CNEWS : Marc Menant consacre sa rubrique Histoire à l’Entente cordiale
Revoir l’émission ici : https://www.cnews.fr/emission/2021-04-08/face-linfo-du-08042021-1068418
Guilaine Depis, attachée de presse (Balustrade)
Rampe de lancement ! Appuyez-vous sur la balustrade !
CNEWS : Marc Menant consacre sa rubrique Histoire à l’Entente cordiale
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Le 8 avril 1904 était signé entre la France et le Royaume-Uni le traité de l’Entente cordiale. Le roi Edouard VII et le président Emile Loubet ont trempé leur plume avant d’y apposer leur paraphe.
Quatre-vingt-dix ans plus tard, en 1994, les éditions de la Chouette d’or lancent une chasse au trésor pour commémorer l’événement – mais la fameuse chouette créée par l’artiste Michel Becker n’a jamais été trouvée et l’auteur des énigmes est mort avec les solutions.
Le 8 avril 2021, après la pandémie et le Brexit, les éditions de la Chouette d’or lancent une nouvelle chasse avec de nouvelles énigmes. Toute une aventure !
Chacun peut trouver la réponse aux énigmes dans un livre publié par les éditions de la Chouette d’or, Le trésor de l’Entente cordiale, dans lequel figure le conte de Pauline Deysson Le trésor des Edrel, traduit en anglais par Stephen Clarke. Une carte au trésor et une boite à outils vous y aident. Si vous y parvenez, vous aurez résolu la moitié du chemin. En effet, la chasse est lancée simultanément en France et au Royaume-Uni et seules les deux moitiés de clé pourront déverrouiller l’écrin de cristal contenant le Coffret d’or d’une valeur de 750 000€, exposé prochainement au musée du Château d’eau de la ville de Rochefort.
Cette nouvelle chasse est organisée avec la collaboration de Vincenzo Bianca, créateur de jeux et expert reconnu mondialement pour la conception d’énigmes.
Michel Becker, Stephen Clarke, Pauline Deysson, Vincenzo Bianca, Le Trésor de l’Entente Cordiale, éditions de la Chouette d’or, 8 avril 2021, 156 pages, €24.90
Attachée de presse BALUSTRADE : Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com
« Grâce à ce livre, trouvez un trésor d’une valeur de 750 000 euros. » Le bandeau qui barre la couverture du livre « Le Trésor de l’Entente cordiale » est prometteur. L’ouvrage garantit aussi de sérieux maux de tête aux futurs chercheurs de cette quête qui devrait durer « entre quatre et cinq ans », selon ses créateurs. Le concept : deux livres publiés en France et en Angleterre jeudi 8 avril, date anniversaire de la deuxième Entente cordiale de 1904 entre les deux pays, servant de base à des énigmes cachées dans un « conte onirique », inspiré des relations franco-britanniques et neuf tableaux.
A la clé, deux moitiés de géode à trouver (l’une d’elles enterrée dans chaque pays). Insérées dans une clé, elles permettront de libérer – et de gagner – un coffret en or de très grande valeur, exposé au musée Lingot d’Art de Rochefort, en Charente-Maritime. Antoine est déjà séduit : « Je vais faire les deux versions de la chasse, française en anglaise, salive-t-il déjà. J’ai reçu les livres, ce sont de beaux ouvrages », commente ce père de famille de 40 ans qui fait des chasses au trésor depuis tout petit et compte bien aller au bout de cette nouvelle aventure.
Le jeu est lancé par Michel Becker, qui a acquis dès 2017 ce coffret offert par le roi d’Angleterre, Edouard VII au président français, Émile Loubet, lors d’une visite à Londres en 1903, un an avant la signature du traité. « Lorsque j’habitais à Monaco, j’ai eu l’occasion de côtoyer des gens archifortunés qui m’ont parlé de cet objet au moment où il était mis en vente, raconte ce peintre et sculpteur. C’est un symbole, un objet complètement disparu, qu’Émile Loubet a dû exposer chez lui en rentrant. Avec le Brexit, il prend encore une autre signification, même si je ne le savais pas à l’époque. Entre les mains, cela m’a fait un drôle d’effet et je me suis dit que ce serait sympa que cet objet sorte de la confidentialité. Le moyen que je connais, c’est celui de la chasse au trésor. »
Car Michel Becker n’est pas un inconnu du milieu, loin de là. Il a lancé en 1993 « Sur la trace de la chouette d’or ». La contremarque en bronze, permettant de mettre la main sur l’objet d’une valeur de 150 000 euros, n’a jamais été retrouvée, après le décès du « maître du jeu ».
Aujourd’hui encore, de nombreux « chouetteurs » continuent de tenter de percer les énigmes, sans savoir si elle est toujours à sa place. Ce que l’artiste du sud de la France assure totalement ignorer et qui a conduit à des conflits jusque devant les tribunaux. « Le jeu peut se terminer, il ne manquera rien, promet ce dernier. J’ai acheté cet objet pour ça, je ne suis pas assez riche pour m’offrir de telles choses. Donc, bien sûr, il y a un business model derrière, sinon je n’ai pas les moyens de le faire. »
Le livre présente un certificat de l’estimation du coffret en or par Jean-Pierre Guilhem, un expert joaillier de Béziers, en 2015. En 2017, lors de la vente aux enchères monégasque, le catalogue le valorisait plutôt entre 250 000 et 350 000 euros, ce qui représente déjà un record pour une chasse européenne. « Il y a eu un gentleman agreement avec le vendeur, je ne l’ai pas payé 750 000 euros, le prix payé est confidentiel, explique Michel Becker. Tout ce que je peux dire, c’est qu’il avait refusé une offre à 350 000 euros. J’ai estimé honnête de me baser sur l’expertise effectuée par Jean-Pierre Guilhem sur la base de la valeur historique de l’objet. Il est probable que le gagnant ne soit pas le même dans les deux pays, qu’ils ne gardent pas le trophée et le revendent. »
L’enjeu financier réel de la chasse sera donc connu lorsque l’objet sera mis sur le marché. Les organisateurs comptent sur l’exposition médiatique du coffret pour aiguiser l’intérêt des musées et collectionneurs. L’initiateur du jeu a participé lui-même à sa conception, en peignant les tableaux qui recèlent une partie des énigmes et de leurs réponses, mais il s’est entouré d’un sérieux allié, le créateur de jeux belge Vincenzo Bianca, déjà à la tête de deux projets terminés dotés de 30 000 euros (« le Mystère de l’éventail ») et 100 000 euros (« Time Is Gold »), ainsi qu’un autre, toujours en cours, à 210 000 euros (« Guardians Of Legend »).
« Je ne me lance pas dans une chasse au trésor s’il n’y a pas deux éléments : la garantie du lot au vainqueur et la pérennité de la chasse, souligne-t-il. J’ai déposé une enveloppe cachetée pour chacun des pays et une clé USB contenant les travaux intermédiaires. » Avec à la clé deux histoires différentes, selon la sensibilité des enquêteurs de chaque pays : « C’est intéressant, parce que cette chasse se déroule là où ont commencé la chasse au trésor anglophone, avec Masquerade (NDLR : un livre) de Kit Williams, en 1979, et la chasse francophone, Sur la trace de la chouette d’or, en 1993. Traditionnellement, les francophones sont plus portés sur la cryptographie, les énigmes avec des codes, alors que les anglophones ont plus une logique interprétative. J’ai plutôt basé chaque chasse sur les habitudes du pays. »
Détail d’importance dans le contexte lié au Covid-19 : il n’est nécessaire de se déplacer à aucun moment avant d’avoir trouvé l’endroit où déterrer l’objet caché à 50 cm sous terre. Les néophytes peuvent s’appuyer sur un conseil du confectionneur belge : « Face à chaque énigme, il faut se demander ce que je cherche et trouver les éléments qui permettent d’y arriver. Par exemple, si je suis face à un cadenas à cinq chiffres, je cherche cinq chiffres… » Pour entrer dans sa tête, on peut aussi consulter les solutions du « Mystère de l’éventail », disponibles gratuitement sur Internet.
Pour se plonger dans l’histoire de l’Entente cordiale, balayée par l’historien Stephen Clarke dans le livre support, et dans la chasse, il faudra en revanche investir dans l’ouvrage (24,90 euros), dans une carte (17,95 euros) et un carnet de l’aventurier (4,95 euros). Un système d’abonnement à environ 5 euros par mois permettra de poser des questions et de consulter les réponses. Un point qui a suscité l’agacement de certains chasseurs sur les forums spécialisés et renforcé des doutes liés au passé de Michel Becker, même si les organisateurs assurent que tous les éléments nécessaires à l’accomplissement de la quête sont présents dans le matériel initial.
« Une partie des chercheurs sont sceptiques après toutes les péripéties de la Chouette d’or, alors que d’autres sont emballés, résume Jacques, alias ChAT, qui gère le site de référence chasse-au-tresor.com. Je pense que les sceptiques ont tort, du fait de l’ampleur de la chasse et de la présence de Vincenzo Bianca. Et pourtant, j’en ai vu des chasses farfelues lancées par des hurluberlus ! »
Ce spécialiste, qui avoue qu’il n’aura « pas le temps » de se lancer dans l’aventure, estime à « 50 000 à 100 000 » le nombre de chasseurs de trésor en France « pas tous assidus », et décrit un noyau de « quelques centaines de joueurs, dont les plus motivés courent tous les lièvres et forment souvent des équipes de winners ». Les 3 500 premiers exemplaires du livre auraient déjà été écoulés en précommande, alors que l’initiateur se prend à rêver d’en vendre « jusqu’à 200 000 à 300 000 » tout en ayant « prudemment basé [son] business plan sur 15 000 exemplaires » : « Mon obsession n’est pas de faire fortune, mais de laisser une belle histoire avec ce fichu coffret tombé dans l’oubli. »
Son nom est connu de tous les « chouetteurs », cette communauté de joueurs qui tentent de résoudre une chasse au trésor jamais résolue depuis 28 ans. Si Michel Becker n’est pas le cerveau qui a imaginé les rébus, codes et autres énigmes publiés en 1993 dans l’ouvrage intitulé Sur les traces de la chouette d’or, l’artiste est bien le concepteur de l’objet tant convoité, le prix de la victoire : une statuette représentant le rapace, faite d’argent et d’or, piquée de rubis et de diamants, de 50 centimètres d’envergure, d’une valeur estimée à l’époque à un million de francs, soit un peu plus de 150 000 € aujourd’hui.
« À l’époque, un de mes amis, industriel spécialisé dans la fabrication d’objets en or pour les grandes marques de luxe voulait lancer sa propre marque, se souvient aujourd’hui l’intéressé. Il recherchait un moyen de médiatiser cela, et c’est comme cela qu’il a rencontré Régis Hauser, alias Max Valentin. » Consultant en marketing et professionnel du secteur de la communication, l’homme propose alors une chasse au trésor, avec une statuette en or à gagner.
« Cela faisait plusieurs années qu’il avait cette idée dans sa besace, poursuit Michel Becker.Il s’était inspiré de la chasse Masquerade, un jeu créé par Kit Williams en 1979 au Royaume-Uni, où les énigmes menaient à la découverte d’un lièvre en or, déterré en 1982. »
Un mystère qui dure depuis 28 ans
Régis Hauser propose à ses deux acolytes de faire gagner un œuf. « Mais l’objet était trop connoté dans le monde de la joaillerie, avec Fabergé, précise Michel Becker. C’est moi qui ai proposé la chouette, pour des raisons liées à ma généalogie et pour le client qui voulait une référence aux rois de France et à la chouannerie… »
Mais quelques mois plus tard, alors que Régis Hauser planche sur les onze énigmes à résoudre et que Michel Becker peint les illustrations du bouquin, le joaillier jette l’éponge. « Hauser était déçu d’abandonner, et il m’a poussé au crime en proposant de lancer avec lui cette chasse au trésor, en me laissant miroiter des ventes de livres qui pourraient me permettre de couvrir mon investissement, si je décidais de fabriquer moi-même la chouette d’or… »
L’artiste s’exécute, le livre est publié à 50 000 exemplaires et, depuis 28 ans, plusieurs milliers de personnes – entre 250 et 500 000 participants – se sont lancées à la recherche de l’artefact, enterré quelque part en France.
Au début, Régis Hauser répondait aux chasseurs par le biais du minitel, puis par internet. Mais celui qui a imaginé le jeu – et le seul à connaître l’endroit exact de la cachette, est décédé en 2009, emportant avec le secret avec lui dans la tombe.
Lancer un nouveau jeu
Alors que la chasse au trésor est encore en cours, faisant d’elle l’une des plus longues de l’histoire, Michel Becker craint que la chouette ne soit jamais retrouvée. Malgré ce scénario, il a pris goût à cet univers qu’il a découvert il y a près de trente ans par hasard. Et c’est tout naturellement qu’il a imaginé un nouveau jeu, qui sera lancé le 8 avril prochain.
Cette chasse au trésor doit se dérouler des deux côtés de la Manche, avec, à la clé, un coffret en or, d’une valeur estimée à près de 750 000 €. Cet objet a été offert en 1904 par le roi d’Angleterre Édouard VII au président de la République française Émile Loubet lors de la signature de l’Entente cordiale.
La date pour cette nouvelle chasse au trésor n’a d’ailleurs pas été choisie au hasard : elle coïncide avec l’anniversaire de la ratification de cet accord entre la France et le Royaume-Uni, le 8 avril 1904. « J’ai eu la chance de découvrir cet objet historique lors d’une vente aux enchères relativement confidentielle à Monaco en 2017, raconte Michel Becker. Son propriétaire de l’époque voulait le céder, mais il n’a pas trouvé preneur, passant relativement inaperçu. » L’objet, poursuit-il, « ne fait pas rêver par sa conception artistique, personnellement je le trouve un peu kitsch ».
« Ce qui m’a le plus impressionné, c’est qui l’a offert, qui l’a reçu, et la symbolique dont il est porteur, explique Michel Becker. C’est plus pour moi une pièce qui a vocation à finir dans un musée. Je ne pensais pas qu’un tel objet puisse circuler comme cela dans la nature. L’Entente cordiale dont il est le symbole, ce n’est quand même pas un événement mineur au XXe siècle ! »
Derrière l’objet, des manœuvres militaires et diplomatiques
En effet, à l’époque, alors que les tensions se font de plus en plus pressantes entre les grandes puissances européennes, rien ne laisse supposer un accord entre la France et son ennemi multi-centenaire qu’est la « perfide Albion ». D’autant plus que le kaiser Guillaume II est le neveu d’Édouard VII et le cousin du tsar Nicolas II, et le souverain allemand rêverait de nouer une alliance familiale, afin d’écraser la France comme en 1870 et démanteler ses colonies.
« En 1902, la possibilité d’un tel accord est réelle : depuis quelques années, la France et l’Angleterre sont en très mauvais termes politiques, explique l’historien anglais Stephen Clarke, qui explique le contexte dans l’ouvrage de présentation du jeu. Leur rivalité pour conquérir l’Afrique mène d’abord, en 1898, à une confrontation au Soudan. Les Britanniques essaient alors d’ouvrir une route nord-sud entre leur colonie en Égypte et Le Cap en Afrique du Sud. Parallèlement, les Français visaient la création d’une chaîne de colonies entre le Sénégal, sur la côte ouest, et Djibouti, à l’est… »
Ces velléités débouchent sur la crise de Fachoda, nom d’une petite forteresse au bord du Nil, située à 650 km au sud de Khartoum. Les troupes expéditionnaires françaises et anglaises se font face. « Pendant que les diplomates parlementent autour de Fachoda, des navires britanniques manœuvrent devant les ports de Brest et de Bizerte (la Tunisie étant alors une possession française), précise Stephen Clarke. C’est une menace ouverte. Le danger d’une guerre franco-britannique est immédiat… »
L’escalade est évitée de justesse, mais après cet incident, une grande partie de l’opinion publique de l’Hexagone, tout comme bon nombre de parlementaires français, ne veut pas entendre parler d’accord militaire ou diplomatique avec nos voisins d’outre-Manche.
« Stephen Clarke m’a révélé que la signature de l’Entente cordiale n’a été possible que par la volonté et l’abnégation d’Édouard VII et d’Émile Loubet, et leurs relations construites en amont », explique Michel Becker.
Voyages diplomatiques, entrevues secrètes à l’étranger… Dix ans avant le début de la Première Guerre mondiale, l’Entente cordiale est la première pierre des alliances nouées par la France.
« Face à toute cette histoire, je me suis dit qu’un tel objet ne pouvait pas rester dans l’ombre, poursuit l’artiste. C’est pourquoi j’ai décidé de le remettre sur le devant de la scène. Le meilleur moyen, selon moi, d’une part de l’acquérir – puisqu’il faut quand même le financer – et ensuite de l’offrir aux yeux du public – puisque personne ne l’a jamais vu – était de reprendre le canevas d’une chasse au trésor ! »
Une équipe de professionnels et des indices dans un roman
Cette fois-ci, le jeu est organisé dans les règles de l’art. Pour éviter les écueils de la chouette d’or, Michel Becker s’est entouré d’une équipe de professionnels, comme l’explique l’artiste.
« À la différence de Régis Hauser, qui était un homme de marketing pur et qui travaillait seul, j’ai fait appel cette fois-ci à Vincenzo Bianca, un spécialiste de ce genre de jeux qui, avec son agence, a déjà conçu des projets ludiques et créatifs pour des institutions comme le musée du Louvre ou RTBF, la télévision belge, précise Michel Becker. Nous avons travaillé ensemble pour élaborer la trame du jeu et connaissons tous les deux les emplacements. »
Les énigmes s’inscrivent dans un roman, Le trésor des Edrei, un conte dystopique écrit par la jeune autrice Pauline Deysson. L’ouvrage se compose de ce texte, accompagné d’une explication du contexte historique de l’Entente cordiale, rédigé par l’historien Stephen Clarke, ainsi que des illustrations du fameux coffret.
« C’est un bel objet en tant que tel, précise Michel Becker. Pour ceux qui voudront se lancer dans le jeu et mettre toutes les chances de leur côté, ils pourront se procurer en plus une carte interactive ainsi qu’un guide du chasseur de trésor. »
De l’aveu même de Michel Becker, il faudra tout d’abord se plonger dans l’histoire et les illustrations, afin d’en tirer tous les éléments. « L’idée est de pousser les lecteurs à fouiller le texte et son vocabulaire qui peut parfois être déroutant, à examiner en profondeur les œuvres présentées. C’est très pédagogique à une époque où on a plus l’habitude de survoler un texte ou jeter un œil à un tableau. L’idée est d’affûter l’esprit du chercheur ! »
« Ce n’est qu’à ce prix, poursuit-il, que les joueurs auront les éléments pour découvrir les deux éclats de géodes, l’un caché en France, l’autre en Grande-Bretagne, destinés à être regroupés à l’intérieur de l’anneau d’une clé, pour la rendre opérationnelle, afin qu’elle puisse ouvrir le coffre transparent dans lequel repose le trésor… »
Le trésor exposé à Rochefort, en Charente-Maritime
En attendant son gagnant, le trophée sera exposé au public d’ici l’été au Lingot d’Art, à Rochefort-sur-Mer (Charente-Maritime). Situé dans l’ancien château d’eau de la ville, l’espace regroupera la galerie d’art de Michel Becker ainsi que le musée de la Chouette d’or, où le public pourra admirer le fameux oiseau de nuit, qui reste à gagner, 28 ans après le début de la chasse au trésor, ainsi que la pièce historique de l’Entente cordiale.
Dernière précision, pour les chasseurs qui envisageraient déjà de sortir pelles et pioches pour aller prospecter, et qui se sentiraient bridés en période de crise sanitaire et en plein Brexit : « Selon moi, on peut bien avancer à partir du livre et des infos glanées sur internet, confie Michel Becker. Mais contrairement à la chouette d’or, les énigmes indiquent un endroit précis. Tant qu’on n’a pas cela, ce n’est même pas la peine de se déplacer ! »
Une immense chasse au trésor est sur le point de se lancer des deux côtés de la Manche. Jeudi 8 avril, les éditions la Chouette d’or publient Le trésor de l’entente cordiale, un livre à énigmes qui indique l’emplacement d’un coffret estimé à plusieurs centaines de milliers d’euros. Cette chasse qui promet de durer des années se veut être une célébration des liens qui unissent la France et l’Angleterre depuis un siècle.
En juillet 1903, le président français Émile Loubet recevait le « coffret de l’entente cordiale », un objet symbolisant la paix entre les deux pays. Cette boîte finement gravée et décorée à la feuille d’or a ensuite été transmise de génération en génération avant d’être finalement achetée par l’artiste Michel Becker en 2017.
Ce spécialiste des chasses au trésor a décidé d’intégrer l’objet historique, d’une valeur d’environ 750.000 €, à sa nouvelle création. Aidé par le créateur d’énigme Vincenzo Bianca et de l’autrice Pauline Deysson, Becker s’est lancé dans une aventure éditoriale ambitieuse.
Ce jeudi 8 avril, date d’anniversaire de la deuxième Entente cordiale de 1904, une version française et une version anglaise du livre Le trésor de l’entente cordiale seront publiés simultanément. Les ouvrages contiendront des indices différents en fonction des pays et mèneront à deux endroits distincts. Les livres sont constitués de neuf énigmes, composées d’illustrations de Becker et de textes écrits par Pauline Deysson.
Les tableaux mèneront les joueurs vers deux moitiés de géode, une située en France et l’autre en Angleterre. Assemblées, ces dernières formeront une clé qui permettra de libérer le coffret. Concernant la pandémie en cours, que les chasseurs de trésor se rassurent : nul besoin de parcourir tout le pays pour trouver les géodes. Les objets à déterrer peuvent être trouvés directement à partir du livre.
Cette chasse bi nationale a pour but de rapprocher les deux pays, l’appât du gain étant, c’est bien connu, un puissant moteur émotionnel. Le livre contient également une histoire de l’entente cordiale écrite par l’auteur et historien britannique Stephen Clarke. Selon lui, la chasse au trésor est « un rappel opportun que les querelles sur les personnes recevant des doses de vaccin sont un accroc temporaire dans une alliance clé et durable ». Cependant de l’aveu même des organisateurs, seule une équipe de joueurs bilingues pourrait totalement finir le jeu.
Pour pouvoir un jour espérer toucher du doigt le coffret, il faudra y mettre le prix. En plus de l’ouvrage vendu à 24,90 euros, une carte est disponible à 17,95 euro ainsi qu’un carnet de l’aventurier à 4,95 euros. Comme le souligne le Parisien, un abonnement de 5 euros par mois est également proposé aux joueurs qui souhaitent profiter des questions et des réponses sur le sujet en ligne.
Pour l’instant, 3500 exemplaires du livre auraient déjà été écoulés. Toujours selon le Parisien, Becker tablerait pour l’instant sur une vente d’envions 15.000 exemplaires, mais n’exclut pas d’en écouler des centaines de milliers.
Rappelons que l’artiste n’est absolument pas un néophyte en matière de chasse au trésor. Michel Becker est en effet connu pour avoir lancé en 1993 « Sur la trace de la chouette d’or ». Une chasse qui promettait aux joueurs de mettre la main sur une statuette d’une valeur de 150 000 euros. La chouette n’a jusque là pas encore été retrouvée… De quoi refroidir les ardeurs des amateurs du dimanche. Crédit photo : Coffret de l’entente cordiale reçut par le président français Émile Loubet
Rendez-vous sur Teams pour la conférence de presse lançant la chasse au Trésor de l’Entente cordiale jeudi 8 avril 2021 à 17h sur ce lien :
Lien invitation Teams de lancement jeudi 8 avril à 17h, venez nombreux
De nouvelles enquêtes attendent notre fameuse détective Jasmine Catou. Trois aventures inédites et tout aussi savoureuses que nous présente Christian de Moliner, dans son nouvel opus Le retour de Jasmine Catou. En bon ingénieur de l’éclairage scénique et de maître dans l’art du suspens, l’auteur place sa délicate et habile héroïne dans une lumière encore plus intense, à la mesure de l’expérience que celle-ci a acquis depuis ses débuts, en la rendant ainsi digne du surnom de Watson félin dont elle avait hérité dans le volume précédent. Comment ne pas être captivé par le charme de ce personnage doué, comme vous l’apprendrez davantage, d’une intuition hors norme, d’une inventivité et d’un incroyable don de la communication à travers la télépathie qui l’aide à surmonter son handicap qui la prive du don de la parole.
Suivons d’abord Agathe et Jasmine Catou à un Concours de beauté féline à Paris. L’histoire qui suit est d’autant plus passionnante car le hasard fait qu’Agathe Boulay, la maîtresse de Jasmine ou plutôt sa maman, si l’on en croit les dires de l’une et de l’autre, est l’attachée de presse de cette manifestation. L’avis est quasi unanime : avec sa beauté, son allure et son intelligence, Jasmine gagnera sans aucun doute ce concours haut la patte. Pas de place pour des hésitations, telles que sont formulées par Emmanuel, l’amoureux d’Agathe, pour qui tout ça ressemble plutôt à « une compétition de midinettes félines » où on risque de s’ennuyer par surcroît. Sauf que c’est sans compter sur les ressources infinies de ce récit magnifiquement bien tissé et qui nous attire dans les coulisses de ce fameux concours et de certains personnages qui s’y invitent et compliquent son bon déroulement. La présence de Philippe Pieters, écrivain médiocre et ancien client de l’agence de presse d’Agathe, donne à l’intrigue une tournure alerte qui finit par une suite d’événements qui mèneront à une enquête policière. C’est à ce moment que, obligée de quitter son statut de vedette de concours de beauté, Jasmine Catou revêt son habit de détective à la fois pour trouver le coupable de ce trouble général et de défendre sa maîtresse de l’écrivain qui l’importune. Sa stratégie n’a pas changé, si l’on peut le dire ainsi. Il suffit de faire confiance à son flair et à son intuition de féline. Sa stratégie est payante et le résultat garanti : comme par miracle, le suspect est vite démasqué. Élémentaire, chère Jasmine !
L’histoire suivante se déroule sur une scène plus réduite que le chapiteau du concours de beauté. Il s’agit cette fois du studio d’une antenne de Web-télévision où Agathe anime « une émission littéraire intitulée L’auteur et son animal ». Jasmine Catou est, selon elle, l’élément essentiel, car les auteurs invités doivent être accompagnés par leur animal préféré. Sont invités des célébrités et des Prix Goncourt. Cette fois, l’invité est un écrivain connu, Pierre-André Von Eibers, auteur d’un seul livre Le cœur navré. Celui-ci arrive sur le plateau avec Hector, un chihuahua que Jasmine connaît bien. C’est que sa maîtresse et cet écrivain sont liés par une vieille histoire d’amour qui semble maintenant oubliée. Vraiment ? Ce n’est pas si sûr, surtout qu’il y a mille raisons que les choses ne se passent pas comme prévu. Une série d’incidents mettent brusquement fin à l’enregistrement. Hector disparaît dans l’obscurité causée par une panne intempestive de courant, déclenchant la colère de son maître. Cette fois encore, Jasmine aura à résoudre, en plus des troubles des bouleversements des cœurs humains, la disparition du pauvre Hector. Elle se retrouvera de nouveau dans sa posture favorite de protectrice de sa maîtresse et devra trouver une preuve pour mieux illustrer son talent de détective. Elle résume sa stratégie par cette formule héritée de son célèbre maître dans le domaine, le fameux Sherlock Holmes : « si on retire l’impossible, la solution apparaît clairement ». La question n’est donc même pas si sa stratégie va marcher, mais comment notre détective féline va s’y prendre pour mettre en pratique les préceptes acquis souvent par une télépathie qui se révèle imbattable? Laissons au lecteur le plaisir de découvrir tout ce spectacle et d’admirer les qualités de Jasmine.
Abordons quant à nous la nouvelle intrigue qu’attend Agathe et implicitement sa chère Jasmine. Sans grande surprise, signalons l’apparition de deux personnages auxquels nos protagonistes se sont déjà confrontées. Il s’agit de Philippe Pieters, l’écrivain harceleur du premier épisode de la série et de la concurrente d’Agathe, l’attachée de presse Isabelle de la Volta. Cette fois encore, une intrigue des plus enchevêtrée se noue. Chantage, faux en documents, menaces et mensonges sont réunis pour amener Agathe au bord du désespoir et de la peur du fisc. Décidemment, Pieters, cet écrivain sans talent mais rempli d’orgueil est prêt à tout pour satisfaire son obsession maladive de devenir célèbre. De nouveau, le sens de l’intrigue dont excelle Christian de Moliner offre au lecteur des pages magnifiquement bien écrites, dans un style d’une légère suavité devant le désarroi des ses héroïnes. Avec brio et malgré l’urgence de trouver une solution, Jasmine Catou finit par trouver l’issue de sortie de cet imbroglio concocté par Pieters et sa complice. L’épilogue sera résumé par Agathe qui, fière de sa féline, finira par conclure : « Jasmine Catou est vraiment mon ange gardien. Et elle est intelligente ; elle comprend tout ».
Élémentaire, n’est-ce pas, diriez-vous…
Dan Burcea
Christian de Moliner, Le retour de Jasmine Catou, Les Éditions du Val, 2019, 100 pages.
Service littéraire sélectionne « Tantum ergo » dans les meilleurs livres d’avril 2021