« Une femme dans le guerre » de Christine Spengler

Une femme dans la guerre. 1970-2005
Christine Spengler

Illustrations

Office 26 janvier 2006

« Grand reporter de guerre », ayant eu à cœur de témoigner de ce qu’elle estimait être des « causes justes », Christine Spengler a pendant vingt-cinq ans, parcouru un monde déchiré par des conflits. Elle en rapporte des histoires incroyables de baroudeurs, des histoires terribles de massacres et de charniers (dont elle veut rendre compte), des histoires douloureuses de morts et de survivants, Irlande du Nord, Vietnam, Cambodge, Liban… La photographe se sent en communion avec le deuil et la douleur du monde, surtout après le suicide de son frère Eric, auquel elle était profondément liée depuis l’enfance et porte un regard sensible et particulier, celui d’une femme qui, au plus profond du drame, voit la vie continuer malgré tout (comme lorsqu’elle « voit » cette jeune mère vietnamienne en train d’allaiter son enfant alors que son bras a été arraché par une grenade…).
La seconde partie marque une évolution sensible et ouvre une période plus apaisée avec la rencontre d’un jeune homme, amoureux platonique de sa mère disparue, qui veut l’arracher à la guerre.
Pour chaque photo de deuil prise, il s’agira désormais d’exposer « son contrepoint dans la beauté ». C’est alors le temps du retour, dans des pays en paix, sur les lieux de ses reportages, les souvenirs obsédants, la nostalgie de ces lieux, plus ou moins pacifiés, où la guerre a laissé des traces, mais la vie recommencé… Le moment de quelques nouveaux déchirements aussi, comme l’Afghanistan des Talibans, ou, très récemment, l’Irak.

Une femme dans la guerre a été publié chez Ramsay en 1991. Les éditions Des femmes-Antoinette Fouque rééditent cette biographie augmentée d’une seconde partie inédite en langue française.

« Orpiment » de Catherine Weinzaepflen

Orpiment
de Catherine Weinzaepflen

Office 12 janvier 2006

Le portrait, sensible, d’une artiste par une autre, et un regard sur l’acte de créer à travers la figure d’Artemisia Gentileschi, peintre du XVIIe siècle de l’école du Caravage.
Après le jugement pour le viol dont elle a été la victime (cf. Actes d’un procès pour viol en 1612 suivi des Lettres de Artemisia Gentileschi, Des femmes-Antoinette Fouque), Artemisia a quitté Rome pour Florence. Son quotidien mêle avec une certaine harmonie les contraintes et le bonheur de sa vie avec ses deux filles, et l’exaltation inquiète du dessin, la recherche de la forme, de la composition, de la création. Une relation douce et sensuelle avec Gaspare lui redonne le goût de son propre corps, mais tourne bientôt court, se délite et, de nouveau, la meurtrit. Sans jamais cesser de peindre, dans une maison ouverte vers la mer où elle enseigne à trois élèves, elle pourra avec les années, passant du manque au détachement, parvenir à une nouvelle forme de sérénité.
L’acte de créer, le mouvement incessant entre la « peinture » et la « vie », les images ou sensations du quotidien (qui comptent la souffrance, la mort et l’apaisement…) et la représentation picturale sont au cœur même de ce livre. Ainsi l’écriture, d’une grande finesse et précision, parvient-elle, par glissements, à rendre compte d’un flux de pensée qui se prolonge en geste, à mélanger les mots et les images, et ce travail particulier de « traduction » en langage d’impressions, de réflexions et de regards, s’organisant autour d’un geste créateur est aussi l’objet de la littérature (de la genèse au moment où une œuvre fait sens, en passant par sa matérialité, ici, la composition, la forme, la couleur même d’un tableau).

Catherine Weinzaepflen a publié des recueils de poésie et une dizaine de romans parmi lesquels Isocelles (1977) et La Farnésine, Jardins (1978), aux Editions Des femmes- Antoinette Fouque, Portrait et un rêve (Prix France Culture, 1983), Am See, Totem, L’Ampleur du monde, D’où êtes-vous ?, chez Flammarion, Ismaëla, Allée des géants et Am See (rééd.), à L’Atelier des Brisants.

Colette Deblé, son projet……..

Colette Deblé

« L’envol des femmes« 

Colette Deblé est née en 1944. Peintre, elle vit à Paris. Elle expose de Houston (Texas) à Sanaa (Yemen). Depuis mars 1990, Colette Deblé dessine à partir de diverses représentations de la femme dans l’histoire de l’art afin de composer un essai plastique visuel constitué d’une infinité de lavis. Avec ses peintures, gravures, lithographies et dessins, Colette Deblé est présente dans plus de cent livres de bibliophilie.

« A t’on jamais tenté d’explorer par les seuls moyens plastiques l’histoire de l’art ou l’un de ses aspects, comme le font l’historien ou l’essayiste à l’aide de l’écriture ? Mon projet est de tenter, à travers un nombre non fini, de reprendre les diverses représentations de la femme depuis la préhistoire jusqu’à nos jours afin de réaliser une analyse visuelle des diverses postures, situations, mises en scène. La citation picturale ne saurait être une citation littérale comme est la citation littéraire parce qu’elle passe par la main et la manière du citateur. D’où un léger tremblé doublement allusif de l’oeuvre citée et citateur. Mon projet explore ce « tremblé » parce qu’il suppose un exercice extrêmement long de la citation vers son usure et sa fatigue.

En fait, poursuivant ce travail jour après jour, c’est une sorte de journal intime quotidien à travers l’histoire de l’art que je poursuis. »

Colette Deblé