Charles de Meyer livre dans Politique magazine un superbe article sur le récit d’Anne-lise Blanchard

Debut des travaux de reconstruction en mai 2016 de la cathedrale melkite greco-catholique de Homs entierement detruite d’avril 2011 a mai 2014 par les combats, les pillages et l’explosion d’une bombe laissee par les rebelles. / Beginning of reconstruction work in May 2016 of the Melkite cathedral Greek Catholic Homs completely destroyed from April 2011 to May 2014 by fighting, looting and the explosion of a bomb left by the rebels.//GERVAISLARASCARLETT_0940.1112

Rencontrer la mère d’un ami n’est jamais une mince affaire. Il faut être présentable et convenu. L’idéal de notre mère à nous, qu’on ne voudrait pas décevoir. Avec Anne-Lise, la mère de Benjamin Blanchard, co-fondateur et directeur général de SOS chrétiens d’Orient, les choses allèrent d’elles-mêmes. Engagée, très soupçonnable d’être arrimée à de solides principes ensoleillés par la connaissance du monde, le courant ne pouvait que passer. Et il passa, sereinement, dans les conseils d’administration comme dans les chemins orientaux. Elle arpenta ceux que j’arpentai, rencontra les mêmes visages, connut émerveillements et déceptions aux mêmes avanies.

Magie linguistique, elle sentit les choses tout différemment ou, plutôt, tout singulièrement. Je vous avais déjà parlé de son recueil Le Soleil s’est caché dans les cailloux paru chez Ad Solem il y a quelques années. Anne Lise n’écrit pas que des vers. Elle prit aussi des notes. Plus minutieuses que les miennes, plus féminines certainement. À Alep, elle rencontra les pires affres de la guerre imposée en Syrie : « Quelques tirs d’obus traversent la nuit, la guerre n’est pas terminée. Cependant mon court séjour ici, avec ses nuits exquises, sera une halte bénéfique pour mon sommeil dans le cours de cette mission itinérante au mode de vie très spartiate ».

Comme cela me rappelle les premières équipées de SOS chrétiens d’Orient ! Dormir est un enjeu essentiel. Les agapes officielles s’étalent de longues heures, assez semblables au narghileh qui s’invite aux tables syriennes, volupté du temps sec et des tables copieuses. Il se fume sans précipitation et sans peur du lendemain, qu’il encombrera de sa toux. Et puis, il faut parler du dîner qui vient de s’écouler. En Syrie, je le fis avec du thé ou ce que nous trouvions. En Irak, un soir, nous longeâmes la route d’une nuit noire pour débusquer le premier marchand d’arak à des kilomètres. Nous le sirotâmes jusqu’au matin tant nous avions de choses à dire.

Le débat n’est alors jamais tranché : éteindre la climatisation et étouffer ? Ou maintenir la climatisation comme bande sonore des ronflements ? Les choses les plus futiles deviennent obsessionnelles dans les pays étrangers. Surtout quand nous filons d’un village à l’autre pour visiter un maire, évaluer un projet, brandir une pancarte. Au bout viennent les épuisements comme les ravissements. Anne-Lise décrit la découverte des travaux avancés de la cathédrale de Mgr Arbach, à Homs, ou les visites au père Najeeb, protecteur des manuscrits syriaques les plus précieux et devenu archevêque de Mossoul.

Avons-nous senti les mêmes parfums ? Goûté aux mêmes mets ? Je n’en sais rien. Ce qui me frappe le plus à la lecture de ses chroniques, c’est que nous avons plongé dans une civilisation, désormais morcelée et qu’on ne doit pas laisser partir en lambeaux. Qui ne doit pas s’évanouir entre les canons mondiaux et les balles locales. Pour que les arcanes d’Alep déploient leurs feuillages jusqu’en nos imaginaires, il faut qu’à des centaines de kilomètres de là les villages montagnards du Kahbour soient préservés des bombardements turcs qui les accablent en ce mois de juin, que le Liban sauve ses paysages matraqués de béton ; que les vestiges chrétiens de Jordanie jaillissent au milieu des déserts.

C’est à cette condition que nous pourrons lire, au siècle prochain, des récits de voyages en Orient, si méprisés par les universités mais tellement propices à l’aventure. Anne-Lise, de retour à Maaloula, écrivit : « La vigne, culture plurimillénaire de Maaloula, replantée cette année sous l’œil expert de Julien, jeune ingénieur agronome chargé des projets agricoles, annonce le retour à la vie de Maaloula en attendant celui des chrétiens syriens et irakiens sur leur terre. » La Mésopotamie doit nous nourrir à nouveau. Par nous, entendez, la France ; quant à SOS chrétiens d’Orient, nous ne nous lassons pas de nous en rassasier.

Anne-Lise Blanchard, Carnet de Route. De l’Oronte à l’Euphrate, les marches de la résurrection, Via Romana, 2020, 15 €

« Attachant témoignage sur le vif, à prendre comme un regard particulier teinté de foi chrétienne clairement militante »

Anne-Lise Blanchard, Carnet de route

Investie depuis 2014 dans l’association SOS Chrétiens d’Orient, l’auteur parcourt le Proche-Orient lors de missions d’aide et d’assistance aux chrétiens persécutés par les milices islamiques en Irak et en Syrie. Ce livre est son carnet de voyage d’août 2017 à août 2018. Danseuse et thérapeute, elle est sensible aux chants, à la musique, au jeu des corps et notamment des enfants ; la foi lui a donné cet optimisme du projet en commun pour rebâtir, reconstruire, ressusciter les communautés.

Cet itinéraire spirituel accouche d’un journal militant pour assurer l’emprise chrétienne sur les terres ancestrales et la mémoire de la foi en pays islamique. Ce qui ne va pas sans hagiographie : tous les humbles sont des saints, toutes les femmes violées des vierges martyres, tous les enfants orphelins qui ont vécu des horreurs des anges meurtris. Quand aux prêtres, ils sont des chevaliers. C’est bon à entendre lorsque l’on est de la partie, un peu candide si l’on est analyste géopolitique.

Choisir le camp opposé à Saddam Hussein et Bachar El Hassad est choisir les principes contre les réalités humaines ; les minorités chrétiennes sont protégées sous les dictatures laïques… Ce pourquoi la France de gauche a choisi le camp du Bien, comme par hasard celui des Etats-Unis, mais aussi celui des islamistes, puisqu’ils sont anti-Hassad. La religion chrétienne encouragerait-elle le statu quo ? L’auteur incrimine plutôt le délaissement des pays musulmans pour ce qui n’est pas leur foi, par exemple à propos de Shobak en Jordanie : « Nous tournons les talons en silence, partagés entre la beauté du lieu et la tristesse du délaissement dans lequel sont maintenus les lieux historiques du proto-christianisme ou de la chrétienté franque » p.58.

Alliée dans l’OTAN, la Turquie joue l’islam en solo contre le reste de l’Occident – non musulman. « Malheureusement la poussée turco-musulmane continue de refouler les chrétiens plus loin en territoire kurde, les éloignant des terres fertiles, me racontait le Père Charbel en janvier 2015, alors que nous nous arrêtions à Qarawella » p.75. Quant au Père Ephrem, « rescapé de Qaraqosh avec vingt-six autres personnes de sa famille, en cette fameuse nuit du 6 août 2014 (…) : ‘On ne peut pas faire confiance aux Kurdes, pas plus qu’on ne peut vivre avec les musulmans. Dès qu’ils sont plus nombreux, ils imposent la charia, la conversion ou la mort. Méfiez-vous de l’Islam’ » p.76. Les musulmans radicaux agissent en effet au XXIe siècle comme Isabelle-la-Catholique au XIVe siècle par inquisition, conversion forcée ou expulsion. La « tolérance » n’est qu’une vertu de nanti majoritaire.

« Partout où je serai passée, où j’aurai recueilli des témoignages, en Irak, en Syrie, j’aurai entendu le même récit : le village a été pris avec la complicité des voisins musulmans, ma maison est maintenant occupée par les voisins musulmans, du jour au lendemain les voisins musulmans ont refusé de nous serrer la main » p.77. Le rêve de modération et d’harmonie (catholique veut dire universel) n’est pas pour demain. « Le Père Fadi (…) à Kazdanan en 2015, avait exprimé sans détour ce que la longue cohabitation de son peuple avec l’islam l’autorisait à dire : ‘L’islam modéré, ça n’existe pas. L’Islam, c’est l’Islam, une religion de conquête où le mot amour n’existe pas » p.77.

Ce qui n’empêche pas, « une fois les situations d’urgence passées » p.120, l’association de s’intéresser aux autres composantes des sociétés dans lesquelles les chrétiens d’Orient vivent.

Attachant témoignage sur le vif, à prendre comme un regard particulier teinté de foi chrétienne clairement militante sur ces sociétés mosaïques en guerre qui cherchent à survivre.

Anne-Lise Blanchard, Carnet de route – de l’Oronte à l’Euphrate les marches de la résurrection, 2020, Via Romana, 132 pages, €15.00

Anne-Lise Blanchard dénonce : « L’Occident s’est livré à la plus ignominieuse action de guerre qui soit, le “pillage des cerveaux”. »

VALEURS CHRÉTIENNES : CULTURE

Carnet de route : de l’Oronte à l’Euphrate

Native d’Alger, danseuse chorégraphe puis thérapeute, longtemps collaboratrice de revues littéraires, Anne-Lise Blanchard a publié une trentaine de livres, de récits et de poèmes. De 2014 à 2019, elle sillonne le Proche-Orient à la rencontre de ses populations, notamment chrétiennes. Elle vient de publier son Carnet de route : de l’Oronte à l’Euphrate, dans lequel elle relate ses voyages dans un Proche-Orient troublé, en Syrie, Jordanie, Irak…

Simon al-Wakil, chef de la Défense nationale de Mhardeh, ville chrétienne de 23 000 habitants, témoigne :

Elle dénonce aussi l’attitude de l’Occident :

Parution de « Carnet de route – De l’Oronte à l’Euphrate, les marches de la résurrection » par Anne-Lise Blanchard

Eté 2020 : Parution aux éditions Via Romana du nouveau livre d’Anne-Lise Blanchard « Carnet de route – De l’Oronte à l’Euphrate, les marches de la résurrection ».

Ce récit est préfacé par Gregorios III, patriarche émérite.

Pour le recevoir en service de presse / interviewer l’auteur très engagée aux côtés de SOS Chrétiens d’Orient, merci de contacter guilaine_depis@yahoo.com 06 84 36 31 85

Ce carnet de route retrace une année de pérégrination (août 2017-août 2018) au Proche-Orient à la rencontre de sa mosaïque de peuples, leurs difficultés, leurs espoirs, leur volonté de vivre malgré les guerres qui se succèdent, une année à la découverte d’un patrimoine qu’ils veulent préserver. J’ai voulu témoigner de la douceur de vivre de ces populations côtoyant l’horreur des attaques islamistes. Dire également la Foi, l’Espérance et la Charité incarnées par ces héros au quotidien face à la folie destructrice du terrorisme. Proclamer mon amour pour ce Proche-Orient martyr et ma fraternité à ses femmes, ses hommes et ses enfants au regard libre et fier. Anne-Lise Blanchard

« Dès le début de la guerre en Syrie, nous avons été obligés de porter les armes afin de défendre nos femmes, nos enfants, notre terre et nos églises. Nous avons bien conscience que notre foi en Jésus-Christ ne nous permet pas de vivre dans une logique de guerre. Cependant nous avons dû rester fermes face aux terroristes djihadistes qui menacent nos vies et dont les effets pourraient assombrir l’Europe.

   « C’est un honneur pour nous de mourir martyrs en défendant notre existence. Nous en avons déjà donné beaucoup, sans compter les blessés et les innombrables pertes matérielles et infrastructurelles durant ces sept années de guerre. Nous souhaitons que cette fermeté, cette résistance soient soutenues de votre part à tous, en tant que frères en Jésus-Christ. Et j’invite chaque chrétien dans le monde à apprécier les sacrifices des chrétiens d’Orient et à ne pas croire aux propagandes des médias.

   « J’adresse au peuple français les salutations de chaque homme, chaque femme, chaque enfant de Mhardeh, peuple français incarné ici en Syrie par la présence de SOS Chrétiens d’Orient qui renvoie la belle image d’une France encore humaine et chrétienne… Encore merci. »
Simon al-Wakil, chef de la Défense nationale de Mhardeh, ville chrétienne de 23 000 habitants.

   « Je voudrais témoigner à travers ce carnet de route en Proche-Orient de la douceur de vivre de ces populations côtoyant l’horreur des tirs islamistes. Je voudrais dire la Foi, l’Espérance et la Charité incarnées par ces héros du quotidien face à la folie destructrice du wahhabisme. Je voudrais enfin proclamer mon amour pour ce Proche-Orient martyr et ma fraternité à ses femmes, ses hommes et ses enfants au regard libre et fier ». Anne-Lise Blanchard

Native d’Alger, Anne-Lise Blanchard qui fut danseuse, chorégraphe avant d’être thérapeute, aime à parcourir les Alpes, un espace qui traverse son écriture.  aime à parcourir les Alpes, un espace qui traverse son écriture. Thérapeute, elle s’est familiarisée depuis 2014 avec la problématique des chrétiens d’Orient en se rendant régulièrement au Proche-Orient et depuis ne cesse de porter leur voix par l’écriture ou en conférence. Née au bord d’une mer violette, elle a longtemps vécu dans une ville entre deux fleuves. Elle réside depuis peu au pied de la Chartreuse.

Longtemps collaboratrice critique de plusieurs revues de création littéraire et artistique (Verso, IHV, Lieux d’Etre, Diérèse, Mag’Ada), publiée dans de nombreuses revues : Arpa, Lieux d’Être, Diérèse, Propos2campagne, Bacchanales, Décharge,Bleu d’encre, La Passe, N4728, Thauma,Diptyque, Souffles, La moitié du fourbi, Le Journal des Poètes, Vents alizés, Terres de Femmes, Recours au poème, Les Carnets d’Eucharis, Les Cahiers du sens,elle est l’auteur de quelques vingt livres – poèmes, haïkus, récits.  Présente dans plusieurs anthologies.Finaliste du Prix de Poésie de la revue Nunc 2018, lauréate du Prix Aimé Césaire de la SPF. Elle crée en 2020 la première édition du Printemps des Poètes dans sa vallée.

Derniers livres parus Carnet de route de l’Oronte à l’Euphrate, les marches de la résurrection(récit), Via Romana, 2020 ; Epitomé du mort et du vif, Jacques André éditeur, 2019 Les jours suffisent à son émerveillement, Unicité, 2018 ;Le soleil s’est réfugié dans les cailloux,Ad Solem, 2017 ; Ascèse des corps, Encre et lumière2012 ; Au près, Les Aresquiers (livre d’artiste) 2012 ; Copeaux des saisons, Corps Puce 2011.

Anthologies : Donne poeti di Francia e oltre dal Romanticismo a oggi, 2017 ;Anthologie poétique francophone de voix féminines contemporaines « Pas d’ici, pas d’ailleurs, 2012 ; 111 poètes d’aujourd’hui en Rhône-Alpes, 2005.

Dossier dans Diérèse n°45, été 2009

Dossier dans Diptyque n°3, Entre-deux, février 2014.

Dossier dans Poésie 1èren°74, La poésie et ses environs, septembre 2019

https://anne-lise-blanchard-poesie.com/