TÊTU : Les gays, enfants du MLF (par Ursula del Aguila)

guy_hocquenghem.jpg« Les gays sont les enfants du MLF »

Antoinette Fouque, éditrice indispensable et militante infatigable, revient sur quelques éléments clés de la naissance du Mouvement de libération des femmes qu’elle a cofondé et dont on faite les 40 ans cette année.

LE FHAR
« J’ai conseillé à Guy Hocquenghem d’aider les homos de province en leur montrant qu’on pouvait vivre son homosexualité et assumer son espace de liberté intérieure. Grâce à Mai 68, nous sommes devenus nous-mêmes la matière de nos révolutions. Guy m’a écoutée et a créé le Front homosexuel d’action révolutionnaire, le FHAR, en 1971. » A la même période, Antoinette Fouque organise une réunion pour parler du caractère politique de l’homosexualité et en faire un point de combat pour lequel homos et hétéros doivent lutter. Elle voit alors débarquer chez elle, rue des Saints-Pères, une centaine de filles de Pigalle ravissantes et travesties, au grand dam de se voisine de palier.

LE LESBIANISME
« Je n’étais pas hostile au lesbianisme mais l’idée d’adhérer ou de coller à une étiquette de « féministe » ou de « lesbienne » m’aurait empêché de penser. Je disais souvent à Monique Wittig : une lesbienne ressemble à une fille qui imite un garçon qui imite un homme. Les Gouines rouges ou lesbiennes radicales étaient des baraquées bottées, casquées et en cuir. » Antoinette Fouque et Monique Wittig ont cofondé le Mouvement de libération des femmes (MLF), dont la spécificité à l’époque était la non-mixité. Tandis que la première découvre, à travers sa grossesse, la puissance de la gestation féminine et le fait qu’il y a deux sexes et non un seul neutre et/ou masculin, la seconde se détache du terme femme pour élaborer un devenir-lesbien.

LE MLF ET LE MONDE GAY
« Les gays sont les enfants du MLF, au fond nous sommes tous les enfants de ce Mouvement de libération des femmes, voilà ce que j’ai envie de dire au monde gay. En même temps, le MLF s’est pensé et a agi contre d’autres forces d’oppression, de classe et de race notamment. » Le MLF, mouvement altruiste, a permis la libération des femmes et a aussi lutté pour toutes les libertés. Il a montré en outre tout ce qu’il y avait de fasciste et de machiste dans le déni de l’homosexualité.

Ursula Del Aguila

Aux éditions Des femmes – Antoinette Fouque :
Génération MLF 1968-2008, de Antoinette Fouque
Frères et sœurs – sur la piste de l’hystérie masculine de Juliet Mitchell,
et réédition du bouleversant Sita de Kate Millett.

Colloque de Gisèle Halimi (Centre des Conférences internationales)

Hal.jpgLa Clause de l’Européenne la plus favorisée-27 et 28 novembre 2008-Paris 1
Dans le cadre de la Présidence française de l’Union Européenne
LA CLAUSE DE L’EUROPEENNE LA PLUS FAVORISEE
« Le meilleur de l’Europe pour les femmes »
Les 27 et 28 novembre 2008
Au Centre des Conférences Internationales
19, avenue Kléber – 75016 Paris, France

PROGRAMME DU COLLOQUE

JEUDI 27 NOVEMBRE 2008

09h00-09h30 : Accueil des participants
09h30-11h00 : Le meilleur de l’Europe pour les femmes.
Introduction : présentation du programme et des participants
Par Frédéric Taddéi, journaliste (culture et société) de France Télévisions, qui animera le débat.
Gisèle Halimi, Présidente de Choisir la cause des femmes.
Margot Wallström, Vice-présidente de la Commission Européenne.
Valérie Létard, Secrétaire d’Etat à la Solidarité.
Vladimir Spidla, Commissaire européen chargé de l’Emploi, des Affaires sociales et de l’égalité des chances.
11h00-11h45 : Présentation de la Clause de l’Européenne la plus favorisée.
Présentation des méthodes de travail et des domaines de la Clause
Projections commentées et annonce du « Bouquet législatif »
Maria Cornaz, Violaine Lucas et Barbara Vilain répondront aux questions de Frédéric Taddéi.
12h00-13h00 : Faisabilité juridique de la Clause
Avec la participation de Professeurs européens spécialistes de Droit communautaire institutionnel :
Jean-Luc Sauron (France), Maître des requêtes au Conseil d’Etat.
Eva Edwardsson (Suède), Professeure de Droit européen.
Inge Govaere (Belgique), Professeure de droit européen à l’Université de Gand et Directrice du département d’études juridiques
européennes du collège d’Europe de Bruges.
Andreu Olesti Rayo (Espagne), Directeur du département d’études juridiques européennes du Centre d’études internationales de
Barcelone. Débat mené par Frédéric Taddéi et Séverine Dupagny, juriste européenne.
*

14h15-15h45 / 16h30-18h : Ateliers
Choisir de donner la vie, animé par Violaine Lucas (France).
Pays participants : Chypre, Danemark, Irlande, Pays-Bas, Pologne, Portugal.
La famille : havre affectif ou piège pour les femmes ?, animé par Séverine Dupagny et Anne Dussaulx (France).
Pays participants : Autriche, Estonie, Grèce, Malte, République tchèque.
Violences : femmes battues, femmes violées, femmes prostituées, animé par Maria Cornaz (France).
Pays participants : Estonie, Espagne, Lettonie, Lituanie, Suède.
Travail : l’indépendance économique des femmes, socle de toutes les libertés, animé par Barbara Vilain (France).
Pays participants : Allemagne, Bulgarie, France, Italie, Roumanie, Royaume-Uni.
Politique : quelle démocratie pour les femmes ? animé par Faye Fisch (France).
Pays participants : Belgique, Finlande, Luxembourg, Hongrie, Slovaquie, Slovénie.
La Clause de l’Européenne la plus favorisée-27 et 28 novembre 2008-Paris 2

VENDREDI 28 NOVEMBRE 2008

09h00-09h30 : Intervention de Jean-Pierre Jouyet, Secrétaire d’Etat aux Affaires européennes
09h30-12h00 : Le Parlement Européen à l’écoute des rapporteures
Table ronde des Présidents de cinq groupes parlementaires (PPE-DE ; PSE ; ADLE ; Verts ; GUE – Gauche verte
nordique). Ils réagissent, lors d’un débat, aux conclusions des rapporteures.
Audrey Pulvar, journaliste politique de France Télévisions, et Frédéric Taddéi mènent les échanges.
*

14h30-16h00 : « Droits des femmes = droits des hommes ? »
Gisèle Halimi, Présidente de Choisir la cause des femmes.
Rama Yade, Secrétaire d’Etat chargée des Affaires étrangères et des Droits de l’Homme.
Dzamila Stehlikova, Ministre de Droits de l’Homme et des minorités nationales (République Tchèque).
Nyamko Sabuni, Ministre de l’Intégration et de l’Egalité des sexes (Suède) (sous réserve).
Irene Kahn, Secrétaire Générale d’Amnesty International.
Débat mené par Audrey Pulvar.
16h-16h15 : Intervention de Bernard Kouchner, Ministre des Affaires étrangères
16h15-16h30 : Pause
16h30-18h00 : Femmes en attente d’Europe ?
Dialogue entre Roselyne Bachelot, (France) Ministre de la Santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative,
Elisabeth Guigou, (France) Ancienne Ministre des Affaires européennes et Députée de Seine-Saint-Denis à l’Assemblée
Nationale et des représentantes de pays de l’Union pour la Méditerranée : Algérie, Croatie, Egypte, Maroc, Tunisie
et Turquie, mené par Audrey Pulvar.
18h00-18h15 : Conclusion
Le Secrétariat Permanent Européen de la Clause
Par Gisèle Halimi, Présidente de Choisir la cause des femmes.
A partir de 18h30 : Cocktail de clôture

Le colloque se déroulera en français et en anglais (traduction simultanée).

Claudie Kibler-Andreotti salue Les Obscures dans La Marseillaise (23.11.08)

16 XI 2008
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« LES OBSCURES » DE CHANTAL CHAWAF

Ce dernier roman de Chantal Chawaf se déroule dans la complexité et la dureté d’une vie de femme, de deux femmes : belle-mère abandonnée par son mari turc, belle-fille ne connaissant de son père que les reproches et les coups… Recherche d’une autre compagnie qui n’apporte rien de plus que contraintes et nouvelles violences. L’humanité n’est pas coupable. Ce sont les femmes qui se montrent impuissantes.
Les scènes de brutalité témoignent de manque d’amour, elles étaient nées filles au pays des fils…

Ces deux personnages hors du temps sont imprégnés d’une souffrance voulue. Conflit expliquable par le passé de ces êtres battus, spoliés de la douceur, de l’affection que peut montrer une mère. Vivant imprégnées d’un passé séculaire qu’elles n’ont jamais connu et ne connaîtront jamais, dont elles ne parviennent pas à se libérer. Ces brutales, à la méchanceté cruelle parfois, sont en réalité en mal d’amour. Qui le comprendra ? Qui le ressentira ?

« Mon frère c’est un individu, les gars d’aujourd’hui sont des individus », ils n’ont que l’égoïsme pour exister.

La vie de ces deux « Obscures », belle-mère ivre de tendresse, belle-fille violente, frustrée au quotidien, est inconciliable.

La lutte tantôt sournoise, tantôt violente, méchante, où les cicatrices corporelles témoignent de l’intensité des coups, se déroule dans une banlieue particulièrement inhospitalière, qui n’apporte rien que ses tours et son indifférence à ces deux femmes avides de tendresse volée.
Pourtant… Lise avait été conçue pour une vie bien différente. N’avait- elle pas tourné la page des beaux jours… ?

Et sa vie s’imprégnait d’eau, de lacs dans lesquels peu à peu elle semblait s’immerger, disparaître. Un jour avait surgi Yashar…
« Peut-on réveiller une somnambule ? Enfouis dans les cellules de son ascendance par les femmes, l’infériorisation, l’exploitation, la lapidation, la répudiation, l’esclavage rendaient Yashar fragile, nerveuse, violente. De l’histoire de l’Orient, Yashar, turque, arrière-petite-fille de Tcherkesses, ne connaissait que cet héritage impulsif qui, au moindre choc, à la moindre contrariété, se manifestait par des vociférations, par une rancune où, en état second, elle devenait incontrôlable, semblait étrangère à elle-même, se comportait en visionnaire, porteuse d’un monde ancien dont elle ne pouvait pas mesurer l’emprise ».

« Les Obscures » roman puissant de Chantal Chawaf, imprégné de la dure terre d’Asie dont la jeune Yashar reste une héritière.
Publié aux Éditions des Femmes/Antoinette Fouque.

Depuis sa première fiction « Rétable, La rêverie (Des femmes, 1974) Chantal Chawaf développe une oeuvre originale et incandescente, riche aujourd’hui de plus d’une vingtaine de titres.

Claudie KIBLER ANDREOTTI
Photo CKA : Chantal Chawaf (à G.) lors d’un dîner littéraire chez son amie Gwendolyn Chabrier de Saint Tropez

« Feu la cendre » en papier ET en audio aux éditions Des femmes

Feu la cendre.jpgcarole_bouquet_002.jpgJacques Derrida
Feu la cendre

lu par l’auteur et par
Carole Bouquet
Texte intégral
1 CD -18 €
“ Il y a plus de quinze ans, une phrase m’est venue, comme malgré moi, revenue, plutôt, singulière, singulièrement brève, presque muette : Il y a là cendre.
Là s’écrivait avec un accent grave : là, il y a cendre. Il y a, là, cendre. Mais l’accent, s’il se lit à l’œil, ne s’entend pas : il y a là cendre. A l’écoute, l’article défini, la, risque d’effacer le lieu, la mention ou la mémoire du lieu, l’adverbe là… Mais à la lecture muette, c’est l’inverse, là efface la, la s’efface : lui-même, elle-même, deux fois plutôt qu’une.
Cette tension risquée entre l’écriture et la parole, cette vibration entre la grammaire et la voix, c’est aussi l’un des thèmes du polylogue. Celui-ci était fait pour l’œil ou pour une voix intérieure, une voix absolument basse. Mais par là même il donnait à lire, peut-être à analyser ce qu’une mise en voix pouvait appeler et à la fois menacer de perdre, une profération impossible et des tonalités introuvables. ”
J.D.

Le texte Feu la cendre est publié simultanément

Sonia Rykiel relate son histoire d’amitié avec Antoinette Fouque dans le catalogue des trente ans des Editions Des femmes

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Texte de Sonia Rykiel :
Antoinette fait partie de ma vie. Nous nous sommes connues dans les années soixante-dix. La Librairie Des femmes, rue des Saints-Pères, Sonia Rykiel, rue de Grenelle, entre nous le Twickenham, pub de luxe, où l’on buvait du thé ou du whisky en refaisant le monde, cela dépendait de l’heure.
 
Nous nous sommes vues, nous avons parlé, raconté, je l’écoutais beaucoup parce que j’adore l’écouter.
 
Elle a assisté à toutes mes collections (ou presque).
 
Elle m’a demandé d’écrire un texte pour son journal, Des femmes en mouvements hebdo.
 
Nous avons enregistré Et je la voudrais nue, puis elle a édité Célébration, des textes sur le travail en « mode » :
 
« Vous savez que vous êtes épiés, volés, trahis, que rien ne nous échappe, aucun son, aucune pensée, que nous sommes à l’affût, que la fatalité de la création nous oblige à mentir, que l’éphémère qui est l’état même de la mode nous force à retourner la saison d’après ce qui était à l’endroit la saison d’avant et que si le bâti est fort, fondé sur une vraie connaissance, il ne suffit pas, pour jouer un style, une vie entière. Il faut être équivoque et réel, rituel et flou, présent, absent, menteur et vrai, mais dans le plaisir de faire il y a le bonheur de prendre sans avoir l’air de rien. »
 
Antoinette m’avait dit : « Si vous écrivez un livre, il faudra l’appeler Collection terminée collection interminable« . J’ai écrit ce livre, édité chez Flammarion. (…) Elle a une formidable écoute, c’est un être précieux. Auijourd’hui, demain, Antoinette peut me demander ce qu’elle veut, je le ferai.
S.R.

Benoite Groult, « en famille » à la Librairie des femmes

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Texte de Benoite Groult recueilli dans le catalogue des trente ans des Editions Des femmes :
En France, contrairement à la Scadinavie et aux pays anglo-saxons, nous n’avons jamais eu de clubs de femmes, de lieux de rencontre où nous sentir à l’aise, écoutées, comprises, appréciées, sans crainte du regard de l’Autre.
Pour moi, les Editions Des femmes ont constitué beaucoup plus qu’une maison d’édition, même si elles ont publié des livres remarquables qui n’auraient trouvé place nulle part ailleurs dans ces années-là : Hélène Cixous, Nicole Warde Jouve, Victoria Thérame, Chantal Chawaf, Adela Turin, tant d’autres.
Sous l’impulsion d’Antoinette, elles ont fait entendre toutes ces voix nouvelles, tous ces témoignages que personne ne se souciait d’écouter parce qu’ils émanaient de femmes, de poètes, d’écrivaines, qui jusqu’en soixante-dix faisaient partie de ce que Freud appelait « le continent noir », le monde du silence.
Dans leur Librairie de la rue de Seine, j’allais souvent pour le plaisir de me sentir « en famille ». Entourées de livres dont quelques-uns étaient des chefs d’oeuvre, on puisait confiance en soi et rassurance.
Ce dont nous avions le plus besoin dans les années soixante-dix.
B.G.

Joyeux anniversaire Sonia ! (Antoinette Fouque écrit un poème dans le livre « La femme Rykiel »)

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La femme Rykiel a 40 ans. Si jeune, elle entre dans la légende. Bon anniversaire Maman ! Nathalie Rykiel

Accusée, levez-vous.
Vous êtes la première robe que j’ai inventée, « La Divine ».
Comment avez-vous aidé ce mouvement naissant (le MLF) ?

Je cherchais un style de vie non plus lié à l’image
mais à la politique du moment,
une manière de bouger plus androgyne, plus moderne,
une sensualité du quotidien qui convenait plus
à la vie que les femmes menaient.

J’ai retourné les vêtements ; je ne les ai pas finis ;
j’ai fait des trous, des superpositions ;
j’ai décidé que l’habit c’était la liberté.

J’ai mis des mots sur les pulls, des dessins ;
je les ai attachés sur les fesses en insistant.
Désormais l’érotisme, c’était ça.
J’ai gommé l’inutile et explosé la beauté.
Je lui ai donné un rôle de comédienne
et je lui ai mis un drapeau bleu-blanc-rouge dans la main.

Sonia Rykiel, 1968-2008

*****

Soniagrand.jpg

FR, Femme Rykiel ou Féministe Révolutionnaire ?
Guérillère, Rouge en Mai ou Continent Noir ?
C’est Sonia tout entière à sa robe vouée.

De Gravida en Gradiva, mille e tre, toutes pour une,
elles avancent, de collection en collection,
terminée et inachevable :
Métaphore, métamorphose,
insistance incessante de la Recherche,
Métonymie, récit, oeuvre accomplie,
existence prégnante de l’Energie noire :
Elément insolite de notre Univers,
monstre, mystère, merveille, mouvement,
Galaxie matricielle, lumière utérine,
ombre d’étoiles, espace-espèce,
Accélération du rêve, expansion géni(t)ale.

Textes, tissus, verbe et chair tricotés,
pièces cousues, mots rapportés,
Poète et couturière, Sonia se fait Rhapsode,
Une femme s’enfante et le Temps se dilate…

Rhapsody un black
Antoinette Fouque, 1968-2008

Un homme NU chez Antoinette Fouque !!!!!!!!! (Photos de Sophie Bassouls & Poèmes inédits d’Alina Reyes) VERNISSAGE JEUDI 6 NOVEMBRE, DES 18h30, BIENVENUE !!

Alina_ReyesEA.jpgsophie.jpg

Après bien des années de photos pour la presse et pour l’édition, j’avais envie de faire autre chose et d’explorer en particulier un corps d’homme, corps qui, par nature, pour une femme demeure mystère. Aussi de travailler sur le thème de la maigreur .

Alors que la nudité féminine s’exhibe partout, la nudité masculine reste encore sujet tabou, un ami accepta d’entrer dans ce projet et de me «prêter» son corps .

Il ne s’agissait au départ que de photographies que j’envisageais sous forme de montages, de découpages que j’intitulais « Corps en Morceaux ».
Nous fîmes plusieurs séances de photos sur quelques années. J’étais attentive à rester dans un certain académisme, loin du glamour comme de la vulgarité, mais consciente au fil des prises de vues que le travail envisagé possédait une charge de provocation possible.

Le résultat m’effraya : trop dur, trop sévère . Malmener un corps devait m’amener également à le sublimer. Mon goût pour la peinture m’aidât à imaginer autre chose .

Ces photographies découpées, remontés, ajustées, décalées, toutes en Noir et Blanc relevaient un peu de l’autopsie. Pourquoi ne pas couvrir ce corps d’or, comme un bijou ?

Déposer de l’or de différents tons, de différentes densités sur les tirages, aussi bien sur le corps qu’autour de lui fût la clé de ce travail.

A cette période, commençant à utiliser un ordinateur, la technique me permit de jongler avec les images très facilement, de faire de multiples essais sans passer des heures dans un laboratoire. .
Dans un premier temps j’ai travaillé sur de petites maquettes, une fois satisfaite, j’ai fait réaliser ces grands tirages ( 60 X 85 °) sur lesquels j’ai peint directement.

Je désirais vraiment que cette que cette série, à mes yeux inhabituelle, puisse être vue et je la présentais à différentes galeries. Partout un réel intérêt, mais cette réponse « ce n’est pas vraiment de la photo ! ».

Jusqu’au jour où Antoinette Fouque, à qui je montrais ces « Nus et Or » me proposât immédiatement, avec enthousiasme, preuve de sa grande tolérance, de les exposer dans son nouvel espace « Des Femmes ». Je comprends aussi son geste comme un encouragement pour moi vers cette recherche qui allie photographie et imaginaire.

Alina Reyes a écrit un cycle de sept poèmes inspirés par ces « Nus et Or ».
Qu’elles soient toutes deux plus que chaleureusement remerciées.

Sophie Bassouls

S.Bassouls.jpg

Petits pas d’or dans les allées

De ton corps, ô monts, ô sommets

Que j’adore ! Oh, mille-mille-pattes

Du gazon des amours, où,

Oui, où t’en vas-tu, et d’où, doux

Vilain loup, t’en reviens-tu ?

Dis-moi le donc, lequel de nous

Deux s’amuse à se promener

Dans le jardin de l’autre ? Quel

Autre est l’hôte de son hôte ?

Mille-mille pas font de ton

Corps l’icône d’or de mon

Désir, pure essence sacrée.

Alina Reyes

Les sept poèmes inédits d’Alina Reyes pour l’expo de Sophie Bassouls

reyes.jpgPour photos Sophie Bassouls

1

Petits pas d’or dans les allées

De ton corps, ô monts, ô sommets

Que j’adore ! Oh, mille-mille-pattes

Du gazon des amours, où,

Oui, où t’en vas-tu, et d’où, doux

Vilain loup, t’en reviens-tu ?

Dis-moi le donc, lequel de nous

Deux s’amuse à se promener

Dans le jardin de l’autre ? Quel

Autre est l’hôte de son hôte ?

Mille-mille pas font de ton

Corps l’icône d’or de mon

Désir, pure essence sacrée.

2

Tu es tout en dents, non ?

Je suis toute en lèvres, oui.

Tu es tout en os, bon sang,

Je suis toute ouïe, bon Dieu,

Tu es tout yeux, je suis toute

Regard.

Combien d’os as-tu, tout nu ?

Combien de dents pour me défendre

De toucher ton seul, ton unique

Os ?

Hosannah du profond de mes chairs !

Je pressens la source qui vient.

3

Allons, mon grand, es-tu vraiment

Si sérieux ? Et moi, suis-je à ce point

Distante ? Nous sommes-nous bien

Regardés ? Quand pourrons-nous

Nous voir ? Allons, moi, laisse tomber

La prose. Allons, toi, abandonne

La pose. Que l’objectif en pause

S’emmêle les pinceaux face

Aux gestes de la vie. Joie !

4

Ton sexe à sexte, j’ai le compas

Dans l’œil. Mon texte en vue, je sors

Le petit oiseau de ma tête.

Te déclicqueras-tu, lumière ?

Dans le noir de la chambre une rose

Éclôt. Invisible en la nuit

Une rose sans bruit, soudain,

Se déboutonnant, répand

Un violent parfum d’île

Au trésor.

5

Puis voici l’oasis, le puits.

Puis voici le mirage, puis

L’espoir, le doute, et peut-être

La déréliction. Puis voici

Que je me perds en te perdant,

Pays, vert paradis de nos

Enfances. Voici que résonne

La sentence. Voici venu,

Animal triste, le crépuscule

De l’idole, l’heure assombrie

De toutes les langues de bois.

Voici la séparation, la mort

Dans l’âme et le mors aux dents.

Voici le temps du ridicule

Appariement de l’homme avec

La femme quand du meilleur ne reste

Que le moins bon. Allons, nomades,

Ne pas nous éterniser

Ci-bas quand monte à l’horizon

L’or nouveau de nos amours nouvelles !

6

Bonjour, le jour, l’amour

Chante aux gorges des oiseaux !

Leur réveil sont ta joie, l’abri

Où j’ai dormi en toi, jardin.

Le soleil qui se lève verse

Des cailloux d’or dans tes allées.

Oui, je me repère en toi, corps

De l’être que je suis venue

Chercher, si nue d’aurore,

Aux tympans de la maison de Dieu.

Entends-tu rire la rivière ?

Qui coule vive sur tes cailloux,

Qui roule en ton lit ses pépites,

Allumant en mes gorges mon chant ?

Oh, bonjour, amour, je t’aime.

7

Je cueille des rameaux, des palmes

Et des plumes, je tresse

Un nid pour l’oiseau que j’attends.

Dès l’aube l’on entend mon cœur

Qui caracole, pourquoi ?

Je suis montée au ciel pour te chercher,

Toi qui te trouves où je me cherche.

Comment y suis-je allée ?

En me quittant. Aux bords de la rivière

Mes pas dans le sable me réécrivent

Entièrement. L’eau me lave les yeux,

Qu’ils soient limpides pour le jour

Où tu viendras t’y voir. L’eau me lave

Les lèvres, qu’elles soient fraîches au jour

Venu de te dire la beauté

De tes os, de ta peau, du secret

De ton cœur.

Présentation de Sophie Bassouls (oeuvre)

sophie.jpgSophie BASSOULS, photographe
( curriculum vitae )

Née à Neuilly en 1936, Sophie Bassouls a commencé son travail de photographe
Au Figaro Littéraire il y a 40 ans .

Elle travaille ensuite pour différentes agences de presse photographiques, Norma, Rush et Sygma, devenue Corbis-Sygma, où de 1986 à 2003 elle couvre l’actualité littéraire .

Elle a photographié plus de 3000 écrivains.
Elle développe aussi des thèmes personnels .

Livres :
Sous le soleil, à l’ombre du boulevard en collaboration avec Eudes Panel et Benjamin levesque, Editions Aréa 2005
550 Ecrivains, Flammarion 2001 »
Paris est une ville pleine de lions texte de Geneviève Dormann, Editions Albin-Michel
Portraits de la Littérature, Editions Pierre-Marcel Favre

Expositions :
2004 : Vincennes « Les américains à Paris »
Dublin , Institut Français « Noms de plume »
2003 : Nice « Visages d’Écrivains Européens »
Angers , Grand Théâtre »550 Écrivains hors-textes »
2002 : Le Caire, Institut Français « Ecrivains d’Egypte et de France »
Porto « Sob Influencia »
2001 : Paris , Bibliothèque Historique de la ville de Paris « Écrivains, 666 photos »
2000 : San Francisco , Goldwasser Rare Books « Americans writers in Paris «
: New-York, French Institute « American Writers in Paris »
1997 : Naples « Tolérance Intolérance »
1995 : Naples « Le tour du monde en 80 Écrivains »
: Bologne « Le tour du Monde en 80 Écrivains »