mathieu Lindon (P.O.L.)
Par la racine – Gérald Tenenbaum (Cohen&Cohen)
La Beauté du geste – Yves Bichet (Le Pommier)
L’Invention de l’histoire – Jean-Claude Lalumière (Le Rocher)
Staline a bu la mer – Fabien Vinçon (Anne Carrière)
Varlam – Michael Prazan (Rivages)
Ce prix, fondé par Marcellin CAZES, est d’un montant de 4 000 € ainsi que d’une table ouverte à la Brasserie LIPP de 800 €.
Il est attribué, au mois de novembre de chaque année, à un écrivain choisi par le jury composé de :
J U R Y
Léa SANTAMARIA
Gérard de CORTANZE
Mohammed AISSAOUI
Eric ROUSSEL
Joël SCHMIDT (Président)
Christine JORDIS
Nicolas d’ESTIENNE D’ORVES
Carole MARTINEZ
Mathilde BREZET
Gautier BATTISTELLA
Claude GUITTARD (Secrétaire Général)