Claudie Kibler cite Chantal Chawaf à propos de Serge Plagnol (La Marseillaise, 21 avril 2010)

cha.jpgLa Marseillaise Edition Le Varois
21 avril 2010
 
Devant un paysage immense et si beau, Serge Plagnol entouré de ses amis Alin Avila, M. Arada de la Galerie Area à Paris, Léo Trouillas, photographe, et Jean-Pierre Lebris.
 
Exposition. Le Toulonnais Serge Plagnol à la Villa Tamaris Pacha.
 
ITINERAIRE D’UN ARTISTE QUI AIME LA FORÊT
 
Que l’oeuvre ici accrochée est belle ! Elle habite l’espace naturellement, avec évidence.
 
Pour Serge Plagnol, toulonnais, il était important d’exposer en la Villa Tamaris Pacha, ce lieu mythique chargé d’histoire, de l’autre côté de la rade, où face à face Toulon et la Seyne regardent vers les Deux Frères, ces rochers si chers à l’artiste… « Je les avais peints lorsque j’avais quinze ans », déclare l’artiste.
 
Les oeuvres se côtoient « parce qu’elles entrent en vibration, sont en correspondance, et non pas parce qu’elles furent créées à la même époque ». Plénitude, harmonie, émotion…
 
« Je retrouve des oeuvres de collections privées que je n’avais pas vues depuis quinze ans ». Emu, l’artiste évoque avec tendresse et reconnaissance les articles remarquables qu’écrivit alors Louise Baron. Ce n’est pas une rétrospective mais un parcours de vingt ans que le visiteur découvre sur les trois niveaux.
 
Alin Avila est séduit par les « Paysages de Pan » qui se déploient sous ses yeux comme des fresques. En osmose avec l’oeuvre qui le renvoie aux sources de la vie, à l’essence même de l’univers, le passant contemple sans se lasser les « Veilleurs de nuit » que sont les cyprès, inscrits dans l’éternité, dont on perçoit la musique, les vibrations émises. Soudain apparaît un visage de femme, image transfigurée, subliminale, palimpseste : Serge Plagnol inscrit la mémoire d’une photo de sa mère retravaillée, à peine apparente, lointaine. « La peinture est porteuse de souvenir », dit l’artiste…
 
« La femme, l’arbre, pour Serge c’est la même chose », lance Alin Avila, ami d’enfance et collectionneur galeriste à Paris. « Sa peinture fait penser à l’origine de la vie, par cette présence obsessionnelle, presque hallucinée, du sexe de la femme, dans le geste visionnaire du coloriste, puissant dans son don d’alchimiste de désintégrer le dessin des formes. C’est là qu’il renoue, consciemment ou inconsciemment avec les origines de l’Art, de la peinture. Cette symbolique spiritualité fossile transmise par les premiers hommes, créateurs des mystérieuses figures paléolithiques représentant les signes couplés jusqu’à l’abstrait des organes masculins et féminins dans une célébration énigmatique de l’humanité, continue dans l’oeuvre de Serge Plagnol, descendant novateur de nos ancêtres magdaléniens », commente Chantal Chawaf, écrivain, dont le dernier ouvrage « Je suis née », sidérante immersion dans le monde des morts, vient d’être publié par Antoinette Fouque.
 
Paysage de la mer avec visage de la mère… Retour à l’essentiel, la vie, la mère qui donne la vie, la mer à Tamaris, source de vie, les arbres sans lesquels il n’y a pas de vie… D’où cette plénitude en contemplation. Le bonheur.
 
« Extraordinaire », commente Biel Genty, graveur. « Serge a tout de même exposé une centaine de toiles à l’Orangerie du Sénat. Ce n’est pas rien », s’exclame, admiratif, Pierre-Yves Lebris, cameraman.
 
Création de la vie, de l’Art, d’arbres indispensables à la vie qui dans l’oeuvre de Serge Plagnol sont habités d’une forte spiritualité.
 
Claudie Kibler Andreotti

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