René de Ceccatty a traduit le poème de Pier Paolo Pasolini sur Marilyn Monroe. Il donne envie de lire Claude Delay.

Poème de Pier Paolo Pasolini sur Marilyn Monroe (traduction René de Ceccatty)

Pour recevoir l’ouvrage ou pour interviewer Claude Delay sur Marilyn Monroe, la cicatrice, son nouveau livre qui vient de paraître aux Éditions Fayard, je vous remercie de me contacter 06 84 36 31 85 ou à guilaine_depis@yahoo.com comme attachée de presse personnelle de l’auteur.

marilyncouv.jpgDu monde antique et du monde futur

n’étaient restées que la beauté et toi,

pauvre petite soeur cadette,

celle qui court derrière ses frères aînés, 

et rit et pleure avec eux, pour les imiter,

et se met leurs écharpes,

touche en cachette leurs livres, leurs canifs, 

toi petite soeur la plus jeune de toutes,

cette beauté tu la portais humblement,

avec ton âme de fille du petit peuple, 

tu n’as jamais su que tu l’avais,

parce que autrement ça n’aurait pas été de la beauté.

Elle a disparu, comme une poussière d’or.

Le monde t’en a donné conscience.

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Ainsi la beauté est devenue sienne.

Du stupide monde antique

et du féroce monde futur, 

était restée une beauté qui n’avait pas honte

de faire allusion aux petits seins de la petite soeur,

au petit ventre si aisément dénudé.

Et c’est pourquoi c’était de la beauté, celle-là-même

qu’ont les douces mendiantes noires,

les gitanes, les filles de commerçants

qui gagnent les concours de beauté, à Miami ou à Rome.

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Elle a disparu, comme une colombe d’or.

C’est le monde qui t’en a donné conscience,

et ainsi ta beauté a cessé d’être beauté.

Mais tu continuais à être enfant,

idiote comme l’antiquité, cruelle comme l’avenir,

et entre toi et ta beauté accaparée par le pouvoir

se sont mises toute la stupidité et la cruauté du présent.

Tu l’emportais avec toi, comme un sourire entre les larmes,

impudique par passivité, indécente par obéissance.

L’obéissance exige bien des larmes qu’on ravale.

Et de se donner aux autres regards trop gais,

qui demandent leur pitié.

Elle a disparu comme une blanche ombre d’or.

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Ta beauté, survivante du monde antique,

exigée par le monde futur, accaparée

par le monde présent, devint ainsi un mal.

Maintenant les grands frères se tournent enfin,

arrêtent un instant leurs maudits jeux,

sortent de leur inexirable distraction,

et se demandent : « Se peut-il que Marilyn,

la petite Marilyn nous ait indiqué la voie ? »

Maintenant c’est toi, la première, toi la plus petite des soeurs, celle

qui ne compte pour rien, pauvre petite, avec son sourire,

c’est toi la première au-delà des portes du monde

abandonné à son destin de mort.

Pier Paolo Pasolini (traduit par René de Ceccatty)

Les remboursements des mutuelles seront plafonnés (actualité PLFSS 2014)

L’article du Parisien du 29 octobre 2013 sur l’article 45 voté par les députés.
Cet article prévoit de plafonner les remboursements des contrats responsables ce qui va créer un problème d’accès aux médecins spécialistes pour la classe moyenne. Les grands gagnants de cet article sont les Complémentaires Santé, comme l’atteste la satisfaction d’Etienne Caniard. On peut aussi se demander ce que vient faire l’Etat dans la régulation à la baisse des remboursements de soins ! 
 
Le Parisien – Mardi 29 octobre 2013
Économie
Santé : les remboursements des mutuelles seront plafonnés
 
Le principe est acté, mais le plus dur reste à faire. Dans une ambiance électrique, la majorité des députés ont voté vendredi soir l’article 45 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) qui instaure un encadrement des remboursements par les mutuelles et assureurs sur les contrats dits solidaires et responsables (soit 98% des contrats).
 
Que cela va t-il changer ? Beaucoup de choses, à la fois pour les médecins et les patients, puisque les seuils minimaux et…maximaux de remboursement seront fixés au plus tard le 1er janvier 2015. Adieu, paires de lunettes à 800€, prothèses auditives à 1500€ pièce remboursées à 100% par la complémentaire santé. Même les dépassements d’honoraires des médecins ne pourront plus être pris en charge en totalité. Cette réforme vise à mettre fin à l’inflation des prix et des honoraires favorisés par des remboursements toujours plus importants.
 
Un exercice périlleux
 
Quels seront les plafonds ? La question reste ouverte. Pour les lunettes (aujourd’hui remboursées en moyenne à 68%) et les prothèses dentaires (aujourd’hui à 32%), ces seuils seront discutés avec les complémentaires. S’agissant des consultations des médecins, un amendement avait été défendu par le député PS de la Nièvre, Christian Paul, prévoyant un plafond de remboursement à 150% du tarif de la Sécu (soit 42€ pour un spécialiste), puis un plafond à 100%. Finalement, l’Assemblée a suivi le gouvernement, qui préconisait « une discussion » avec les partenaires, puis un décret.
 
Un article, passé inaperçu dans le projet de loi sur la Sécu, prévoit de limiter en 2015 le montant des remboursements.
« Globalement, ça nous convient, mais nous souhaitons que les seuils retenus nous laissent des marges de manoeuvre », explique le Président de la Mutualité française, Etienne Caniard. Pour la Ministre de la Santé, Marisol Touraine, l’exercice est périlleux. Car, à trop encadrer les remboursements, voilà qui pourrait favoriser le développement de « surcomplémentaires », symbole d’une santé à deux vitesses. Les médecins ont très peu réagi au texte voté. Mais pour Michel Chassang, président de la CSME, premier syndicat de médecins « Il serait très mal venu d’instaurer un plafond au moment où 9000 médecins volontaires s’engagent à limiter leurs dépassements (NDLR : à travers les contrats d’accès aux soins) ».
 
Daniel Rosenweg
 
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« Monsieur Albert » dans la revue Europe, il aurait eu 100 ans le 3 novembre 2013 : merci Didier Pobel !

1376096_203471393157116_792289985_n.jpgRecension de Didier Pobel dans la revue Europe (octobre 2013)


On pourrait presque commencer par une chanson : « C’est un endroit qui ressem-em-ble à la Loui-sia-a-ne… ». Nino Ferrer ? Mais non, c’est d’Albert Cossery qu’il s’agit. Car « La Louisiane » n’est rien d’autre que le havre dans lequel le « dandy oriental », arrivé d’Égypte à la fin de le guerre, se réfugia cinquante-six années durant. Chambre 28, quatrième étage. Puis, vers la fin de sa vie, la 77, un peu plus haut… Des repères devenus mythiques dans cet hôtel de Saint-Germain-des-Prés que le client, à la fois le plus discret et le plus célèbre, ne quittait qu’en début d’après-midi, tiré à quatre épingles, le teint souvent pâli par les dérives noctambules de la veille.

Oisif patenté, un brin pique-assiette, misanthrope quand ça l’arrange, ce flâneur du Luxembourg et des terrasses parisiennes, fou de tabac, de café et de femmes en jupes, était avant tout un écrivain. Un écrivain de la lenteur, du dilettantisme, de la séduction, qui ne signa en tout et pour tout que « sept petits livres et rien de plus ». C’est peu, en effet, dans une vie aussi longue – il s’éteignit en 2008, à l’âge de 94 ans – , mais c’est beaucoup de la part de quelqu’un qui plaçait la jouissance quotidienne de chaque instant au-dessus de tout.
CouvCossery.jpgAinsi fut Monsieur Albert, selon l’admirative formule que l’on retrouve en titre de la biographie que vient de publier Frédéric Andrau. Une évocation – un « récit », dixit la couverture – en forme d’apostrophe posthume entièrement écrite à la deuxième personne du pluriel. « Jamais personne n’avait dicté vos faits et gestes et ce n’était pas à plus de soixante ans que cela allait commencer. » Oui, c’est le portrait d’un homme libre que l’on découvre ici en se félicitant d’y croiser, au détour des pages, ces figures que furent, ou que sont, Giacometti, Durrell, Miller, Camus (le « copain de drague »), Louis Guilloux, Michel Déon, Georges Moustaki ou, du côté des présences moins conjures, l’éditeur Edmond Charlot ou les cinéastes Michel Mitrani et Jacques Poitrenaud auprès de qui Cossery effleura l’univers du cinéma. Sans oublier Joëlle Losfeld qui fut la dernière à veiller sur lui et à le publier.
 
Pour rendre plus vivant le décryptage des thèmes de prédilection de celui qui ne cessa de dénoncer « la cupidité des hommes et leurs chimériques ambitions », Frédéric Andrau a émaillé son propos de savoureuses anecdotes, parfois parfumées du goût des fèves en bouillie de l’enfance ou, à l’occasion, baignées de mélopées d’Oum Kalsoum, elle qui transportait l’Égypte (…) comme un foulard noué à l’anse de son sac à main ».

Mais c’est dans les ultimes chapitres que l’écriture se fait particulièrement poignante pour accompagner le capricieux vieillard laryngectomisé qui trouva encore l’énergie de fuir l’hôpital pour aller s’attabler un jour chez Lipp, en pyjama. Inflexible face aux honneurs tardifs (il fit notamment partie de la délégation officielle de Mitterrand au cours d’un voyage à Louxor), ce maître de l’ironie et de la comédie sociale aurait eu cent ans le 3 novembre 2013. Belle occasion pour rouvrir, entre autres, Mendiants et OrgueilleuxLes Couleurs de l’infamie ou Une ambition dans le désert. Et donc aussi pour s’imprégner du « Cossery tour » fidèlement restitué par Frédéric Andrau. Quelque chose comme un air entêtant qui charme et entraîne. « On dirait le Sud / Le temps dure longtemps / Et la vie sûrement / Plus d’un million d’années… » 

Didier Pobel

Hommage à Albert Cossery, invitation le 2 décembre 2013 par la Mairie du 6ème

cossmairie.jpgLe 6SCOPE

N°47

Novembre-décembre 2013

Les rendez-vous de la mairie du 6ème arrondissement

Concerts, Colloque, Lectures, Expositions

édité par le Comité des Fêtes, d’Action culturelle du 6ème. Et par la mairie du 6ème.

EN DÉCEMBRE

ÉVÉNEMENT Lundi 2 décembre 2013 à 18h30

Hommage à Albert Cossery

Dans le cadre de la Semaine des Livres et des Libraires

Mairie du 6ème – Salon François Collet – Entrée libre

Nouvelliste et romancier, Albert Cossery est décédé en 2008 à Paris, dans sa chambre de l’hôtel La Louisiane, à Saint-Germain des Prés où il vivait depuis plus de 60 ans. Cette soirée, organisée à l’occasion du centenaire de sa naissance, est dédiée à l’empreinte qu’il a laissée dans la vie littéraire et intellectuelle du 6ème arrondissement si cher à son coeur. En présence de Frédéric Andrau (auteur de Monsieur Albert – Cossery, une vie, éd. de Corlevour), Joëlle Losfeld qui fut son éditrice exclusive et Monique Chaumette (comédienne et première épouse de Cossery). Rencontre animée par Guilaine Depis

Avec la librairie La Hune

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Patrick Grainville admire beaucoup le livre de Claude Delay sur Marilyn Monroe aux Éditions Fayard (Le Figaro littéraire, 24 octobre 2013)

AVT_Patrick-Grainville_5489.pjpeg.jpegMarilyn l’inassouvie

Claude Delay

L’actrice mythique était une femme fatale. Surtout pour elle-même.

Par Patrick Grainville

La photo de Bert Stern qui illustre la couverture du livre de Claude Delay résume tous les drames de Marilyn, ses envoûtements et ses ambivalences mortelles. Dernières photos de Marilyn dans une séance paroxystique, danse de vie et de mort. Nue, elle voile ses seins avec deux énormes roses qui sont ici des symboles hypertrophiés de l’amour. Elle mord légèrement sa bouche, fait un clin d’oeil, longs cils clos, l’autre oeil chavire dans une extase jouée, une séduction stupéfiée. Le ventre arbore le bourrelet de la grosse cicatrice d’une récente opération de la vésicule biliaire.

marilyncouv.jpgClaude Delay a eu raison d’appeler son livre La Cicatrice. Titre paradoxal puisque la blessure de Marilyn ne parviendra jamais à guérir. Blessée à la source. Massacrée par la vie. Tant d’avortements, de fausses couches tragiques. Ainsi qu’une psychanalyse hollywoodienne dévoyée par la promiscuité. Le final d’un suicide équivoque. Comment ne pas revenir à la question, à l’énigme de sa beauté et de sa destruction précoce, comme inscrite dans l’oeuf, la signature du désir et de la mort, les deux pulsions complices du plus beau corps. Une femme fatale mais qui ne l’est que pour elle-même.

Nudité naïve, originelle, lustrale

On sait tout d’elle, les manques originaires, la mère folle, le père inconnu, la quête éperdue du bonheur. Elle appellera tous ses maris « papa » ! La mère qui lorsqu’elle apprend la mort de sa fille, dira : « Marilyn Monroe ? Connais pas… »

Claude Delay, la sensibilité à fleur de peau, détecte et relie tous les indices du mal, les échos de la solitude incurable. Les somnifères, les lavements compulsifs. Marilyn ne serait elle-même que nue, nudité naïve, moins narcissique qu’originelle, lustrale, dépouillée du fardeau archaïque, comme née. Ivre de renaître enfin. Rescapée du naufrage de sa vie. Son angoisse effroyable de la nuit, que seul l’éclair de la photographie paraît exorciser. L’excès du regard photographique. Elle ne peut pas se regarder seule. Posant devant un miroir, elle dit : « Je la regarde. » Seuls l’objectif ou d’interminables bains lui donnent un sentiment d’unité. Claude Delay dédie avec passion à « la fleur sexuelle, à l’inassouvie », un vitrail lucide. À celle qui, pour reprendre un terme de la tauromachie, « a l’ange ». Le poison de l’ange. 

Marilyn Monroe, la cicatrice de Claude Delay. Fayard, 334 p., 20,90 €

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