Les faits : Airbus et Air France jugés non-coupables dans l’affaire du crash du Rio-Paris de 2009, dont le jugement a été rendu lundi au tribunal de Paris. Les deux entreprises étaient poursuivies pour homicides involontaires. Et à l’annonce du verdict, les familles des victimes ont été choquées.
Réaction de Romain Kroës :
AF 447
Premier juin 2009, un Airbus A330 d’Air France reliant Rio de Janeiro à Paris tombe dans l’Atlantique avec à son bord 228 passagers et membres d’équipage. Le procès s’est conclu en décembre 2022. Le verdict vient de tomber. En résumé : « des fautes, mais pas de coupables ». Les parties civiles vont introduire un recours. Elles sont justement en colère, car cette catastrophe n’est pas imputable à la fatalité. Par conséquent, il y a forcément une responsabilité à établir. Mais elle ne peut pas être établie.
La chute de l’appareil n’est pas due à la disparition des informations de vitesse, mais à l’impossibilité, pour les pilotes, de disposer d’une analyse de la situation ou de l’effectuer eux-mêmes, pendant 50 secondes qui furent cruciales. Et la cause de cette incapacitance est ce que l’on appelle « l’Intelligence artificielle ». L’attention des pilotes a été inutilement suspendue pendant cinquante secondes à la lecture d’un écran où l’information la plus importante est apparue trop tard. D’une part, pendant tout le temps où l’on reste suspendu à la lecture d’un écran on ne peut pas réfléchir. D’autre part, le logiciel remplaçait l’officier mécanicien, débarqué dans les années 1980, et les pilotes ne disposaient pas du moyen d’effectuer le diagnostic par eux-mêmes.
Le logiciel n’a pas été cité au procès, parce que le remplacement d’une intelligence humaine par un algorithme est encore universellement admis comme un « progrès ». Et les magistrats ne peuvent pas condamner une idéologie, surtout quand elle est dominante.
Romain Kroës, auteur de « Surchauffe – L’inflation ou l’enflure économiste »