Chronique littéraire. La tentation de la vague d’Alain Schmoll
« La tentation de la vague » est un roman à l’intrigue originale, qui si elle a un peu de mal à démarrer, vous happe et vous oblige à le lire sans discontinuité pour en connaître la fin. Le thriller présente deux univers en apparence différents : d’un côté Werner, héritier d’une famille d’industriels de Genève.
Il vit à Paris, ne s’est jamais impliqué dans la gestion de l’entreprise de son père, mais celui-ci est malade d’un cancer et l’entreprise rencontre des difficultés potentiellement mortelles. Werner est contraint de prendre ses responsabilités et s’impliquer dans la gestion du bien familial. L’auteur utilise le « je » pour ce personnage, afin d’aider le lecteur à s’y retrouver dans l’intrigue.
De l’autre côté, le roman présente Romain, gauchiste de profession, qui anime un mouvement « Émancipation révolutionnaire » dont le but est de faire tomber le pouvoir bourgeois, mais qui se refuse à utiliser la violence pour la violence. Romain est un « James Bond » de l’activisme, beau, organisateur efficace, compétent dans tous les domaines, qui a des idées valables sur tous les sujets, dont les arguments sont imparables et convaincants. Il a fait partie des services secrets cubains où il a rencontré Julia avec laquelle il entretient une liaison depuis 10 ans. Romain est mystérieux, insaisissable même pour son amante, qui sur le fond le connaît peu. Il est en retrait de son organisation, utilise un camarade Amin pour effectuer à sa place la gestion courante. Il découvre un militant, Greg qui possède un charisme rare et se révèle être un excellent orateur. Romain pousse Greg, il organise pour lui des manifestations au succès croissant, dans lesquelles son poulain lit des discours qu’il lui a écrits. Mais grisé par son succès d’estrade, Greg aspire à évincer Romain, qu’il trouve trop mou. Il prend contact avec tous les révolutionnaires vivant en France, pour organiser une internationale de la subversion. Il veut aussi mettre Julia dans son lit. L’affrontement est inévitable. L’auteur utilise « il » dans cette partie.
Quel est le lien entre ces deux univers si différents ? C’est que le lecteur découvrira au fil d’une intrigue bien menée et finalement ambiguë. Le style est simple, efficace, sans fioritures inutiles. On peut juste reprocher à l’auteur d’avoir trop embelli ses personnages : les filles sont belles, intelligentes, Romain est un superman, Amin un second rêvé, sans ambitions et fidèle comme un chien.
On pourrait croire que l’auteur est favorable aux thèses d’extrême gauche, il n’en est rien, la distanciation avec cette idéologie, finissant par pointer son nez.
La tentation de la vague d’Alain Schmoll, éditions l’Harmattan, 23 €, 262 pages
Christian de Moliner