Sputnik a souhaité interviewer Christian de Moliner

 

Dans un roman futuriste et prophétique, des nationalistes russes et des islamistes saoudiens tentent de trouver une issue à une guerre civile en France. Comment est-ce possible? Christian de Moliner donne à Sputnik certaines clés pour résoudre cette énigme.

«La guerre civile fait rage en France»: dès le 4e de couverture de ce roman, nous voilà plongés dans le vif du sujet. Si cette phrase peut propulser le lecteur dans la sphère rassurante de l’invraisemblable, une fois que l’on a lu dans le même paragraphe que cette guerre imaginaire «oppose islamistes et nationalistes», on atterrit dans un présent nettement moins hypothétique et l’on perd quelques plumes d’optimise au passage.

Pourtant, la question se pose: pourquoi les Russes sont-ils immédiatement associés au sujet? Christian de Moliner, l’auteur du roman, développe son hypothèse:

«Quand on regarde bien, les nationalistes identitaires en France se tournent de plus en plus vers la Russie. On voit une certaine vénération de la Russie de M. Poutine. J’estime que s’il y a un conflit d’ordre religieux qui éclatait en France, naturellement, les plus extrémistes nationalistes se tourneraient vers la Russie qui serait la protection des chrétiens.»

Une opinion qui risque de semer un doute dans l’esprit du futur lecteur, puisque les fameux nationalistes identitaires ne sont pas forcément plongés dans la chrétienté (encore moins les nationalistes extrémistes). Mais admettons ce parti-pris de l’auteur. Mais dans ce cas, l’héroïne du roman ne devrait-elle pas être une #JeanneDArc, un symbole de l’opposition à l’«envahisseur»? Pourtant, l’héroïne est bien différente de cette image d’Épinal:

«J’ai voulu choisir une fille qui soit de nom arabe et musulmane, mais non croyante, précise à Sputnik l’auteur, par contre, son père est nationaliste. Je pensais que pour l’intrigue du roman, c’était très important.»

Jusque-là, tout va bien, il est très intelligent de semer la graine du conflit au cœur du personnage principal pour que sa vie intérieure reflète en permanence le conflit extérieur, amplifiée. La connaissance de soi, l’évolution de l’âme du protagoniste sont toujours intéressantes à observer, d’autant plus qu’elle grandit avec le déroulement des évènements. Mais l’auteur en décide autrement:

«J’ai aussi voulu placer quelqu’un qui ne comprend pas vraiment ce qui se passe. Placée au centre de l’intrigue, l’héroïne se rend compte qu’elle est indispensable pour faire un lien entre les différents partis, mais ne comprend absolument pas ce qui se passe. Elle sent qu’elle est manipulée, mais ne sait pas comment. Je voulais y mettre une fille pour que ça soit quelqu’un de fragile.»

Comme l’action du roman se situe dans 20 ans, vers 2038, les choses peuvent encore évoluer. Mais pour l’auteur, il est clair que «cette probable guerre civile se basera sur le fond ethnique et religieux, les deux confondus.» Se voulant être une prophétie du futur, l’histoire de la «Guerre de France» est pourtant solidement ancrée dans le passée, puisque les deux factions de cette guerre civile se sont inspirées d’exemples historiques: le «Front des croyants» fait référence au «Front islamique du salut» (FIS) lors de la guerre civile en Algérie et s’oppose à «L’Armée secrète française», qui est une sorte d’«Organisation de l’armée secrète», (OAS), «ceux qui ont essayé de lutter contre l’abandon de l’Algérie française en 1960», précise l’auteur.

Et les Russes dans cet imbroglio franco-français? Bonne nouvelle pour nos collègues de RT: la chaîne d’information existerait toujours dans 20 ans, puisque l’un de ses journalistes arbore ouvertement sa casquette «médiatique» dans le roman de Christian de Moliner. Pourquoi donner des éléments si concret? Insinuer que c’est juste une couverture? Pas de réponse précise de la part de l’écrivain: «Je ne sais pas si la chaîne existera encore… Le temps que j’écrive mon roman, ils ont changé le nom. Dans l’intrigue, il lui fallait avoir une couverture. Et, dans un ancien temps, beaucoup avaient une couverture de journaliste.» Pour jouer les méchants, devrions-nous ajouter?

Christian de Moliner ne déplace pas par hasard une grande partie de l’action de son livre à Chișinău, capitale moldave, puisque les discussions autour du statut de la Transnistrie reviennent régulièrement dans la presse occidentale, un élément reconnaissable de plus pour assurer le succès du roman. Et cela permet également de «repasser une couche» sur le rôle du réseau prorusse dans le conflit imaginaire français, sans trop s’y avancer:

«Je suis au courant qu’en Moldavie existent deux courants: pro-UE et prorusse, dit Christian de Moliner. Pour l’instant, ce sont les pro-Européens qui sont au pouvoir. Mais l’action se passe dans 20 ans et c’est sciemment que j’ai dit que les « Russes se sentent chez eux en Moldavie », parce que je pense que tôt ou tard l’influence russe va de nouveau s’étendre sur la Moldavie.»

Mais, malgré l’apparition d’agents du GRU, le service de renseignement militaire russe, dont le profil reste flou et quelque peu schématique, le vrai nœud gordien de l’intrigue du roman est étatique. C’est là que réside l’inquiétude de l’auteur, toujours nourrie par les réminiscences historiques de 1958, juste avant le retour du général de Gaulle, quand «le gouvernement était complètement dépassé».

«C’est ce parallèle historique que je prends. La guerre d’Algérie- c’est ce qui risque de se passer en France: la guerre ethnique et religieuse. On a occulté le côté religieux de la guerre d’Algérie, mais qui existait.»

Christian de Moliner n’a peur de rien, ni d’éventuelles critiques, ni des représailles islamistes, puisqu’il a «déjà écrit un livre sur l’Islam et n’a pas été attaqué». Pour lui, il n’y a pas de danger de ce côté-là, «d’autant plus que je présente honnêtement le point de vue islamiste. Je ne juge pas,» se défend l’auteur. Mais cela ne l’empêche pas d’enfoncer le clou:

«La guerre serait telle que le gouvernement serait complètement impuissant.»

Il ne vous reste plus qu’à lire l’ouvrage paru aux Éditions Pierre Guillaume de Roux et à juger par vous-même s’il s’agit d’un «thriller mené à cent à l’heure», comme le mentionne sa notice promotionnelle, d’une sombre prophétie ou encore d’un roman d’espionnage… ce qui risque d’être le plus alléchant pour le lecteur français, par ces temps où l’actualité ramène tous les jours son lot de spéculations sur les agents de l’ombre.

Boulevard Voltaire met en lumière « La Guerre de France » par une interview

Livre : La Guerre de France, de Christian de Moliner

Christian de Moliner, les lecteurs de Boulevard Voltairevous connaissent bien à travers vos chroniques, notamment économiques, et vous venez de publier, chez Pierre-Guillaume de Roux, un roman, La Guerre de France, dans lequel vous racontez la guerre civile entre islamistes et nationalistes qui déchirerait notre pays en 20… en quelle année, selon vous ?

Selon moi, elle a déjà commencé. L’attentat du Bataclan marque le début de cette guerre civile ethnique et religieuse. Les événements que je décris se déroulent entre 2035 et 2040. Dans mon récit, la crise actuelle s’est amplifiée. Aux attentats d’extrémistes musulmans se rajoutent des représailles sanglantes de nationalistes. Ceux-ci assassinent des civils musulmans dans la rue. J’ai pris pour modèle la guerre d’Algérie où, au sein de chaque communauté, des terroristes s’efforçaient de tuer le maximum d’innocents appartenant à l’autre camp.

La question de la partition de notre territoire est évidemment au cœur de votre roman. Annoncez-vous la fin de la France ?

Quelle France ? Celle qui a existé jusqu’en 1970 et qui n’évoluait que très lentement est morte en quatre décennies. Il y a peu de rapports entre notre pays actuel et celui de Charles de Gaulle. Le Général serait horrifié, sans doute, s’il revenait à la vie, mais nous ne pourrons jamais retourner en arrière, sauf si une dictature sanglante se mettait en place et ordonnait des expulsions massives. Je redoute une telle dérive, car le prix humain à payer serait alors terrifiant.

Mon thriller décrit une des solutions possibles : donner l’indépendance aux enclaves musulmanes en échange de la création d’une zone autonome où aucun fidèle du prophète n’aurait le droit de résider. Un début de séparation ethnique qui permettrait de « préserver » la France de toujours dans une fraction de l’Hexagone. Mais cette solution est raciste et elle ne serait acceptable que dans le cas où, comme dans mon livre, la France est en plein chaos.

L’idéal, bien sûr, serait l’intégration des musulmans dans un modèle laïque, où les communautés coexisteraient sans tensions et où aucun culte ne serait privilégié. Cette « fusion » harmonieuse semble malheureusement impossible et les fidèles rigoristes (un tiers des musulmans) s’éloignent de plus en plus de leurs compatriotes athées, chrétiens et juifs ou même des croyants modérés.

Autre solution : une soumission à la Houellebecq. Dans ce scénario, nous finirions par donner les clés du pouvoir aux musulmans (pourtant minoritaires), qui nous « octroieraient » un statut de dhimmitude. Malheureusement, la politique actuelle favorise cette option, car nous réagissons de plus en plus mollement aux empiétements de l’islam dans la vie courante. Dans ce cas, nous assisterions à la fin définitive de la France. Nous devrions même, en principe, changer de nom, car la nouvelle entité n’aurait plus rien à voir avec l’ancienne.

Cette guerre civile est-elle encore évitable ? Si oui, comment ?

Le nombre de musulmans ne cesse d’augmenter. En face, les nationalistes se renforcent d’année en année. Ils rejetteront de plus en plus l’islam (au point de frôler le racisme) et pourraient être tentés par la lutte armée, surtout si les attentats sanglants reprennent. Et il suffit, parfois, d’une atrocité pour basculer en quelques jours dans l’horreur. Le FLN, en 1955, était sur la défensive et le mouvement indépendantiste s’essoufflait. Le conflit était de basse intensité. Les massacres effroyables de femmes et d’enfants européens à Philippeville ont entraîné des représailles sans nuances qui ont révolté la majorité des musulmans algériens : ils sont passé du côté du FLN. Enfin, le pire n’est jamais sûr.

Votre héroïne porte un patronyme arabe et est née d’un père européen. Est-ce qu’au fond, votre livre ne pose pas à la fois la question de l’identité individuelle, familiale et celle de l’identité nationale ?

Si ! Djamila est entièrement « assimilée ». Quand on le lui demande, elle ne peut même pas dire si elle est musulmane ou athée. Elle est française à la mode Zemmour, même si son prénom est arabe. Elle n’adhère, en fait, à aucun culte, comme beaucoup de nos compatriotes dont les ancêtres étaient chrétiens ou juifs. L’identité nationale représente nos valeurs communes : respect de la loi, celui de toutes les religions sans exclusive, de la démocratie, du droit de vote. Mais elle se heurte frontalement avec l’islam des intégristes.

Et pour conclure ?

« La guerre de France » est inévitable et a déjà commencé. Elle est actuellement assoupie, mais elle risque de reprendre à tout moment et de s’aggraver, et j’ai donné les diverses façons d’y mettre fin. Cela dit, mon roman est avant tout un thriller que j’ai essayé de rendre palpitant et j’espère que je ferai passer un bon moment à mes lecteurs !

Propos recueillis par Georges Michel

« Un roman envoûtant » selon Argoul pour « Ambassador Hotel »

Marie Desjardins, Ambassador Hotel

Marie Desjardins, auteur francophone nord-américaine, a publié plusieurs biographies et des écrits sur le jazz et la musique populaire (Sylvie-Johnny love story, Vic Vogel histoire de jazz). Elle se lance avec ce roman dans la carrière mythique d’un groupe de rock inventé, RIGHT, dont le nom est formé par les premières lettres de chaque homme du groupe (aucune femme). Outre le talent de chacun, Clive à la guitare basse, John puis Lincoln à la batterie, Bronte puis Mick au piano, c’est bien la voix de Roman, le chanteur, qui emporte tout. Il est le personnage principal, le héros, la star du rock.

Le dessin de couverture reproduit son portrait donné à la fin du livre, p.546, lorsqu’il était au tout début de sa vingtaine : « lors du concert spécial qu’il avait donné à Londres en 1968 pour souligner la sortie de [l’album] Right There, torse nu, pectoraux saillants, micro brandi devant sa bouche démesurément ouverte – une vraie gueule. »Curieusement, le puritanisme nord-américain qui monte censure les tétons, même des hommes. Or, l’auteur le montre, le rock est né dans les milieux populaires anglais des années 1960, Roman à Twickenham, et avait pour objectif de faire éclater le carcan rigide de conventions et de pudibonderie de la très petite bourgeoisie victorienne confite en macération religieuse. Le torse nu était de rigueur, sur scène et ailleurs, garçons comme filles, et les rock stars n’hésitaient pas à déambuler entièrement nus dans leurs loges ou autour des villas louées pour enregistrer les albums.

Le torse nu, montrer ses muscles, était le symbole viril du mâle qui s’affirmait, de l’artiste contre les valeurs du négoce et de l’abrutissement industriel, un appel sexuel et un symbole d’énergie. Car il y avait de la vie dans le rock, bien plus qu’aujourd’hui dans le rap ! Le bruit, le rythme, le cri, étaient autant que les inventions, les mélodies et les paroles, porteurs de sens. Il s’agissait de fusionner le temps d’un concert, de laisser entrevoir une autre vie, de porter le public dans un état que la société banale ne pouvait provoquer – sauf en guerre, peut-être.

Les filles ne s’y trompaient pas, qui tombaient amoureuses, s’enflammaient comme des groupies, n’hésitaient pas à tailler pipe sur pipe aux proches techniciens pour accéder aux coulisses et voir de près ou même toucher l’idole qui allait chanter. Roman profite d’un temps de soliste pour saisir une groupie qui cherche à se hisser sur la scène, l’entraîner dans les coulisses et la baiser tout de go (p.234). Aujourd’hui, les aigries diraient qu’il la viole, mais la fille était consentante, ô combien ; elle comme d’autres ont gardé longtemps des étoiles dans les yeux et des frissonnements dans le con d’avoir été baisées par un demi-dieu. Notre auteur reste muette sur les désirs des garçons pour leur semblable, cela ne semble pas être socialement correct au Canada aujourd’hui, même si elle a cette phrase ambigüe lors d’un déplacement à 17 ans de Roman avec deux potes, pour faire de la musique à Londres : « Il avait l’impression d’être Elvis. C’était divin. Il se foutait complètement d’avoir mal dormi sur le matelas de camping empestant le moisi dans la camionnette, aux côtés de Derek et de Burt, l’un ronflant, l’autre lui ayant grimpé dessus pendant la nuit » p.42.

Né en 1945, Roman Rowan au curieux nom dont les lettres m et w constituent comme les deux mandibules d’une mâchoire narcissique, a 15 ans en 1960. Il baise à 14 ans, lâche le lycée qui l’emmerde, envoie du « cause toujours » à sa mère qui veut régenter son adolescence, constitue un groupe de rock dans un garage avec deux potes et donne des représentations à 17 ans. Mais c’est le 5 juin 1968 que son groupe va enfin émerger, à l’Ambassador Hotel, rasé depuis, où Bob Kennedy se fait descendre par un taré. La chanson produite à chaud dans l’effarement et l’émotion, Shooting at the Hotel, deviendra célèbre, reprise en boucle sur les radios durant des années. L’un meurt pour l’humanité, l’autre chante pour l’humanité, ainsi se passe le flambeau, dans le hasard et la chance.

A 69 ans, pour ses derniers concerts dans le monde, Roman Rowan revient sur sa vie mouvementée et s’interroge : qu’en a-t-il fait ? Il a créé du lien, comme on dit aujourd’hui ; il a remué les foules, a enchanté des générations, a baisé des centaines de filles ravies ; mais un Mexicain s’est tué devant la scène, une fille s’est suicidée de désespoir – les dieux sont dangereux. Il a eu trois épouses – la première était une pute – et une fille, niaisement prénommée Chance. Mais la femme qui l’a le plus marqué, outre sa mère Eirin, fut une cubaine exilée, Havana. L’auteur ne se foule pas pour choisir les noms : Clive venant de Guernesey s’appelle Hélier comme la capitale de l’île, la cubaine comme La Havane… Havana a vu Roman lorsqu’elle avait 6 ans à l’Ambassador Hotel, ce fameux jour où… Elle a pris une photo au Kodak instamatic que lui avait offert sa grand-mère, et Roman lui a fait un grand sourire comme s’il la comprenait. Quarante ans plus tard, elle a repris contact pour faire un livre de photos sur cet homme, mais elle était trop réaliste et fouillait trop profond dans les intimités – Roman effrayé a pris ses distances. Pourtant, c’est peut-être elle qui a le mieux compris la solitude du chanteur de fond.

Ce pavé romanesque, c’est du lourd – 660 g, j’ai pesé. Il est obèse à l’américaine et aurait été plus séduisant un brin svelte, plus dynamique une fois musclé le texte, telle l’image donnée du héros. Il est construit en quatre parties : la première alternant les débuts dans les années 60 et la fin en 2014 ; la seconde faisant témoigner divers acteurs ; la troisième reprenant des moments-clés ; la quatrième contant les derniers concerts. Subsistent, pour les Européens, des anglicismes curieux comme « performer » pour offrir une représentation, « inspirante » qui ne veut rien dire et « publiciser » pour en faire la publicité. Ou encore « la » Nikon pour désigner « l’appareil photo » Nikon (donc au masculin), « le » party pour une partie (genre boum) ou « la »passe pour le passe (partout) destiné à entrer quelque part, confusion vite pornographique si l’on se laisse dire. Je reste dubitatif aussi sur « le corps éthérique » p.18 et « le système ambiophonique » p.277 qui sonnent plus furieusement globish que français.

Ces originalités et ce poids n’empêchent pas le roman de Marie Desjardins d’envoûter. Il fait revivre une époque révolue, celle de la jeunesse de beaucoup. Il montre surtout combien « le sexe » que l’on reproche à mai 68 et à ses suites comptait moins que l’énergie, et que le partage fusionnel comptait plus que l’éclatement individuel. Deux façons de voir le monde que nous avons perdues, régressant à la pudibonderie effarouchée et à l’égoïsme sacré. Pour comprendre ce changement du monde, je vous recommande vivement ce gros roman d’époque.

Marie Desjardins, Ambassador Hotel – La mort d’un Kennedy, la naissance d’une rock star, 2018, Editions du CRAM (Canada), 593 pages, €19.00 e-book Kindle €12.99

Une entrevue avec l’auteur sur YouTube

Attachée de presse Guilaine Depis, 06 84 36 31 8