Un article de l’écrivain Luc-Olivier d’Algange sur « Les Exploits de Jasmine Catou » de Christian de Moliner
Avec les Exploits de Jasmine Catou, de Christian de Moliner, voici le retour du Sherlock Holmes félin, dont nous avions déjà suivi les aventures dans deux volumes précédents. L’ouvrage ne s’adresse pas seulement aux amateurs de ces énigmes délicieuses que l’observation et la logique dénouent et dont l’inventeur fut le chevalier Dupin des Contes extraordinaires d’Edgar Poe, il s’adresse aussi à ceux qui aiment les chats, les « amoureux fervents et les savants austères » ; encore que les félinolâtres, aussi anciens que les Egyptiens des Pyramides, ne se limitent pas à ces deux catégories baudelairiennes.
Il y eut les chats d’Ultaïr de Lovecraft, peuplant ces contrées du rêve dont on ne revient pas ; il y eut le chat Murr de Hoffmann, qui sans doute inspira Soséki, et voici que nous avons, grâce au talent de Christian de Moliner, les récits de Jasmine Catou, écrits à la première personne,- car chacun devrait savoir que dans une maison, ou un appartement, la première personne est toujours le chat, ou la chatte.
Christian de Moliner n’est ici que le transcripteur des pensées de Jasmine Catou . C’est elle qui analyse, qui raconte sa vie, par laquelle nous découvrons, au passage, celle de sa maîtresse, attachée de presse à Saint-Germain des Près. Nous y croisons des écrivains et des éditeurs, plus ou moins recommandables et sommes ainsi initiés à ce microcosme où fermentent les ambitions et les idéaux, et quelques écheveaux qu’il appartiendra à Jasmine Catou de dénouer.
Quiconque a déjà observé un chat prendre possession d’un lieu n’aura manqué de remarquer la façon dont tout est examiné, aussi bien par l’œil, la patte que par l’odorat. Rien n’échappe à cette attention aiguisée. Le chat, et Christian de Moliner s’en avise avec justesse, est détective par nature. Un autre agrément de ces ouvrages est que l’on y trouve des « personnages à clefs », que nous devinons parfois, mais dont nous nous garderons de divulguer l’identité. Seule, parmi ces personnages de fiction, – car tout personnage dans une nouvelle ou un roman est toujours de fiction, quand bien même il emprunte les traits de tel ou tel contemporain -, est parfaitement réelle et reconnaissable, avec ses beaux yeux verts, Jasmine Catou. J’oserai la paraphrase : « Jasmine Catou existe, je l’ai rencontrée ».
Ajoutons enfin que Christian de Moliner n’est pas seulement l’auteur de ces aventures plaisantes, il est aussi l’auteur d’ouvrages beaucoup plus sérieux sur de brûlantes questions d’actualités qui engagent l’avenir de notre pays et de notre civilisation, et qui eurent, au demeurant, beaucoup plus d’échos à l’étranger qu’en France.
Luc-Olivier d’Algange