« Orpiment » de Catherine Weinzaepflen

Orpiment
de Catherine Weinzaepflen

Office 12 janvier 2006

Le portrait, sensible, d’une artiste par une autre, et un regard sur l’acte de créer à travers la figure d’Artemisia Gentileschi, peintre du XVIIe siècle de l’école du Caravage.
Après le jugement pour le viol dont elle a été la victime (cf. Actes d’un procès pour viol en 1612 suivi des Lettres de Artemisia Gentileschi, Des femmes-Antoinette Fouque), Artemisia a quitté Rome pour Florence. Son quotidien mêle avec une certaine harmonie les contraintes et le bonheur de sa vie avec ses deux filles, et l’exaltation inquiète du dessin, la recherche de la forme, de la composition, de la création. Une relation douce et sensuelle avec Gaspare lui redonne le goût de son propre corps, mais tourne bientôt court, se délite et, de nouveau, la meurtrit. Sans jamais cesser de peindre, dans une maison ouverte vers la mer où elle enseigne à trois élèves, elle pourra avec les années, passant du manque au détachement, parvenir à une nouvelle forme de sérénité.
L’acte de créer, le mouvement incessant entre la « peinture » et la « vie », les images ou sensations du quotidien (qui comptent la souffrance, la mort et l’apaisement…) et la représentation picturale sont au cœur même de ce livre. Ainsi l’écriture, d’une grande finesse et précision, parvient-elle, par glissements, à rendre compte d’un flux de pensée qui se prolonge en geste, à mélanger les mots et les images, et ce travail particulier de « traduction » en langage d’impressions, de réflexions et de regards, s’organisant autour d’un geste créateur est aussi l’objet de la littérature (de la genèse au moment où une œuvre fait sens, en passant par sa matérialité, ici, la composition, la forme, la couleur même d’un tableau).

Catherine Weinzaepflen a publié des recueils de poésie et une dizaine de romans parmi lesquels Isocelles (1977) et La Farnésine, Jardins (1978), aux Editions Des femmes- Antoinette Fouque, Portrait et un rêve (Prix France Culture, 1983), Am See, Totem, L’Ampleur du monde, D’où êtes-vous ?, chez Flammarion, Ismaëla, Allée des géants et Am See (rééd.), à L’Atelier des Brisants.

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