Marie-Françoise Colombani interviewe Antoinette Fouque (Etats Généraux de Elle, du 19 mars 2010)

etatsgeneraux.jpgElle, du 19 mars 2010

ANTOINETTE FOUQUE « IL FAUT UN GRENELLE DES FEMMES »

Militante de la première heure, membre de l’Observatoire de la parité depuis 2002, Antoinette Fouque a suivi les débats des Etats généraux de la femme en 1970. Elle nous dit ses attentes pour les femmes aujourd’hui.

Cette année, le MLF aura 42 ans selon Antoinette Fouque, et non 40 comme l’affirment certaines féministes. En dehors de cette controverse, celle à qui l’on doit la cofondation du Mouvement de libération des femmes et la création des éditions Des Femmes garde un oeil vigilant sur le sort des femmes. Interview.

ELLE. Etes-vous toujours féministe ?

Antoinette Fouque. On ne peut pas ne pas l’être ! Mais je n’aime pas ce terme. Je l’ai mis en réserve le jour où ma grossesse a commencé. Depuis, je préfère employer le mot « femme » dans sa réalité concrète et psychique. Face à l’universalisme qui prône que la femme est un homme comme les autres, j’ai toujours défendu la différence des sexes qui se joue sur un point essentiel : le fait de créer un enfant. Le féminisme a voulu passer du modèle traditionnel, la femme tout entière dans l’utérus, à un modèle dit « libéré » de la maternité. Mon projet avec le MLF a toujours été de réconcilier les deux.

aff.jpgELLE. Pourquoi cette polémique autour de la date de naissance du MLF ?

A.F. En mai 1968, les banderoles proclamaient : « La victoire est au bout du fusil » ou « au bout du phallus ». Révoltées par l’occultation des femmes, nous organisons, en octobre, avec Monique Wittig, une première réunion non mixte, dans un studio prêté par Marguerite Duras. C’est la naissance du MLF. Après deux années de rencontres, le baptême politique a lieu au printemps 1970, avec un grand meeting à l’Université populaire de Vincennes. Puis certaines ont organisé l’opération « Il y a plus inconnu que le Soldat inconnu : sa femme ». Cela a été le baptême médiatique. Ce n’est pas plus grave que ça.

ELLE. En 1970, lors des premiers Etats généraux organisés par le journal ELLE, le MLF est venu manifester. Pourquoi ?

A.F. A l’époque, nous nous sentions des femmes actives, révoltées, alors que les participantes nous paraissaient passives… On était tiraillées entre le désir de boycotter et celui de prendre part au débat. Nous sommes arrivées très remontées, mais on nous a invitées à monter à la tribune et nous avons dit en substance l’importance de cette révolution des femmes. Ça s’est, en fait, passé très joyeusement !

ELLE. Que pensez-vous de l’évolution des dernières années ?

A.F. Je pense que la domination masculine perdure. Il n’y a qu’à lire le livre de Florence Aubenas (1). Les femmes fournissent 75 % du travail mondial et ne détiennent que 2 % des richesses (2). La plus grande richesse, ce sont elles qui la produisent : elles mettent les enfants au monde. Or, c’est pour cette raison qu’elles sont discriminées ! Tant que la gestation, la procréation ne seront pas reconnues dans leur dimension créatrice de richesse et d’éthique, la maternité restera un esclavage, c’est-à-dire un handicap pour l’accès des femmes à l’égalité. C’est pour cela qu’il faut un Grenelle des femmes.
(1) « Le Quai de Ouistreham » (Editions de l’Olivier). (2) Source PNUD.

ELLE. Etes-vous pessimiste ?

A.F. Si on regarde à court terme, on a l’impression que le sort des femmes n’évolue pas, voire régresse. Si on prend de la hauteur, on voit qu’en quarante ans il y a eu plus de progrès qu’en quatre mille ans. Le pessimisme a une qualité, il oblige à la vigilance et à se battre pour l’indépendance sexuelle, économique et politique, nécessaire à l’indépendance symbolique, c’est-à-dire à l’affirmation de l’existence et du génie des femmes.

Marie-Françoise Colombani et Elvire Emptaz

Rendez-vous le 8 mars 2010, à 19 h au Forum des Images (Porte Saint-Eustache au Forum des Halles, 2 rue du Cinéma 75001) – Journée Internationale des Femmes

 8marslogo.JPGL’Alliance des Femmes pour la Démocratie vous invite à fêter le 8 Mars 2010, Journée Internationale des Femmes au Forum des Images (Porte Saint-Eustache au Forum des Halles, 2 rue du Cinéma 75001) de 19 heures à 23 heures

* La Journée Internationale des Femmes a cent ans. Depuis 1975, le MLF a fait de cette journée un rendez-vous annuel avec l’Histoire.

19 h – 19 h 45 / Documents filmés sur quelques 8 Mars historiques : 1979 à Téhéran, avec les Iraniennes en lutte ; 1980, à Paris, pour l’indépendance économique, politique, symbolique ; 1981, pour François Mitterrand dès le premier tour ; 1982, dans la rue et à la Sorbonne pour la mise à l’honneur de femmes d’exception ; 1993 contre la guerre, les viols et la torture en ex-Yougoslavie…

* 2010 : mobilisation contre les violences faites aux femmes.

19 h 45 – 21 h / Témoignages contre les violences : Marie-France Hirigoyen, Christine Clerc, Daniel Mesguich, Julie Lopes-Curval, Chantal Chawaf, Anne-Marie Fijal, Louis-Georges Tin, Sylvie Bourgeois, Philippe Harel, Stéphanie Bataille, Colette Deblé, Emilie Frèche, Pomme Jouffroy, Viktor Lazlo, Michelle Knoblauch, Catherine Lopes-Curval, Hacina Zermane, Cyrielle Clair, Anne Andreu…

21 h – 21 h 30 / Pause – collation

afdvd.jpg* Antoinette Fouque, qu’est-ce qu’une femme ?

21 h 30 – 23 h / Projection du film de Julie Bertuccelli réalisé pour la collection Empreintes (France 5, Cinétévé), et extraits d’entretiens inédits avec Simone Veil, Jean-Joseph Goux, Alain Touraine, François Guéry, Georges Kiejman, Béatrice Didier…

Entrée gratuite et sur réservation – Forum des Images, Forum des Halles, Place Carrée – 2, rue du Cinéma – 75001 Paris – Alliance des Femmes pour la Démocratie alliance.des.femmes@orange.fr

Taslima Nasreen filmée à l’Espace des Femmes-Antoinette Fouque par TV5 Monde (Sophie Goldstein) pour le 8 mars !

taslima_nasreen-390.jpg Taslima Nasreen : regardez la vidéo ici

Taslima Nasreen est un symbole de la lutte pour les droits des femmes.
L’écrivain paye le prix fort pour son engagement: tête mise à prix en Inde et exil forcé, elle vit maintenant à Paris. C’est ce qu’elle a confié à notre équipe dans une interview exclusive.

Reportage de Sophie Golstein et Ivana Jurisa
8 Mars 2009

Le 8 mars : La Journée des femmes – Oeuvre d’Antoinette Fouque ! –

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L’hebdo et le 8 mars :

Le 8 mars 1980, sept mille femmes manifestent en rouge à Paris sur le thème « Vive l’indépendance érotique et politique des femmes ! »

En mars 1981, c’est la préparation des « Assemblées des femmes contre la misogynie », le début d’une campagne vaste et prolongée, au cours de laquelle des milliers de femmes remplissent des « cahiers de remontrances » sur leur lieu de travail, auprès de leurs amies.

A partir de novembre 1981, l’hebdo répercute et amplifie la « campagne d’initiative populaire » lancée par le MLF pour que le 8 mars, Journée internationale des femmes, devienne en France fête nationale, jour férié, chômé, payé pour toutes, « de même qu’en 1947 un gouvernement de gauche avait honoré la lutte des travailleurs en reconnaissant le 1er mai comme leur journée de manifestations et de fête ».

L’hebdo participe au recueil des 50 000 signatures et à la mobilisation pour quatre journées de fêtes et de manifestations à Paris, du 5 au 8 mars 1982. Printemps précoce : le 8 mars est un lundi et les douze mille femmes, venues de toute la France et de nombreux pays, sont en grève. Elles manifestent habillées de vert, cortège tonique, chantant, dansant, survolé par des milliers de ballons, après des « Etats Généraux des femmes » à la Sorbonne et un concert au Cirque d’Hiver…

*****

Historique :

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En 1910, Clara Zetkin, s’inspirant des socialistes américaines qui ont célébré un « Women’s day » l’année précédente, propose au deuxième Congrès international des femmes socialistes, à Copenhague, de créer une « Journée internationale des femmes ».

On a longtemps dit que la date du 8 mars avait été choisie pour célébrer une manifestation d’ouvrières violemment réprimée à New York, en 1857.

En 1908 et en 1909, des milliers d’entre elles auraient manifesté plus fortement encore en réclamant « du pain et des roses ». Une certitude : depuis la seconde moitié du XIXème siècle, des ouvrières, aux Etats-Unis et en Europe, manifestent en grand nombre pour leurs droits sociaux, et les débuts du XXème siècle voient s’intensifier l’action pour le droit de vote des femmes.

En 1911, des femmes manifestent en Europe – un 19 mars, date choisie en commémoration de la Révolution allemande de 1848 et de la Commune de Paris.

En 1914 et en 1915, elles se mobilisent contre la guerre.
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A Pétrograd, le 8 mars 1917 (23 février selon le calendrier julien), les ouvrières sont nombreuses à réclamer « du pain et la paix », c’est le début de la Révolution russe, la ville se soulève et le tsar doit abdiquer. La tradition est créée.

Avant et après la Seconde Guerre mondiale, dans divers pays du monde, des femmes se rassemblent à cette date pour revendiquer l’égalité et s’insurger contre le colonialisme, le fascisme, le nazisme, l’impérialisme.

Les mouvements de libération réactivent cette journée dans les années 70 et lui donnent une nouvelle portée symbolique.

Désormais, chaque 8 mars, dans le monde, des femmes, indépendantes, se manifestent pour leurs droits sexuels, économiques, politiques, contre les violences et les inégalités. C’est aussi un moment privilégié pour le débat, l’information, l’action politique.
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L’ONU suit et adopte en 1977 une résolution qui invite tous les Etats à l’officialiser, comme c’était déjà le cas dans les pays socialistes. La France le fait en 1982, au terme d’une longue campagne, d’un appel à la grève et de manifestations massives.

Dans l’histoire moderne, la Journée internationale des femmes a été marquée, entre mille événements, par la révolte des Iraniennes contre l’obligation du port du voile en 1979 – 50 000 femmes dans la rue à Téhéran tous les jours pendant une semaine ; l’appel du MLF français à la solidarité avec le mouvement naissant en URSS mobilisé pour la liberté des rédactrices du journal « Femmes et Russie » en 1980 ; les Etats généraux des femmes à la Sorbonne en 1989 ; la manifestation de 10 000 personnes à Paris contre les viols massifs et systématiques en ex-Yougoslavie en 1993 ; des manifestations pour la parité et la laïcité en France, contre la pauvreté et les discriminations au Québec, dans les années 2000 ; le lancement de la Charte des femmes pour l’humanité, au Brésil, en 2004

Et aussi, par des manifestations au Bangladesh contre les agressions à l’acide, au Pakistan contre les « crimes d’honneur », en Turquie pour le respect des droits des femmes (63 manifestantes arrêtées en 2005), en Iran contre la répression des féministes (un millier de femmes violemment dispersées par la police en 2006), au Cameroun contre les mariages précoces et forcés…

Le 8 mars, un rendez-vous annuel avec l’Histoire.

Les rendez-vous militants (ou pas !) du 8 mars 2009

Quelques rendez-vous autour du 8 mars 2009
Journée internationale des femmes

afblancc.jpgLE SAMEDI 7 MARS, L’ALLIANCE DES FEMMES POUR LA DEMOCRATIE MANIFESTERA POUR LES DROITS DES FEMMES
« Nos droits sont fragiles, ils veulent les remettre en question.
Battons-nous pour les élargir et avancer.
Voilà pourquoi nous manifestons le 8 mars
Venez nous rejoindre dans la rue ! »
dit l’appel signé par le Mouvement Français pour le Planing Familial, le CNDF, Femmes Solidaires, le PS, le PC, les Verts… et auquel se joint l’Alliance des Femmes pour la Démocratie.
Rendez-vous à 14 heures, à l’angle de la rue Vivienne et de la rue du 4 Septembre.

gigi.jpg<LES 13 et 14 MARS, LES EDITIONS DES FEMMES-ANTOINETTE FOUQUE ET L’ALLIANCE DES FEMMES POUR LA DEMOCRATIE SERONT HEUREUSES DE VOUS ACCUEILLIR SUR LEUR STAND AU VILLAGE DES ASSOCIATIONS
Organisé par la Mairie de Paris
Sur le Parvis de l’Hôtel de Ville
vendredi 13 mars, de 10h à 22h, samedi 14 mars, de 10h à 18h

note.jpgPar ailleurs :
L’Association « Femmes et musique » organise une table ronde sur le thème : « Les femmes dans l’histoire de la musique, hier et aujourd’hui »
avec des intermèdes musicaux des élèves du lycée Racine et du Conservatoire du 10ème le samedi 7 mars 2009 à 9h30
Salle des conférences de la mairie du 8ème arrondissement, 3, rue de Lisbonne
Avec Pierrette Germain-David, productrice à Radio-France et musicologue, Odile Bourin, violoncelliste, professeur au Conservatoire du 10e et Présidente de « Femmes et musique », Isabelle Aboulker, Professeur au CNSM de Paris et compositrice de mélodies et d’opéras pour enfants, Edith Canat de Chizy, compositrice, professeur au CRR de Paris et membre de l’Institut de France et Hugues Reiner, Chef d’orchestre.
Réservation : 01 44 90 76 98

Et
macha.jpgMacha Méril vous invite à fêter la Journée internationale des femmes
à la mode de George Sand
le dimanche 8 mars au Théâtre de la Porte Saint-Martin à 18h30
A l’issue de sa représentation de Feu sacré , d’après les écrits de George Sand et les musiques de Frédéric Chopin (avec Marc Laforêt au piano), le théâtre invite à une dégustation des produits du Berry.
Location : 01 42 08 00 32 – 0 892 702 803
http://vertige-productions.org/machameril.htm