« Le Voyage » de Pirandello lu par Marisa Berenson parmi Les lectures de Lili…

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Le voyage

Luigi PIRANDELLO

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Livre CD, lu par Marisa BERENSON (je n’ai donc pas lu, mais écouté…)

Adriana s’est mariée jeune, selon les coutumes de l’époque et de la région, et a vécu des années auprès d’un mari qu’elle n’aimait pas, remplissant avec soumission et ennui ses devoirs conjugaux, maternels et familiaux. Effacée, discrète, il semblerait qu’elle n’ait rien eu dans sa vie qui la rende heureuse, et même peut-être pas, tout simplement, l’idée que l’on puisse être femme, mariée et heureuse (vivante).

A la mort de son mari, qu’elle ne regrette pas, elle continue à vivre avec ses deux fils dans la maison familiale, auprès de son beau-frère avec lequel elle entretient peu de relations, mais qui la respecte, lui parle aimablement et la traite toujours avec considération et douceur, à l’inverse du mari un peu brutal, lourdaud et sans finesse.

Mais Adriana est atteinte d’un mal incurable et son beau frère la force à l’accompagner lors de son voyage annuel, afin qu’elle puisse rencontrer des médecins qui peut-être pourraient soulager ses maux, voire la guérir. Ils partent donc tous deux, et c’est pour elle comme une naissance à la vie, malgré la mort qu’elle sent toute proche, prête à l’assaillir. Elle découvre le monde, la campagne, les villes, elle veut tout voir, tout observer, et même le diagnostic pessimiste du médecin, que son beau-frère s’efforce de lui dissimuler, ne peut lui enlever cette frénésie qui se développe en elle, ce désir venu du plus profond de son être de vivre enfin, de vibrer ! Le voyage se prolonge, et ces portes ouvertes vers un monde nouveau de sensations, d’émotions lui font regarder d’un oeil différent ce beau-frère doux et attentif qui prend si bien soin d’elle. Ils osent enfin mettre à jour l’attachement qui les lie, et c’est l’imminence de la mort qui les libère des carcans imposés par l’époque et leur éducation et leur permet enfin de vivre l’amour qu’ils ont toujours éprouvé l’un pour l’autre, au grand jour, jusqu’à l’ultime étape du voyage, Venise.

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J’ai adoré me laisser bercer par ce CD !

Tout d’abord, bien sûr, l’histoire, belle, triste : la renaissance de cette femme éteinte, qui n’a pas vécu, juste alors qu’elle approche de la mort est vraiment poignante. J’ai vibré avec elle, j’ai voulu qu’elle puisse être heureuse, même pour un temps très court, j’ai voulu qu’elle connaisse l’amour !

Ensuite le style… Les phrases coulent, les mots sont choisis avec soin, c’est chantant, c’est acéré, c’est vif, cela colle à l’histoire et aux sentiments, c’est beau, tout simplement.

Et puis la voix : un vrai régal ! Marisa BERENSON a une voix chaude, basse, enveloppante. Sa diction est parfaite, et elle se coule dans le texte pour nous faire vivre l’histoire au plus près. Au début de l’histoire, sa voix est vraiment basse, presque atone parfois, et colle parfaitement à la non-vie d’Adriana, puis elle se met à vibrer, à onduler, en même temps que l’héroïne apprend enfin à vivre.

Extrêmement reposant : je l’ai écouté en voiture (impossible à la maison avec les 3 enfants, et quand ils sont couchés, je suis plutôt devant mon ordi ou mon piano), seule et c’était un vrai moment privilégié. Il ne faut pas qu’il y ait trop de circulation, sinon c’est un peu difficile de se concentrer en même temps sur la route et sur l’histoire, mais c’est parfait pour un long trajet. Je n’avais jamais écouté de livre-CD (à part les contes des enfants que je connais par coeur…) et je suis conquise, je compte bien en acheter quelques uns pour mes futurs voyages ! J’ai presque même regretté que mon bureau soit si peu éloigné de la maison…

Ce CD est édité par les Editions Des Femmes Antoinette FOUQUE

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