Solution au niveau scolaire catastrophique : apprendre à lire avec Apili (Bretagne actuelle)

L’illettrisme est hélas ! toujours d’actualité en Bretagne. 125.000 à 200.000 personnes seraient concernées. Il n’est pourtant pas difficile d’apprendre à lire, quel que soit l’âge, à condition d’utiliser la bonne méthode.

L’âge moyen d’apprentissage de la lecture en Bretagne est de 5/6 ans. Pour autant, l’illettrisme ne s’améliore pas, dans la mesure où il reste stable, c’est à dire relatif à un échec scolaire manifestement difficile à endiguer. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce constat, dont celle d’un apprentissage trop fragile sujet à des méthodes inadaptées. Benjamin Stevens est orthophoniste, créateur et auteur de la méthode APILI, construite sur les fondamentaux syllabiques grâce auxquels nos parents et grands-parents ont appris à lire et à écrire avec la promptitude que l’on connaît.

Une douloureuse réalité sociale

Une personne illettrée ne maîtrise ni la lecture ni l’écriture, bien qu’elle ait été scolarisée ; on la distingue d’une personne analphabète n’ayant, elle, jamais appris à lire ni à écrire sa langue maternelle. Illettrisme et analphabétisme nomment donc la situation des ceux qui ne possèdent pas les compétences de base pour être autonomes dans les situations simples de la vie courante et, de fait, sont exposés à un risque d’exclusion sociale. Ces gens osent rarement évoquer leur méconnaissance, surtout en ce début de XXIe siècle où chacun est censé lire et écrire couramment pour avoir fréquenté l’école​. Une douloureuse réalité sociale, puisqu’environ 16% * des adultes âgés de 18 à 65 ans éprouvent des difficultés dans les domaines fondamentaux de l’écrit et de la lecture, entendu qu’une partie d’entre eux seulement a reçu un enseignement scolaire. Ceux qui n’ont jamais été scolarisées (il y en a) ou les immigrés dont la langue étrangère n’est pas le français, ne sont pas qualifiés d’illettrés, c’est alors que l’on parle d’analphabétisme. En conséquence, le taux d’illettrisme à proprement parler s’élève à 7% de la population.

Sempiternelle question de la meilleur méthode pour apprendre à lire

La première des méthodes d’apprentissage de la lecture et de l’écriture est aussi la plus connue parce que la plus ancienne et la plus utilisée, il s’agit de la méthode syllabique couramment appelée « b.a. – ba ». Elle consiste à identifier les lettres présentes dans un mot pour les associer en syllabes. L’élève commence par apprendre l’alphabet afin de regrouper chaque lettre avec une autre en formation de syllabes qu’il peut ensuite identifier dans des mots simple et courts, puis davantage complexes et longs au fil du temps. La seconde technique s’appelle la méthode globale. Le nom à lui seul suscite bien des polémiques. A l’inverse du concept syllabique, cette méthode intellectualise l’initiation en s’appuyant sur l’idée que l’élève perçoit d’abord ce qui lui fait sens : l’apprentissage des mots se fait par bloc sans passer celui des lettres ni des syllabes.

La méthode globale fut adoptée par certains enseignants « progressistes » des années 1970 avant d’être abandonnée au regard d’une inefficacité patente. Entre les deux, existe la méthode mixte actuellement utilisée,  sorte de combinaison plus ou moins hybride entre l’efficacité séculaire de la première et la vanité « révolutionnaire » de la seconde. Les enfants apprennent le « code alphabétique » (combinaison des lettres et des syllabes) pour déchiffrer les mots et lisent en parallèle des phrases et des petits textes afin d’en saisir le sens. L’ancien ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer – prédécesseur de Pap Ndiaye –, avait jeté un pavé dans la marre en préconisant que l’apprentissage de la lecture doit s’appuyer « sur une pédagogie explicite, de type syllabique, et non pas sur la méthode globale » dont il est désormais attesté qu’elle est moins efficiente.

Sur l’apprentissage de la lecture

La méthode syllabique APILI associe les sons aux gestes… Montre ton nez avec ton index et dit « n »…. Un pari surprenant, mais pas tant que cela, car il a été prouvé que la mnémotechnique par le geste fonctionne chez l’enfant comme chez l’adulte. L’intelligence implique une mémoire efficace, aussi bien pour apprendre à l’école que dans la vie de tous les jours. Benjamin Stevens a construit sa pédagogie sur un développement de l’attention et de la motivation par l’humour. Chaque lettre, chaque son, chaque mot, est envisagé comme étant un des neurones de la lecture, un peu comme chaque note et chaque accord forment les neurones élémentaires du solfège et de la musique.

Ainsi peut-on résumer la méthode APILI « comme celle qui apprend à lire pour écrire, en même temps qu’elle enseigne l’écriture pour mieux apprendre à lire ». Elle est, pour cette raison, complétée par un cahier d’écriture indispensable, dans la mesure où l’impasse sur la graphie manuscrite serait un non-sens pour toute personne apprenant à lire le français qui n’est pas une langue phonétique, c’est-à-dire qu’elle ne s’écrit pas comme elle se prononce, contrairement, par exemple, à l’italien. Ultime livre de cette triangularité éducative, un cahier de 24 textes humoristiques présentés selon un code couleurs explicite et progressif. Une méthode complète en trois parties utilisables comme « passeport » scolaire durant les vacances, et comme complément éducatif durant l’année scolaire. À la fois accessible aux enfants, aux parents, mais aussi aux adultes qui souhaitent apprendre à lire. Bref ! Intelligent. Efficace. Épatant. On espère la version bretonne le plus vite possible…

* Tous les chiffres de cet article sont ceux de l’Insee.

Romain d’H. LAND
© Août 2023 – Bretagne Actuelle

Méthode Apili  de Benjamin Stevens
Apprendre à lire grâce à l’humour aux éditions Liberté.

Méthode syllabique – 176 pages couleurs – 25,90 €
Cahier d’écriture – 80 pages couleurs – 15,90 €
Cahier de lecture – 60 pages couleurs – 16,90 €

Les émeutes de juin 203 – une solution : les méthodes effectuales de Quentin Tousart et Dominique Vian

Les émeutes récentes ont été d’une intensité inédite et ont stupéfié l’ensemble de la société. Loin d’être un phénomène isolé, ces rébellions urbaines sont le miroir d’une problématique complexe, alimentant des polarisations extrêmes. Les sentiments de peur et d’urgence poussent à des réactions impulsives, souvent dictées par un besoin instinctif de protection ou d’intérêt pour ceux qui les utilisent. Plus que jamais, le besoin d’analyse se fait sentir, pour éviter de céder à l’immédiateté et aux fausses solutions. Se restreindre aux causes ne suffit pas et la situation exige une mise en perspective systématique, afin de clarifier le tableau, d’apporter une certaine sagesse et, surtout, de redonner du champ aux possibilités inaperçues.

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Par Dominique Vian et Quentin Tousart Publié le 24 juillet 2023 à 16h33

Quatre modes de pensée face à une situation complexe

Notre cerveau oscille entre quatre modes de résolution de problèmes, pas toujours adaptés :

Causalité : Il est tentant d’attribuer ces émeutes à l’échec des politiques de la ville, à l’abandon des banlieues. Cette approche permet de comprendre certains facteurs déclenchants.

Effectuation : Cette approche cherche à comprendre les effets produits par les émeutes. Par exemple, elles peuvent engendrer de la xénophobie, un repli sur sa communauté, une compétition médiatisée entre quartiers, une récupération politique par des partis extrémistes, ou encore un renforcement du sentiment d’insécurité avec la recherche d’un « sauveur ».

Similitude : Les émeutes actuelles peuvent rappeler celles de 2005, et pousser à reproduire les mêmes solutions, comme la réforme de la formation des forces de l’ordre pour faire face aux violences urbaines.

Appartenance : Enfin, la situation peut être analysée à travers différents ensembles concentriques, comme le maintien de l’ordre dans les banlieues ou la violence des mineurs déscolarisés de ces mêmes banlieues. Cette approche peut aider à cibler les interventions.

Avantages et inconvénients des quatre modes d’associations

Chaque mode de pensée a ses avantages et inconvénients :

Causalité : Cette approche offre une compréhension des événements, mais les causes se situent dans le passé, ce qui fait que les solutions peuvent être difficiles à mettre en œuvre. Par exemple, le manque de citoyenneté de certains quartiers ne date pas d’hier et il faut du temps pour éduquer une population.  De plus, les causes sont souvent imbriquées et difficilement dissociables, au risque de rendre l’action partielle voire anecdotique.

Similitude : Si elle permet de capitaliser sur des solutions ayant fait leurs preuves, elle n’est pas toujours adaptée aux nouveaux contextes. Les lois et règles de maintien de l’ordre ont évolué depuis 2005, notamment avec la loi  de 2017 sur l’usage des armes par les forces de l’ordre. Toute différence du contexte historique peut rendre certaines stratégies obsolètes.

Effectuation : Cette méthode se concentre sur les conséquences immédiates de la situation. Elle offre ainsi des points d’intervention directs au présent sans une débauche de moyens pour changer le passé. Bien que très efficace, ce mode de raisonnement peut laisser penser de ne traiter que les symptômes.

Appartenance : Si elle permet d’adapter la taille du problème en l’analysant par ensemble ou sous-ensemble, elle peut aussi mener à une vision fragmentée, ne traitant qu’une partie du problème et négligeant les interactions entre ces sous-ensembles.

Face à une situation aussi complexe que les émeutes urbaines, la mise en perspective à travers quatre angles de vue devient essentielle. Elle offre une meilleure capacité d’analyse du problème et permet de comparer des solutions. Elle favorise une prise de recul salutaire et permet d’entrevoir des solutions qui auraient pu rester invisibles.

En situation complexe et incertaine, penser selon la logique effectuale s’avère très efficace. En retenant un des effets directs de la situation qui est le développement d’une compétition entre les quartiers via les réseaux sociaux, on pourrait ainsi imaginer organiser un concours entre banlieues lancé par une figure d’autorité comme Mbappé, impliquant les parents dans des actions produisant des bénéfices collectifs. Ces actions, en agissant directement grâce aux effets générés par la situation, pourraient contribuer à apaiser les tensions, favoriser l’entraide et recréer du lien social.

Finalement, loin de céder à l’immédiateté et à l’impulsivité, prenons le temps de l’analyse. En travaillant selon quatre choix de résolution de problème, apprenons que ces événements peuvent être des opportunités pour bâtir des solutions pérennes originales et justes pour notre société.

Dominique Vian et Quentin Tousart, auteurs de « Partir de soi pour changer le monde à son échelle avec les méthodes effectuales »

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Dominique Vian et Quentin Tousart, auteurs de « Effectual impact, Partir de soi pour changer le monde »

Dominique Vian, professeur associé en cognition entrepreneuriale à SKEMA Business School. Docteur en sciences de gestion de Telecom ParisTech, Dominique Vian est l’auteur de six méthodes effectuales déjà utilisées dans une soixantaine d’incubateurs, pépinières, technopoles, mais aussi par des consultants en stratégie d’entreprise, des directions générales et d’innovation (notamment ISMA360, qui permet de choisir rationnellement un marché accessible pour une invention, et FOCAL, qui permet d’envisager des actions originales et pertinentes).

Quentin Tousart, entrepreneur passionné dans l’innovation numérique – Quentin Tousart a créé à l’âge de 22 ans, la startup e-commerce Webdistrib qu’il a pu revendre prospère en 2006. Avec un esprit créatif et novateur, il a alors créé Webpulser, une agence e-commerce qui connaît également un joli succèsSes valeurs principales sont la coopération, l’espoir et la liberté. 

Un bon article sur « Ondes et énergies cérébrales dans la physique quantique » de Thierry Paul Millemannn

Thierry Paul Millemann, Ondes et énergies cérébrales dans la physique quantique

A tous ceux qui se passionnent pour la survie de l’âme et l’immortalité, ce livre tout récent apporte des éléments de réflexion. La physique quantique révolutionne les façons de penser et l’auteur, docteur ès sciences bien qu’ayant œuvré dans l’économie comme consultant – adepte de parascience.net et parfois complotiste -, sait en donner les perspectives dans une langue accessible à tous. C’est bien différent de ce qu’écrivait l’abbé Moreux, prêtre astronome et vulgarisateur scientifique en 1913 dans Que deviendrons-nous après la mort ?

Selon Millemann, notre « vraie vie » serait intrinsèque, matérielle et corporelle, composée de particules élémentaires immatérielles et intemporelles faite d’ondes et d’énergies instables. Nous serions donc en quelque sorte « immortels ». Quant à « Dieu », pas de problème, il existe comme un fait scientifique puisqu’il se confond avec « l’infini ». Il a même une expression mathématique, révélée p.187. Donc il n’a pas d’importance puisqu’il est « tout ». Creusons un peu.

« Les mathématiques démontrent bien l’existence d’un seul infini positif qui peut être aussi la notion de ‘Dieu’ pour l’éternité, que notre univers soit fini ou pas, que son expansion soit infinie ou pas, temporelle ou pas. Et si cet infini est forcément intemporel, l’homme en son sein serait alors également intemporel dans son immatérialité, et donc bien immortel » p.26. Cela ressemble fort à un syllogisme. L’explication ? En bas de la même page : « La mort ne serait en fait que le passage de la vie de son support matériel, le corps et plus particulièrement les neurones, dans un espace fini, à son état immatériel d’énergie ondulatoire, sa vraie ‘vie intrinsèque’ dans un espace infini » – dont l’équation mathématique est donnée p.290. La pensée s’accumulerait « dans une concentration d’ondes non régies par les particules, donc la matière » p.55. Tout est dit – mais ce ne sont qu’hypothèses.

Le terme de « scientifique » ne doit pas nous en faire accroire, « la science » n’est que l’accumulation des savoirs empiriques, validés par des théories qui expliquent les hypothèses via la méthode scientifique qui teste par essais et erreurs. Ce qui est validé l’est provisoirement, jusqu’à ce qu’une nouvelle découverte amène de nouvelles hypothèses, suscitant de nouvelles théories. Celle de M. Millemann n’est qu’une parmi d’autres, même si elle renouvelle le sujet au vu des connaissances actuelles. Mais la physique quantique (selon laquelle la matière est onde et corpuscule à la fois) n’est pas l’alpha et l’oméga de la physique. Elle complète et submerge la physique classique mais elle n’est pas encore la théorie qui inclut les quatre forces fondamentales (gravitation, électromagnétisme, interaction nucléaire forte, interaction nucléaire faible). La théorie des cordes qui a l’ambition d’unifier séduit l’auteur – mais elle n’est elle aussi qu’une théorie, pas encore démontrée.

Reste quand même une interrogation majeure : si toutes les ondes restent connectées ensemble, nous rendant « immortels », qu’est-ce donc que le « je » sinon un agrégat de forces éphémères qui disparaîtra avec la « mort » du sujet ? Mais si le « je » est « immortel », comment est-il advenu un jour et que devient-il après ? La réponse de la page 219 ne consiste qu’à dire que c’est « un paradoxe » – autrement dit il faut y croire, comme le vrai corps du Christ dans l’hostie… Y aurait-il donc un conscient matériel composé de corpuscules vibratoires durant la vie et un inconscient immatériel ondulatoire « par effet de miroir » infini ?

La logique n’est pas la vérité, ni le « scientifique » un Savoir dévoilé. La connaissance scientifique se construit pas à pas, avec des reculs et des impasses et nous sommes loin, nous humains, de penser universel. Même les mathématiques, qui semblent si bien décrire l’univers, ne sont que notre forme humaine de penser un univers humain, selon notre construction du cerveau humain. « L’infini » n’est lui-même qu’une hypothèse, une projection ultime des « toutes choses égales par ailleurs » dont la finance par exemple a fait ses choux gras pour « évaluer » les entreprises qui, elles, sont mortelles, avec les effets de spéculation qu’on sait…

Le livre s’enrichit d’une revue rapide des mythologies et religions, du matérialisme, de l’utopie de l’immortalité biologique – mais en quelques pages du début, tout est au fond dit. Jean d’Ormesson avait apprécié en son temps l’hypothèse et le Professeur François Gros, ancien Secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences a apporté son soutien, tout comme Georges Courtès, astrophysicien honoraire de l’Observatoire de Marseille. Mais que chacun pense par soi-même et use de son esprit critique.

Thierry Paul MillemannOndes et énergies cérébrales dans la physique quantique – L’immortalité dans un monde parallèle, mais bien réel, 2023, Vérone éditions, 305 pages, €21,50 e-book Kindle €13,99

Attachée de presse BALUSTRADE : Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com

Documentaire sur le Marché de la poésie à Paris, 2023 Par Rocío Durán-Barba (sur Souffle inédit)

Documentaire sur le Marché de la poésie à Paris, 2023

Documentaire sur le Marché de la poésie à Paris, 2023 Par RocíoDurán-Barba

Le Marché de la poésie à Paris a fêté Place Saint-Sulpice sa 40e année d’existence. 40 ans qui ont permis d’animer l’univers de la poésie. L’univers des retrouvailles des âmes. Univers à part entière.

Près de 500 éditeurs et revues de poésie, de création littéraire, provenant de France, de pays européens, de pays francophones et d’autres continents se sont rassemblés Place Saint-Sulpice. Ils y ont déclenché une fête ornée de livres à l’infini, derencontres et de signatures, d’événements poétiques, théâtraux ou festifs.

Ainsi, la poésie s’est bercée une fois encore à l’ombre de l’église Saint-Sulpice. Bercée sous l’écho des cloches vétustes. Omniprésentes. Inépuisables. Alertes à l’heure des lectures qui se sont élevées imprégnées de magie.

Des poèmes, des pensées, des mots ont volé-virevolté pournous permettre de respirer la vie. De dévisager d’où nous venons. D’imaginer où nous allons sur les routes du monde.

Documentaire réalisé par RocíoDurán-Barba

Rocío Durán-Barba

Poésie

Actualitté croit en « Vents contraires » de Jean-François Kochanski

Dans les méandres de la mentalité nipponne avec l’aviateur Ryo Kurusu

Méconnue en Occident, l’histoire de Ryo Kurusu (1919-1945) mort au combat uniforme japonais, a fait l’objet d’un livre au pays du Soleil levant. Ancien gestionnaire financier ayant parcouru les cinq continents, Jean-François Kochanski a décidé d’en parler à travers un livre particulièrement bien documenté, ouvrage passionné et sincère, hélas entaché par certaines maladresses. Par Étienne Ruhaud.

Construit au siècle dernier pour rendre hommage aux soldats tombés au combat, le sanctuaire tokyoïte Yasukuni fait l’objet de nombreuses polémiques en Asie, notamment de la part des pays ayant été occupés par le Japon. Jean-François Kochanski y a, quant à lui, connu une véritable révélation. Intrigué par le portrait d’un jeune militaire à l’allure européenne, l’homme a décidé d’en savoir davantage, jusqu’à s’installer sur place.

Né à Chicago, fils d’un ambassadeur nippon et d’une Américaine, Ryo— (Norman) Kurusu arrive au Japon à l’âge de huit ans, avec ses sœurs. L’adaptation n’est pas simple pour le jeune métis, tiraillé entre deux cultures, peu ou prou rejetées par certains camarades du fait de sa différence, et ce dans un pays hypernationaliste. « Les traits de mon visage me représentaient en intrus » (p. 51), constate l’écolier désabusé. Naturellement doué en anglais, aidé par un professeur d’origine alsacienne, le jeune yosomono (soit « étranger », ou « bâtard ») trouve peu ou prou sa place, néanmoins, alors même que les tensions montent dramatiquement entre Tokyo et Washington.

De son côté, son père, muté à Berlin, tente de maintenir coûte que coûte la paix (ce qui lui vaudra d’être amnistié par les Américains, après la défaite du Japon). Et c’est finalement contre l’avis de ce même père, mais avec l’aval de sa mère, que Ryo décide de s’engager pour l’Empereur, et non pour les États-Unis, en tant qu’élève-pilote. En butte à l’hostilité des instructeurs comme de ses condisciples, mais fort en sport (notamment à l’art martial du kendo), Ryo devient finalement le seul officier métis de l’armée, mais périt accidentellement, la tête tranchée par l’hélice de son propre avion, à vingt-quatre ans seulement. Il est encore aujourd’hui considéré comme un héros.

On ne peut qu’être frappé par l’exactitude du livre. S’appuyant sur des documents d’archives (dont certains confiés par la famille Kurusu), Jean-François Kochanski a reproduit des lettres intimes, des poèmes, des papiers officiels. Le dernier chapitre est ainsi purement documentaire, puisque l’auteur évoque les différentes hypothèses touchant la disparition de Ryo. De plus, tout est précisément daté, qu’il s’agisse des batailles ou des revers diplomatiques essuyés par les belligérants. À cela s’ajoute la dimension ethnologique même de l’ouvrage : Jean-François Kochanski nous emmène dans les méandres de la mentalité nippone, pour beaucoup opposée à la vision occidentale, en rivalité constante.

À la société traditionnelle japonaise quelque peu figée, dans laquelle l’individu s’efface au profit de la communauté holistique, répond l’individualisme américain, où la vie semble avant tout précieuse, comme en témoigne la présence de protections métalliques, sur les cockpits d’avion. De plus, Jean-François Kochanski n’hésite pas à employer des termes locaux, à expliquer certaines coutumes festives, nous plongeant dans le pays, l’époque.

Un roman psychologique et intimiste

Vents contraires ne constitue pour autant pas un essai historique froid et purement factuel. Si on excepte les derniers chapitres, le livre est tout entier écrit à la première personne. Nous explorons donc pleinement la psyché de Ryo, partageons ses angoisses, son sentiment de déracinement et ce permanent tiraillement, malaise identitaire. Métis américain dans une contrée fondamentalement américanophobe, le jeune homme est obsédé par ses contradictions, interrogeant ses propres parents, qui ont voulu faire de lui un Japonais.

Tantôt considéré comme un métèque, un faux national, tantôt parfaitement inclus (du moins en apparence), Ryo reste déboussolé, avant d’effectuer le choix radical cité plus haut : « j’étais pleinement japonais et ce pays était le mien » finit-il ainsi par dire (p. 171). Le titre du livre semble programmatique : emporté par des « vents contraires », l’officier Ryo éprouve bien des difficultés pour se poser. Représentant un avion sur fond de drapeau nippon ET américain, la couverture fait également sens : Ryo demeure à jamais un Asiatique enfermé dans un corps occidental, un mélange.

Il s’agit aussi d’un roman familial. Nous suivons le parcours du père, pacifiste contrarié, ainsi que celui de la mère, très durement affectée par la mort d’un fils aimé, et enfin celui des filles, sœurs de Ryo malmenée par l’Histoire, élevées dans un Japon en guerre, en proie aux restrictions, aux destructions. Usant d’un style sobre, parfois un peu scolaire, Jean-François Kochanski sait aussi se montrer lyrique, notamment lorsqu’il évoque les bombardements : « Tokyo couvert de bombes révélait la face difforme d’un être meurtri » (p. 161). Attaché à son pays d’adoption, tout en restant critique, Jean-François Kochanski paraît déplore ce conflit, cette incompréhension entre culture européenne et orientale, menant au pire.

Un problème d’édition…

Roman classique, sans surprise sur le plan stylistique ou narratif, roman sincère, Vents contraires est essentiellement desservi par un manque flagrant de relecture. D’énormes coquilles entachent le récit à chaque page, sinon à chaque ligne. À cela s’additionnent de nombreuses répétitions, qui rendent la lecture souvent laborieuse.

On déplore également l’utilisation d’une typographie peu adaptée, de caractères assez petits. En définitive, on sent que l’éditeur n’a pas réellement effectué le nécessaire travail de correction, et on le regrette, en attendant (qui sait ?), un second tirage dûment présenté… À l’heure où le Japon semble à la mode, le livre pourrait rencontrer un vrai succès.

La revue Souffle inédit met à l’honneur les 40 ans du Marché de la Poésie

POÉSIE

Yves Boudier et Vincent Gimeno-Pons, invités de Souffle inédit

Entretien avec Yves Boudier, Président du Marché de la Poésie et Vincent Gimeno-Pons, délégué général du Marché de la Poésie

Par Sabine Nogard

Y.Boudier et V. Gimeno-Pons invités de Souffle inédit

Yves Boudier et Vincent Gimeno-Pons, invités de Souffle inédit
De gauche à droite : Olivier Chaudenson, directeur de la Maison de la Poésie, Guilaine Depis attachée de presse du Marché Yves Boudier, Président du Marché de la Poésie, Vincent Gimeno-Pons, Délégué général du Marché de la Poésie Christophe Hardy, administrateur de la Société des Gens de Lettres, institution littéraire née en 1838 sous Balzac et Hugo

Sabine Nogard : La singularité de votre événement culturel est de proposer un large éventail de poètes contemporains qui déclament leurs créations littéraires devant un public à la fois disparate et fidèle. En 40 ans de Marché de la Poésie, diriez-vous que vous avez contribué à rendre la poésie plus vivante ?

Y.Boudier et V. Gimeno-Pons : Nous ne sommes qu’une vitrine. La vitalité de la poésie ne dépend pas de nous, mais de ses « acteurs » (poètes, éditeurs et revues) et des lieux qui l’animent.

Yves Boudier et Vincent Gimeno-Pons invités de Souffle inédit
Vincent Gimeno-Pons et Guilaine Depis

Sabine Nogard : Les éditeurs en France sont souvent frileux pour publier de la poésie, réputée pour moins se vendre que les romans. Cette réputation est-elle fausse ? Les lecteurs de poèmes sont-ils les mêmes que ceux des romans ? Les deux genres peuvent-ils s’entremêler ?

Y.Boudier et V. Gimeno-Pons : Ce sont plutôt les éditeurs classiques et pour la plupart les « grosses » maisons qui ne souhaitent pas prendre de risque. Tous les éditeurs avec qui nous travaillons pour ce Marché ne se posent pas même la question. Pour ce qui concerne le public, il faut, bien sûr, être lecteur avant toute chose. Il y a des lecteurs qui mêlent toutes formes de lectures mais, effectivement, l’on peut considérer qu’il y a un lectorat très spécifique pour la poésie, d’autant lorsqu’elle est contemporaine.

Yves Boudier et Vincent Gimeno-Pons invités de Souffle inédit
La grande-duchesse María Teresa de Luxembourg et Guilaine Depis

Sabine Nogard : Votre public rassemble un peu tous les âges, diriez-vous que l’amour de la poésie peut s’apprendre au fil des années ? Qu’écrire de la poésie est un talent inné, ou bien un travail acharné ? Un mixte des deux ?

Y.Boudier et V. Gimeno-Pons : Parlons plus de passion que d’amour, et l’on apprend à aimer la poésie au gré des lectures. Écrire, c’est encore autre chose – on peut être lecteur sans avoir forcément envie d’en écrire. En revanche, pour écrire, il faut impérativement lire et ses contemporains, et ses aînés.

Sabine Nogard : Est-il nécessaire d’avoir beaucoup lu les poètes classiques pour écrire sa propre poésie ? Vos états généraux permanents, cette année consacrés au son du poème, ont-ils mis en exergue des constantes du poème malgré ses évolutions ?

Y.Boudier et V. Gimeno-Pons : Comme dans tous les arts, la poésie a son histoire. On ne peut lire les contemporains en ignorant les classiques, et inversement.

Le poème a son rythme, son phrasé, et même s’il évolue, il n’en demeure pas moins qu’une langue est une langue dont la poésie est l’essence.

Yves Boudier et Vincent Gimeno-Pons invités de Souffle inédit
Christine Fizscher poète et Guilaine Depis

Sabine Nogard : Ce 40e anniversaire est marqué par la poésie caribéenne et quelques polémiques autour de la présidence d’honneur annulée. Sur quels critères aviez-vous initialement choisi Nancy Morejon ? Est-il bien raisonnable d’avoir cédé à des pressions politiques, c’est-à-dire de laisser la politique se mêler de la création poétique, d’exercer une emprise sur elle ?

Y.Boudier et V. Gimeno-Pons : Notre objectif état de faire le tour du monde, nous devions un jour ou l’autre passer par les Caraïbes, donc pourquoi pas cette année.

Quant à « l’affaire Morejón », être président.e d’honneur  du Marché de la Poésie est d’une haute exigence. Les droits humains sont notre impératif absolu. Il se trouve que, quelques jours avant le Marché, nous avons appris qu’en 2003, elle avait approuvé, ouvertement avec d’autres intellectuels, l’exécution de 3 dissidents qui avaient détourné un ferry pour tenter de quitter Cuba. Contrairement à ceux qui ont pris sa défense, on ne peut pas être contre la peine de mort en certains cas et pour dans d’autres. Ce n’est nullement un fondement politique. Nous n’avons jamais désapprouvé sa poésie, au contraire. Mais pour ce qui concerne la présidence d’honneur, il faut être d’une humanité à toute épreuve.

Sabine Nogard : Citez-nous vos poètes caribéens préférés et les invités majeurs de l’édition 2023.

Y.Boudier et V. Gimeno-Pons : Même si, géographiquement, les Antilles françaises ne rentrent pas dans le cadre de l’invitation 2023, citons avant tout Aimé Césaire, qui fut sans doute l’un de plus grands. Il y a aussi Édouard Glissant, Frankétienne, René Depestre (tous deux encore vivants mais trop âgés désormais pour ces voyages). Sans oublier les générations plus jeunes : James Noël, entre autres.

Sabine Nogard : Dans le passé, quels ont été vos plus forts souvenirs du Marché de la Poésie ?

Y.Boudier et V. Gimeno-Pons : Il y en a des tas, difficiles de faire un tri. Peut-être le plus fort, c’est le poète André Laude qui a attendu le Marché de la Poésie, auquel il venait tous les ans, pour mourir, en nous laissant ces mots : « je sais que tous mes amis sont présents pour le Marché, alors je peux partir ».

Yves Boudier et Vincent Gimeno-Pons invités de Souffle inédit
Guilaine Depis et l’écrivain Eugène Durif

Sabine Nogard : Pouvez-vous nous dérouler toutes les singularités rendant cet événement si populaire ?

Y.Boudier et V. Gimeno-Pons : C’est un événement d’une magie et d’une humanité qui dépassent tous fondements. Notre seule force, c’est de pouvoir réunir en un même lieu toutes ces chapelles, tous ces courants ; sans doute le seul (ou quasi) endroit qui leur permet d’échanger.

Sabine Nogard : Les états généraux permanents sont-ils une de vos plus grandes fiertés ? Inspirent-ils les poètes ?

Y.Boudier et V. Gimeno-Pons : Ces États généraux, pas seulement pour les poètes, sont des moments de réflexion dont la poésie et ses acteurs ont besoin. Il faut savoir se poser, réfléchir et regarder le champ de travail qui nous concerne. Ce devrait être le cas dans tous les domaines, pas seulement dans l’art.

Sabine Nogard : Quel avenir pour le Marché de la Poésie : à l’inverse d’autres salons, vous avez avec panache refusé de vous digitaliser entièrement durant la covid, est-ce que la poésie a besoin de présence en chair et en os, parce que le supplément d’émotion apporté par la voix, les parfums, les sourires des poètes perdrait en intensité à travers un écran ?

Y.Boudier et V. Gimeno-Pons : Avant tout, les éditeurs que nous défendons ne font pas (ou très peu) de livres numériques, difficile dans ces conditions de digitaliser leur travail. Ce sont, pour la plupart, des artisans et le travail sur le contenant compte quasi tout autant que sur le contenu.

Quant à l’avenir, nous allons déployer, avec des acteurs locaux, d’autres Marchés en Régions à d’autres moments de l’année, pour que le travail des éditeurs soit en visibilité quasi permanente.

Sabine Nogard : Pensez-vous que le Marché de la Poésie pourra fêter son 1007e anniversaire dans les mêmes conditions Place Saint-Sulpice ?

Y.Boudier et V. Gimeno-Pons : Il faudra rencontrer ceux qui vont reprendre le flambeau, et c’est ce qui est le plus difficile à trouver : nos moyens financiers actuels ne nous permettraient pas de pouvoir recruter quelqu’un.e pour le/la former à la « succession ».

Sabine Nogard : Avec votre périphérie, chaque année vous voyagez beaucoup, les problématiques liées à la diffusion de la poésie sont-elles les mêmes dans tous les pays ?

Y.Boudier et V. Gimeno-Pons : Nous sillonnons surtout la France, en tentant d’établir un maillage, même s’il est ponctuel.

Quant aux autres pays, difficile de vous dire, tant les situations sont totalement différentes selon le cas de figure. Donc pas de généralité possible de ce point de vue.

Sabine Nogard : Diriez-vous que la poésie est un langage universel qui devrait jouer un rôle plus important dans nos sociétés multiculturelles pour rapprocher les peuples avec l’essentiel qui les unit.

Y.Boudier et V. Gimeno-Pons : La poésie, c’est l’essence de la langue et un art à part qui ne rentre pas, contrairement à ce que certains voudraient, dans le champ de la littérature. Chaque mot du poème est un choix radical de son auteur. Et c’est aussi pourquoi, quel que soit le pays, on retient plus facilement un poème qu’un fragment de roman, par exemple.

Sabine Nogard : Ecrire un poème, c’est se rendre éternel ? Y a-t-il le désir de laisser son empreinte durable ou est-ce juste pour communiquer avec ses contemporains.

Y.Boudier et V. Gimeno-Pons : Non, écrire un poème c’est s’engager totalement. On ne triche pas avec le poème, alors que dans un récit, on peut se noyer dans certains passages. Quant à l’éternel, parlons plutôt de postérité à laquelle aspire le poème (et non pas le poète).

Sabine Nogard : Les maisons d’édition tirent-elles des enseignements du bilan de vos états généraux ? Orientent-ils leurs choix ?

Y.Boudier et V. Gimeno-Pons : Il ne s’agit nullement pour nous de guider les esprits, mais plutôt de permettre une réflexion dont chacun.e tire ou non quelque(s) piste(s). Nous n’avons aucune autre prétention.

Yves Boudier et Vincent Gimeno-Pons invités de Souffle inédit
Charles Gonzales comédien lecteur de POESIE et Guilaine Depis

Sabine Nogard : Combien de poètes seront-ils présents en chair et en os place Saint-Sulpice et dans la périphérie dans l’édition 2023 ? Quel est le pourcentage de « nouveaux », qui font pour la première fois leur apparition dans vos programmes ?

Y.Boudier et V. Gimeno-Pons : Dans notre programmation totale, près de 180. Sur la place Saint-Sulpice, ils sont sans nul doute un bon millier.

Les « émergents », voulez-vous dire. Prenons l’exemple des Caraïbes, cette année, la délégation de 10 poètes était exclusivement composée de jeunes poètes (moins de 35 ans). Pour les autres, disons qu’environ 30% de nos intervenant.es sont des « poètes en devenir ».

Sabine Nogard : Les petits éditeurs comptent particulièrement sur vous, sur quels critères construisez-vous votre programme en en mettant certains sous les feux des projecteurs ?

Y.Boudier et V. Gimeno-Pons : Eh bien justement, nous comptons également beaucoup sur eux (maisons d’édition et revues) pour découvrir des textes et des autrices/auteurs. Et c’est le cas pour chacun des événements que nous construisons : nous les réalisons à partir soit de nos lectures propres, soit de rencontres avec des poètes (ou avec des lieux également), soit dans la production éditoriale que nous recevons au bureau.

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Guilaine Depis 

Poésie

Bretagne actuelle célèbre « Le Manoir de Kerbroc’h » de Léo Koesten

Bretagne actuelle célèbre « Le Manoir de Kerbroc’h » de Léo Koesten

Le manoir de Kerbroc’h, un roman de Léo Koesten Note : 3 sur 5HermineHermineHermine

Le manoir de Kerbroc’h prend racine au cœur des terres bretonnes. Léo Koesten nous livre une histoire familiale où drames et déchirures bouleversent des gens qui ne parviennent pas à s’aimer comme il le faudrait, c’est à dire au moins pire du meilleur.

Le plus difficile à l’évocation d’un livre est de ne rien dévoiler de son intrigue tout en motivant les éventuels lecteurs à la découvrir. Le manoir de Kerbroc’h est un roman d’ambiance et d’atmosphères autour de personnages environnés de moult secrets domestiques. La passion tournoie au souffle du vent breton en dissipant les brumes conjugales avant qu’elles ne s’agglutinent un peu plus loin.

L’art de savoir dire les choses

Ce texte, élégamment écrit, offre l’originalité d’une vision contemporaine de la Bretagne à travers la vie complexe d’Éloïse de Kerambrun, femme amoureuse perdue dans la naïveté des sentiments, qu’explore le narrateur comme un regard neuf et pénétrant sur le monde. Évidence discrète et spontanée de ce que peut-être une vie… Le lecteur est confronté à la verve… Au brillant… Mais aussi à certaines allégresses de style nourries par la puissance évocatrice du dessein général… Léo Koesten écrit comme l’on raconte, ou plutôt comme l’on écoute un feuilleton radiophonique : il a l’art de savoir dire les choses avec la fluidité d’un style de belle coulée ; d’autant que l’histoire évite le pire des affaires de famille : ici, le sentiment ne tourne jamais au sentimentalisme.

Le manoir de Kerbroc’h ne dissimule aucune vérité des vicissitudes conjugales. Elles nous concernent tous et nous frappent au cœur. Violemment. Passionnément. Tout à coup l’on s’interroge de savoir qui est vraiment celui que l’on aime et dans les yeux duquel on croit lire la bonté, l’amitié, l’amour. D’étranges intuitions nous font douter de ce mariage dont les preuves attestent qu’il s’étiole de jour en jour. Le suspens s’installe. Il prend forme au sein du manoir, belle et sombre demeure bretonne appartenant aux beaux-parents d’Éloïse, hostiles à leur bru ; Leo Koesten propose une intrigue étonnante à la mesure de son sujet. On le connaissait pour ses documentaires historiques, il atteint ici la plénitude d’une écriture simple mais efficace.

L’humeur de l’âme bretonne

Pour comprendre les évocations de l’auteur, il faut avant tout envisager la mystérieuse âme bretonne. Difficile de faire tenir dans des formules rigides un phénomène aussi subtile, aussi complexe que l’esprit d’un peuple. Pour autant, il existe une spécificité bretonne, non seulement en hérédité de la Bretagne bretonnante d’hier, mais aussi et surtout à travers la grande originalité des Bretons : ils ont la psychologie des solitaires, des isolés, trop longtemps replier sur eux-mêmes. L’âme bretonne est au reste en lutte constante avec une nature et des éléments âpres, en particulier la mer et le vent qui, patronnesse pour l’une et rude pour le second, font triompher la légendaire ténacité péninsulaire. Sans oublier le climat : capricieux. Le ciel : pernicieux. Les Bretons sont en quelque sorte comme leur pays, à l’étrave du navire, soumis au suroît qui détraque les nerfs, au crachin qui glace, et aux embruns qui masquent les larmes. Est-il étonnant que leur humeur soit changeante ?

L’île engloutie du plaisir de lire

Voilà aussi ce que raconte Léo Koesten en filagramme. Car la Bretagne est la grande héroïne de cette intrigue qui mérite de très nombreux lecteurs, précisément parce qu’elle touche le cœur sans nulle facilité. Rares sont aujourd’hui les romanciers ne considérant pas comme une faiblesse de voir leur plume courir plus vite que l’imagination. Embarquons-nous à la suite du Manoir de Kerbroc’h. La croisière bretonne de son auteur n’a qu’une destination : l’île trop lointaine que l’on croyait plus engloutie que l’Atlantide où se réfugie le plaisir de lire.

Jérôme Enez-Vriad
© Juillet 2023 – Bretagne Actuelle & J.E.-V. Publishing

Le manoir de Kerbroc’h, un roman de Léo Koesten aux éditions Baudelaire – 243 pages – 19,00€

« Effectual Impact « Partir de soi pour changer le monde » de Dominique Vian et Quentin Tousart

Pour télécharger la version PDF de l’argumentaire, merci de cliquer ICI

La Balustrade de Guilaine Depis vous propose pour la période juin 2023 à janvier 2024 : 
 
« Effectual Impact, partir de soi pour changer le monde à son échelle »
un livre de Quentin Tousart et Dominique Vian
Pour les entrepreneurs, les décideurs et tout citoyen engagé

 

Des solutions créatives, pratiques, concrètes et souvent rapides aux problématiques de l’innovation et  de la création d’entreprise ; dont la mise en oeuvre est également possible pour penser l’ensemble des questions qui agitent notre monde
 
Pour interviewer Quentin Tousart et/ou Dominique Vian, merci de contacter guilaine_depis@yahoo.com / 06 84 36 31 85
Un projet innovant qui permet à chacun de devenir créateur de changements à son échelle :  
– Reprendre le contrôle, retrouver le pouvoir d’agir, dans des situations complexes et d’incertitude généralisée
– Identifier votre surcapacité, ces aptitudes particulières qui vous sont propres (votre identité), qui vous permettent de contribuer à la société de manière significative en les mettant à profit pour créer un projet viable 
 
– Apprendre à penser de manière effectuale, c’est-à-dire à partir de ce que vous avez déjà (les ressources disponibles) et non de ce qui vous manque, pour découvrir de nouvelles possibilités et surmonter les obstacles.
 
– Construire des arborescences effectuales pour visualiser les effets possibles d’une situation
 
– Être un leader coopératif, comment travailler en équipe de manière effectuale en co-créant un projet utile
Dominique Vian, professeur associé en cognition entrepreneuriale à SKEMA Business School. Docteur en sciences de gestion de Telecom ParisTech, Dominique Vian est l’auteur de six méthodes effectuales déjà utilisées dans une soixantaine d’incubateurs, pépinières, technopoles, mais aussi par des consultants en stratégie d’entreprise, des directions générales et d’innovation (notamment ISMA360, qui permet de choisir rationnellement un marché accessible pour une invention, et FOCAL, qui permet d’envisager des actions originales et pertinentes).
Quentin Tousart, entrepreneur passionné dans l’innovation numérique
Quentin Tousart a créé à l’âge de 22 ans, la startup e-commerce Webdistrib qu’il a pu revendre prospère en 2006. Avec un esprit créatif et novateur, il a alors créé Webpulser, une agence e-commerce qui connaît également un joli succèsSes valeurs principales sont la coopération, l’espoir et la liberté. 

Thierry Millemann face à Bob Bellanca sur BTLV

Thierry Millemann face à Bob Bellanca sur BTLV

Ondes et énergies cérébrales dans la physique quantique Thierry Paul Millemann . la vie n’est faite en réalité que d’ondes et énergies cérébrales. tout le corps n’est qu’un ordinateur organique quantique composé d’un amalgame instable d’atomes qui transmet au neurones du cerveau des impulsions d’électrons qui lui permettent de recréer notre environnement et notre vécu quotidien comme dans un écran plasma en stéréo couleur et relief mais aussi sensoriel.