Diane Vandermolina, passionnée par le livre de Thierry Caillat sur RMT news international

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Camille, une vie de roman ou le roman d’une vie

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Il est des livres que dès l’incipit, ici du prologue, l’on savoure, ou que l’on dévore, selon notre appétit. « Camille » du Lorrain Thierry Caillat, urbaniste, amoureux de l’architecture des villes, amateur de café serré et de ballades en vélo, est de ceux-là. Pourtant il s’agit là d’un roman et non d’une énième biographie sur Camille Claudel.  Sa vision de Camille. Sa Camille Claudel, la dentellière du marbre.

Centre hospitalier de Montfavet dans les années 1910. Photo libre de droit.

La lente gestation d’une œuvre

Les amoureux de littérature apprécieront le style de l’auteur, sensible et délicat- voire sensuel quand il décrit le travail de la statuaire-, l’emploi d’un vocabulaire fouillé et recherché, l’usage de tournures de phrase joliment ciselées, l’alternance d’une écriture plus en retenue, à la précision quasi chirurgicale –notamment dans les dialogues vifs et concis-, et la peinture lyrique, émouvante, presque romantique de ses œuvres, avec ses deux points de vue –auteur/narrateur- qui parfois n’en font qu’un, se mêlant au sein d’un même paragraphe.

Ce roman est le fruit d’un travail de documentation au long cours et l’auteur fait montre d’une humble érudition, avec un sens innée du détail dans ses descriptions, convoquant pour appuyer son propos les critiques de l’époque ayant écrit sur les œuvres de l’artiste lors de ses trop rares expositions. Il aura fallu trois à quatre longues années pour achever ce roman qui n’aurait pas vu le jour s’il n’était pas allé, poussé par la curiosité, voir l’exposition consacrée à l’artiste à Montfavet.  C’était en 2013, étonnamment, ce fut une révélation …

De son propre aveu, il ne connaissait pas Camille Claudel (il n’a même jamais vu le film éponyme de Bruno Nuytten qui la sortit de l’oubli à la fin des années  quatre-vingt ndlr) mais il était intrigué par la découverte d’un lieu d’internement, l’Hôpital de Montfavet, un sujet qu’il souhaitait aborder pour un deuxième roman. Et voilà qu’il découvre Camille, sa vie… « Une vie de roman », pense-t-il en découvrant l’histoire de la statuaire : il espérait écrire sur sa période d’internement, mais découvrit qu’elle avait cessé de sculpter pendant ces longues années d’enfermement.  

Il a alors fait le tour des musées français où étaient exposées les sculptures de Mademoiselle Claudel, également visité le récent musée dédié à Camille à Nogent, « pas le meilleur » de son avis, saisi par la beauté de certaines œuvres  moins connues, à l’image de « La Sirène ou joueuse de Flûte », une de ses préférées découverte dans un petit musée en région.  Ainsi fasciné par l’œuvre de l’artiste, il s’est inscrit à des cours de modelage, s’astreignant à copier les sculptures de Camille, afin de mieux saisir le processus de création à l’œuvre : il dépeint par ailleurs avec brio les milles sensations en jeu dans le travail de la glaise ou du marbre dans les petits chapitres brefs et vifs, consacrés chacun à une œuvre de Camille, qui émaillent son roman.

Camille Claudel, « L’Âge mûr », 1899, bronze, fonte Frédéric Carvilhani, après 1913 (?), Musée Rodin, Paris, France. Photo libre de droit.

Portrait sans concession d’une femme artiste à l’esprit revêche et rebelle, écrasée par le poids d’une société sexiste

Thierry Caillat au cours de ses recherches a beaucoup lu les critiques de l’époque, cherchant à comprendre derrière les éloges ce qui était en jeu : le sexisme. Il dévoile dans son roman l’incroyable machisme accepté de et par tous qui régnait dans le monde de l’art et les difficultés pour une femme d’être reconnue pour son talent. Ce dont Camille souffrait, elle qui avait dépassé le maître mais restait dans son ombre. Citons ici Mirbeau « surpris par cette beauté d’art qui nous vient d’une femme » à propos de « la Valse » et de « Clotho », avant de continuer ainsi « Instruite par un tel maître, vivant dans l’intellectuelle intimité d’un tel frère, il n’est point étonnant que Mademoiselle Camille Claudel (…) nous apportent des œuvres qui dépassent par l’invention et la puissance d’exécution tout ce qu’on peut attendre d’une femme ». D’édifiants sous-entendus que nous retrouvons dans les écrits mêmes des soutiens de l’artiste !

La condition féminine contrainte à la « belle époque » -la place de la femme est celle de mère ou de courtisane- est ici fort bien décrite : l’auteur montre comment le machisme ambiant a contribué à aliéner l’impétueuse et exubérante Camille dont il reconnait qu’elle avait de base un caractère impossible. Elle était tyrannique  voire méchante dans ses jeunes années – ses pages en début de roman sur la façon dont elle traitait sa gouvernante ou son frère sont éloquentes. Il nous avoue même s’être demandé  en cours d’écriture pourquoi il continuait d’écrire sur elle, tant il en était venu à la détester…  Une anecdote qui en dit long sur la complexité du rapport que nous pouvons entretenir en tant qu’auteur avec nos personnages, en tant que spectateur avec les artistes que nous admirons. La question de la différenciation entre l’être et l’artiste se pose ici. Mais tel n’est pas l’objet de ce roman à proprement parler.

Il s’agit plutôt de comprendre comment une femme aussi forte et douée qui avait une haute opinion d’elle-même en est arrivée à être enfermée plus de la moitié de sa vie dans un Asile d’aliénés. « Analyser la psychologie des personnages » lui tenait à cœur, bien plus que l’aspect descriptif qui le rebutait et dans lequel il excelle néanmoins. Et c’est là un autre point intéressant du roman : l’attention portée à la famille de son héroïne, ses relations avec sa mère qui la détestait, son père qui ne l’aimait pas (à l’époque, l’amour maternel et paternel n’étaient pas la norme sociale du moment que les parents pourvoyaient à l’éducation de leur progéniture) mais il la soutenait dans son art –il croyait en son talent -, son frère sur lequel elle avait un fort ascendant mais qu’elle admirait aussi, sa sœur honnie et.. . bien entendu, Rodin ! Ah Rodin, ce voleur qu’elle traitait de tous les noms d’oiseaux, ce lâche qui n’a jamais osé quitter sa Rose…  Bien qu’il ne soit pas l’homme qu’elle aurait voulu qu’il soit, il a jusqu’à sa mort continué à l’aider et ce, quand bien même il était devenu l’objet de sa haine.  

L’auteur est ici sans concession vis-à-vis de son personnage principal, la montrant tel qu’il la voit en prise avec ses démons, entre débordements caractériels et effusions créatrices, mais ni ne la condamne, ni ne la disculpe. Admiratif du génie de l’artiste qui était une véritable perfectionniste réalisant elle-même ses marbres (Rodin ne faisait que signer les siens), il évite dans ce roman de tomber dans le piège ou écueil du manichéisme. En demi-teinte, il écrit l’histoire d’un personnage complexe dont la folie ou plutôt paranoïa latente a été exacerbée par plusieurs facteurs enchevêtrés.  Ceux-là même d’une société machiste et misogyne qui ne pouvait reconnaître le talent de la Femme, d’une passion destructrice pour un Homme lâche sur lequel elle a cristallisé toute sa haine et sa rancœur, du décès d’un Père accablé qu’elle adorait, de l’Absence de soutien familial, surtout de son petit Paul, sans oublier un élément dont on parle peu : le tarissement de son Inspiration.

La Valse. Grès flammé H. 41,5 cm • L. 37 cm • Pr. 20,5 cm Origine : Achat à Reine-Marie Paris en 2008 N° d’inventaire : 2010.1.11 Copyright : musée Camille Claudel, Marco Illuminati

L’éphémère (de la) puissance créatrice

Lorsque nous l’avons rencontré, Thierry Caillat, désormais incollable sur l’artiste, nous explique avec un luxe de détail le lent assèchement de son inspiration, citant la « Niobide Blessée », une énième variation de « Sakountala ». Car in fine, aussi créative et douée qu’elle fut sur deux décennies avec en point d’orgue les premières années post-Rodin et son « Age mûr », celle qui réalisa les plus belles œuvres sculpturales de la fin du 19ème siècle, n’a sculpté qu’un tiers de sa longue vie avec une fin d’existence en pointillé, que retrace brièvement l’auteur en quelques phrases éparses, entrecoupées de courts extraits de ses échanges avec sa mère et de quelques pensées relatives à son internement, pages desquelles s’exhale un sentiment de tristesse infinie, clôturant ainsi ce roman sur une note à la saveur « douce-amère ».

Et pourtant, le sujet de ce livre est d’actualité : la salle où ses œuvres sont présentées dans le musée Rodin a été baptisée ‘L’entourage de Rodin’ et non salle ‘Camille Claudel’. « Folle qu’elle était … » d’avoir voulu être, exister en tant que femme artiste. Il nous plonge en toile de fond dans une réalité sexiste qui perdure encore de nos jours, mais il nous entraine surtout dans l’art passionné de la sculpture avec ses petits chapitres tels des respirations pendant lesquelles le temps est suspendu à l’acte créatif, nous décrivant avec précision et magnificence la beauté d’une œuvre que l’écriture rend ici palpable.

Ecrire ce roman fut un pari audacieux selon son auteur mais c’est avant tout une magnifique déclaration d’amour à l’œuvre d’une artiste et à son art qu’il méconnaissait complètement. Un très bel ouvrage littéraire que nous vous recommandons que vous soyez ou non amoureux de l’artiste, passionné ou non de sculpture, amateurs ou non de belles lettres. Diane Vandermolina

Camille de Thierry Caillat

Ed.  L’Harmattan Roman Aout 2019 23€ 251p

 

Images d’illustration

Centre hospitalier de Montfavet dans les années 1910. Photo libre de droit.

Camille Claudel, « L’Âge mûr », 1899, bronze, fonte Frédéric Carvilhani, après 1913 (?), Musée Rodin, Paris, France. Photo libre de droit.

 La Valse. 1889-1905. Grès flammé H. 41,5 cm • L. 37 cm • Pr. 20,5 cm Origine : Achat à Reine-Marie Paris en 2008 N° d’inventaire : 2010.1.11 Copyright : musée Camille Claudel, Marco Illuminati (recup pic 22 mars 2017 in bibliothèque)

 

En Une  Camille Claudel, photographie anonyme (avant 1883). Photo libre de droit. 

Programme du Salon des maths

Le programme des conférences

Retrouvez les conférences de l’espace rencontres en live sur nos chaînes animath.live, Youtube et Twitch.

Liens à venir

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Jeudi 28 mai

Vendredi 29 mai

Journée modélisation et ingénierie

Samedi 30 mai

Journée biologie et santé

Dimanche 31 mai

Journée Intelligence artificielle et numérique

Jacques Fiorentino, auteur de Balustrade invité au Salon des Maths !

Retrouvez Jacques Fiorentino samedi 30 mai à 13H30 !

Jacques Fiorentino

Sacrée tâche que de présenter Jacques Fiorentino car il apparait insaisissable. Médecin,écrivain, communicant, amateur de cigares, chanteur amateur, clown parfois mais toujours ami engagé, père et grand-père aimant, adorant théâtre, cinéma, opéra et bien sûr la littérature et les mathématiques. Il est tombé très jeune dans la découverte de ces domaines.

Pour les mathématiques en 5e il en découvre le plaisir grâce à son professeur, enseignant et comédien. La littérature c’est un professeur de français en 3e qui fut en quelque sorte son guide dans l’écriture. Notez que lui n’a épousé aucun de ces professeurs, c’est important à signaler… Grâce à ces deux enseignants, deux fils rouges ont guidé sa vie.

La rigueur ludique d’analyse mathématique, la projection dans l’écriture de son affection pour la vie des gens… Ses études puis sa profession de médecin ont permis la synthèse de ces deux axes. Mais son ouverture d’esprit, qui comme le dit Pierre Desproges n’est pas une fracture du crâne, sa frustration de ne pas pouvoir mener plusieurs vies en parallèle l’ont amené à élargir sans cesse ses champs d’observation et d’action.

Outre les nombreux articles professionnels et leurs prolongement audiovisuels, il en est venu à concrétiser tardivement son engagement littéraire. Un premier recueil de nouvelles au titre explosif « Et si le Diable était une femme ? » Et puis un roman « Inachevé à quatre mains » sous-titré « une histoire d’amour des années 2000 » où le texte est fait d’échanges de sms et mails.

Pendant ce temps deux pièces de théâtre et un scénario long métrage viennent compléter la besace littéraire de son écriture. Enfin le dernier venu dans cette galaxie en 2020, « Père, Passe et Manque » un nouveau recueil de nouvelles dans lequel il s’est probablement plus impliqué que dans les précédents.

Texte de Jacques Fiorentino sur son rapport aux maths : Un contact très précoce avec les mathématiques d’abord avec le calcul à l’école, avec un plaisir (déjà) particulier pour le calcul mental. Et puis c’est le lycée oui dès la 6e car à l’époque le lycée allait de la 6e à la Terminale.
Une rencontre exceptionnelle en 5e qui va marquer ma vie. Un professeur de mathématiques qui était aussi un comédien amateur se produisant au théâtre et au cinéma. Il nous a fait découvrir à la fois le caractère ludique et la clarté analytique des mathématiques. Ce sentiment ne m’a jamais quitté tout au long de ma vie scolaire, personnelle et professionnelle.
Un choix universitaire tourné vers le contact et la volonté d’être utile à ma façon et c’est la Faculté de Médecine. Même si parfois une certaine nostalgie de la rigueur mathématique était présente, j’ai pu appliquer cette rigueur analytique dans l’approche du diagnostic et de la thérapeutique que ce soit dans la prise en charge des patients, l’appréhension des études cliniques.
Et puis une autre fonction majeure, celle de père, m’a fait reprendre contact avec les mathématiques et m’a fait revivre le caractère superbement pédagogique de cette discipline. Je peux dire que sans nul doute ma vie eut été autre si je n’avais pas eu le bonheur d’enrichir très tôt mon esprit avec les mathématiques.

Gérard Muller, un auteur de Balustrade invité au Salon des Maths

Salon Culture et jeux mathématiques

 

Intervention de Gérard Muller

Vendredi 29 mai 2020 : 

 

Thème : Le rôle de la modélisation dans l’industrie spatiale, suivi de son prolongement dans la littérature.

 

Argumentaire : La modélisation mathématique est primordiale dans l’industrie spatiale, car les satellites en particulier évoluent dans un environnement que l’homme ne peut pas appréhender de façon naturelle. Sa connaissance ne repose que sur des modélisations basées sur les expériences successives, dans un processus itératif de modélisation/expérience/recalage du modèle/nouvelle modélisation. Chaque mission spatiale apporte de nouveaux éléments qui vont à leur tour enrichir la modélisation que l’on a de l’environnement spatial et du comportement des véhicules spatiaux dans celui-ci. 

À partir de là, le monde du spatial doit être ouvert et le plus transparent possible afin que chacun puisse enrichir la communauté et bénéficier de l’expérience acquise. Cela a été le rôle des agences spatiales jusqu’à aujourd’hui.

Les autres industries, à l’égal de l’industrie spatiale, utilisent de plus en plus la modélisation numérique pour développer ses produits et services, dans un monde devenu de plus en plus complexe.

L’IA et le deep learning ne sont qu’une étape supplémentaire dans cette évolution.

Le processus de création romanesque s’apparente au deep learning. 

 

Développement : La modélisation du comportement d’un satellite dans l’espace doit tenir compte des phénomènes suivants :

·    Mécanique : sa tenue au lancement pendant la phase propulsée où il est soumis à des niveaux de vibrations importants (20 g)

·    Thermique : la gestion de sa température dans le videalors qu’il fait face au soleil d’un côté et à la température de fond du cosmos de l’autre (3°Kelvin). Sa température externe va alors varier de plus de 100°C à -100°C en fonction de sa position orbitale (éclipse ou non). 

·    Thermoélastique : Les gradients thermiques évoqués conduisent à des déformations thermoélastiques des pièces constituants le satellite pouvant provoquer soit des ruptures, soit les désalignements d’un télescope par exemple. 

·    Radiations : Les électroniques embarquées sont bombardées d’électrons (effet de dose cumulée sur les performances) et d’ions lourds (effets changeant l’état d’une mémoire, pouvant aller jusqu’à la destruction d’un transistor). 

·    Micrométéorites : Le satellite doit, autant que faire se peut, être résistant à des micrométéorites (de l’ordre de quelques grammes) allant à des vitesses différentielles de 20 km/s.

·    Charge électrostatique : Le satellite doit être une équipotentielle pour éliminer tout arc électrique provoquant des courts-circuits.

·    Orbitographie : L’orbite d’un satellite est perturbée par le vent solaire, le reste de pression atmosphérique (orbites basses) et surtout par les effets gravitationnels (dérive de l’orbite). Il est donc nécessaire de repositionner le satellite sur sa bonne position orbitale (maintien à poste). Pour les véhicules extraterrestres, l’on utilise aussi le rebond gravitationnel en se servant des planètes. 

 

Les industriels ont alors réalisé des modélisations mathématiques qui prennent en compte l’ensemble de ces phénomènes dans des modèles globaux (car tout joue avec tout). Avant de lancer le satellite, son comportement est entièrement simulé sur terre dans des ordinateurs qui vont restituer son comportement dans toutes les phases de sa vie (jusqu’à sa désorbitation, pour laisser la place à d’autres). Chaque satellite a alors une vie virtuelle, avant même d’être assemblé !

 

Les essais au sol, nécessaires pour prouver que le véhicule va pouvoir réaliser sa mission, vont aussi utiliser des simulations numériques. Le satellite, une fois assemblé au moins partiellement, va être connecté à des simulateurs qui vont le mettre en situation. Les simulateurs seront purement numériques pour ce qui concerne les logiciels embarqués, ou physiques pour simuler sa dynamique, son comportement mécanique et thermique. 

 

Sans modélisation numérique, il n’y aurait pas eu de conquête spatiale.

 

Prolongement vers la littérature : Le passage de la modélisation numérique à des fins d’ingénierie industrielle à la littérature pourrait s’avérer soit artificiel, soit périlleux. Pourtant, en tant qu’auteur de roman et ancien ingénieur, je suis persuadé qu’il s’agit d’un processus similaire. Pour cela, je vais m’appuyer sur le big data et deep learning.

Aujourd’hui, le monde industriel et celui des sciences humaines font de plus en plus appel à l’IA (intelligence artificielle) pour résoudre des problèmes que la simulation numérique classique ne peut pas résoudre (ou difficilement). Le processus consiste à entrer dans un processeur à base de réseaux neuronaux d’énormes quantités de données. Le processeur va alors traiter l’ensemble de ces données pour construire des algorithmes conduisant à la résolution du problème posé. Ces algorithmes travaillent sur des systèmes de corrélation et de simulation, sans d’ailleurs que l’on sache exactement comment ils procèdent.

Le processus littéraire romanesque travaille de la même façon : le processeur sera alors le cerveau du romancier et les données (les data) seront l’ensemble des expériences qu’il a vécues, partagées ou lus. À partir de là, les algorithmes de son cerveau vont entamer un processus imaginatif (dont une partie est inconsciente) qui vont lui permettre de construire le roman. De même que nous ne savons pas comment fonctionne le deep learning, de même nous sommes incapables de comprendre comment notre imagination marche, mais nous assistons à deux processus similaires. 

 

 

Conclusion : 

·            La modélisation est de plus en plus nécessaire pour la maîtrise du développement des produits et services industriels, dans un environnement de plus en plus complexe. L’industrie spatiale a montré la voie à la plupart des industries d’aujourd’hui. 

·            L’IA et le deep learning ne sont qu’une étape supplémentaire dans la modélisation des phénomènes et processus industriels. Ils relèvent de la même problématique. 

·            Le processus de création littéraire s’apparente au deep learning. Ou plutôt, c’est l’inverse : le monde industriel utilise de plus en plus le processus cérébral humain. 

 

Biographie de Gérard Muller : 70 ans, ingénieur, retraité de l’industrie aérospatiale où il réalise encore du « consulting », Gérard Muller est un vrai passionné de littérature. Il consacre son temps libre à l’écriture de poésies et de romans de fiction, en voyageant à travers les différents genres, du polar au roman psychologique. Il anime par ailleurs un atelier littéraire consacré à l’écriture romanesque. Il organise en outre le Grand Prix littéraire Philémon et S.P.A.F. de la ville de Toulouse, consacré à la poésie et à l’art de la nouvelleIl est aussi membre de la Société des Poètes et Académicien des livres de Toulouse

Exemple du programme du Salon des Maths : la cryptologie et la cybersécurité

Conférences sur le stand de l’ARCSI (salon 2020) sur la cryptologie (la science du secret) et la cybersécurité, toutes accessibles avec le bagage du collège

Contact : Hervé Lehning hervelehning@orange.fr

Jeudi 28 Mai

9 H – 9 H 30 Intelligence artificielle et cybersécurité par Jacques Baudron

10H-10H 30 Les correspondances personnelles chiffrées du Figaro en 1890 par Hervé Lehning

Vendredi 29 Mai

10 H – 10 H 30 L’utilisation de la cryptographie par le tueur du zodiaque par Bernard Roussely

11H-11H 30 La faiblesse du chiffre de l’armée napoléonienne par Hervé Lehning

11 H 30 – 12 H On ne dit pas crypter ! Quelques mots pour dialoguer avec les cryptologues par Gérard Peliks

15 H 30 – 16 H Décryptement en direct d’un message d’Hervé Lehning par Herbert Groscot

Samedi 30 Mai

11H-11H 30 Le chiffre de Marie-Antoinette par Hervé Lehning

15 H-15 H 30 Sur les traces des cryptologues par Catherine Bodeau Pean

18 H – 18 H 30 Les métiers de la cybersécurité par Luc Cessieux

Dimanche 31 Mai

11H-11H 30 Les erreurs de cybersécurité sont avant tout humaines par Hervé Lehning (sur l’espace rencontre)

15 H – 15 H 30 Comment les bombes décryptaient Enigma à Bletchley Park par Marie-Jo Durand-Richard

Maya Nahum salue l’importance des Maths et de leur Salon dans Causeur

Les maths, oui ça sert!

De l’importance des mathématiques

Chaque année, depuis 21 ans, se tient place Saint-Sulpice à Paris, le Salon Culture et Jeux mathématiques. Alors que la plupart des salons sont annulés, celui-ci aura bien lieu, virtuel, « démathérialisé », du 28 au 31 mai. Il s’annonce particulièrement riche, avec pour thème, « Les maths, oui, ça sert ! »


Oui, les maths peuvent passionner ! Environ 25 000 visiteurs l’an dernier, dont 4 500 scolaires, le succès et l’importance de ce salon ne sont plus à démontrer. Pourtant le PISA, (programme international pour le suivi des acquis des élèves de 15 ans) montre qu’en France 20% des élèves n’ont pas un niveau suffisant en maths à la fin du collège. Les maths peuvent donc aussi trop souvent rebuter. Combien de fois entend-on « je suis nul en maths, je n’y comprends rien » ! Le niveau des élèves, de la primaire à la terminale est très bas.

Haut niveau des chercheurs et bas niveau dans les écoles, on ne forme bien que les élites

Et pourtant la France tient la deuxième place (après les USA) en médailles Fields, la plus haute distinction en mathématiques. Paradoxe dont les raisons sont nombreuses et complexes.

Revoir l’apprentissage des mathématiques en France

En février 2018, Cédric Villani, génial et célèbre médaillé Fields, a livré avec Charles Torossian, autre brillant mathématicien, un rapport sur l’état (mauvais) de l’enseignement des maths en France et ils ont proposé des outils pour y remédier. Les auteurs insistaient – entre autres – sur l’importance de faire une plus grande place aux apprentissages, aux échanges avec les autres disciplines ainsi que sur la nécessité de travailler le langage, autrement dit de faire du lien entre les mots des maths et la vie quotidienne, enfin de tracer plus d’allers-retours entre les notions abstraites et concrètes.

Les maths sont partout : du montant des courses au supermarché à la recette de cuisine, en passant par les infos annonçant la météo ou le nombre de vacanciers sur les routes, ou encore le maçon qui doit évaluer son besoin en ciment, il s’agit d’une discipline omniprésente. Mais il semble que les mathématiques modernes ont perdu bien des élèves en cours de route et les bûchettes ludiques et efficaces de notre enfance ne sont plus qu’un souvenir. Haut niveau des chercheurs et bas niveau dans les écoles, on ne forme bien que les élites. Problème.

Un salon pour (re)donner le goût des maths !

Le Salon Culture et Jeux mathématiques est un outil remarquable pour satisfaire ou redonner le goût des maths. Fabrice Rouillier, responsable du Salon, succède à Marie-José Pestel. Directeur de recherche à l’INRIA (1) de Jussieu, il est l’actuel président d’Animath (2). Treize autres associations dont Femmes et mathématiques, Maths en jeans, Club Tangente, aussi diverses qu’originales, sont réunies dans un consortium pour animer le Salon, et F. Rouillier en souligne l’unité : « Notre message : nous voulons être présents malgré tout, alors que tout est annulé ». La dématérialisation du Salon n’empêche pas d’en garder la structure : en visioconférence, un espace Rencontres réunira des intervenants prestigieux, et plus d’une vingtaine de stands proposeront conférences, jeux, découvertes, chats, ouverts à tous à partir de 9 ans. Une chaîne de télé créée pour le Salon diffusera en continu ce qui s’y dira.

Chaque journée aura son thème : modélisation et ingénierie, biologie et santé, intelligence artificielle et numérique. Il y en aura pour tous les goûts et pour tous les âges : citons la cybersécurité, qui sera abordée par Hervé Lehning, spécialiste de la cryptologie. Il rappelle combien les mathématiques sont essentielles pour comprendre le monde, notamment avec la cryptologie, au cœur des dernières attaques informatiques, quand des escrocs y chiffrent des fichiers et demandent une rançon en échange… Auriane Gailliegue, elle, nous apprendra à reconstruire un squelette à l’aide des maths. Le docteur Ngole Mboula, du club d’Awalé, nous initiera à l’un des jeux de stratégie les plus anciens au monde.

La méthode mathématique au service de la lutte épidémique

Il sera bien sûr largement question du rôle des mathématiciens pendant l’épidémie du Covid 19 : comme l’explique Martin Andler, ancien président de l’Animath, les modèles mathématiques ont été et demeurent essentiels dans cette crise. La démarche mathématique consiste à observer les données, les filtrer, les corréler à l’aide de l’informatique, avant de les analyser et de fabriquer un modèle que l’on pourra ou non valider. Rappelons que modéliser signifie décrire de façon simplifiée un phénomène, un processus ou un système, en vue d’en étudier le fonctionnement par simulation. L’informatique est essentielle car les calculs sont innombrables, comme la puissance du traitement. Et plus on introduit de facteurs, plus les divergences accroissent.

La variété minime d’un phénomène peut tout changer. Les modèles sont sensibles à la moindre variation d’un paramètre et peut modifier l’analyse des données biomédicales.

Voilà pourquoi l’approche de l’épidémie actuelle et son anticipation demeurent compliquées et changeantes. Pour petits et grands, entre jeux, découvertes, enseignements et échanges, ce 21e Salon Culture et Jeux Mathématiques prend tout son sens en cette période incertaine de notre Histoire.

Plus d’infos ici

« la lutte pour le pouvoir » écrite avec une grande habileté » selon Breizh info

A propos du livre « N’en fais pas une affaire personnelle »

Voilà un roman jubilatoire qui présente la face « cachée » de la bête immonde, je veux dire le capitalisme. Bien sûr, la dénonciation du « système » est aussi vieille que lui et les romans présentant des employés pressés comme des citrons par des entreprises prédatrices avant d’être finalement virés sont innombrables depuis les années 1930. Il suffit de penser au chef-d’oeuvre « l’imprécateur » paru en 1974.

Mme Marchioni ne joue pas comme René-Victor Philes dans le registre fantastique, mais dans celui de l’humour, ce qui n’empêche pas sa satire (réussie) d’être aussi féroce. Mme Marchioni a une plume alerte et a un talent fou. Elle mène son récit tambour battant, tout en laissant percer une pointe d’émotion, lorsque l’héroïne évoque la mort de son père et l’Alzheimer de sa mère. Il s’agit sans nul doute de réminiscences de l’histoire personnelle de l’auteur.

Cette fiction a pour héroïne, Bobette, une quinquagénaire qui reprend la direction d’une cellule d’une agence de publicité qui gère la campagne de promotion de NCC, une grande marque de cosmétiques. Bobette remplace sans états d’âme particuliers une collègue révoquée par « Super Power » la cadre exigeante et jamais contente qui gère les relations entre l’équipe publicitaire et NCC. Bobette va tout donner, supporter les caprices et les insultes de « Super Power », imposer un rythme insoutenable aux membres de son équipe, provoquer des Burn-Out en cascade avant d’apprendre que leur terrible cliente remet en cause le contrat publicitaire, dans le but de serrer encore plus le budget. On rêve que « Super Power » soit remise à sa place. On croit que la position de cette dernière est fragile, mais il ne s’agit que d’une illusion.

Mme Marchioni décrit avec une grande habileté une compétition aussi vieille que l’humanité, la lutte pour le pouvoir. Elle n’est pas propre au capitalisme ou à l’économie. Elle se met en place dès qu’il existe de l’argent (ou tout autre moyen d’acquérir des biens et des faveurs) à distribuer et à gérer. Les défunts pays communistes, l’actuelle Corée du Nord, la Chine Populaire connaissent les mêmes tensions. En Europe, on réglemente pour éviter les débordements de ce système. On peut être  poursuivi par la justice si à force de Burn-Out, on a poussé d’anciens employés au suicide. C’est ce qui est arrivé à M. Lombard l’ancien PDG de France Télécom. Mais les sanctions sont à peine appliquées et peu de choses ont changé sur le fond.

Il est de bon ton également de dénoncer M. Macron qui a fait adopter une loi, limitant les dédommagements pour licenciement abusif, mais cette disposition ne s’applique pas en cas de harcèlement moral. Elle va donc rapidement tomber en désuétude. On se rassure de même en prétendant que les nouvelles générations ne se laisseront pas « bouffer » par le système, qu’ils seront rebelles et qu’ils mettront à bas le capitalisme. On tenait le même discours en 1974, quand j’étais jeune et depuis rien n’a changé. Comme le dit si justement l’ecclésiaste, rien de nouveau sous le soleil.

« N’en fais pas une affaire personnelle » de Paula Marchioni aux éditions Eyrolles, livre broché 16 euros ebook 7,99 €

Christian de MOLINER

Photo : DR
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