Virginie Calmels dans Sud Ouest du 25/08/22

Virginie Calmels brigue la présidence de LR : « Si on ne change pas, on finira comme le PS »

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Virginie Calmels brigue la présidence de LR : « Si on ne change pas, on finira comme le PS »
Virginie Calmels : « Je suis une « ordo-libérale », c’est-à-dire très ferme sur la restauration de l’autorité de l’État et libérale sur le plan économique. » © Crédit photo : Archives Philippe Taris / “Sud Ouest”
Par Jefferson Desport – j.desport@sudouest.fr

L’ex-adjointe d’Alain Juppé à Bordeaux est candidate à la présidence des Républicains dont elle a déjà été numéro 2, avant d’être écartée par Laurent Wauquiez en 2018. Interview

Depuis février 2019 et votre départ de la mairie de Bordeaux, dans le sillage de celui d’Alain Juppé, vous êtes restée discrète au plan politique. Pourquoi revenir et briguer la présidence de LR ?

La décrépitude de mon parti me fait peur. Si on ne change pas, on finira comme le PS. Il y a quatre ans, j’étais numéro 2 de LR et déjà je tirais la sonnette d’alarme. J’ai dit que ce parti était en train de se rétrécir sur une ligne politique que je jugeais excluante. J’ai dit qu’on allait dans le mur. Mais, à la tête du parti, on n’a pas accepté ce débat. Depuis, je n’ai pas voulu gêner. Je n’ai rien dit après le très faible score aux européennes (8 %) qui a conduit Laurent Wauquiez à la démission de la présidence. Ce résultat prouve que c’était un échec.

Au chapitre des échecs, il y a surtout eu celui de Valérie Pécresse à la présidentielle. Comment l’expliquez-vous ?

Le parti doit accompagner et ne pas être un frein ou un boulet. Mais un parti en aussi mauvais état ne peut pas être un soutien. Ensuite, Valérie Pécresse a payé la montée des extrêmes et le vote utile. Beaucoup d’électeurs de droite se sont reportés sur Emmanuel Macron à cause de ce risque des extrêmes. Enfin, il y a eu des erreurs et malheureusement, la forme a prévalu sur le fond.

La droite n’a plus gagné une présidentielle depuis 2007. Que proposez-vous ?

Il faut des lignes claires et équidistantes entre Macron et Le Pen et pas qu’identitaires. Je suis une « ordo-libérale », c’est-à-dire très ferme sur la restauration de l’autorité de l’État, les sujets régaliens – sécurité, défense, lutte contre l’immigration – et libérale sur le plan économique. C’est pour ça que je ne suis pas macroniste.

L’idée est donc de changer de ligne, d’être plus au centre ?

La ligne de la droite n’est pas claire. Certaines personnes peuvent être tentées d’être sur une rhétorique qui n’est pas celle de la droite républicaine comme je l’entends. Et si LR a perdu autant adhérents et d’électeurs, c’est aussi parce qu’on a tourné le dos au libéralisme.

Quelle sera votre méthode ?

Je propose une nouvelle façon de faire, ce que j’appelle : « des ailes et de l’air » pour LR. Nous devons remettre du débat, nous réintéresser à des sujets majeurs – le climat, le travail, le progrès scientifique, écologique… –, accueillir de nouveaux talents, de nouvelles sensibilités, ne pas avoir peur de la concurrence.

LR est donc à un tournant ?

Si on rate cette étape, on n’aura que nos yeux pour pleurer dans cinq ans. On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas. On a l’exemple du PS sous les yeux. Qui aurait pensé que le parti de François Mitterrand pouvait disparaître ? Là, on parle du parti du général De Gaulle, de Philippe Séguin, d’Alain Juppé, de Nicolas Sarkozy. Le rassemblement de notre famille politique passe par un changement de ligne et de méthode.

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